mardi 19 mars 2024

Compte rendu, concert. Tours, Opéra. Le 5 décembre 2015. Brahms : Concerto pour piano n°2. R. Strauss, Ravel. Adam Laloum, piano. Orch. Région Centre-Val de Loire Tours. Jean Yves Ossonce, direction.

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PIANO ENCHANTEUR : Adam Laloum à ToursLe clou de ce dernier programme symphonique à l’Opéra de Tours est le 2ème Concerto pour piano de Johannes Brahms. Soliste annoncé, le lauréat du Prix Clara Haskil 2009, Adam Laloum (né en 1987), élève au CNSMD de Paris, de Michel Béroff. Adam Laloum, le poète des pianistes français et certainement le plus méditatifs d’entre tous fait l’affiche de ce concert prometteur : on sait jusqu’à quels piani introspectifs le chef Jean-Yves Ossonce (dont le public de Tours vit le dernier cycle symphonique ici même depuis l’annonce de démission) aime conduire son orchestre tourangeau : telle capacité allusive, jouant sur le murmure timbré, mettant en avant la couleur de chaque instrument exposé, s’est entendue précédemment dans des Tchaïkovski pour nous devenus mémorables (LIRE notre compte rendu de la Symphonie n°6 de Tchaikovski en novembre 2014 par Jean-Yves Ossonce). La combinaison du pianiste déjà invité à Tours et du maestro sur la scène de l’Opéra pouvait nous laissait espérer l’impossible.

Or l’alchimie a bien eu lieu … et le jeu miroitant, diaphane, ciselé, d’une tendresse enfantine et amoureuse surtout dans l’Andante du jeune pianiste français s’est déployé sans masque si ce n’est celui assumé de la pudeur. Tout le Concerto pour piano n°2 de Brahms d’une ampleur symphonique affirmée (avec ses 4 mouvements), laisse pourtant le chant du clavier s’épanouir, entre la tragédie sombre à peine voilée, la digression facétieuse (en particulier dans le dernier mouvement grazioso où scintille les motifs populaires, rythmes hongrois réservés aux cordes), et au cœur de la sensibilité brahmsienne, une hypersensibilité affective qui est la clé de cette noblesse qui retourne toujours à l’intime et à la pudeur blessée. L’agilité faune, la versatilité dynamique, la caresse du piano d’Adam Laloum font le miel d’une soirée d’une très haute musicalité à Tours où chaque mouvement berce par une sincérité de ton qui d’un épisode à l’autre, rétablit la grande cohérence du cycle orchestral dans son entier.

On sait gré au chef de nous servir avec une finesse d’élocution ténue, l’admirable combinaison de certains timbres appareillés (cor évidemment, hautbois, sans omettre le violoncelle au début et à la fin de l’Andante qui respire alors au diapason du clavier complice : mêmes vibrations accordées entre les deux instruments. Un très grand moment de plénitude … purement musicale (pour plaire au critique Eduard Hanslick, défenseur acharné et souvent partisan de Brahms).  Le piano enivré, extatique, parfois rugissant d’Adam Laloum s’accorde à l’engagement du chef. Ce Brahms ambivalent, à la fois solaire et crépusculaire, combinant la ténèbre et la grâce lumineuse ressuscite ainsi en un acte d’une complicité accomplie.

 

 

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