vendredi 19 avril 2024

La Nuit des esprits au CNSMD de Lyon: Schubert, Pansanel-GarricLyon, CNSMD. vendredi 27 janvier 2012 à 19h

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2011-2012





La Nuit des esprits

Schubert, Pansanel-Garric
Lyon, CNSMD, vendredi 27 janvier 2012 à 19h

La 2ème Nuit des esprits au CNSMD de Lyon: film Le Fantôme de l’Opéra, création musicale de L.Pansanel-Garric . Concert Schubert, Holst.

C’est la 2nde Nuit organisée par le CNSMD de Lyon : en hiver, c’est longue obscurité, et il faut bien éclairer cela de quelque(s)esprit(s). Sur l’écran, un Fantôme de l’opéra (1925), de Rupert Julian, dont la jeune compositrice Laetitia Pansanel-Garric donne une illustration en création. Et aussi, sous forme plus classique de concert, Schubert – Le Chant des Esprits sur les eaux, le 14e Quatuor – et Holst : les élèves des classes de musique de chambre, de chœurs, d’ensemble instrumental et vocal.
Lire aussi la présentation de la 2ème nuit des esprits au CNSMD de Lyon par Carl Fisher


Si par une nuit d’hiver un Wanderer


Si on vous dit « nuits d’été », vous répondez « Berlioz ». Et « nuits d’hiver » ?
Les italiano et (italo)calvinophiles citeront le début de cet anti-roman, tout d’ironie et d’expérimentale maestria : « Tu vas commencer le nouveau roman de Calvino, « Si par une nuit d’hiver un voyageur ». Détends-toi. Concentre-toi. Ecarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague…Prends la position la plus confortable : assis, étendu, pelotonné, couché sur le dos, sur un côté, sur le ventre. Dans un fauteuil, un sofa, un fauteuil à bascule, une chaise longue, un pouf. Ou dans un hamac, si tu en as un. Tu peux aussi te mettre la tête en bas, en position de yoga. En tenant le livre à l’envers, évidemment.» Tiens, une idée de (modalité de) lecture, au coeur de cet hiver qui semble vouloir commencer malgré le réchauffement de la planète… Et pour les spectateurs tentés par le début d’une Nuit au CNSMD, le titre nocturne « des esprits » incline évidemment vers l’immatérialité, l’inquiétude, voire l’angoisse. Allez encore une suggestion de lecture : « Nuit putride et glaciale, épouvantable nuit, Nuit du fantôme infirme et des plantes pourries, Incandescente nuit, flamme et feu dans les puits, Ténèbres sans éclairs, mensonges et roueries….Nuits de chaînes sonnant dans la dalle du crime, Nuit de fantômes nus se glissant dans les lits, … Nuit close pour jamais par des verrous d’acier, Nuit, ô nuit solitaire et sans astre et sans rade ! »


Un Fantôme de l’opéra

Ce Desnos de « The night of loveless nights » ne conviendrait-il pas mieux aux « esprits » qui vous convoquent par nuit d’hiver ? A vous d’en décider, d’ailleurs est-ce plutôt par primo-réflexe de cinéphilie que vous vous déciderez à braver le vent du nord sur les quais de Saône ? Donc vous motive le film muet (1925) d’un réalisateur américain, Rupert Julian , qui « termina à la place de Stroheim Les Chevaux de Bois, et dirigea un extravagant et fascinant Fantôme de l’Opéra, avec Lon Chaney ». Texte inspirateur de Gaston Leroux, bien sûr, et prolongements dans nos fantasmes toutes époques : et pour « muet », on peut imaginer une musique « sous l’écran », cela se fait beaucoup et fort heureusement maintenant. Comme le CNSMD pédagogise en « musique à l’image », il suffit de se retourner vers une brillante compositrice en continuation d’études à Lyon (master, cursus en écriture), Laetitia Pansanel-Garric, déjà expérimentée (musiques pour documentaires, animation, Keaton and Chaplin, participations aux festivals d’Aubagne et d’Auxerre). L.Pansanel-Garric dirigera elle-même un ensemble instrumental et choral (les classes-Maison) qui jouera sa création… quand la nuit de janvier aura déjà commencé depuis plus de quatre heures.


