vendredi 29 mars 2024

COMPTE-RENDU, critique, opéra. BRUXELLES, La Monnaie, le 22 déc 2019. OFFENBACH : Les Contes d’Hoffmann : Altinoglu / Warlikowski.

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COMPTE-RENDU, critique, opéra. BRUXELLES, La Monnaie, le 22 déc 2019. OFFENBACH : Les Contes d’Hoffmann : Altinoglu / Warlikowski. On goûte (peu) mais tolère avec curiosité chaque nouvelle production du polonais irrévérencieux Krzysztof Warlikowski dont la laideur et la sécheresse de l’imaginaire dénaturent souvent les opéras qu’il met en scène. On se souvient de son roi Roger de Zymanowski à Bastille, tout sauf lisible, et rien que confus, grand bazar et barnum sur la scène (avec citation de Mickey et guirlandes électriques).

A Bruxelles, il a traité pareillement Médée (2008), puis Lulu et Don Giovanni … Ici, le curseur référentiel se fixe sur la nébuleuse cinématographique, car les citations au 7è art sont continues en particulier à Cukor (A Star is born). Stella / Rita Hayworth y reçoit bien sa statuette en or au grand dam du poète Hoffmann, désabusé, aigri… Warlikowski de s’obstiner ainsi à faire rentrer la partition d’Offenbach dans cette grille de lecture et de référence, aux forceps, quitte comme d’habitude à dénaturer la partition originelle.

 

 

Offenbach dénaturé, sauce Warlikowski

 

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La « trouvaille » est de portraiturer le poète malheureux en amour en ex star alcoolique face aux diverses figures d’une lolita exposée, crédule, vorace de gloire… chaque incarnation Olympia, Antonia… sont les prises de rôles de la jeune vedette déclarée, sous les projecteurs hollywoodiens. Exit le fantastique noir, le délire poétique d’Hoffenbach (disparue l’identité fusionnée de Nicklausse / la Muse). Bonjour l’artifice d’une adaptation déroutante et forcée. Chaque tableau devient gadget. Un comble pour le metteur en scène dont le regard doit clarifier l’intrigue, unifier et prendre de la hauteur sur son sujet.

Donc au pays de l’anecdocte et de la trouvaille (facile), – le spectateur reconnaît ici Shining ou Pulp Fiction ; là, Twin Peaks, le Jocker… il est confronté à une performance foraine comme à un jeu des 7 erreurs : toujours en quête du détail qui tue. Pire pour l’attention du spectateur, la répétition à outrance d’un dispositif sensé trancher : chaque air est réalisé par le/la soliste devant un micro, comme au Music Hall. Ereinté par tant de kitcherie qui tourne en rond, où l’on s’agace des noces obsessionnelles de l’opéra et de la variété, l’auditeur ferme les yeux pour retrouver non sans gêne, la musique d’Offenbach.

Quel dommage car le poète Hofmann campé par Enea Scala est impeccable : regard ivre et halluciné, profondeur du héros désabusé et progressivement amer : la voix suit les nuances de cette prise de rôle particulièrement aboutie.
Respectant le vœu du compositeur, Nicole Chevalier incarne les 4 visages féminins, objets qui plongent le poète maudit dans la frustration absolue : Olympia agile, Antonia touchante, voluptueuse Giuletta (grimée ici en pornostar) ; enfin Stella ardente, présente, crédible. Rien à redire aussi sur les 4 visages démoniaques défendus par Gabor Bretz, dont la basse claire mord dans chaque personnage. Beau Niklausse de Michèle Losier ; et mère déchirante dans l’acte d’Antonia, grâce à Sylvie Brunet-Grupposo, au grave juste et sincère, sans appui. Les seconds rôles sont dans la même veine, naturelle et crédible : François Piolino (Spalanzanin, Nathanaël) et Loïc Felix (percutant Frantz).
Dans la fosse, le chef assure le bon fonctionnement de la machine orchestrale qui manque cependant de vertiges, de souffle, de noirceur poétique.

 

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COMPTE-RENDU, critique, opéra. BRUXELLES, La Monnaie, le 22 déc 2019. OFFENBACH : Les Contes d’Hoffmann : Altinoglu / Warlikowski.

Hoffmann : Enea Scala
Olympia, Antonia, Giulietta, Stella : Nicole Chevalier
Nicklausse, La Muse : Michèle Losier
Mère d’Antonia : Sylvie Brunet-Grupposo
Lindorf, Coppélius, Miracle, Dapertutto : Gábor Bretz
Spalanzani, Nathanaël, Luther, Crespel : François Piolino
Luther, Crespel : Sir Willard White
Frantz, Andrès, Cochenille, Pitichinaccio : Loïc Felix
Schlémil, Herrmann : Yoann Dubuque

Orchestre symphonique et Chœurs de La Monnaie
Alain Altinoglu, direction

Mise en scène : Krzysztof Warlikowski / Photos : © Bernd Uhlig

 

 

 

 

 

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