jeudi 28 mars 2024

Compte rendu, danse. Paris. Théâtre des Champs Elysées, le 15 septembre 2016. William Forsythe, Justin Peck, Martha Graham, Benjamin Millepied, chorégraphes. L.A. Dance Project, compagnie invitée. Benjamin Millepied, direction artistique.

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La jeune compagnie de danse de Benjamin Millepied, L.A. DANCE PROJECT ouvre la saison chorégraphique du Théâtre de Champs Elysées « TranscenDanses » avec un programme divers comprenant deux premières européennes et la création française de sa dernière production « On the other side ». Au programme : Forsythe, le jeune danseur-chorégraphe américain en vogue Justin Peck, la rarement vue Martha Graham… Une soirée avec tous les ingrédients, Made in America, pour plaire au plus grand nombre, néophytes et amateurs confondus.

Affinités sélectives en mouvement

ON THE OTHER SIDE, le nouveau ballet de Benjamin MillepiedLa soirée commence avec la remarquable pièce de William Forsythe « Quintett », sur la musique minimaliste du compositeur contemporain anglais Gavin Bryars. 25 minutes de poésie et de lyrisme abstrait et ambiguë, avec la décontraction typique du style Forsythe, en l’occurrence revisitée par 5 danseurs sur la scène. Dans ce faux pas de cinq, les interprètes paraissent être dans une sorte de quête sinon existentielle, au moins expressionniste. Le tout pourtant non dépourvu d’amour ni d’humour, et en dépit de l’ambiance onirique installée par la musique répétitive, et les canons visuels qui en découlent, la performance n’est jamais pesante ni prétentieuse. Comme souvent le cas chez Forsythe, ses danses brillent par leur sincérité émotionnelle et intellectuelle, même s’il n’est pas toujours forcément compris. La compréhension est peut-être un facteur clé pour la pièce qui suit, « Helix » de Justin Peck. Après une entrée au répertoire heureuse au Ballet de l’Opéra de Paris avec sa pièce « In Creases », nous voici quelque peu perplexes. « Helix » a tout pour plaire, belle musique d’Esa-Pekka Salonen, tenues alléchantes et simples de Janie Taylor, des danseurs de qualité. Or, la chorégraphie certainement non dépourvue de beauté, a du mal à captiver. Poétique mais pas réellement, entraînante mais pas vraiment. L’impression est en l’occurrence fugace, mais les 9 minutes furent … lentes.

Une toute autre chose, le curieux et heureux regroupement des danses de Martha Graham, mère de la Modern Dance. Il s’agît d’une séquence de trois duos extraits du documentaire « A Dancer’s World » (1957). Nous voici devant une ambiance remarquable, au caractère authentique, avec le je ne sais quoi d’étrange au travail du bassin, propre au style Graham. Les six danseurs des trois duos paraissent habités d’une dynamique particulière, pétillante mais pas frivole, et, même s’il s’agit des cinq danseurs de la première pièce, plus un sixième, ils ne sont presque pas reconnaissables tellement l’ambiance et la danse sont distinctes. C’est l’œuvre la plus ovationnée de la soirée ; nous nous réjouissons de voir des chorégraphies de Martha Graham sur scène, surtout parce que nous sommes de l’avis que son œuvre d’une valeur inestimable, reste trop peu présente dans les grands théâtres parisiens, sans justification.

Le programme se termine, évidemment, avec la création française de « On the other side » de Benjamin Millepied, dont la création mondiale eut lieu au mois de juin 2016. Exclusivement sur les musiques de Philip Glass, avec les costumes hauts en couleurs d’Alessandro Sartori, cette commande passée par Van Cleef & Arpels, est fabuleusement interprétée par la troupe. Mi-abstrait, mi-approximatif, le ballet de Millepied paraît raconter une histoire d’humains. Des êtres qui peut-être s’aiment, se touchent, se cherchent, se perdent… sans pour autant avoir une narration claire. Nous avons droit à une symphonie chorégraphique à la musique (et parfois aussi la gestuelle) répétitive, avec des moments d’enthousiasme athlétique so American ; des tableaux de groupe parfois drôles, parfois fantasques, jamais choquants, et surtout des duos à l’homosensibilité saisissante ; celui de deux hommes a fortement touché le public qui inonde par la suite la salle de bravos abondants à l’adresse des interprètes.

Une soirée et un programme de découvertes et redécouvertes, avec des créations intéressantes et surtout une belle occasion de connaître les qualités du collectif de l’ancien Directeur du Ballet de l’Opéra de Paris. Des danseurs à l’entrain rafraîchissant, performant même un hymne à la modernité en mouvement dans un lieu emblématique de l’histoire de la danse au XXe siècle !

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