vendredi 19 avril 2024

Il Matrimonio Segreto de CIMAROSA

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cimarosa domenicoNANCY. Cimarosa : Le mariage secret, 31 janvier > 9 février 2017. Nancy affiche l’un des sommets de l’opéra buffa napolitain, modèle adulé et repris dans toute l’Europe des Lumières, à une époque où orphelin de Mozart décédé l’année précédente, toutes les cours s’enflamment pour l’ivresse lyrique et giocosa du précurseur de Rossini en matière de finesse psychologique et de situations comiques parfois délirantes : Cimarosa. C’est un joyau lyrique prérossinien… Quand Cherubini sur les traces de Gluck et son style frénétique, réinvente l’opéra tragique romantique et néoclassique, Médée en 1797, un autre italien surdoué fait briller la lyre comique et d’une subtilité palpitante même, qui tout en approchant l’esprit de Mozart, annonce Rossini : Cimarosa. Le napolitain est le compositeur le plus estimé en Europe : rival de Paisiello à Rome et Naples, il devient le musicien officiel de la Grande Catherine à Saint-Petersbourg (Cleopatra en 1789), puis peu stimulé par l’impératrice qui préfère écrire en français à Voltaire, rejoint une autre cour impériale, celle de l’empereur Leopold II, à Vienne, qui reçoit son chef d’oeuvre absolu dans la veine légère et délirante : Le mariage secret de 1792. Leopold II se souverain auquel Mozart le plus grand compositeur du temps avait précédemment légué son Titus, La Clémence de Titus, dernier seria où le divin Wolfgang, exprimait la lyre amoureuse autour d’un empereur solitaire et trahi, qui pourtant livré par ses plus proches, conçoit la clémence et la compassion fraternelle : tout un symbole pour cette figure emblématique du prince vertueux…

En 1792, l’année de la création de son Mariage secret / Il matrimonio segreto, Cimarosa a 43 ans ; il est au sommet de son inspiration, d’une élégance et d’un raffinement inégalables alors. D’autant plus que Mozart s’est éteint l’année précédente. Mais à la mort de Leopold en 1793, il rejoint Naples au sein de la cour royale, composant encore des ouvrages d’une modernité à redécouvrir dont les fameux Horaces et Curiaces (Gli Orazi ed i Curiazi) en 1796. A Naples, le républicain dans l’âme se dévoile à l’annonce des troupes napoléoniennes, il est emprisonné par la reine Marie-Caroline et meurt sur le chemin de la Russie (qu’il souhaitait retrouver finalement) ; à Venise en 1801 : sa dernière œuvre Artemisia, autre joyau à ressusciter, est créée dans la cità lagunaire, 6 jours après sa mort (janvier 1801). Sa vivacité et son intelligence des situations, l’élégance de l’écriture vocale, la mesure en tout et la délicatesse poétique éblouissent surtout dans ses comédies : à ce titre il Matrimonio segreto de 1792 est emblématique d’un génie prérossinien (comme c’est le cas du portugais parti aux Amériques au Brésil, Marcos Portugal dont le chef Bruno Procopio a ressuscité, déjà depuis 2012, la verve piquante irrésistible dans son opéra comique, L’oro no compta amore, de 1804.

Cimarosa prérossinien

Les personnages de l’opéra sont pris dans un labyrinthe sentimental, véritable marivaudage étourdissant, où les vrais amants, sincères l’un à l’autre et tenus par ce mariage “secret”, étant convoités par d’autres, pourraient bien être séparés… De quiproquos en fausses déclarations, de manipulations, en vraies intrigues, les couples déclarés se croisent, sans considération d’âge ni de statut.  Mais chacune des épreuves révèlent les vraies natures… elles permettent au compositeur de caractériser avec finesse chaque profil éprouvé ou désirant.
En deux actes, la comédie met en scène le projet du vieux Geronimo, commerçant enrichi qui souhaite faire de bons mariages pour ses deux filles : mais Carolina est déjà mariée en secret à son commis Paolino. Ce dernier propose à son ami le comte Robinson, noble ruiné, d’épouser la sœur aînée : Elisetta… mais Robinson s’éprend de Carolina, tandis que la sœur du vieux Geronimo, Fidalma, cougar avant l’heure, déclare sa flamme au jeune Paolino… Après de nombreuses péripéties riches en rebondissements, quand Elisetta menace de trahir sa sœur cadette et de tout révéler au père (le mariage secret), Geronimo pardonne finalement aux jeunes mariés clandestins et Robinson épousera Elisetta… Le succès à la création fut tel que Leopold II bissa l’intégralité de l’ouvrage. Paris se passionne ensuite pour l’ouvrage dès sa création (tardive) au Théâtre Italien en juin 1801 : Cimarosa était mort au début de l’année, mais il avait conquis sur les boulevards une légitime immortalité : l’opéra sera joué plus de 400 fois.

Cimarosa : Il matrimonio segreto
Le mariage secret, 1792

Nouvelle production créée à l’Opéra de Zürich en 2014
du 31 janvier au 9 février 2017

Direction musicale : Sasha Goetzel
Mise en scène : Cordula Däuper
Orchestre symphonique et lyrique de Nancy

Carolina : Lilian Farahani
Signor Geronimo : Bruno de Simone
Elisetta : Maria Savastano
Fidalma : Cornelia Oncioiu
Paolino : Anicio Zorzi Giustiniani
Comte Robinson : Riccardo Novaro

5 représentations à l’Opéra de Nancy :
Mardi 31 janvier 2017 à 20h
Jeudi 2 février 2017 à 20h
Dimanche 5 février 2017 à 15h
Mardi 7 février 2017 à 20h
Jeudi 9 février 2017 à 20h

+ d’infos sur le site de l’Opéra national de Lorraine, à Nancy
http://www.opera-national-lorraine.fr/spectacles/ii-matrimonio-segreto-domenico-cimarosa

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