samedi 20 avril 2024

Compte-rendu, concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le 10 décembre 2016. Johannes Brahms : Concerto pour piano n°2 ; Symphonie n°2 ; Nicholas Angelich, piano ; Orchestre Philharmonique de Radio France. Myng-Whun Chung, direction.

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Compte-rendu, concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le 10 décembre 2016. Johannes Brahms / Nicholas Angelich, piano ; Orchestre Philharmonique de Radio France. Myng-Whun Chung, direction. Salle comble pour ce concert au programme aussi exigeant pour les interprètes que facile d’écoute pour le public. L’association du Deuxième Concerto pour piano et de la Deuxième Symphonie de Brahms a de quoi faire aimer Johannes, des plus récalcitrants. Nicholas Angelich est un pianiste très aimé des toulousains qui le connaissent bien et apprécient ses qualités de grand musicien aux doigts intrépides. Son jeu, ce soir, a été souple et précis comme de bien entendu. Les nuances creusées au plus profond, un arc en ciel de couleurs et des phrasés dans lesquels les muses respirent elles-mêmes. Technique impeccable, jeu inspiré comme à chaque fois mais ce soir, un vrai bonheur à jouer avec des sourires (!) et de l’humour dans le final. Le bonheur du pianiste avait en miroir un chef on ne plus inspiré et gourmand de musique. Myng-Whun Chung dirige par cœur une partition dont il détaille chaque moment, tout en construisant un panorama sonore très charpenté. Il a des gestes minimalistes, mais également, soudainement, des moments de fièvre et de tension, comme habité par une vie intérieure à l’énergie infinie. Le premier mouvement est impétueux, le deuxième, passionné. Les deux artistes se trouvant dans une communauté musicale totale.

Mais c’est dans le troisième mouvement, Andante, que l’alchimie créée par le soliste, le chef et l’orchestre, tient du sublime. Le solo de violoncelle arracherait des larmes à des pierres. Le chant sublime d’Eric Levionnois au violoncelle met l’écoute de Nicholas Angelich en éveil de manière incroyable. Le hautbois, la clarinette chantent en chambristes sublimes. Comme timidement devant tant de lyrisme, le pianiste semble ensuite tourner autour, avec admiration et émotion avant qu’unis, leur chant commun, les amène à un degré de fusion sonore inouï. Une telle musicalité au sommet est inoubliable. Maestro Chung a le visage comme illuminé par cette beauté si intense. Le final sera le moment de partage complet, enthousiaste, avec des fous-rires musicaux entre le chef et le pianiste. Jamais un tel bonheur en musique n’avait gagné notre pianiste si sensible. L’enthousiasme, qu’une telle interprétation fait naître, permet au public d’exulter en applaudissements nourris.

Le bis proposé par Nicholas Angelich a été un véritable bonheur. Un extrait des Scènes d‘enfant de Schumann, lui qui encouragea tant Brahms, ne pouvait mieux convenir. Et le choix de Träumerei, « Rêverie », nous a touché tout particulièrement. Dans un tempo très étiré, Nicholas Angelich a été un poète magicien partageant son inspiration à cœur ouvert.

chung_myung-whunEn deuxième partie de concert, toujours sans partition sous les yeux, Myng-Whun Chung, a dirigé avec peu de gestes, la Symphonie n°2 aux proportions si vastes. Son engagement méditatif est si intense qu’il emporte le public dans un voyage à la beauté inoubliable. Les tempi sont larges mais l’avancée constante fait passer toute l’œuvre comme un rêve dont la sortie est regrets éternels. Que dire de plus, ce Brahms est amour de la musique, amour de la vie. Il n’est pas possible de résister à sa force tellurique. Les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sont à la fois d’une noblesse et d’une solidité rares (les cordes !) mais chaque solo a été un grand moment de délicatesse musicale. Nous avons parlé du violoncelle solo, mais le hautbois, la clarinette, la flûte et les cors ont été des partenaires d’une même haute musicalité. La confiance entre celui qui a été durant 15 ans leur chef et son orchestre, explique le peu de gestes de Myng-Whun Chung. Les yeux fermés à certains moments, il semble habité par la symphonie et la créer sous nos yeux, suivi comme un seul homme par tout l’orchestre. Brahms en majesté et force de vie ce soir par des interprète de toute première grandeur en état de grâce. Inoubliable !!!

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Compte-rendu, concert. Toulouse, Halle-aux-Grains, le 10 Décembre 2016. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour piano et orchestre n°2, en si bémol majeur, op. 83 ; Symphonie n°2 en ré majeur, Op.73 ; Nicholas Angelich, piano ; Orchestre  Philharmonique de Radio France ; Myng-Whun Chung, direction.

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