jeudi 18 avril 2024

CD, événement, critique. SCHUBERT : Symphonies 4 et 6 D 417, D 589. Kammerorchester Basel, Heinz Holliger (1 cd SONY classical, 2018)

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SCHUBERT HOLLIGER 4 et 6 D417 et D589 SONY classical critique cd review classiquenewsCD, événement, critique. SCHUBERT : Symphonies 4 et 6 D 417, D 589. Kammerorchester Basel, Heinz Holliger (1 cd SONY classical, 2018)  –  Quand Schubert (20 ans) tente de percer sur la scène viennoise, Rossini (30 ans) règne sans partage : les Viennois ayant toujours, depuis le XVIIè marqué leur préférence pour les Italiens : ils applaudissent Tancredi (1816-1818). Le Viennois emprunte ainsi à son ainé, une séduction mélodique, des accents rythmiques, un entrain qui façonne l’Ouverture, dans le style italien, D 590. Heinz Holliger, musicien émérite, instrumentiste ciselé témoigne ici d’un réel sens instrumental, conférant à l’Ouverture rossinienne et aussi à la Symphonie n°6 (écrite à 21 ans en 1818), leur allant jovial, brillant et vivace, exprimant aussi cette détermination beethovénienne, mais toujours dans un sens dansant. La D 589 est dite Grande Symphonie, et annonce directement la somptueuse D 944, aux dimensions prébrucknériennes. La 6è exprime un bouillonnement d’idées, à peine développées, où rayonne le tapis scintillant des cordes, et surtout le caquetage virtuose, vif argent des bois, d’une exceptionnelle pétulance.

La Symphonie n°4 dite « tragique », D417, restituée ici dans son urgence et sa vitalité première, est plus intéressante encore car son premier mouvement intègre un nouvel élément, plus vif et nerveux, voire frénétique avec des éclairs rythmiques mordants qui indiquent clairement une intranquillité angoissée (Allegro vivace), et une trépidation rythmique (tutti secs scandés au début du 3è mouvement Menuetto) dans l’esprit de la 5è de Beethoven. Cette fougue nouvelle qui semble unir le comique et le tragique, comme la danse d’un Arlequin insatisfait, marque la spécificité d’un Schubert remarquablement juste. La permanence du changement et de la métamorphose est au centre de cette esthétique, probable influence des écrits de Matthäus von Collin, proche de Schubert. L’ultime Allegro exprime au plus haut point cette énergie devenue incandescence, sur un tempo des plus enlevé et oxygéné.

CLIC_macaron_2014Les instrumentistes du Kammerorchester Basel savent détailler les timbres, assurer une tension permanente, avec un sens dramatique digne d’un opéra, sans omettre la pulsion énergique souveraine. L’équilibre du chef entre précision, clarté, tension expressive assure à cette lecture une incontestable réussite. D’autant que la sonorité et le format sonore écartent toute épaisseur. Voilà qui éclaire dans la suite d’un Claudio Abaddo (remarquable lecture des symphonies ultimes, 8 et 9 chez DG), la singularité profonde de Schubert sur la scène orchestrale, pourtant ainsi écrasé entre Rossini et Beethoven. D’ailleurs, lui-même ne put jamais écouter ses œuvres symphoniques car le premier concert jouant ses œuvres remonte à déc 1828 (Redoutensaal), soit un mois après sa mort… Est ce une intégrale du Schubert symphoniste ? On le souhaite vivement. Holliger s’y affirme des plus affûtés et inspirés. A suivre.

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CD, événement, critique. SCHUBERT : Symphonies 4 et 6 D 417, D 589. Kammerorchester Basel, Heinz Holliger (1 cd SONY classical – enregistrement réalisé en oct 2018). CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2020.

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