Foule des grands soirs à la Philharmonie de Paris (Philharmonie 2) pour la venue de l’un des « Big Five » étatsuniens – le Cleveland Orchestra – dirigé par son directeur musical, le célèbre chef autrichien Franz Welser-Möst. Dès le grand fracas inaugural des huit cors, on reste impressionné par l’homogénéité et la puissance de l’articulation.
Débute alors un état de grâce pour l’orchestre – comme pour les spectateurs – que l’on ne quittera pas de toute la soirée (1h40 sans entracte). Chaque pupitre se hisse à son summum : élégance des cordes, sonorité expressive des instruments à vents et infaillibilité des cuivres. Les trompettes et les trombones se couvrent notamment de gloire, à commencer par le trombone solo de Massimo La Rosa, au timbre velouté et doux, à lui seul porteur d’émotion, et la trompette de Michael Sachs, d’une virtuosité à toute épreuve dans les soli du « Kräftig » initial ou ceux du « Comodo scherzando », dont la dernière note semble ne jamais finir…
Si l’on se doit de citer également les percussions, saisissants par leur exactitude rythmique et stylistique, c’est bien la qualité collective de l’orchestre – et son extraordinaire équilibre de timbres – qui suscite ce soir notre admiration et soulève notre enthousiasme. Cependant, le moment le plus magique et bouleversant de la soirée, on le doit bien à la mezzo britannique Jennifer Johnston qui offre au public le plus beau « O Mensch ! » que l’on ait pu entendre : la tenue de la voix, la couleur du timbre, l’intelligence du phrasé, la pureté du grave, et surtout l’ineffable émotion qu’elle parvient à distiller par son chant, le public présent s’en souviendra longtemps comme un pur moment d’éternité…
Compte-rendu, concert. Paris, Philharmonie. Le 19 octobre 2015. Mahler : Symphonie N°3. The Cleveland Orchestra. Jennifer Johnston (mezzo). Franz Welser-Möst (direction).