samedi 20 avril 2024

Les Arts Florissants: Monteverdi: madrigauxLivre IV. Du 9 au 27 novembre 2012

A lire aussi
Monteverdi
Madrigaux
Livres IV


Les Arts Florissants

Paul Agnew, ténor et direction
tournée 2012-2013
Du 9 au 27 novembre 2012

Les solistes chevronnés des Arts florissants, subtils chambristes et diseurs admirés (à juste titre), poursuivent à l’initiative du ténor Paul Agnew, leur intégrale des madrigaux de Claudio Monteverdi. Le cycle a été inauguré à Venise à l’été 2011, dans la cité où les partitions ont été éditées (même si elles ont été écrites à Mantoue) et où le compositeur trouvera un foyer propice à l’épanouissement de son art vocal et dramatique, comme maestro di cappella à San Marco.

Dissonance dramatique

Le Livre IV est le dernier recueil daté de 1603 dont la complexité polyphonique à 5 voix explore jusqu’à leurs ultimes limites les possibilités expressives de l’écriture contrapuntique. C’est un moment charnière dans la maturation compositionnelle de Monteverdi, avant la création de l’opéra avec Orfeo créé à Mantoue en 1607.
Mais la suavité flamboyante, le perfectionnement d’une vocalità très proche du verbe parlé assurent à la langue monteverdienne, sa faculté à faire parler la musique et à faire chanter la langue. Encore inféodé à l’esthétique de la Prima Prattica (avant l’éclosion de la basse continue dans les 6 derniers madrigaux du Livre V), le Livre IV ne fait pas qu’illustrer les inflexions poétiques des poèmes; il en exprime les vertiges inconscients,et déjà la force voire la violence psychique, en libère la portée suggestive qui en font déjà, à l’aube baroque, de formidables miroirs de l’âme humaine. Au fur et à mesure des madrigaux, l’écriture montéverdienne se précise, se nuance, de plus en plus sœur de la poésie; elle articule le texte d’une nouvelle façon qui tend à la caractérisation progressivement individuelle du texte. Du chant collectif polyphonique à 5 voix, va naître bientôt le chant d’une seule voix faisant surgir le sentiment intime d’une pensée désormais libérée à voce sola… Alors le baroque peut naître et enflammer les esprits. Ecoutez en particulier  » Ah, Dolente partita !  » (Ah douloureux départ) dont le sujet est la séparation de deux amants résistants à l’éloignement éprouvé: les deux sopranos se séparent vocalement sur une dissonance astucieusement expressive; ne manquez pas non plus, le quatrième madrigal: « Sfogava con le stelle »… dont le début est chanté en fait déclamé sur la répétition d’une même note, offrant à l’interprète la liberté d’articuler le texte comme s’il parlait littéralement; que dire aussi du dernier madrigal:  » Piagn’e sospira »… chant de douleur et épisode funèbre sur le sujet des amours noires entre Herminie et Tancrède (texte du Tasse): les riches chromatismes imprévus et inédits (qui firent la terreur du critique conservateur Artusi) expriment très justement la tension amère qui naît entre les deux individus. Jamais la musique ne veut simplement séduire: elle commente et analyse la situation, éclaire le désarroi ou le désir, la peine ou la tendresse…

