vendredi 19 avril 2024

Festival de Sablé. Eglise de Meslay-du-Maine, Jeudi 23 août 2007. Concert Jordi Savall, Marianne Muller (violes)

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Notre séjour au Festival de Sablé s’achevait par le concert de Jordi Savall en compagnie de certains de ses amis de longue date, Marianne Muller, à la seconde basse de viole, Michael Behringer au clavecin et Xavier Diaz-Latorre, aux cordes pincées. Jordi Savall demeure sans doute avec Gustav Leonhardt l’un des artistes du monde baroque les plus complets, tant d’un point de vue technique qu’expressif. Pour illustrer sa thématique, le violiste catalan avait choisi des extraits de la Suitte d’un goût étranger, ainsi que Les Voix humaines et Les Folies d’Espagne de Marin Marais. Trois œuvres assez dissemblables mais uniques par leur virtuosité diabolique. Le jeu de Jordi Savall, à la fois concentré et hédoniste, tendre et doux, à la limite du silence étonne toujours autant par sa diversité poétique. Rien ne sonne ici désincarné ; la musique est pensée dans ses plus infimes détails (tel coup d’archet avec Savall n’est jamais hasardeux, il s’intègre non seulement dans une architecture globale mais reste cependant aussi vecteur d’émotion dans l’instantané), et pourtant, elle est retraduite le jour du concert avec un tel naturel, un tel déni de la réflexion ou de la sophistication que tout ceci n’est pas loin de l’art de l’improvisation, que Savall a toujours pratiquée beaucoup. A n’en pas douter, ses interprétations des « classiques » du baroque ont évolué : la fluidité des enchaînements, la souplesse des phrasés s’est encore accrue. Ici, chaque mouvement choisi de la Suitte possèdait un « caractère » vraiment distinct : la joie exultante dans la Marche Tartare, la mélancolie dans La Rêveuse, le sourire moqueur de la Tartarine, les plaisanteries rustiques des Fêtes Champêtres, etc. Tout ceci est inscrit dans la musique, l’auditeur le ressent, le vit. Le monde intérieur de Savall est d’une richesse incommensurable, avec toujours également cette magie de suggérer le contraire du sentiment exprimé. Comme si l’espoir existait toujours…ou si la tristesse pouvait reprendre à tout moment le dessus. Si l’acoustique de l’Eglise de Meslay-du-Maine ne servait pas toujours le catalan et sa viole Barak Norman (1697) dans la première partie, elle s’est révélée presque idéale dans le Concert à deux violes esgales (Les Regrets) de Mr. de Sainte-Colombe, un moment d’entente absolument unique entre deux musiciens.

29ème Festival de Sablé. Eglise de Meslay-du-Maine
. Jeudi 23 août 2007 à 21h. « Les Violes du Roi-Soleil ». Marin Marais (1656-1728) : Pièces pour viole de gambe et basse continue (Prélude, Muzettes, Menuets, La Sautillante), Suite d’un goût étranger (Marche Tartare, La Tartarine & Double, Les Fêtes Champêtres, Allemande La Superbe, L’Arabesque, La Rêveuse, Marche, Muzette), Les Voix humaines, Couplets des Folies d’Espagne. Robert de Visée: Les Sylvains de Mr. Couperin (théorbe). François Couperin : Les Barricades mystérieuses (clavecin). Jordi Savall, basse de viole (Barak Norman, Londres, 1697). Marianne Muller, basse de viole. Michael Behringer, clavecin. Xaviez Díaz-Latorre, théorbe et guitare

Crédit photographique
Marianne Muller © Z. Chrapek

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