vendredi 29 mars 2024

COMPTE-RENDU, critique concert. TOULOUSE. le 6 mars 2020. WAGNER, BRUCH : J. SPACEK. Orch. Nat. CAPITOLE /C. MEISTER

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COMPTE-RENDU, critique concert. TOULOUSE. le 6 mars 2020. WAGNER, BRUCH : J. SPACEK. Orch. Nat. CAPITOLE /C. MEISTER. Cette année anniversaire (250 ans de sa naissance) nous permettra d’entendre symphonies et concertos de Ludwig Van Beethoven encore plus souvent qu’à l’accoutumée. A Toulouse une série de concerts nommée « Ludwig » ouvre le bal ce soir. Notre écoute sera donc teintée de cette conscience : l’interprétation se cale au sein de cet hommage général. La question est donc de savoir ce que le chef va apporter de particulier à notre orchestre qui, nous le savons,  excelle dans Beethoven au fil des années sans démériter jamais et notamment sous la baguette inspirée de Tugan Sokhiev.

Splendeur et efficacité teutonique à Toulouse
lourdeur de Cornelius Meister,
virtuosité séduisante de Josef Spacek

Cornelius Meister, jeune chef allemand, né dans une famille de musiciens, est un boulimique très doué. Pianiste soliste et chef d’orchestre, il dirige des opéras, des concerts symphoniques ; le soliste et le chambriste est sur tous les fronts. Ce soir, allure fringante, très souriant, il empoigne sa baguette pour diriger les premières mesures de l’extraordinaire ouverture de Tannhäuser de Wagner. Recherche de beau son, efficacité et plénitude sonore se dégagent de cette interprétation. Grandeur et puissance plus mises en avant que recueillement et drame. Le théâtre ne s’invite pas, la version est avant tout symphonique. Les détails ne sont pas très finement mis en exergue et la tension fluctue. Une certaine lourdeur se fait sentir dans des à-coups cloués au sol. Mais l’efficacité de la superposition des thèmes wagnériens fait son effet et l’enthousiasme naît avec des applaudissements nourris. Il est difficile de résister à cette fin si puissante…

josef spacek violonist copyright radovan subin concert classiquenewsEnsuite le soliste du concerto pour violon de Max Bruch entre en scène avec beaucoup de naturel. Jouant par coeur comme le chef dirige d’ailleurs, il se lance dans une interprétation romantique et flamboyante de cette oeuvre si aimée des violonistes comme du public. Le jeu de Josef Špaček est noble et élégant. La sonorité est soignée, nuancée ; et l’émotion est distillée avec art. Un sorte de facilité olympienne habite ce jeu. La lourdeur de la direction de Cornélius Meister se confirme. Accords écrasants, nuances forte abruptes. Le public fait fête au jeune prodige tchèque. En bis il se lance dans une  danse rustique extraite de la sonate n° 5 d’ Eugène Ysaÿe  où la virtuosité diabolique rencontre la musicalité la plus délicate. Avec un art consommé des nuances et des phrasés, Josef Špaček envoûte le public comme les musiciens de l’orchestre tous visiblement sous le charme d’un jeu à la facilité déconcertante.


En dernière partie de concert nous arrivons à l’hommage à Beethoven. Une certaine idée de la musique du maître de Bonn est défendue par la direction de Cornélius Meister. Un Beethoven de poids, se profile dans cette Symphonie n°7 à l’énergie rythmique débordante. L’efficacité teutonique du jeune chef est conséquente et la symphonie se déploie avec puissance. Toutefois sans grandes nuances, sans phrasés ciselés mais avec une implacable détermination. De la musique pure sans recherche de sens ni de sentiments. C’est terriblement efficace. Cette tradition héritée du XXème siècle a ses adeptes. Il est possible de rêver autrement cette symphonie en intégrant les apports des versions « informées » avec des cordes moins étoffées, des bois plus délicats  et des cuivres plus nuancés, des phrasés plus travaillés et des nuances plus creusées.

Nous aurons l’occasion de reparler de ces choix  avec d’autres symphonies et concertos de Beethoven tout au long de cette année en forme d’hommage au géant Beethoven. L’efficacité toute teutonique de Cornélius Meister ne nous a pas vraiment convaincus ; la virtuosité toute de musicalité de Josef Špaček totalement !
 

 

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Compte-rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 6 mars 2020. Richard Wagner (1813-1883) : Ouverture de Tannhäuser ; Max Bruch (1838-1920) : Concerto pour violon n°1 en sol mineur Op.26 ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 7  en la majeur op.92 ; Josef Špaček, violon ; Orchestre national du Capitole de Toulouse ; Cornélius Meister, direction. Photo : © Radovan-Subin

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