jeudi 28 mars 2024

Giuseppe Verdi: Un bal masqué (1859)Paris, Opéra Bastille. Du 4 juin au 13 juillet 2007

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Giuseppe Verdi
Un ballo in maschera
, 1859

France 2

Lundi 9 juillet 2007
Vers 00h30

Paris, Opéra Bastille
Du 4 juin au 13 juillet 2007

Nouvelle production

Mélodrame en trois actes
Livret d’Antonio Somma
d’après un livret d’Eugène Scribe
Gustave III ou le Bal masqué
Créé à Rome, Teatro Apollo,
Le 17 février 1859

La genèse d’Un Ballo in Maschera, composé entre 1858 et 1859, est marquée par le bras de fer entre Verdi et les autorités napolitaines. Consultée sur la conformité de son livret, la censure du Teatro San Carlo de Naples refusa l’idée de porter sur la scène le meurtre d’un souverain. Car le compositeur avait choisi au préalable d’illustrer l’assassinat du souverain suédois, Gustave III, tué lors d’un bal en 1792. Verdi prenait appui sur la trame inititalement rédigée par le librettiste français Eugène Scribe pour le compositeur Auber en 1833 (Gustave III ou le bal masqué). Mais le contexte n’est pas propice à une représentation régicide qui manque de « convenances »: les tentatives d’assassinat de Fernand II et de Napoléon III rendaient alors le sujet épineux et délicat. Verdi refusa net la proposition des censeurs de reprendre un autre sujet. Il quitta Naples. A Rome, le compositeur reçut une nouvelle offre: déplacer l’action de la Suède des Lumières, à la Nouvelle-Angleterre au XVII ème siècle. Gustave III y devint alors Riccardo, Comte de Warwick, gouverneur de Boston. Aujourd’hui, l’opéra n’étant plus soumis au dictat de la censure, les metteurs en scène et les directeurs actuels peuvent choisir entre la version de Suède ou de Boston.

Conçu comme Rigoletto (Venise, 1851), pour voix de ténor léger, Riccardo incarne un héros politique soumis à la force de ses sentiments, tiraillé entre son amitié pour Renato et son amour pour l’épouse de ce dernier, Amelia. La représentation du pouvoir est débattue dans une succession d’antichambres et de salons où la question de la direction des affaires de l’état est remisée après la situation amoureuse. Cet esprit de la fête est incarné par le rôle travesti d’Oscar, jeune page du Prince (chanté par une soprano) dont la juvénilité et le tendresse humanisent et compensent le groupe des conspirateurs, décidés à tuer le Duc (Sam et Tom). Pour pimenter l’évocation politique, cependant moins approfondie que dans Simon Boccanegra (version finale: Milan, 1881), Verdi imagine un tableau fantastique où la devineresse Ulrica prédit l’avenir des hommes dans un grotte sombre, propice aux apparitions surnaturelles. Le personnage rappelle Azucena du Trouvère (Rome, 1853).
Le dramatisme de Verdi cultive de puissants contrastes: idéalisme et loyauté de Riccardo, pureté amoureuse d’Amelia, lyrisme tendre et enjoué d’Oscar d’une part; diabolisme des conspirateurs Sam et Tom, auxquels se joint Renato qui croit être trahi par le duc et sa propre épouse, ténébrisme de la sorcière en son antre lugubre, Ulrica…
A une orchestration raffinée, Verdi prend soin de développer d’irrésistibles mélodies comme il l’avait fait dans le Trouvère, également créé à Rome.

Les personnages
Les noms de la création romaine sont indiqués en premier. Ceux de la version suédoise sont précisés entre parenthèses.

Amelia, épouse de Renato (épouse d’ Anckarström), soprano
Ulrica, devineresse (Mam’zelle Arvedson), contralto
Oscar, jeune page du duc, soprano
Riccardo, Comte de Warwick (Gustave III, roi de Suède), ténor
Renato, créole, son secrétaire, mari d’Amelia (Comte Anckarström, secrétaire de Gustave), baryton
Samuel (Comte Ribbing), basse
Tom (Comte Horn), basse
Silvano, un marin (Christian), basse
Un juge (Armfeld, Ministre de la Justice), ténor
Un serviteur d’Amelia, ténor

