vendredi 19 avril 2024

Compte rendu, récital. Genève, Opéra des Nations, le 4 février 2018, Sonya Yoncheva chante Verdi.

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Compte rendu, récital. Genève, Opéra des Nations, le 4 février 2018, Sonya Yoncheva chante Verdi. Le premier concert de lancement du CD que Sonya Yoncheva vient de consacrer à Verdi, publié chez Sony (LIRE ici notre comtpe rendu critique de The Verdi Album par Sonya Yoncheva – 1 cd Sony classical), était attendu de tous les lyricophiles, mais aussi de tous ceux qui l’ont croisée lorsqu’elle était genevoise, étudiante, choriste avant de prendre son envol et de gagner les plus hautes sphères du chant lyrique. Pour l’occasion, son frère, le ténor Marin Yonchev l’accompagne, lui permettant de récupérer entre deux airs. L’Orchestre de Chambre de Genève, sous la baguette experte de Francesco Ciampa, est un écrin de luxe pour cette voix d’exception. Il n’a de chambre que le nom, l’esprit, la souplesse et la virtuosité : forte de sa quarantaine de musiciens permanents, c’est une authentique formation symphonique pour ses couleurs et sa puissance.

 

 

Viva Verdi !

 

 

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Il va donner le meilleur de lui-même non seulement dans les accompagnements, forts et subtils de chacun des airs, mais aussi dans des pages orchestrales démonstratives, ainsi la sinfonia d’ouverture de Nabucco, pour commencer. Superbes trombones et tuba, majestueux, mezza voce, avant que l’orchestre nous donne un avant-goût du drame. Pour ponctuer le récital, suivront trois autres belles interventions. L’ouverture de La forza del destino apparaît dans toute sa force, avec des progressions spectaculaires, construites, une texture toujours nerveuse et fine. Puis viendront l’ouverture de Luisa Miller et le prélude du dernier acte de La Traviata.
De sa sœur, Marin Yonchev a le velours et la conduite. Là s’arrête la comparaison. La puissance, la projection, les couleurs sont en-deçà. Cependant, son intelligence musicale et sa technique lui permettent de nous offrir deux beaux airs. Peu connue, une page chargée d’émotion, du deuxième acte des Lombards, « La mia letizia infondere », où Oronte, fils du sultan, est amoureux de Giselda. Le « Lunge da lei » de La Traviata ne l’est pas moins, où Alfredo chante son amour pour Violetta qui a renoncé au luxe et aux plaisirs parisiens pour lui. La sincérité du chant, la qualité de l’orchestre aussi, font oublier les prouesses de tel ou tel. Enfin, dans l’acte III, lorsqu’il chantera « Parigi, o cara » avec Violetta, leur duo sera crédible et touchant.

Une part de la critique se montre sévère à l’endroit de l’enregistrement qui vient de sortir. Sonya Yoncheva ne serait ni la seule ni la première, émouvante et fluide au concert, qui paraitrait figée, mal contrôlée ou artificielle au disque. Comment ne pas faire le rapprochement avec un propos de Philippe Cassard – dans son récent essai sur Debussy – relatif à Michelangeli, glacial et désincarné au disque : « où sont ses pianissimi impalpables et ses couleurs irisées, qui nous faisaient chavirer pendants ses récitals ? », l’observation peut être élargie à notre diva. La présence d’un public acquis, de son frère, d’un chef et d’un orchestre de connivence lui permet de déployer librement tout son art.

YONCHEV YONCHEVA marin et Sonya soprano diva et tenor concert annonce par classiquenewsParée de robes plus séduisantes les unes que les autres, parfaitement assorties au chant, ses cinq interventions, sans compter le bis, nous laissent sous le charme : la puissance, la grâce, la sensualité de cette voix onctueuse, longue, au souffle infini, ces phrasés qui vous tiennent en lévitation, un arc-en-ciel de couleurs et de nuances, l’émotion toujours juste, des traits et vocalises impressionnants de virtuosité et de précision ; jamais l’ombre d’un effort, sinon pour quelques aigus d’Attila. Un contrôle permanent pour conférer le naturel à cette prodigieuse voix, le moment est unique et on voudrait en retenir le temps. Quelques grandes pages, le « Tacea la notta placida » du Trouvère, le « Tu che le vanità » de Don Carlo, et la prière de Leonora « Pace mio Dio » de la Force du destin, mais aussi deux airs beaucoup plus rares : De Luisa Miller, le « Tu puniscimi, o Signore » et « O, nel fuggente nuvolo » d’Attila. Tout est impressionnant et la large palette expressive de Sonya Yoncheva, ses talents dramatiques aussi, lui permettent de faire vivre ses héroïnes, quelles qu’en soient les caractères et les situations. Evidemment, faisant naturellement suite au prélude de l’acte trois de La Traviata, son duo « Parigi, o cara » emporte proprement le public dont les acclamations sont récompensées. On l’attendait sans trop y croire : Le brindisi du premier acte, où Violetta découvre Alfredo et l’amour, réunit frère et sœur et leur vaut une longue standing ovation.

 

 

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Compte rendu, récital. Genève, Opéra des Nations, le 4 février 2018, Sonya Yoncheva chante Verdi. Crédit photographique © Sony classical – Gregor Hohenberg

 

 

 

 

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