vendredi 19 avril 2024

Compte rendu, opéra. Paris. Opéra Comique, le 23 mars 2015. Ferdinand Hérold : Le Pré aux Clercs. Marie Lenormand, Marie-Eve Munger, Jaël Azzaretti, Michael Spyres… Orchestre Gulbenkian. Paul McCreesh, direction. Eric Ruf, mise en scène et décors

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herold Ferdinand_Herold_-Lithograph_by_Louis_DupreNouvelle résurrection à la Salle Favart pour commencer le printemps ! Il s’agît du dernier opéra achevé par le compositeur français Ferdinand Hérold (1791–1833), surtout connu par les amateurs de la musique et de la danse grâce à son ballet La Fille Mal Gardée. L’Opéra Comique produit donc Le Pré aux Clercs et fait appel à Eric Ruf, sociétaire et nouvel administrateur général de la Comédie-Française pour sa première mise en scène d’opéra. L’Orchestre Gulbenkian dirigé par Paul McCreesh interprète la musique avec une sympathique distribution de chanteurs-acteurs accompagnés par le choeur Accentus.

 

 

Théâtre d’Herold ressuscité

 

 

 

A l’écoute de l’ouverture pompeuse, nous avons le délicieux souvenir de La Muette de Portici d’Auber présenté en 2012. Le plateau se dévoile après la succession des crescendi belcantistes et des procédés grand-opératiques; tout  en nous présentany des décors économes mais beaux à regarder… Les costumes d’époque de Renato Bianchi (félicitons l’atelier des costumes de la maison également) et l’excellentissime travail d’acteur du casting frappe autant et instaurent une ambiance très Comédie-Française. Le choix d’Eric Ruf pour la mise en scène semble donc d’une grande intelligence, compte tenu des nombreux et très longs dialogues parlés de l’œuvre, en l’occurrence interprétés avec dignité par des artistes dont l’activité principale est musicale. Diction, accent, prosodie et rythme sont superbes. Et ce même avec les quelques interprètes non-francophones. L’histoire au nom bucolique se passe 10 ans après la Saint-Barthélémy en 1582 et raconte l’amour contrarié d’Isabelle de Montal, favorite de la Reine Margot, et du Baron de Mergy. L’oeuvre qui a une vie glorieuse au XIXe siècle, nous paraît bizarrement étrange au XXIème. Mis-à-part l’intérêt historique et de valorisation du patrimoine musical français, nous sommes quelque peu dépassés par l’opus.

 

 

 

Or, la production compte avec une équipe de toute évidence engageante et engagé. Marie Lenormand dans le rôle de Marguerite de Valois a une fabuleuse prestance et son expression, penchant vers le sombre est délicieusement nuancée. Elle est altière comme il se doit et toujours aiguisant l’attention même dans les ensembles. Le Baron de Mergy est interprété par le ténor Américain Michael Spyres qui campe une prestation d’une grande musicalité. Son Baron est digne du titre, sa voix est expressive, son jeu d’une grande sensibilité. Isabelle de Montal est interprétée par la soprano Québécoise Marie-Eve Munger. Sans doute le rôle le plus fastidieux de la partition, avec des morceaux longs et d’une difficulté technique redoutable… Munger captive surtout par l’effort évident qu’elle accorde à sa performance. Si nous sommes perplexes devant une musique qui la dépasse pour cette première, elle est à la fois rayonnante et touchante sur scène. Le couple buffo de Nicette et Girot est chanté par Jaël Azzaretti, pétillante et Christian Helmer, à la belle voix, mais pas très assuré. Nous sommes contents de retrouver Eric Huchet sur scène, excellent comédien, qui chante son rôle avec facilité.

 

 

 

Le Choeur Accentus, quelque peu livré à lui même  campe une performance sans défaut. L’orchestre Gulbenkian dirigé par Paul McCreesh s’accorde aux spécificités de la partition ; si la musique, si mignonne par moments, si fastidieusement technique à d’autres, sonne comme Auber mais en moins bon (Auber déjà lui-même inscrit dans la ligne de Rossini), l’orchestre l’interprète de façon tout à fait solide. Une expérience particulière à la Salle Favart en début de printemps ! Une œuvre rare qui mérite indiscutablement ce focus inopiné et qui produit une expérience musicale à vivre absolument. A l’affiche de l’Opéra Comique les 25, 27, 29 et 31 mars ainsi que le 2 avril 2015.

 

 

Illustration : © V Pontet

 

 

 

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