Don Giovanni, naissance d’un opéra
Film de Carlos Saura
(au cinéma: le 12 mai 2010)
En 1781, il se fixe à Vienne: l’Empereur Joseph qui s’est entiché du jeune écrivain, l’a nommé poète et librettiste de la Cour impériale. Il fournit alors plusieurs livrets pour Martin y Soler (Una cosa rara), Salieri (Axur, inspiré de Tarare de Beaumarchais), surtout Mozart dont il rédige l’argument des trois opéras: Les Noces de Figaro (d’après Beaumarchais, 1786), Don Giovanni (1787), Cosi fan tutte (1790). A la mort de Joseph II, Da Ponte retrouve Casanova qu’il avait rencontré à Venise puis retrouvé à Prague au moment de la création (avant Vienne) de Don Giovanni.
A Londres en 1792, Da Ponte écrit plusieurs livrets pour la compagnie d’opéras du King’s Theater. Aventurier comme Casanova et impliqué dans une affaire financière désastreuse, Da Ponte à 56 ans, quitte l’Europe pour échapper à ses créanciers et émigre en Amérique en 1805 avec son épouse Nancy Grahl.
L’expatrié devient professeur de littérature italienne au Collège Columbia de New York, futur Université de Columbia. A New York, à l’occasion de la venu du baryton vedette Manuel Garcia en 1826, Da Ponte organise la première américaine de Don Giovanni: Garcia chante Don Giovanni; sa fille, l’excellente jeune diva, Maria (futur Malibran), Zerlina. Par la suite, comme Haendel à Londres au siècle précédent, Da Ponte tente de fonder un théâtre d’opéra italien à New York: il obtient des fonds en 1833, mais le projet tourne au fiasco.
Comme son ami Casanova, Da Ponte rédige ses Mémoires, n’hésitant pas à corriger à sa faveur, les épisodes de sa vie. Il meurt à 89 ans à New York en 1838.
Dans le film de Carlos Saura, la vie du jeune Da Ponte, de 25 ans le cadet de Casanova, de Venise à Vienne structure la narration. D’une certaine façon, pour Carlos Saura, et jusqu’à une certaine limite, pour les besoins romanesques de l’action, Da Ponte est Don Giovanni: prêtre scandaleux à Venise, juif converti, franc-maçon espiègle et séditieux, écrivain érotomane et provocateur… Il est condamné par l’Inquisition à 15 ans d’exil. Le jeune Da Ponte trouve en Casanova, un père substitutif, un mentor qui protège sa carrière et l’essor de sa pensée de libertin.
A Vienne, Da Ponte rencontre Salieri, se place auprès de l’Empereur Joseph II: c’est Salieri qui a l’idée de le faire travailler avec… Mozart. L’entente entre les deux francs-maçons est immédiate et le réalisateur peut alors conduire le spectateur dans la genèse d’un opéra, Don Giovanni dont le librettiste soumet l’idée au compositeur (au départ bien peu convaincu).
Amant attentionné de la diva volcanique Adriana Ferrarese qui chante Elvira, Da Ponte ne peut résister à l’appel d’un premier amour, vécu à Venise, quand paraît à Vienne pendant les répétitions, la jeune aimée, son seul amour. Dès lors, le jeune homme quitte la cantatrice pour n’aimer que son Annetta, au point de se marier avec elle et fonder un foyer. C’est là que, avec Casanova, les chemins se séparent. Le maître du libertinage a t il perdu son élève dans l’apprentissage de la vie? Da Ponte accepta t il de réécrire le mythe de Don Juan pour mieux s’en défaire?
Don Giovanni,
naissance d’un opéra. Film de Carlos Saura avec
Lorenzo
Balducci
(Da Ponte), Lino Ganciale (Mozart), Emilia Verginelli
(Annetta), Tobias Moretti (Casanova), Ketevan Kemolidze (Adriana
Ferrarese/Elvira), Sergio Foresti (Leporello), Borja Quiza (Don
Giovanni), Cristina Giannelli (Catarina Cavalieri, Anna), Ennio
Fantastichini (Salieri)… Vittorio Storaro (directeur de la
photographie). Dans les salles de cinéma, le 12 mai 2010.
vidéo: voir la bande annonce du film de Carlos Saura, don Giovanni,
naissance d’un opéra
Illustrations: Portrait de Da Ponte âgé. Le jeune Da Ponte dans le film de Carlos Saura, incarné par l’acteur Lorenzo
Balducci
(DR)
