vendredi 19 avril 2024

CD, critique. WIDMANN : ARCH (Nagano, 2017 2 cd ECM New Series)

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widmann arche nagano cd reiwe critique cd classiquenews ECM-2605-06-240x240CD, critique. WIDMANN : ARCH (Nagano, 2017 2 cd ECM New Series). HAMBOURG janvier 2017. Après Rihm (créé par le NDR Elbphilharmonie Orchester), Widmann propose en janvier 2017, sa nouvelle oeuvre, un oratorio monumental pour inaugurer la Philharmonie de l’Elbe / Elbphilharmonie, salle de concert au profil design qui souhaite être à la pointe de l’innovation musicale. Ainsi «  Arche », nouvelle partition a été créée en janvier 2016 : Kent Nagano (ordinairement pilote du Symphonique de Montréal) conduit pour se faire l’orchestre local en Allemagne (et en résidence dans l’institution), le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg, pour la création de la pièce qu’il a commandée : oratorio en grand format pour soli, 3 choeurs, choeurs d’enfants et (très) grand orchestre (avec orgue) : soit 300 participants.
Réponse contemporaine aux Gurrelieder de Schoenberg, ou mieux à la 8ème Symphonie de Mahler (dite «Symphonie des Mille »), Arche assume son gigantisme (avec effet de lumière pour ceux qui ont assisté à la pièce, en particulier pour le Fiat Lux), et aussi sa signification par référence à l’Ancien Testament : le vaisseau de Noé indique un nouveau « commencement », point de départ de la Philharmonie de l’Elbe elle-même. D’autant que l’architecture du bâtiment cite elle, une proue de bateau.
La pièce compte 5 épisodes : Fiat lux, le Déluge, l’Amour, Dies Irae, Dona nobis pacem avec citations et références à Michel-Ange, Heine, Schiller. Musicalement, c’est une mosaïque de parodies, reprenant les mélodies de Boradway, surtout la Fantaisie pour piano chœur et orchestre op.80 de Beethoven, repères facilement compréhensible par la public. Le principe est facile mais fonctionne. Chacun s’amuse ici à reconnaître l’oeuvre citée.
Les solistes défendent avec engagement une partition pléthorique et grandiloquente on l’a compris : la soprano Marlis Petersen se distingue par son chant assuré, déclamatoire, emphatique; le baryton Thomas E.Bauer paraît parfois serré, « petit »; à leur côté, les enfants semblent plus à leur aise (en voix parlées ou chantées). Le texte glouton comme la mise en musique, cite une foi triomphante en l’homme… une autoconfiance dans une monde globalisé et interdépendant, de moins moins sensible à son salut collectif. Cette oeuvre qui proclame la foi en internet et dans les réunions politiques internationales type G8 ou G7 montre surtout les limites d’une humanité qui doute profondément d’elle-même et se bloque dans sa capacité à assurer son futur. Il est bien dommage que le texte ne soit pas à la mesure de l’enjeu : aucune référence au dérèglement climatique, à l’agonie des espèces animales, bientôt des espèces végétales et des arbres… avant l’espèce humaine. Un texte engagé, plus directement connecté avec la réalité de la planète aurait eu infiniment plus d’impact.
Widman de son côté, déploie une musique habile car théâtrale et rythmique, contrastée et caractérisée. Jamais ennuyeuse, mais pas troublante non plus. Mahler savait autrement porter, conduire, exalter, sublimer, transfigurer collectivement. Et toucher malgré le nombre et l’effectif. Jörg Widmann se borne à une démonstration virtuose qui peine à dépasser son ampleur, sa démesure, .… osons dire une vacuité spectaculaire bien dans l’ère du temps.
 
 
 
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Californien analytique, Nagano détaille, comme à son habitude, souligne même la finesse d’une orchestration plutôt fouillée : mais dont le sens manque de profondeur réelle. Cette gravité parfois prenante résonne vainement, dépourvue d’un vrai texte de prise de conscience sur notre monde et le désarroi des sociétés modernes. Pléthorique, gigantesque, la partition manque à notre avis son but car ne dénonce rien, dans notre monde proche de l’apocalypse.

 
 
 

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CD, critique. Jörg Widmann : Arche, oratorio créé à Hambourg en janvier 2017 – 2 cd ECM New Series 4817007

Marlis Petersen, soprano / Thomas E.Bauer, baryton
Knabensopran: Soliste du chœur d’enfants de la Chorakademie Dortmund / Récitant (enfant): Antonius Hentschel / Récitante (enfant): Jonna Plate / Orgue: Iveta Apkalna
Hamburger Alsterspatzen (Chef de chœur: Jürgen Luhn)
Audi Jugendchorakademie (Chef de chœur: Martin Steidler)
Chor der Hamburgischen Staatsoper (Chef de chœur: Eberhard Friedrich)
Philharmonisches Staatsorchester Hamburg
Direction musicale: Kent Nagano

Programme de l’oratorio ARCHE :

CD 1
1 FIAT LUX / ES WERDE LICHT – 18:58
2 SINTFLUT – 29:03
3 DIE LIEBE – 26:55

CD 2
1 DIES IRAE – 16:52
2 DONA NOBIS PACEM – 09:16

 
 
 

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