COMPTE-RENDU, Opéra. TOURS, Opéra. Mozart: L’enlèvement au sérail, les 26, 28 février puis 1er mars 2016. Quand Mozart joue à l’orientaliste, il n’est jamais étranger aux Lumières de la fraternité et de l’amour… La nouvelle production de l’Enlèvement au sérail de Mozart présentée par l’Opéra de Tours (crée en Allemagne et bientôt reprise à Toulouse) convainc par sa cohérence dramatique et visuelle, conçue par l’acteur Tom Ryser qui incarne le Pacha Selim et aussi réalise la mise en scène. En restituant l’humanité profonde du musulman, sa blessure secrète, intime dès la première scène d’ouverture, la justesse des sentiments qui s’affirme de tableaux en tableaux, outre leur apparente et réelle facétie, rend justice à un Mozart, humaniste, fraternel, amoureux. Un cœur épris d’une saisissante humanité.
Tout d’un coup, la figure de maître oriental en son sérail, s’adoucit et sa relation avec sa belle captive Konstanz, vraie figure de la fidélité amoureuse, gagne en intensité. A mesure que la jeune femme confirme son amour pour le seul élu de son cœur : Belmonte, le Pacha ne cesse de redoubler son désir de posséder Konstanz en laquelle il voit l’incarnation de cette femme idéale qu’il a perdu ; d’où en ouverture, et sur la musique du lever de rideau, les ombres du Pacha et des jeunes femmes qui défilent entre ses mains (à la manière du prince en quête de Cendrillon) : toujours trouver celle qui l’obsède. L’importance réservée au personnage de Selim rééquilibre la partition et évite bien des traitements caricaturaux, vus et revus ailleurs, entre Occidentaux et Musulmans.
Le plateau vocal très solide où rayonne l’assurance d’une mozartienne plus que confirmée : Cornelia Götz en Konstanze, rétablit cet amour de Wolfgang pour le pur jeu théâtral, la comédie en musique où le drame, complet, tendre et profond, renouvelle alors la forme même de l’opéra : ni seria tragique et pontifiant ; ni buffa, comique et creux, mais les deux à la fois, c’est à dire « singspiel », associant chant et théâtre pur, nouveau cadre lyrique voulu par l’Empereur Joseph II en 1782, où le personnage central, moteur est un rôle parlé ; où le duo des serviteurs (Pedrillo et Blonde), facétieux, subtils, est remarquablement traité par le compositeur qui creuse avec bénéfice son contraste avec le geôlier, bourreau barbare et sadique, Osmin (excellente basse Patrick Simper, lui aussi un habitué du rôle). On assiste enthousiaste aux débuts de la pétillante Jeanne Crousaud en Blonde, double apparemment léger mais en vérité clairvoyant de Konstanz, qui sait manipuler l’odieux Osmin… L’homogénéité de la distribution permet de mieux goûter encore les équilibres dramatiquement entraînant préservés par le chef… Tout avance ici avec une attention à la double nature de l’ouvrage, comique et sérieux à la fois. Un vrai régal scéniquement et musicalement réussi car en fosse, un orfèvre de la baguette enjouée et dramatiquement ciselée opère, Thomas Rösner (dont on avait tant aimé la finesse de son Lucio Silla, opéra également de Mozart, pour Angers Nantes opéra). L’Enlèvement au sérail de Mozart à l’Opéra de Tours. Production événement, à ne pas manquer, 3 dates incontournables : les 26, 28 février et 1er mars 2016.
Compte rendu, opéra. Tours, Opéra. Mozart : L’enlèvement au sérail, 1782. Thomas Rösner, direction. Tom Ryser, mise en scène. Encore une date à TOURS, mardi 1er mars 2016. A ne pas manquer.
Opéra de Tours
Vendredi 26 février 2016, 20h
Dimanche 28 février 2016,15h
Mardi 1er mars 2016, 20h
L’Enlèvement au Sérail de Mozart
Singspiel en trois actes
Livret de Gottlieb Stephanie Jr., d’après Bretzner
Création le 16 juillet 1782 à Vienne
Direction musicale : Thomas Rösner
Mise en scène : Tom Ryser
Décors : David Belugou
Costumes : Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne
Lumières : Marc Delamézière
Konstanze : Cornelia Götz
Blonde : Jeanne Crousaud
Belmonte : Tibor Szappanos
Pedrillo : Raphaël Brémard
Osmin : Patrick Simper
Pacha Sélim : Tom Ryser
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire / Tours
Choeurs de l’Opéra de Tours et Choeurs Supplémentaires
Toutes les infos et les modalités de réservations sur le site de l’Opéra de Tours