Destin de l’homme, comme tu ressembles au vent !

Mais à heure plus traditionnelle « concert », on n’aura pas manqué la partie spécifiquement musicale de ce 27 janvier. Et là, romantico-classiquement, il est d’abord fait appel aux « esprits », ceux d’ailleurs dont il n’est pas dit qu’ils rôdent pour porter le mal aux humains, mais plutôt pour les inciter à philosopher. En ce programme poétique, on aura reconnu le sublime « Chant des esprits sur les eaux », emprunté par Schubert ( à quatre reprises, puis la 5e de 1821 sera la bonne) à Goethe. Un Goethe qui en 1779 avait « été impressionné par la cascade de Staubach, où l’eau tombant de 300 mètres semble réduite à l’état de poussière en suspension dans l’air », et en avait tiré sa méditation-comparaison sur « l’âme de l’homme, Comme tu ressembles à l’eau ! Destin de l’homme, comme tu ressembles au vent ! » Mais qui une petite quarantaine d’années plus tard, ne réagissait pas plus que granit aux envois par le jeune Franz déposant « sa musique aux pieds de ses vers »… Schubert écrit ici pour une formation originale : deux quatuors vocaux masculins, un quintette « basse » ( deux altos, deux violoncelles, une contrebasse), « se mouvant dans une très grande liberté, commente Brigitte Massin, la seule exigence étant pour lui la fidélité au texte goethéen, dont il s’attache à suivre pas à pas la moindre inflexion. » Et de nous faire voir-entendre le grondement de la cascade, les nuages de l’eau vaporisée, le torrent-miroir, ou plus encore ce lien entre Nature et Pensée dont le romantisme fit une de ses constantes quasi-obsessionnelles.


Le miroir à deux faces

Comme l’écrivait ailleurs Goethe : « Un mince anneau encercle notre vie, et les générations s’ajoutent sans fin à la chaîne infinie de leur existence. » Ce mince anneau, Schubert le « décrit » encore dans sa valeur tragique, lorsqu’ en 1824, il reprend son lied « La jeune fille et la mort » -un poème de Claudius où la jeune fille « est invitée à de macabres épousailles » par une Mort qui en langue allemande est masculine -, pour son 14e Quatuor, fiévreux, hanté, parfois fallacieusement apaisant (une partie des variations sur le lied qui constituent l’andante), une partition capitale où « le beau n’est que le premier degré du terrible »….Ou pour reprendre la fin du Voyageur – un Wanderer par nuit d’hiver », selon Calvino : « Le sens ultime à quoi renvoient tous les récits comporte deux faces : ce qu’il y a de continuité dans la vie, ce qu’a d’inévitable la mort »… Les Hymnes du Rig Veda (le livre sacré du Brahmanisme, en sanscrit) traduits par Gustav Holst aideront-ils nos esprits à répondre aux Questions Fondamentales ? Au fait, Gustav qui ? Holst (1874-1934), vous savez, le compositeur des Planètes. Allez, ça tourne, moteur, action….

CNSMD Lyon, Salle Varèse. Vendredi 27 janvier 2012, à partir de 19h, entrée libre. Classes direction de chœurs (préparation : Nicole Corti), musique de chambre, musique à l’image, ensembles instrumental et vocal.
19h : F.Schubert (1897-1828) : Chant des esprits sur les eaux ; 14e Quatuor ; G.Holst (1874-1934) : Hymn of Rig Veda.
22h30 : Le Fantôme de l’Opéra, film de Rupert Julian (1925), musique composée par Laetitia Pansanel-Garric
Information et réservation (entrée libre) : T. 04 72 19 26 26 : www.cnsmd-lyon.fr

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