samedi 20 avril 2024

COMPTE-RENDU, concert. SCEAUX (92), le 13 octobre 2018. La Schubertiade de Sceaux. Récital SCHUBERT. Trio Atanassov.

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schubertiadeCOMPTE-RENDU, concert. SCEAUX (92), le 13 octobre 2018. La Schubertiade de Sceaux. Récital SCHUBERT. Trio Atanassov. En dialogue et en complicité, les trois instrumentistes du TRIO ATANASSOV ont inauguré ce 13 octobre 2018, le nouveau cycle événement à Sceaux, La Schubertiade de … Sceaux. Une initiative qui renoue avec le riche passé musical de la cité scéenne où la musique de chambre a son public. En jouant à chaque concert une œuvre de Franz Schubert, les musiciens célèbrent surtout l’esprit de partage et cette fraternité heureuse et discrète qui renforce ce qui fonde la paix et l’harmonie : le respect et l’estime de soi et des autres. Pour preuve, ce concert 100% Schubert, – une monographie musicale bienvenue pour lancer la nouvelle saison à Sceaux, dont le présentateur, cultivé et enjoué, n’est autre que Frédéric Lodéon, voix radiophonique qui rétablit les enjeux de chaque pièce, non sans humour.

En présence de l’Ambassadeur d’Autriche à Paris, les musiciens enchaînent les pièces, toutes invitation à l’introspection et au repli intime, Schubert étant passé maître dans l’expression de la Sensucht, cette pensée vagabonde, humeur de l’errance et d’une indicible mélancolie ; pas suspension dépressive, mais hypersensibilité pour le songe, l’inouï, le surgissement de la poésie pure.
trio-atanassov-schuebrtiade-de-sceaux-concert-critique-par-classiquenews-la-schubertiade-de-sceauxDe style comme de nuances, les 3 instrumentistes (Perceval Gilles, Sarah Sultan et Pierre-Kaloyann Atanassov, respectivement violon, violoncelle, piano) ne manquent pas; sachant négocier très intelligemment avec une salle qui n’est pas de concert et une acoustique plutôt sèche, ils sont capable de convoquer et diffuser l’atmosphère amicale des Schubertiades viennoises, quand Franz, entouré de ses proches, cultivait l’entente musicale, et suscitait l’écoute croisée, jouant lui-même au piano, accompagnant les chanteurs ou ses amis instrumentistes…

L’esprit de famille règne aussi sur ce cycle de séquences enivrées qui bercent par leur richesse allusive : la mère du pianiste, Pierre-Kaloyann Atanassov (fondateur du Trio en 2007), Elisabeth Atanassov, tourne les pages, complicité suprême d’une génération à l’autre, qui cultive ce goût de la profondeur et de la finesse offertes en partage. Le tableau est admirable comme le programme du concert.

Ils ont déjà à leur actif, un premier cd de musique de chambre (Smetana, Dvorak). On retrouve ce soir les qualités qui distingue le Trio : clarté des intentions, sens des nuances, lisibilité du cadre, écoute supérieure entre eux.
ATANASSOV-trio-pierre-kaloyann-atanassov-entretien-par-classiquenews-la-schubertiade-de-sceaux-par-classiquenewsToutes les facettes de Schubert sont exprimées, de la Sonatensatz D 28, sa première partition cordes / piano, – déjà fébrile, contrastée (écrite en 1812, à 15 ans) ; au sublime Trio opus 100 de 1827 (un an avant sa mort), – immortalisé par Stanley Kubrick dans le film Barry Lindon (suivant en cela l’usage de Fritz Lang dans Docteur Mabuse (1922), en particulier son Andante con moto, d’une vivacité rythmique, à la fois percussive et hallucinée… sereine et intense (à partir de la chanson suédoise « le soleil se couche », conscience chez Schubert de sa fin prochaine ?…). La mélodie énoncée sonne comme un détachement tranquille et comme la préscience de la fin, une marche funèbre qui n’a de triste et sombre que son nom ; … équation indicible entre la tendresse et la mort. Sans omettre le Notturno D 897, de la même période, immersion et plongée dans l’autre monde, tel un voyage sans retour… dont le caractère suspendu annonce directement l’Andante de son ultime Quintette pour violoncelle (conçu à l’Automne 1828, quelques semaines avant de mourir). S’y déploie cette nuance inexprimable, jeu d’un oxymore à déchiffrer par tous les interprètes : adagio apassionnato. Ici la traversée est d’un autre monde, vers l’autre rive, en modulations et passages aussi divers que ténus, cheminement de l’ombre et du murmure, en clair-obscur.

Chez Schubert règne une évidence qui semble simple, mais affirme très vite une saisissante profondeur ; ce jeu entre l’insouciance feinte et le sentiment plus grave qui étreint, se déploie ici sans entrave, avec la liberté de l’entente, dans le geste complice des 3 musiciens.
Une certaine éloquence facétieuse dans les reprises nous a beaucoup amusé, en particulier dans le dernier mouvement du Trio opus 100, œuvre majeure qui a figuré au programme du seul concert public comprenant à Vienne (Musikverein) des pièces de Schubert (de surcroît jouées par des interprètes familiers de Beethoven). On ne pouvait rêver meilleur programme et interprètes plus engagés pour inaugurer ce nouveau festival de musique de chambre à Sceaux.

schubertiade-sceaux-leaderboard-18-19-190-800-VIGNETTE-classiquenewsRendez-vous est pris pour la prochaine session de la Schubertiade de Sceaux, samedi 10 novembre (17h30) : ici même, à l’Hôtel de Ville de Sceaux : concert « un fil, la vie, un simple fil », oeuvres de Lucien Durosoir, concert spectacle par le Trio Atanassov et le comédien et metteur en scène, Alain Carré, en récitant, à partir des lettres du soldat, adressées à sa mère depuis le front… Les pièces de Durosoir ainsi révélées sont associées aux composition de Beethoven, Schumann, Ravel, …

LIRE notre présentation complète de la saison La SCHUBERTIADE DE SCEAUX 2018 – 2019 :
http://www.classiquenews.com/sceaux-la-schubertiade-saison-2018-2019-du-13-octobre-2018-au-30-mars-2019/

Programme du concert du samedi 10 novembre 2018, 17h30 :

Eugène Ysaÿe : « Obsession » (1923), extrait de la Sonate pour violon seul N°2
Maurice Ravel : « Pantoum » , 2ème mouvement du Trio en la (1914)
Lucien Durosoir : 1er mouvement du Trio en si mineur (1926-27)
Frank Bridge : 2ème et 3ème mouvements du Trio n°2 (1929)
Robert Schumann :  « l’oiseau prophète » extrait des « Scènes de la forêt »
Ludwig van Beethoven : 4ème mouvement de la Sonate op.30 n°2 pour violon et piano
Robert Schumann : 2ème et 3ème mouvement du trio N° 1 en ré mineur
Lucien Durosoir : 2ème et 3ème mouvements du Trio en si mineur
Lucien Durosoir : « prière à Marie » (1949) pour violon et piano

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