jeudi 28 mars 2024

Compte-rendu : Rennes. Opéra, le 2 juin 2013.Verdi : La Traviata. Myrto Papatanasiu, Leonardo Caimi, Marzio Giossi. Anthony Hermus, direction musicale. Jean-Romain Vesperini, mise en scène.

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La traviata vesperini rennesAprès Reims et Limoges, cette production de La Traviata est présentée au public rennais, pour une large diffusion sur les chaînes de télévision locales et sur France Musique, ainsi qu’une projection sur plusieurs écrans géants disséminés à travers la Bretagne, tout cela en direct le mardi 4 juin 2013. La mise en scène de Jean-Romain Vesperini fixe l’action dans l’Italie des années 20, au moment de la montée du fascisme, sous une grande verrière de style art-déco. Le reste de la scène demeure d’un grand dépouillement, notamment dans la maison de campagne de Violetta, et c’est debout sur la table de jeu que l’héroïne rend son dernier souffle. Les costumes sont à l’avenant, d’une esthétique années-folles très réussie, élégants et colorés.

 

 

Une Traviata pour grand écran

 

Suite au forfait de Maïra Kerey dans le rôle-titre, l’Opéra de Rennes a fait appel à la soprano grecque Myrto Papatanasiu qui, arrivée la veille de la représentation, s’est glissée dans la scénographie à un point tel qu’on l’imagine sans peine créée pour elle. Dotée d’une superbe plastique, admirablement mise en valeur dans une robe argentée très près du corps, la chanteuse fait admirer un ramage qui vaut son plumage. Si on peut juger par instant sa voix un rien légère pour le rôle, force est de constater qu’elle le connaît bien et qu’elle assume crânement l’écriture multiple de son personnage, réussissant aussi bien sa scène du premier acte que sa grande confrontation avec Germont, pour culminer dans un troisième acte poignant de vérité et toujours respectueuse de la partition. L’instrument sonne clair et bien émis, s’épanouissant dans des aigus superbes et jamais forcés, et alors que le bas médium paraît manquer parfois de corps, le grave se révèle sonore, car poitriné avec beaucoup d’art. L’interprète émeut grâce à une incarnation vécue corps et âme, bouleversante dans sa lecture de la lettre et son combat acharné contre la mort.

A ses côtés, Leonardo Caimi paraît scéniquement plus emprunté, mais sa voix corsée donne un relief inhabituel à la partie d’Alfredo, d’une étoffe vocale plus large qu’à l’ordinaire. Seul l’aigu paraît par instants étouffé, sans le métal vaillant du médium. Mais le ténor sait se faire musicien, ciselant de belles nuances et une ligne de chant soignée.

Figure autoritaire et inflexible, le Germont de Marzio Giossi impressionne par son autorité, tant vocale que scénique. Le baryton italien possède pleinement les moyens de son rôle, denrée devenue rare dans ce personnage, et offre une belle leçon de phrasé verdien à l’imperturbable legato, notamment dans son air du II. Seul un appui laryngé occasionnel – notamment lorsqu’il veut donner brutalement de la puissance – vient troubler ce portrait musical très abouti et contrôlé, couronné par des aigus sonores et faciles, ainsi que d’excellents piani, où la voix semble monter toute seule et se placer au bon endroit.

Face à eux, au milieu de bons seconds rôles, remarquons particulièrement la Flora bien chantante de Sophie Pondjiclis et le Baron Douphol sonore et percutant de Jean-Vincent Blot. Excellente prestation du chœur, brillamment préparés. Avec un enthousiasme galvanisant, le chef néerlandais Anthony Hermus, audiblement habitué au répertoire lyrique, tire le meilleur de l’Orchestre de Bretagne, mettant en valeur de remarquables soli, trouvant les tempi justes et soutenant les chanteurs en leur offrant un véritable écrin sonore et en leur laissant ce qu’il faut de liberté. Une baguette à suivre, aux qualités prometteuses.
Et c’est un véritable triomphe au rideau final qui salue cette Traviata rennaise, qui promet beaucoup pour la retransmission du 4 juin 2013, à ne manquer sous aucun prétexte.

Rennes. Opéra, 2 juin 2013. Giuseppe Verdi : La Traviata. Livret de Francesco Maria Piave d’après Alexandre Dumas. Avec Violetta Valéry : Myrto Papatanasiu ; Alfredo Germont : Leonardo Caimi ; Giorgio Germont : Marzio Giossi ; Flora Bervoix : Sophie Pondjiclis ; Annina : Karine Audebert ; Gastone : Marlon Soufflet ; Baron Douphol : Jean-Vincent Blot ; Marquis d’Obigny : Thomas Roullon ; Docteur Grenvil : Bernard Deletré. Chœur de l’Opéra de Rennes ; Chef de chœur : Gildas Pungier. Orchestre Symphonique de Bretagne. Anthony Hermus, direction musicale ; Mise en scène : Jean-Romain Vesperini ; Assistante à la mise en scène : Frédérique Lombart ; Scénographie : Emmanuelle Roy ; Costumes : Sonia Bosc ; Lumières : Christophe Chaupin ; Assistant à la direction musicale : Arnaud Oosterbaan ; Chef de chant : Colette Diard

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