LILLE, ONL : Symphonie n°4 de MAHLER, le 8 juin 2019. Après les colossales symphonies qui précèdent, 1ère, 2è, 3è, où Gustav Mahler semble se frotter à l’échelle de l’Univers tout en questionnant l’obtention du salut et la place de l’homme, la 4è est de format plus « normal », presque confidentiel (45 mn) comparée aux autres ; son amorce découle d’un lied (Wunderhorn / Le cor enchanté), déjà utilisé dans la 3è avec son motif très identifiable, et ici développé surtout dans le Finale, qui est donc pour voix de soprano et orchestre seul (pas de chœur, ni angélique ni céleste). Ce ton de confidence, comme une prière et une berceuse qui convoque notre âme d’enfant, déplut volemment aux auditeurs de la première et aux contemporains de Mahler qui ne comprenaient pas pourquoi un tel massif symphonique digne de ce nom, se termine par un adagio vocal, aussi réconfortant soit-il. Un pied de nez ourdi à la face de Beethoven et sa fabuleuse 9è, conclue en apothéose, avec choeur, solistes et orchestre.
Ici rien de tel. Plutôt le climat d’un rêve bienheureux, enchanteur. Très exactement, il s’agit du Paradis, vu par un enfant. Tendre et suggestif, le poète Mahler exprimait par le seul langage de l’orchestre la pureté de l’innocence. Simplicité, calme, candeur, enfance. Ce n’est qu’au XXè sicèle grâce aux premiers chefs pionniers de l’interprétation malhérienne, que l’auditeur moderne peut mesurer le coup de génie d’un Mahler peintre et poète, émerveillé comme un enfant par le paradis terrestre. Pour se faire, le compositeur et chef, devenu directeur de l’Opéra de Vienne, s’entend à merveille pour inventer un langage instrumental renouvelé, aérien, céleste, raffiné, des plus scintillants.
La Symphonie n°4 est la plus concise et la plus lumineuse des symphonies de Mahler. Dès son début, on embarque au pays imaginaire d’un enfant, captivés par la révélation des mondes célestes.
En couplage, deux œuvres complètent le programme à Lille : Le Nach(t)spiel de Benjamin Attahir (photo ci contre) poursuit également une vision d’innocence : celle du Konzertstück de Bruch que le compositeur découvrit, ébloui, à l’adolescence. Pour interpréter cet intriguant “Postlude” ou “jeu de la nuit” (le titre Nach(t)spiel joue sur la double signification du mot), deux interprètes enivrés, inspirés, qui ont su garder leur âme et leur enthousiasme d’enfant : le directeur musical de l’ONL Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch et le violoniste Nemanja Radulović.
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SAMEDI 8 JUIN 2019 • 18H30
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle
GUSTAV MAHLER : SYMPHONIE N°4
ÂMES D’ENFANTS
ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
DIRECTION : ALEXANDRE BLOCH
/ VIOLON : NEMANJA RADULOVIĆ
/ SOPRANO : ELIZABETH WATTS
CHEF
BRUCH
Konzertstück
ATTAHIR
Nach(t)spiel pour violon et orchestre,
Final additionnel au Konzertstück de Max Bruch
MAHLER
Symphonie n°4
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En région
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Soissons Cité de la Musique et de la Danse
vendredi 7 juin 20h
Infos et réservations au 03 23 59 10 12 ou au 03 23 76 77 70
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L’intégralité des symphonies du cycle Mahler seront captées avec le soutien du Crédit Mutuel Nord Europe et sont à retrouver sur la chaîne YouTube ONLille.