Compte-rendu critique, Ballet. Opéra Confluence d’Avignon, le 25 novembre 2017. Piotr Illitch Tchaïkovski : Le Lac des Cygnes. Grand ballet et Etoiles de l’Opéra de Kazan. L’Opéra-Théâtre de la Place de l’Horloge devant subir d’importants travaux de rénovation (pour une durée de deux ans et un budget de 15 millions d’euros), c’est désormais l’Opéra Confluence qui accueillera les spectacles de l’Opéra Grand Avignon pendant les deux saisons à venir. Construit face à la gare TGV, cette nouvelle salle d’une capacité de 850 places n’est autre que celle (recyclée) de la Fenice de Venise (réutilisée ensuite à Liège), or la tente extérieure qui n’aurait pas fait le poids face aux emportements du Mistral, et qui a été donc ici remplacée par une imposante structure en fer et en bois. La structure de l’ouvrage n’est ainsi pas sans rappeler le théâtre élisabéthain, et le bois devrait par ailleurs offrir une acoustique particulièrement chaude et chaleureuse.
Le spectacle d’inauguration de la salle (repoussé de 15 jours suite à quelque retard pris par les travaux) a eu lieu ce samedi 25 novembre avec une représentation du Lac des Cygnes de Piotr Illitch Tchaïkovski par Ballet de l’Opéra de Kazan en Russie. Commençons par regretter l’absence d’un orchestre (qui nous aurait permis de juger de l’acoustique des lieux…) et c’est donc par bande sonore enregistrée/interposée que nous avons entendu l’Orchestre (un rien pompier) de la Capitale du Tatarstan ! La version retenue de ce ballet classique russe par essence est celle fameuse de Marius Petipa repris par Lev Ivanov pour le Théâtre Mariinsky de Saint Pétersbourg. Sans démériter, avouons que les deux Etoiles (Kristina Andreeva pour Odette/Odile et Illnur Gajfullin pour le Prince Siegfried) n’ont pas totalement convaincus. La première s’avère bien raide pour interpréter ce rôle, et les bras ne sont pas aussi travaillés que nombre de ses consœurs vues ici ou là… il y manque en fait une bonne dose de lyrisme et de poésie. La contrepartie est qu’elle est meilleure en Odile, le Cygne Noir… Son confrère, en-dehors du fait que cette version du Mariinsky laisse un peu le danseur sur le côté de la scène, en lui offrant juste deux variations, ne manque pas de brio et de force, mais le travail n’est pas toujours propre, le jeu des jambes notamment, parfois un peu brouillon… Les deux héros se font ainsi voler la vedette par l’extraordinaire Bouffon de Koya Okawa qui a arraché de frénétiques applaudissements du public à (presque) chacune de ses entrées ! Sautillant et bondissant à souhait, il permet par ailleurs un certain équilibre comique avec l’action tragique du ballet. Par malheur, le Rotbart d’Anton Polodyuk n’est en rien machiavélique (il n’est pas aidé non plus par les costumes d’un autre âge de la production…) et ne marque guère les esprits. Enfin, le corps de ballet n’est pas d’une précision extrême et ne fait toujours honneur à la légende des ballets russes… ce dont le public n’a pas semblé s’apercevoir qui a fait un triomphe à l’ensemble des artistes au moment des saluts.
Bref, l’Opéra Grand Avignon a donc réussi son inauguration (le public a toujours raison !) et nous attendons maintenant avec impatience le premier titre lyrique de la saison : Orphée et Eurydice de Gluck (dans la version de Berlioz, avec Julie Robard-Gendre et Olivia Doray dans les rôles principaux) les 3 et 5 décembre prochains !
—————————
Compte-rendu critique, Ballet. Opéra Confluence d’Avignon, le 25 novembre 2017. Piotr Illitch Tchaïkovski : Le Lac des Cygnes. Grand ballet et Etoiles de l’Opéra de Kazan.
