vendredi 19 avril 2024

Compte rendu, concert. La Rochelle. La Coursive, le 5 octobre 2016. Haendel, Haydn. David DQ Lee, contre ténor, ensemble Matheus, Jean Christophe Spinosi, violon et direction

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SPINOSI_portrait classiquenews Jean-Christophe-Spinosi-720x400 copieLE CONCERT VIRE AU SHOW… : Jean Christophe Spinosi et l’ensemble Matheus à La Rochelle. Reconnu de longue date comme un ensemble au répertoire hétéroclite, l’ensemble Matheus ouvre, ce mercredi 5 octobre, la saison musicale de La Coursive, située au cœur de La Rochelle, avec un programme qui se situe à la croisée des chemins. Jean Christophe Spinosi a programmé des œuvres de Georg Friedrich Haendel (1685-1759) qui est, avec Johann Sebastian Bach, le compositeur baroque par excellence, et de Joseph Haydn (1732-1809) qui marque la période dite classique et est le précurseur de la période romantique. Pour donner vie aux personnages de Haendel et de Haydn, le chef d’orchestre a invité le contre-ténor d’origine coréenne David DQ Lee.

Dès les premières notes de l’ouverture de Serse de Heandel, Spinosi donne le ton de la soirée. Le concert sera de haute volée dirigé avec une rigueur et une précision par un chef survolté… à la main de velours dans un gant de fer. Le contre ténor David DQ Lee chante les deux airs de Serse : Fron di tenere et ombra mai fu avec une maîtrise digne des meilleurs. La voix est large, puissante, ronde, chaleureuse ; elle rend parfaitement justice à l’oeuvre de Haendel. Si Rinaldo est interprété avec le même enthousiasme que Serse, c’est la scène de la folie d’Orlando «Ah stiglia larve» qui fait sourire. En effet, Spinosi qui dirige tout en jouant du violon se montre déchaîné tandis que David DQ Lee se la joue, façon rock star entre deux séquences de cette scène redoutable. Le public réserve d’ailleurs un accueil grandement chaleureux aux artistes qui sont tout sourire. Performance… quand tu nous tient.

La seconde partie est consacrée à Joseph Haydn (1732-1809). Jean Christophe Spinosi et David DQ sont aussi impliqués et généreux qu’en début de soirée. Et si l’ouverture d’Armida est remarquablement interprétée, la surprise de la soirée vient de la cantate Ariana in Naxos. Peu donnée, elle fut composée à l’origine pour voix et piano en 1789. Réécrite pour orchestre et voix plus tard, la partition gagne une intensité évidente avec l’ensemble Matheus et David DQ Lee. Là encore, les artistes font montre d’une implication et d’une générosité sans égale ; les uns et les autres ont très à cœur de défendre les oeuvres  qu’ils ont choisies, en particulier les méconnues et cette Ariana in Naxos de Haydn gagne réellement à être réestimée, alternant moments d’espoir, de résignation, voire de désespoir sans pour autant tomber dans l’excès. David DQ Lee vit pleinement le martyr de la malheureuse Ariana faisant entrer avec talent un public conquis dans l’univers si bien mis en musique par un Haydn très inspiré. Pour terminer une soirée magistralement conduite, Jean Christophe Spinosi dirige avec autant de verve que d’intensité, la symphonie n°82 dite «l’ours»; le chef finit d’ailleurs par rappeler à l’ordre avec beaucoup d’humour un public si enthousiaste qu’il applaudit entre chaque mouvement. La salle ne s’en est pas formalisée et a réservé un triomphe à chacun des artistes qui viennent saluer à plusieurs reprises. Spinosi ne manque pas d’humour, il donne un bis sur son violon, bis qu’il annonce lui même. Le morceau, d’un compositeur africain a des sonorités traditionnelles des tribus africaines et le public se prend au jeu en accompagnant Spinosi avec un malin plaisir.

En invitant l’ensemble Matheus pour le premier concert de leur saison musicale, les responsables de La Coursive ont réussi un coup de maître. Devant une salle comble, musiciens, chef et chanteur ont enchanté leur public avec un programme alternant avec bonheur musique instrumentale et musique vocale. La présentation de la cantate Ariana in Naxos est un pari d’autant plus réussi que les interprètes ont rendu sa juste place à une œuvre trop méconnue.

La Rochelle. La Coursive, le 5 octobre 2016. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Serse : ouverture, Fron di tenere, ombra mai fu, Rinaldo : ouverture, Venti Turbini, Orlando : Ah stiglia larve, Joseph Haydn (1732-1809) : Armida : ouverture, Ariana in Naxos, Symphonie N°82 «l’ours». David DQ Lee, contre ténor, ensemble Matheus, Jean Christophe Spinosi, violon et direction.

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