vendredi 19 avril 2024

DVD. Placido Domingo: Wiener Staatsoper liveCarmen, Il Trovatore, Lohengrin (3 dvd Arthaus Musik)

A lire aussi
DVD
Placido Domingo
coffret Live à l’Opéra de Vienne (1978, 1990)

Superbe coffret édité non sans pertinence et opportunité pour les 75 ans du ténorissimo madrilène dont la qualité interprétative est d’autant plus admirable qu’il est aussi capable d’une longévité vocale exceptionnelle, ayant troquer son timbre initial de ténor dramatique et lyrique pour une nouvelle tessiture de… baryton. Nouvelle voix, nouvelle carrière qui compte désormais de nouveaux défis scéniques réussis: de Rigoletto à Boccanegra… Ici, Arthaus a bien raison de publier 3 versions mémorables où le grand Domingo ténor légendaire s’impose évidemment pas son élocution ardente et précise, une musicalité souple et flexible qui rayonne dans trois rôles pourtant éprouvant. Karajan, Abbado, Kleiber… soit 3 chefs parmi les plus passionnants du XXè ! Et Domingo relève à chaque fois le défi:

N’écoutons que ce Lohengrin anthologique grâce à l’engagement tout en subtilité et vocalità du ténor espagnol, qui se révèle divin -pour Lohengrin au sens strict-, wagnérien; plus tard ses Parsifal confirmeront cette affinité dramatique, linguistique et vocale. Ici, à Vienne en 1990, l’Opéra offre ce qu’il a de meilleur: un orchestre vif et nerveux et d’une finesse électrisante (prélude du III: gorgé de saine espérance) sous la baguette du prodigieux Claudio Abbado; alors à son zénith. Quelle intelligence des phrasés, quel orcheste chambriste et wagnérien: mais oui, l’oxymore vaut son pesant d’or. Domingo éblouit par son charisme : en libérateur pourtant condamné à l’échec à cause d’une Elsa pas assez sûre d’elle-même, trop perméable au poison du soupçon instillé par l’odieuse et perfide Ortrud, le ténor conserve tout le mystère extraterrestre du personnage. Voilà qui exacerbe ce thème si captivant chez Wagner: du divin chez l’humain. La perfection lumineuse de Lohengrin est finalement à 100 coudées de l’être si inachevé sur le plan spirituel d’Elsa (très convaincante et ardente Cheryl Studer: la soprano est alors elle aussi au sommet de sa carrière et sa réussite à Vienne rappelle un autre personnage tout aussi magnifiquement incarné: l’Impératrice dans La Femme sans ombre de Strauss, sous la baguette de Solti (Decca).

12 années auparavant (1978), l’Opéra de Vienne accueillait une production électrisante orchestralement du Trouvère de Verdi avec un Domingo fièvreux, exultant cette passion romantique à l’italienne avec la finesse si musicale qu’on lui connaît à cette époque… A ses côtés, Raina Kabaivanska n’a certes plus la clarté angélique et l’ardeur éclatante du rôle de la jeune Leonora: mais quelle assurance, quelle justesse d’intonation malgré l’usure évidente du timbre. Même plus limitée, la cantatrice donne tout; idem pour le luna de Piero Cappuccilli: du sang, du nerf, une intensité racée elle aussi délectable… sans compter la Zingara: Fiorenza Cossoto: éruptive, carnassière, bouleversante… d’autant que Karajan ciselé, mordant, nerveux, tient la bride d’un collectif visiblement surdominé par son contrôle millimétré. Tension et engagement font la valeur de ce live au Staats Oper.

La Carmen de Kleiber dans ce live du 9 décembre 1978 époustoufle elle aussi par sa tenue musicale et son intelligence dramatique: Elena Obraztsova fait une gitane cigarière vénéneuse et plastiquement d’une sensualité opulente; Domingo est égale à lui-même: fin, engagé, possédé (non en revanche pour sa perruque blondasse bouclée totalement ridicule!). La mise en scène, très classique de Zeffirelli tient elle aussi ses promesses. Mais le vrai acteur de la réussite viennoise reste le chef Carlos Kleiber, digne fils de son père (Erich), et comme lui, monstre sacré en matière de phrasés, d’articulation dramatique. Voilà un troisième témoignage qui fait toute la valeur première de ce coffret, véritable triptyque événement. A posséder de toute urgence.

Placido Domingo à l’opéra de Vienne. Coffret spécial 70 ans du ténor Placido Domingo. 1978: Carmen (Carlos Kleiber), Il Trovatore (Herbert Von Karajan), Lohengrin, 1990 (Claudio Abbado). 8 07280 75059 1. Arthaus Musik

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

OPÉRA GRAND AVIGNON. VERDI : Luisa Miller, les 17 et 19 mai 2024. Axelle Fanyo, Azer Zada, Evez Abdulla… Frédéric Roels / Franck Chastrusse...

Malentendu, quiproquos, contretemps… Luisa Miller puise sa force dramatique dans son action sombre et amère ; la tragédie aurait...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img