jeudi 28 mars 2024

CD. Stravinsky : Le Sacre du printemps, Petrouchka (Les Siècles, François-Xavier Roth, 2013)

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CD. François-Xavier Roth recréée la version originale du SacreCD. Stravinsky : Le Sacre du printemps, Petrouchka (Les Siècles, François-Xavier Roth, 2013). Petrouchka, Le Sacre du printemps… soit deux jalons essentiels dans l’histoire des Ballets Russes. Ce sont aussi deux accomplissements inégalés pour la maturation du style de Stravinsky, passant des derniers feux postromantiques (Petrouchka) aux éclairs et déflagrations de la musique nouvelle (Le Sacre). De là, en 1911 puis 1913 – lors d’une création scandaleuse et retentissante à Paris-, à parler des prémices annonciateurs de la guerre mondiale à venir…, le cap fut aisément franchi, et face à ce nouvel accomplissement des Siècles, l’on se dit qu’une telle sauvagerie raffinée, une telle transe rythmique, une telle virtuosité échevelée partagée par tous les instruments de l’orchestre, l’ouvrage ne pouvait manquer de dépasser les attentes des contemporains de Diaghilev et de Stravinsky ; il émerveille aujourd’hui tout autant sur instruments d’époque. Aboutissement d’un vaste projet dédié aux Ballets Russes, le nouveau disque des Siècles poursuit un précédent dévoilant sur instruments d’époque, L’Oiseau de feu.

 

 

Transe originelle du Sacre

 

Le chef François-Xavier Roth ne fait pas que restituer dans ses infinies nuances de timbres, leurs alliances irrésistibles, la palette flamboyante de l’instrumentarium conçu par Stravinsky, le raffinement d’une orchestration souvent inouïe… il rétablit aussi les justes proportions de la sonorité d’un orchestre vaste (plus de 100 musiciens) et pourtant rutilant et chamarré.  Après un travail patient sur les sources disponibles, le maestro nous offre l’une des versions « historiques » les plus complètes, les mieux équilibrées du Sacre.
Pour son centenaire (en 2013), la partition méritait bien une relecture importante, restituant derrière la sacro sainte puissance des orchestres d’instruments modernes, la fragilité, la tension, la caractérisation ténues des instruments d’époque. La confrontation des blocs instrumentaux, leur trépidation rythmique y gagnent un surcroît d’âpreté nouvelle, de mordant expressif totalement absent des versions sur instruments modernes.
D’autant que Stravinksy travaillant à Paris pour les Ballets Russes a su exploiter toutes les ressources des instruments disponibles alors, faisant même progresser la facture des années 1910/1920. A commencer par le solo introductif du basson au début de l’oeuvre, exigeant de l’instrumentiste qu’il tienne les notes aiguës alors que comme à l’époque, il n’a pas les clés correspondantes… un premier défi dont se sort remarquablement le soliste Michael Rolland.

CLIC D'OR macaron 200Passer de Petrouchka, encore liée au folkore russe – prolongeant en vérité le crépitement de l’Oiseau de feu-, où perce déjà l’éloquence inédite des instruments, à la …   » furià  » volcanique du Sacre, montre le cap parcouru par le compositeur en seulement 3 années. Une traversée et un aboutissement que révèlent instrumentistes et chefs : ici s’écoule la lave incandescente de la partition la plus audacieuse du XXème siècle – et qui n’a guère été égalée depuis, dans sa fulgurance dramatique comme son écriture instrumentale. Avec ce nouvel album, l’orchestre Les Siècles confirme ses excellentes aptitudes. En plus du banquet sonore des plus exaltants, François-Xavier Roth nous régale les sens par une direction claire, éloquente, affûtée qui ne gomme aucune des crêtes vives de la partition : transe, miroitement crépusculaire, déflagration finale : tout y est. Voici un Sacre inspiré, palpitant de bout en bout captivant. Magistrale relecture.

Igor Stravinsky : Petrouchka. Le Sacre du printemps. Orchestre Les Siècles. François-Xavier Roth, direction. 1 cd Actes Sud Les Siècles Livre LSL. Parution : le 6 mai 2014.

VOIR notre clip vidéo exclusif : François-Xavier Roth et Les Siècles dépoussièrent Le Sacre du Printemps de Stravinsky, cd événement

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