COMPTE-RENDU, critique concert. TOULOUSE. le 6 mars 2020. WAGNER, BRUCH : J. SPACEK. Orch. Nat. CAPITOLE /C. MEISTER. Cette annĂ©e anniversaire (250 ans de sa naissance) nous permettra dâentendre symphonies et concertos de Ludwig Van Beethoven encore plus souvent quâĂ lâaccoutumĂ©e. A Toulouse une sĂ©rie de concerts nommĂ©e « Ludwig » ouvre le bal ce soir. Notre Ă©coute sera donc teintĂ©e de cette conscience : lâinterprĂ©tation se cale au sein de cet hommage gĂ©nĂ©ral. La question est donc de savoir ce que le chef va apporter de particulier Ă notre orchestre qui, nous le savons,  excelle dans Beethoven au fil des annĂ©es sans dĂ©mĂ©riter jamais et notamment sous la baguette inspirĂ©e de Tugan Sokhiev.
Splendeur et efficacité teutonique à Toulouse
lourdeur de Cornelius Meister,
virtuosité séduisante de Josef Spacek
Cornelius Meister, jeune chef allemand, nĂ© dans une famille de musiciens, est un boulimique trĂšs douĂ©. Pianiste soliste et chef dâorchestre, il dirige des opĂ©ras, des concerts symphoniques ; le soliste et le chambriste est sur tous les fronts. Ce soir, allure fringante, trĂšs souriant, il empoigne sa baguette pour diriger les premiĂšres mesures de lâextraordinaire ouverture de TannhĂ€user de Wagner. Recherche de beau son, efficacitĂ© et plĂ©nitude sonore se dĂ©gagent de cette interprĂ©tation. Grandeur et puissance plus mises en avant que recueillement et drame. Le théùtre ne sâinvite pas, la version est avant tout symphonique. Les dĂ©tails ne sont pas trĂšs finement mis en exergue et la tension fluctue. Une certaine lourdeur se fait sentir dans des Ă -coups clouĂ©s au sol. Mais lâefficacitĂ© de la superposition des thĂšmes wagnĂ©riens fait son effet et lâenthousiasme naĂźt avec des applaudissements nourris. Il est difficile de rĂ©sister Ă cette fin si puissanteâŠ
Ensuite le soliste du concerto pour violon de Max Bruch entre en scĂšne avec beaucoup de naturel. Jouant par coeur comme le chef dirige dâailleurs, il se lance dans une interprĂ©tation romantique et flamboyante de cette oeuvre si aimĂ©e des violonistes comme du public. Le jeu de Josef Ć paÄek est noble et Ă©lĂ©gant. La sonoritĂ© est soignĂ©e, nuancĂ©e ; et lâĂ©motion est distillĂ©e avec art. Un sorte de facilitĂ© olympienne habite ce jeu. La lourdeur de la direction de CornĂ©lius Meister se confirme. Accords Ă©crasants, nuances forte abruptes. Le public fait fĂȘte au jeune prodige tchĂšque. En bis il se lance dans une  danse rustique extraite de la sonate n° 5 dâ EugĂšne YsaĂże  oĂč la virtuositĂ© diabolique rencontre la musicalitĂ© la plus dĂ©licate. Avec un art consommĂ© des nuances et des phrasĂ©s, Josef Ć paÄek envoĂ»te le public comme les musiciens de lâorchestre tous visiblement sous le charme dâun jeu Ă la facilitĂ© dĂ©concertante.
âšEn derniĂšre partie de concert nous arrivons Ă lâhommage Ă Beethoven. Une certaine idĂ©e de la musique du maĂźtre de Bonn est dĂ©fendue par la direction de CornĂ©lius Meister. Un Beethoven de poids, se profile dans cette Symphonie n°7 Ă lâĂ©nergie rythmique dĂ©bordante. LâefficacitĂ© teutonique du jeune chef est consĂ©quente et la symphonie se dĂ©ploie avec puissance. Toutefois sans grandes nuances, sans phrasĂ©s ciselĂ©s mais avec une implacable dĂ©termination. De la musique pure sans recherche de sens ni de sentiments. Câest terriblement efficace. Cette tradition hĂ©ritĂ©e du XXĂšme siĂšcle a ses adeptes. Il est possible de rĂȘver autrement cette symphonie en intĂ©grant les apports des versions « informĂ©es » avec des cordes moins Ă©toffĂ©es, des bois plus dĂ©licats  et des cuivres plus nuancĂ©s, des phrasĂ©s plus travaillĂ©s et des nuances plus creusĂ©es.
Nous aurons lâoccasion de reparler de ces choix  avec d’autres symphonies et concertos de Beethoven tout au long de cette annĂ©e en forme dâhommage au gĂ©ant Beethoven. LâefficacitĂ© toute teutonique de CornĂ©lius Meister ne nous a pas vraiment convaincus ; la virtuositĂ© toute de musicalitĂ© de Josef Ć paÄek totalement !
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Compte-rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 6 mars 2020. Richard Wagner (1813-1883) : Ouverture de TannhĂ€user ; Max Bruch (1838-1920) : Concerto pour violon n°1 en sol mineur Op.26 ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 7  en la majeur op.92 ; Josef Ć paÄek, violon ; Orchestre national du Capitole de Toulouse ; CornĂ©lius Meister, direction. Photo : © Radovan-Subin