mardi 19 mars 2024

CD, critique. Cecilia Bartoli: Sacrificium (2 cd Decca, 2009)

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sacrificium cecilia bartoli cd critique annonce classiquenews dossier castrats par cecilia bartoli salzbourg pentecote 2018 withsun 2019CD critique. Cecilia Bartoli: Sacrificium (2 cd DECCA, 2009)En un double album particulièrement soigné sur le plan éditorial, les enregistrements réalisés en février et mars 2009 en Espagne à Valladolid éclairent en particulier l’acrobatie vocale coloratura de l’écriture de Nicola Porpora (1686-1768), maître essentiel de la musique pour castrats au XVIIIè siècle. Ambassadrice de choc et de charme pour la cause des castrés devenus chanteurs, Cecilia Bartoli ajoute les manières d’autres compositeurs dont les opéras sérias mettaient en scène les divins « musici » dans des airs de virtuosité dramatique, taillés pour leur divin gosier… ainsi 2 airs de Carl Heinrich Graun (circa 1703-1759), extraits de ses ouvrages Demofoonte et Adriano in Siria (1746) qui touchent par leur tendresse digne et blessée; mais aussi paraissent Leonardo Leo (1694-1744), Leonardo Vinci (circa 1696-1730), Francesco Araia (1709-1770)… soit 11 airs enflammés entre tendresse hallucinée et rage expressionniste, atteignant des cimes vocales vertigineuses.

La diva romaine ajoute également en un 2è cd, les 3 airs les plus significatifs et les plus intenses de la littérature pour castrati/musici: l’époustouflant « Son qual nave » extrait d’Artaserse (1734) du frère de Farinelli, Riccardo Broschi (circa 1698-1756), monument de vocalises tissé pour la voix légendaire de… Farinelli… enfin, le nom moins célèbre « Ombra mai fu (Serse de Haendel, 1738) et « Sposa, non mi consci », de Merope de Geminiano Giacomelli (circa 1692-1740): sombre prière d’Epitide frappé par le destin, proche de l’accablement et de l’anéantissement des forces vitales… En plus d’une étendue de registres surprenante, ayant gagné de superbes graves aux côtés de ses aigus décochés et brillantissimes (écouter ici les extrêmes des registres dans Qual farfalla de Porpora), Cecilia Bartoli apporte une science nuancée du verbe qui lui permet de colorer par le sentiment autant que par la puissance et l’agilité, chacun des airs sélectionnés.

En presque 1h40 de rêve vocal et de voyage parthénopéen à remonter le temps, la magicienne Bartoli, à l’agilité de souffle et d’expression souveraine, s’impose sans rivale. Son beau chant devient aussi architecture du sentiment et du sens: c’est là que se glisse et s’affirme l’apport capital de la cantatrice, réfléchie, déterminée, pugnace, outre son habituel tempérament dramatique pour défricher, surprendre… séduire et convaincre. Si le chant des castrats demeure un mythe, l’approche de la diva assoluta Bartoli réalise un tour de force qui ajoute à la fascination de ce phénomène d’ivresse lyrique.

CLIC D'OR macaron 200L’édition dite « deluxe » en 2 cd comprend une notice documentaire très argumentée qui permet de comprendre la démarche de la cantatrice admirative de ses prédécesseurs baroques à Naples. L’album en hommage aux castrats sacrifiés sur l’autel de la perfection vocale, contient ainsi « le précis du castrat », véritable somme encyclopédique qui présente classés par entrées alphabétiques, de très nombreux articles sur le monde des castrats: compositeurs, villes, opération, anecdotes, évidemment chanteurs parmi les plus légendaires dont Caffarelli, Farinelli, Senesino… mais aussi Porporino, Carestini, Balatri… auquel un article biographique est dédié.

Gravure événement (donc élue  » CLIC  » de CLASSIQUENEWS) dont la sortie officielle est annoncée au 5 octobre 2009.

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