Synopsis
L’action se déroule à Boston, à la fin du XVIIe siècle.
Acte I. Riccardo, Comte de Warwick et gouverneur de Boston, organise un bal auquel est invitée l’épouse de son secrétaire Renato, Amelia dont il est secrètement amoureux. Renato le met en garde et révèle l’hypothèse d’un complot dont le prince serait la victime.
Les agissements d’une diseuse de bonne aventure suscitent les soupçons de la police du Prince. Tous décident de se rendre dans son antre pour juger de sa dangerosité.
Amelia paraît elle aussi, désireuse de connaître quel filtre magique pourra la sauver de son amour interdit pour Riccardo. Ulrica accepte de prédire l’avenir au Prince: il sera assassiné par son meilleur ami…
Acte II. Près d’un gibet, Amelia à minuit vient cueillir l’herbe magique qui lui fera oublier Riccardo. Celui-ci paraît. Les deux amoureux s’avoue leur amour tout en sachant qu’il leur est impossible d’être ensemble par loyauté vis à vis de Renato. Celui-ci arrive mais ne reconnaît pas son épouse masquée. En la raccompagnant, il découvre son identité et jure de se venger, croyant avoir été trahi par son épouse et son ami.
Acte III. Parmi les conjurés, Renato est désigné pour tuer le duc, son ancien ami. Lors du bal masqué donné par Riccardo qui a décidé de renoncer à Amelia, Renato tue Riccardo. Le duc révèle qu’Amelia et lui n’ont pas trahi Renato: il pardonne à tous leur aveuglement homicide.

Giuseppe Verdi (1813-1901)
Un bal masqué
Riccardo: Marcelo Alvarez, Neil Shicoff (7, 13 juillet)
Renato: Ludovic Tézier
Amelia :Angela Brown, Aprile Millo (7, 10, 13 juillet)
Ulrica: Elena Manistina
Oscar: Camilla Tilling
Silvano: Jean-Luc Ballestra
Sam: Michail Schelomianski
Tom: Scott Wilde

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Direction musicale: Semyon Bychkov, Paul Weigold (13, 16 juin, 7, 10, 13 juillet)
Mise en scène: Gilbert Deflo
Décors et costumes: William Orlandi
Lumières: Joël Hourbeigt
Chef des Choeurs: Peter Burian

Du 4 juin au 13 juillet 2007
Opéra Bastille

Conférence de présentation du spectacle
par les artistes de la production en présence de Semyon Bychkov, direction musicale
Amphithéâtre Bastille Amphithéâtre Bastille
Le 31 mai 2007 à 19h

La mise en scène parisienne de Gilbert Deflo
A partir du 4 juin 2007, l’Opéra Bastille présente une nouvelle production du Bal Masqué de Verdi: une partition dont la force mélodique affirme cette « parola scenica » par laquelle l’orchestre seul emporte l’intensité de l’action. La musique est bien ce langage musical irrépressible dont le chant emporte l’expression des passion humaines. Ainsi le duo d’amour entre Riccardo et Amelia, à l’acte II, est-il de ce point de vue le point d’orgue d’une partition flamboyante sur le plan mélodique.
Né en 1944, Gilbert Deflo qui met en scène la production parisienne reconnaît à la version américaine, plutôt que suédoise, sa parfaite construction. D’ailleurs, le scénographe belge trouve l’intensité du personnage d’Ulrica, cette « sibylle noire et vaudou », plus en phase avec le milieu bostonien. En elle, est incarné un monde totemique et instinctif que notre rationalité a écarté, et auquel Deflo restitue sa splendeur primitive: il imagine aux côtés de la devineresse, un choeur de femmes noires, « prêtresses d’un culte dont le symbole est le serpent ».
Le monde de la magie que consultent pourtant Amelia et Riccardo, et à travers aux la société positiviste de Verdi se joue du destin, avec une légèreté amère, comparable à celle qu’éprouve le Duc de Mantoue dans Rigoletto. Il s’agit d’un gaieté apparente qui est au fond, défaitiste, particulièrement sombre et grave.
Au serpent des intuitions macabres, Deflo oppose le symbole
de l’aigle, celui du pouvoir. C’est pourtant les forces homicides qui triomphent en vouant à la mort l’innocent Riccardo. La vertu ne peut rien ici contre la conspiration du soupçon. Les conspirateurs incarnent ainsi une force de destruction irrépressible qui sacrifie l’amour: le vrai sujet de l’opéra est bien l’impossibilité amoureuse.
La force tragique qui se définit dans Un bal masqué préfigure les oeuvres à venir, noires autant que passionnelles, Don Carlo, Otello, Falstaff. La mise en scène de Gilbert Deflo, en élève de Strehler, accompagne chaque étape de ce drame des sentiments.

Autres mises en scène de Gilbert Deflo à l’Opéra de Paris: Manon de Massenet (1997), L’Amour des trois oranges de Prokofiev (2005).

Illustrations
Heinrich Fussli, couples (DR)
Gilbert Deflo (DR)

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