vendredi 29 mars 2024

Le Printemps des Jeunes Interprètes à Musée en Musique Grenoble, le 15 mars 2008. Harpe, quintette, piano, de Rimsky à Ligeti

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Grenoble, Musée en Musique
Grenoble : le Printemps des Jeunes Interprètes à Musée en Musique, 15 mars 2008
3 concerts par 35 jeunes intervenants. Harpe, quintette, piano, de Rimsky à Ligeti.

« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! On va sous les tilleuls verts de la promenade….Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin , – A des parfums de vigne et des parfums de bière… »
Ca, c’est Rimbaud années (18)70, dans « Roman ». Et plus coupant-pessimiste ensuite, Paul Nizan, années (19)30 : « J’avais 20 ans et je ne laisserai jamais dire que c’est le plus bel âge de la vie. » Alors, un cran avant, quand on est musicien, la vie est belle ? C’est un peu ce que nous chantonne, samedi 15 mars, à l’ombre du Musée de Grenoble, la journée réservée aux jeunes interprètes, juste avant que la date officielle du Printemps n’intervienne mais il y a belle lurette, en 2008, que les fleurs et les arbustes affirment que sous Belledonne aussi les saisons ne se font plus comme autrefois…

Harpo assoluto Pour leur 6e édition, ces Printaniers Jeunes Interprètes ont changé l’angle de vue :ils invitent cette année les maîtres à partager la scène avec eux : « jeunesse et sagesse se mêleront dans un but commun : faire aimer la musique au plus grand nombre » ; Le 15 mars, ce seront donc 35 musiciens qui partageront la scène en 3 concerts et 4 séquences. La dimension jazzistique est également une nouveauté , et 23 musiciens de 7…à 20 ans – la classe de harpes du Conservatoire – se relaient pour interpréter des musiques du monde, la jeune (20 ans) Marie Blayo étant soliste, en un programme adapté de Bach, Fauré, Challan, Davis et du traditionnel celtique ou argentin. Puis en route pour Island dièse 41 « l’île qui offre des aspects toujours changeants au voyageur curieux lors de 15 escales ». Cette fois, c’est la harpiste Isabelle Olivier, directrice artistique de la Compagnie Métamorphose, qui avec le sonorisateur Olivier Sens, construit un spectacle de harpe dans tous ses états qui leur a valu en 2006 une de ces statuettes si bien tournées qu’on nomme Victoire (du jazz).

Quintette et clavier
La suite, entrant dans sa phase soirée, a un aspect plus chambriste et traditionnel, mais qui ne s’interdit pas le grand écart programmatique du romantisme à l’actuel. Un Quintette à vents (C.Deroin, G.Scheiblin, N.Morant, V.Dufès, E.Giacchero) et piano (J.C.Crapiz, le plus âgé et lauréaté) , d’ex-camarades de collège et désormais à la ville plutôt consacrés à une carrière musicienne, va de Rimsky-Korsakov en Poulenc et Ligeti (les devenues classiques Bagatelles). La phase de 21h illustre le principe de cette année : un maître et ses (très jeunes) disciples. Le grand aîné à la belle carrière, c’est le pianiste Hervé Billaut, ancien élève de Jean Hubeau et Germaine Mounier, 3e Prix Marguerite Long, « roqued’anthéronnais »(c’est maintenant la référence suprême pour les claviéristes), globe-trotter et marin militaire pédagogue (son service à bord de la Jeanne d’Arc, davantage au piano qu’aux machines du porte-hélicoptères…), soliste (avec J.E.Gardiner ou Y.Menuhin), et citoyen d’honneur de l’Espagne dont il est devenu un interprète renommé. Il ne privera donc pas les auditeurs de quelques Albeniz, ni de Fauré ou Messiaen dont en bon mais moderne héritier de l’école française de piano il est également spécialiste.

Un trio très familial
Les « giovanni assoluti », ce sont les Métral, trio familial qui entre en célébrité pour avoir déjà été interlocuteurs de Jean-François Zygel pour sa Leçon de piano : si Victor a 16 ans, le petit frère Joseph (violon, 14 ans) et la soeurette Justine (violoncelle, 12 ans) s’inscrivent avant l’âge même où l’enfant terrible Rimbaud faisait ses gammes poétiques sous les tilleuls de Charleville. En trio ils s’affrontent à l’op.70 de Beethoven, et Victor au prénom prédestiné reconquiert l’op.57, sonate plus connue sous le surnom d’Appassionata. Cela lui portera chance pour l’entrée au CNSM de Paris où enseigne son maître Hervé Billaut.
Mais l’anti Star Ac
Evidemment éloignée de toute idée valorisant sournoisement les enfants-prodiges (on en sait le destin fréquent de laissés pour compte des adultes dévoreurs médiatiques), ce Printemps s’inscrit dans une « politique » culturelle responsable : une anti-Star-Ac des Conservatoires des Familles manipulées. Il s’accomplit en écho très proche d’un double concert mozartien, où l’Atelier des Musiciens-du-Louvre-Grenoble (dirigé par Mirella Giardelli) propose en version poche un Cosi Fan Tutte initiateur précoce d’ »Ecole…des amants » et du génie mozartien, mise en espace par la Lyonnaise Claire Truche. (4 chanteurs, un comédien, violon, basson et piano-forte). Jamais trop tôt pour commencer, n’est-ce pas ? Et qu’on n’oublie pas d’aller repérer au Musée tableaux et dessins qui « commentent » ces fêtes de la Jeunesse et du Printemps delphinal en la cité de Stendhal !

Musée en Musique, Grenoble, Journée du Printemps, samedi 15 mars 2008. 3 concerts, 17h, 19h30 et 21h (Auditorium du Musée)
Cosi Fan Tutte, opéra de poche mozartien, mardi 4 et jeudi 6 mas, 20h. (Salle Olivier Messiaen) , dir. Mirella Giardelli, Atelier du Louvre-Grenoble. Information et réservation : T. 04 76 87 77 31 ; www.musee-en-musique.com

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