Les Livres suivants (V et VI, abordés en 2013). Si le Livre IV se rapproche encore des opus précédents (écriture essentiellement polyphonique), le Livre V marque une rupture et représente un jalon spectaculaire dans la maturation de l’écriture musicale; c’est aussi pour l’Histoire de la musique, un coup de tonnerre ouvrant l’esthétique baroque proprement dite: dans les 6 derniers madrigaux, Monteverdi invente la basse continue, libérant de ce fait le chant mêlé de plusieurs voix; sur l’assise nouvelle des instruments, plus acteurs qu’accompagnateurs, le chant peut désormais se concentrer en une voix: l’individualisation expressive, la caractérisation émotionnelle peuvent s’épanouir; Paul Agnew et ses partenaires, en orfèvres du mot savent ciseler ce passage décisif, du chant polyphonique indistinct à l’expression du sentiment ténu.
Le Livre VI regroupe plusieurs pièces d’une nouvelle ampleur: le fameux Lamento d’Arianna (seul morceau qui nous soit parvenu de l’opéra éponyme), et aussi La Sestina, pièce déchirante et troublante écrite à la mémoire de Catarina Martinelli, jeune soprano pressentie pour créer le rôle d’Arianne mais qui meurt avant la création de l’opéra: c’est un chant puissant et sincère, déchirant même où la sensualité conquérante et si subtile de Monteverdi se double d’éclairs et d’une conscience nouvelle, celle de la profondeur et de la vérité.
Cycle événement, Livre IV de madrigaux de Monteverdi, du 9 au 27 novembre 2012

reportage vidéo

en direct sur internet: le 27 novembre 2012, 20h
Diffusion en direct sur le site des Arts Florissants, Arts Flo media, le mardi 27 novembre 2012 à partir de 20h (depuis la Cité de la musique, Paris).

Les Arts Florissants
Paul Agnew, direction
Francesca Boncompagni, soprano
Maud Gnidzaz, soprano
Lucile Richardot, contralto
Paul Agnew, ténor
Sean Clayton, ténor
Lisandro Abadie, basse

Programme :

Benedetto Pallavicino
Cruda Amarilli che co’l nome ancora (Prima parte)
Ma grideran per me le piaggie ei monti (Seconda parte)
(extraits du Sesto Libro de Madrigali a cinque voci, 1600)

Giaches de Wert
Ah, dolente partita
Cruda Amarilli che co’l nome ancora (Prima parte)
Ma grideran per me le piaggie ei monti (Seconda parte)
(extraits de Di Giaches de Wert l’undecimo libro de Madrigali a cinque voci,
1595)

Claudio Monteverdi
Il quarto libro de madrigali (1603)
01 Ah, dolente partita
02 Cor mio, mentre vi miro
03 Cor mio, non mori? E mori!
04 Sfogava con le stelle
05 Volgea l’anima mia soavemente
06 Anima mia, perdona
07 Che se tu sei il cor mio

Entracte

08 Luci serene e chiare
09 La piaga c’ho nel core
10 Voi pur da me partite
11 A un giro sol
12 Ohimè, se tanto amate
13 Io mi son giovinetta
14 Quell’augellin che canta
15 Non più guerra, pietate
16 Sì, ch’io vorrei morire
17 Anima dolorosa
18 Anima del cor mio
19 Longe da te, cor mio
20 Piagne e sospira


Madrigaux de Claudio Monteverdi (Livre IV, 1603)
Tournée 2012-2013

: 10 dates

9 novembre 2012
Granville, L’Archipel

10 novembre 2012
Flers, Forum

13 novembre 2012
Madrid, Auditorium national

14 novembre 2012
Girona, Auditori

16 novembre 2012
Belfort, le Granit

18 novembre 2012
Caen, Théâtre

22 novembre 2012
Versailles, Château, salon d’Hercule

23 novembre 2012
Brest, Le Quartz

26 et 27 novembre 2012
Paris, Cité de la musique


vidéo : les livres I, II et III

Paul Agnew, ténor vedette des Arts Florissants pilote un ambitieux projet jusqu’en 2014:
jouer en trois ans, l’intégrale des madrigaux de Claudio Monteverdi. Les
8 Livres de madrigaux récapitulent toute l’évolution de la musique
vocale profane de la Renaissance à l’âge baroque, de la Polyphonie au
style rappresentativo, du chant intimiste où les voix se mêlent
indistinctes, à l’éclosion de l’opéra porté par l’individualisation et
la caractérisation du chant; de l’exposition des passions à l’expression
du sentiment. Grand reportage vidéo (présentation du cycle général et du Livre I, II, III)…

Illustration: Les Arts florissants © La Pira

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