Un violon nommé … Joshua
Il est beau, sportif, d’une énergie et d’une curiosité irrésistibles… c’est essentiellement son parcours musical (enfant surdoué au don prodigieux dès 12 ans grâce à son professeur Josef Gingold) qui porte la très haute musicalité de Joshua Bell aujourd’hui: la caméra suit le violoniste hyperactif, né dans le Middlewest à Bloomington (Indiana) en 1967: quadragénaire épanoui, le musicien assume pleinement sa vie nomade; habitué des hôtels et des aéroports aux quatre coins du monde, l’instrumentiste et son sublime « Strad » (un Stradivarius daté de 1713, appelé Gibson Hubermann, au pedigree prestigieux, comme sa valeur: pas moins de 4 millions de dollars) défend partout et à chaque concert, un amour de la musique indéfectible et vécu tel que son professeur le lui a enseigné: dans la joie, voire la sublimation généreuse.
The boy from Indiana
Quand il visite, comme Isaac Stern, Yo Yo Ma, Maxim Vengorov, le luthier Samuel Sigmundtovich à Brooklyn, afin de réviser son divin violon, Joshua Bell explique sa conception d’une belle sonorité, celle de son Strad adoré: un timbre éclatant et lumineux dont la suavité rappelle le timbre d’une soprano…
Ses allures de jeune homme lui donnent des airs d’éternel jeune prodige: un atout pour faire succomber ses admirateurs, en plus de sa musicalité charismatique.
Qu’est ce qui fait courir Joshua Bell, de New York (où il vit et supervise l’aménagement de son nouvel appartement de 400 m2 comprenant en particulier un salon acoustique pour des concerts de chambre), à Berlin et Postdam, et jusqu’à Verbier où chaque été il retrouve ses pairs musiciens, tout aussi critiques et exigeants que lui (dont le violoncelliste Steven Isserlis), dans une ambiance studieuse de franche camaraderie?
Sans attaches sentimentales (il vient d’avoir un enfant mais reste célibataire), l’ex champion junior de tennis de l’Indiana tempère sa solitude: ses amis, ses proches, et sa porsche aussi, compensent une vie inscrite dans la mobilité permanente.
Le film portrait présente l’artiste en situation: concerts (à Postdam dans le Concerto de Bruch sous la direction de Trevor Pinnock; à Bloomington lors d’un concert de gala où il joue devant ses ex camarades et professeurs sa propre cadence du Concerto N°2 de Mendelssohn), répétitions (à Verbier)… Plus inattendue: la séquence dans sa maison familiale avec sa mère et l’une de ses deux soeurs… Autre épisode révélant sa curiosité musicale: sa participation à un concert de Bluegrass, country et blues typique du Middlewest: le violoniste classique fait une incursion ludique mais formatrice dans un genre qui lui est inhabituel et qui lui permet d’aiguiser son sens du rythme…
Et comme tout document vidéo n’est jamais gratuit et toujours lié à une actualité discographique (celle de la date du docu: 2007), le violoniste joue en répétition, devant la caméra, sous la direction de Michael Stern (le fils d’Isaac), quelques extraits de son dernier disque comprenant des arrangements pour le violon d’airs d’opéras et de mélodies (dont la romance de Nadir des Pêcheurs de Perles de Bizet, ou Une Furtiva lagrima de L’Elixir d’amour de Donizetti…).
Les fans auront noté l’info. Les autres comme nous, moins immédiatement convaincus par le charme certes multiple du musicien, reconnaîtront son indiscutable communicabilité et son (apparente?) détente professionnelle (en particulier lors de sa séance de sensibilisation à la musique dans une classe de très jeunes violonistes dans une école de Haarlem…).
A voir évidemment.
Arte. Lundi 26 septembre 2011 à 22h20. Joshua Bell, violoniste nomade. Documentaire portrait de Eva Münstermann (Allemagne, 2007, 52 mn)
