vendredi 29 mars 2024

dossier Verdi 20133. Les dernières années: d’Aïda à Falstaff…

A lire aussi

dossier Verdi 2013

Les dernières années: de La Force du destin à Falstaff (1862-1893)
La carrière internationale: Aïda et la Messa da Requiem
Le travail avec Arrigo Boïto: Otello et Falstaff

Désavoué par la jeunesse intellectuelle et artistique dont les frères Boito qui jugent Un bal masqué  » pitoyable « , Verdi réserve dans les années 1860 la création de ses nouveaux opéras… en dehors de l’Italie.

La Force du destin est créée à Saint-Pétersbourg (1862), une nouvelle version de Macbeth (1865) à Paris; surtout, Don Carlos originellement en français et destiné en 1867 à la grande boutique, c’est à dire l’Opéra de Paris. En jouant hors d’Italie, Verdi gagne une dimension internationale, encore confirmée avec Aïda, créée au Caire en 1871, commande pour laquelle Gounod et Wagner avait été également pressentis.

Comme pour Don Carlos (plus connu dans sa version écourtée italienne), Aïda surprend par les audaces harmoniques de l’orchestre, ce réalisme psychologique spécifiquement verdien, l’équilibre idéal entre grandes scènes collectives et spectaculaires (liées au sujet historique imposé par la commande) et ligne plus intimiste des scènes individuelles. Dramaturge génial, Verdi est bien ce metteur en scène du sentiment où les héros ne sont plus des types statiques mais des individus capables de conflits et de métamorphoses troubles, complexes, pathétiques, héroïques, tragiques…
en cours d’action.

A l’âge mûr, Verdi change d’inspiration et compose un Quatuor à cordes puis une sublime Messa da Requiem (1874) écrite en l’honneur du poète Manzoni et créée dans toute l’Europe. A l’époque où Wagner fait créer son premier Ring intégral dans le théâtre de Bayreuth, Verdi s’impose tel un génie européen.

Au début des années 1880, il est temps de pacifier les relations avec l’Italie: l’éditeur Ricordi offre une médiation fructueuse qui permet à Boito et Verdi de se retrouver: le premier reconnaît enfin le génie de son aîné. Ils présentent symboliquement une nouvelle version de Simon Boccanegra à la Scala de Milan en 1881. Le duo reprend du service avec Otello, autre triomphe scaligène (1887) où le sens dramatique atteint un nouveau sommet, inspiré par la force et la poésie du théâtre Shakespearien. Verdi a désormais réussi l’étroite alliance de la mélodie et du drame: les airs fusionnent avec les temps forts de l’action. Ce point d’équilibre fonde la réussite de ses opéras car Verdi a toujours le sens du timing dramatique.

Le dernier ouvrage, Falstaff créé en 1893, souligne l’énergie d’un esprit presque octogénaire (79 ans), resté étonnament jeune, toujours orienté vers l’avenir et le renouvelement des formes au nom de la question théâtrale: ses 55 ans de carrière ont accompli un véritable miracle artistique sur la scène lyrique. Plus éclectique et d’une versatilité où la fantaisie le dispute à l’exigence, Verdi mêle le tragique et le comique au diapason d’une partition qui suit le rythme même de la vie: plurielle, contradictoire, trouble, complexe, … cynique et mordante, tendre et même onirique (le tableau des fées dans la forêt de Windsor au III), la comédie de Verdi est un immense fou rire, un geste génialement désinvolte mais fulgurant par son intelligence et sa fausse légèreté. Juste par sa vérité.

La pétillance de l’écriture n’empêche pas la justesse du propos: Verdi aura réussi dans son dernier ouvrage à faire de l’opéra, le miroir de la vie. Ce Falstaff ridicule n’est pas plus pitoyable que chacun de nous: jamais Verdi n’a été plus proche de la vérité humaine: une comédie, un théâtre tournoyant où le railleur d’hier est le moqué de demain. Tous égaux quel que soit son rang face à la vie. Le héros a conquis son étoffe humaine et conclue l’enseignement de toute une vie:  » Tutto nel mundo è burla « : Tout le monde n’est qu’une farce… et la vie est elle-même un opéra. Sublime accord final où le théâtre est la vie, et vice versa.

Illustration: Verdi et Arigo Boito (DR)
- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars 2024. LULLY : Atys (version de concert). Les Ambassadeurs-La Grande Ecurie / Alexis Kossenko (direction).

Fruit de nombreuses années de recherches musicologiques, la nouvelle version d’Atys (1676) de Jean-Baptiste Lully proposée par le Centre...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img