samedi 20 avril 2024

Giacomo Puccini: Messa di Gloria, Tosca France Musique, les 17 puis 30 mai 2009

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Giacomo Puccini
Messa di Gloria, 1885
Tosca, 1900

France Musique

Messa di Gloria
Dimanche 17 mai 2009
à 13h

Tosca
en direct
de l’Opéra Bastille
Samedi 30 mai 2009 à 19h30


Puccini, le sacré et le profane

A défaut d’un mois Haydn sur France Musique, – pas de célébration ou de cycle spécial pour les 200 ans de la mort du compositeur autrichien-, la chaîne rétablit au hasard de sa programmation de mai, quelques vérités méconnues, comme celle concernant Giacomo Puccini (1858-1924): l’auteur d’opéras fut aussi un auteur inspiré pour l’église comme en témoigne sa Messe de Gloire (Missa di Gloria), oeuvre de jeunesse, composée en 1875 à 17 ans, avant son premier opéra, La Villi de 1884-, qui l’inscrit dans la tradition familiale: Giacomo appartient en effet à une lignée de musiciens et de compositeurs qui depuis le XVIIIè se sont illustrés en particulier à l’église. Son ancêtre qui porte le même prénom – Giocomo Puccini (1712-1781) inaugure la dynastie musicienne (dont les organistes et maîtres de chapelle se succèdent à Lucques). C’est Jaap van Zweden (avec le choeur et l’orchestre de la Radio Néerlandaise), Felipe Rojas Velozo (ténor) et Piero Terranova (baryton) qui aborde le portique religieux édifié par Puccini, maître de l’écriture chorale (qui rappelle que le jeune garçon fut soprano dans la maîtrise du Duomo de San Martino, sa ville natale-), solistique, orchestrale. Avant de se destiner à l’opéra (son vrai premier succès vient avec Manon Lescaut en 1893), Puccini compose ainsi une grande Messe à 4 voix et orchestre dans laquelle il recycle deux motets précédemment écrits: l’oeuvre grandiose, arche somptueuse par ses vagues chorales mélodieuses, la Messa di gloria est créée le 12 juillet 1880 pour le fête de San Paolino, patron de la cité de Lucques.
En maître de l’écriture complexe et contrapuntique, Puccini développe de multiples fugues (début du Kyrie, Cum sancto Spiritu…), mais il déploie surtout d’irrésistibles courbes lyriques qui annoncent le faiseur de magie lyrique, n’hésitant pas même à honorer l’oeuvre de celui qui lui a inculqué la passion de la musique vocale: Verdi (citation de Nabucco dans Qui tollis peccata mundi). Même le ténor porte un air de pure virtuosité dramatique dans Gratias agimus (Gloria). Quant au Kyrie, Puccini le réutilise ensuite dans son opéra Edgardo (Edgar), comme il réemploie son Agnus Dei final dans Manon Lescaut, pour devenir le madrigal de l’acte I de Manon.


Tosca, opéra romain

C’est cependant en écoutant ne représentation d’Aïda de Verdi que le jeune Puccini reçoit la vocation du lyrique. Ainsi, l’un de ses chefs d’oeuvre de la plaine maturité, Tosca, créé en 1900 en témoigne. Viendront ensuite après ce premier sommet dramatique et vocal, Butterfly (1904) puis l’inachevée Turandot (création posthume en 1926). L’unité dramatique et la superbe gradation dans la tension de l’ouvrage viennent en partie, de sa construction spatiale: à chaque tableau correspond un lieu différent dans la Rome du début XIXème siècle: l’église San Andrea della Valle à l’acte I, puis le Palazzo Farnèse ou Palais de la justice au II; enfin pour la mort des amants magnifiques, les géoles et la terrasse sommitale du château Saint-Ange. Rare les ouvrages lyrique qui collent à ce point à l’esprit d’une ville… Rome est l’autre acteur de l’opéra puccinien. La Tosca de Puccini, qui a alors 42 ans, et est bien au sommet de son écriture, est adaptée de la pièce éponyme de Victorien Sardou, créée treize années auparavant, en 1887.


En un torrent continu qui reste resserré, autorisant quelques rares
airs aux solistes, la musique de Puccini exprime tout ce que les actes
ne disent pas: les pensées secrètes, les soupçons incandescents (Floria
est une femme terriblement jalouse), le machiavélisme cynique
astucieusement tu (Scarpia est un monstre de perversité manipulatrice),
la loyauté fraternelle de Mario (il est partisan du peuple,
farouchement opposé à toute forme de despotisme)… En définitive, la
plume de Puccini inscrit au devant de la scène, la passion qui animent
chacun des trois protagonistes. Sur le plan musical aussi, le
compositeur rehausse davantage la règle du trio vocal, base de l’opéra
romantique et post romantique: une soprano amoureuse, un ténor ardent,
un baryton néfaste, sombre et ténébreux. Mais ici, contrairement à tant
d’héroïnes soumises ou sacrificiées, Tosca est une femme qui rugit et
résiste. Elle décide elle-même du moment et du contexte de sa mort.
L’ouvrage a connu immédiatement un succès international, à l’étonnement
du milieu français dont surtout Fauré qui n’entendait rien à sa
sanguinité déplacée. Heureusement Ravel, Stravinsky, Mahler relevèrent
aussitôt le génie musical et dramatique de Puccini.

Illustrations: portraits de Giacomo Puccini (DR)
Rédaction de notre dossier Puccini: Delphine Raph et Hugo Papbst

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