vendredi 29 mars 2024

Giuseppe Verdi: Stiffelio. José CuraMonaco, Opéra de Monte Carlo. Les 20,23,26 et 28 avril 2013

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Giuseppe Verdi


Stiffelio


José Cura


Monaco, Opéra de Monte Carlo
les 20, 23, 26 et 28 avril 2013
Benini, Montavon

José Cura chante Stiffelio, rôle essentiel dans sa carrière car il débuta en l’incarnant à Londres en 1995. La production déjà présentée à Parme en avril 2012, compte une autre voix en devenir, elle aussi prometteuse, Virginia Tola dans le rôle de Lina, l’épouse de Stiffelio. Sur la vie d’un pasteur évangélique, Verdi développe les thèmes qui lui sont chers dans une écriture économe, proche du cœur et de l’âme souffrante des héros: la faute, la culpabilité, la souffrance, le tiraillement, le renoncement.
Stiffelio marque symboliquement la première grande période d’accomplissement de Verdi, en 1850 quand l’opéra est créé à Trieste (Teatro Grande, le 16 novembre 1850).


L’homme de Dieu

Ces fameuses années de galère, comptant auparavant entre autres réalisations pourtant convaincantes : Nabucco (1842), I Due Foscari (1844) que notre goût moderne apprend à réévaluer, Macbeth (1847) surtout Luisa Miller (1849, d’après le très vénéré Schiller). La force de l’opéra de Verdi est de concentrer le traitement musical sur la psychologie des personnages : Stiffelio, est un pasteur protestant qui marié à la belle Lina prêche la vertu et l’amour fraternel. C’est pourtant de son épouse que viennent trahison et déshonneur : Lina entretien une relation adultère avec le jeune aristocrate Raffaele. Cet acte imprévu, source de la catastrophe permet à Verdi de traiter la douleur des barytons (une tessiture appréciée du compositeur qui en concevait comme une projection autobiographique: plus tard, les barytons tendres et sensibles éblouiront les opéras de la maturité: déjà le doge Francesco Foscari dans I due Foscari annonce avec Stiffelio, les vertiges solitaires de Boccanegra ou de Rigoletto). A la souffrance de l’époux trompé et humilié dans sa paroisse Stiffelio, Verdi développe aussi le déshonneur et l’anéantissement suicidaire du père de Lina, le vieux Stankar, profondément affecté par la trahison de sa fille.
C’est du père que vient le second acte tragique: l’assassinat de Raffaele par Stankar, de sorte que le mari et son épouse traîtresse peuvent se pardonner et se réconcilier dans l’amour de Dieu.

Au moment de la création de l’oeuvre, la censure avait considérablement affaibli et édulcoré la puissance tragique et la tension psychologique du drame originel. Verdi en fut très affecté et décida de retirer sa partition, résolu à reprendre le manuscrit pour un nouvel opéra plus resserré et calibré selon son esthétique: ainsi naîtra de Stiffelio, Aroldo, en 1857, véritable métamorphose de l’opéra avec un portrait affûté et ciselé du héros, Stiffelio devenu Aroldo, prêtre devenu Chevalier, en proie aux doutes, à la colère, à l’esprit de vengeance (qu’incarnait Stankar) mais finalement ambassadeur du pardon divin… Saluons ainsi l’Opéra de Monte Carlo à Monaco d’oser un opéra de jeunesse de Verdi au moment du centenaire 2013, de surcroît avec une distribution très prometteuse pour en défendre l’acuité émotionnelle et l’équilibre de son architecture dramatique.

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