samedi 20 avril 2024

Hans Zender: Winterreise, eine komponieste interpretation Paris, Bruxelles. Les 7 mai et 21 juin 2008

A lire aussi

Hans Zender
Winterreise
, eine komponierte interpretation

Le 7 mai 2008 à 20h
Paris, Opéra Comique
Hans Jörg Mammel, ténor

Le 21 juin 2008 à 20h
Bruxelles, La Monnaie
Christoph Prégardien, ténor

Depuis 1993, le compositeur Hans Zender (né à Wiesbaden en 1936) s’est attelé à réinterpréter à sa façon le cycle du Winterreise de Schubert (1827): méditation et aussi examen critique personnel, l’oeuvre qui en découle aujourd’hui, « Winterreise, eine komponist Interpretation » témoigne moins d’une volonté de distanciation du musicien contemporain vis à vis des anciens que d’un acte en hommage qui lui permet au contraire de réinterpréter la notion de modernité en inscrivant l’oeuvre originelle dans une genèse sans fin.

Relire Schubert
Le Public de La Monnaie connaît Hans Zender qui a dirigé l’Orchestre Symphonique de la Maison entre 1987 et 1989, avant d’y diriger la création de son opéra Stephen Climax (1990). En tant que compositeur, le musicien a toujours interrogé les formes anciennes, recréant une passerelle féconde entre les temps du passé et du futur. Ainsi il a traité l’oeuvre de Schubert dès 1986 en adaptant quatre pièces pour choeur. La démarche du compositeur souligne combien toute oeuvre notée reste inachevée. Aucune partition n’est absolument définitive. C’est pourquoi, surtout s’agissant des ouvrages anciens, le regard moderne s’intéresse à les concevoir différament en en cherchant un sens qui colle aux inquiétudes et préoccupations du moment. L’oeuvre signifie moins par elle-même que par ce qu’elle entraîne de résonance avec notre monde actuel. C’est l’enjeu de chaque nouvelle interprétation qui « révise » la conception de l’oeuvre en fonction de l’esthétisme ambiant. Pourtant en dépit des interprétations et lectures successives, il s’agit toujours de retrouver « le coeur de l’ouvrage ». L’oeuvre de Zender sur celle de Schubert tente de libérer l’idée originelle et de l’enrichir dans le même temps. Car finalement repenser une oeuvre aussi dense, revient à la questionner en profondeur.

Aux portes de la mort

Franz Schubert
: Winterreise (Le Voyage d’hiver). 24 poèmes pour voix d’homme (ténor ou baryton) et piano, d’après Wilhelm Müller, raconte l’errance du solitaire en quête d’un autre monde. L’opus 89 est publié en 1827, et fait suite au premier grand cycle de lieder: Die Schöne Müllerin (La Belle Meunière, opus 25) éditée en 1823. L’ampleur musicale et le souffle poétique de ces deux cycles placent Schubert comme le génie du lied allemand, même si Beethoven a composé dès 1816, -à l’époque du Barbier de Séville de Rossini-, le corpus visionnaire, « An die Ferne Geliebte » (A la bien aimée lointaine).

Les deux parties du cycle du Winterreise sont conçues en février et octobre 1827. Le compositeur devait s’éteindre peu de temps après, en novembre 1828. Le baryton, ami de Schubert, Johann Michael Vogl s’est impliqué dès leur composition pour la diffusion de l’oeuvre, la jouant après la mort de Schubert, en tournée dans toute l’Autriche. En connaisseur et en interprète accompli, Vogl reconnaît dans l’oeuvre de Schubert, l’adéquation parfaite de la musique à l’articulation suggestive du poème: ici, verbe et note ne font qu’un. Comme toujours chez le compositeur, il est question en affinité avec les poèmes de Müller qu’il a choisi, de bonheur perdu, d’amour évaporé, de solitude, de souffrance puis de solitaire résignation. La ciselure qu’apporte l’auteur dans l’écriture pianistique égale la vive imagination des poèmes, offrant aux pianistes un cycle de partitions remarquables par leur force et leur raffinement évocatoires. Oeuvre dépressive et introspective, Winterreise accompagne l’auteur aux portes de la mort. La première audition auprès des proches de Schubert marque les sensibilités par sa tristesse, son enveloppe nostalgique et mélancolique, la trame impalpable et indicible de sentiments de renoncement et d’évanouissement, son ivresse vaporeuse qui semble se nourrir de sa propre divagation. On sait combien le compositeur jusqu’à ses dernière heure, était occupé à la refonte définitive de la seconde partie du cycle. Déprécié parce que naïf autant pour sa musique que les images des poèmes retenus, Winterreise s’est très vite imposé sur la scène comme au disque grâce au génie de quelques chanteurs (parmi lesquels le baryton allemand Dietrich Fisher-Dieskau dans un enregistrement légendaire accompagné par le pianiste Gerald Moore) dont l’articulation et la subtilité musicale ont rendu justice à un « opéra chambriste » où les interprètes doivent exprimer toute les facettes de l’âme humaine.

Illustrations: Hans Zender (DR), Franz Schubert (DR)

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