vendredi 19 avril 2024

CD coffret événement, critique, annonce. ALICIA DE LARROCHA, complete Decca Recordings (41 cd Decca, sept 2018)

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alicia delarrocha piano box coffret decca cd critique compte rendu cd par classiquenews 91EhHTfmvQL._SL1500_CD coffret événement, critique, annonce. ALICIA DE LARROCHA, complete Decca Recordings (41 cd Decca, sept 2018). Décédée dans sa ville natale, au cœur de la Catalogne ibérique, Alicia de Larrocha est morte à Barcelone, le 25 septembre 2009…à 86 ans. A la vue de ses petits doigts, et de ses mains fragiles, on douterait qu’elle fut l’une des plus grandes pianistes du XXè, enregistrant pour Decca près de 30 années durant, dont témoigne ce fabuleux coffret de 41 cd. ALICIA DE LARROCHA (1923-2009) demeure l’interprète, funambule, sincère, simple c’est à dire bouleversante des espagnols romantiques, soit Granados et Albéniz. Elle enregistre pour la première fois les Goyescas dès 1963 à l’âge de 40 ans. Servante de leur hispanisme authentique, Alicia la grande, fut capable de les extirper du maniérisme folklorique et de pacotille auquel tous les pianistes jusque là les associaient. Telle la sibylle imprévue incarnant la dignité et la poésie à la fois tragique et nostalgique de Goya et de Velasquez, Alicia de Larrocha dévoile chez l’un comme chez l’autre, un nouvelle intensité méconnue, un feu fantastique et onirique d’une irrépressible séduction. Ses lectures scintillantes et sobres révèlent chez Granados entre autres, son activité lyrique schumanienne, quand il s’agissait simplement de comprendre chez Albéniz le moderne, l’incroyable vitalité suggestive d’un vrai grand maître du XXè, l’égal ibérique d’un Ravel.
Rien de moins.
A Barcelone, où elle était reconnue dès ses 8 ans telle une enfant prodige, elle suivait les leçons de Frank Marshall, un disciple de Granados. D’où une maîtrise à servir le Schumann ibérique avec cette évidence depuis demeurée légendaire. Alicia d’une loyauté artistique inébranlable dirigera ensuite l’école fondée par son maître.
Albeniz, Granados : les deux compositeurs sont au cœur de son répertoire et continuent de marquer son approche esthétique. Ainsi dans le présent coffret DECCA, c’est Granados, son compositeur emblématique qui suscite le plus d’enregistrements : Goyescas, cd 19 / Tonadillas & canciones cd 20 / Danzas españolas cd 25 / Allegro de concierto, Escenas romanticas, cd 33 /…

alicia della rocha pianoFALLA (cd 15), MOMPOU et les autres… Mais la Barcelonaise, admiratrice de Rubinstein qu’elle pu approcher en de nombreuses occasions, a aussi déclaré sa flamme si particulière à Falla (Nuits dans les jardins d’Espagne : cd 3 et 34), à Mompou (cd 32). L’orfèvre des phrasés et du son a suscité l’admiration en retour de Nelson Freire, autre pianiste au tempérament aussi latin qu’intérieur, qui disait de son clavier qu’il était aérien et qu’il parlait comme elle, « sans fard », avec simplicité et humanité. Le pianiste brésilien fut aussi désigné par l’Espagnole comme son seul égal digne de jouer comme elle, Iberia et Goyescas. Une reconnaissance et une filiation qui valent adoubement affectueux. Dans l’économie de sa gestuelle, la précision et le sens de la couleur intérieure, Freire est bien de la même veine que son ainée, Alicia de Larrocha.

Ses Beethoven (Concerto L’Empereur, Mehta, cd 23 / intégrale des Concertos avec Chailly : cd 29 à 31) sont d’une simplicité jamais appuyée : à l’inverse de la tendance après elle. Alicia sut toujours cultiver une conception intimiste des œuvres dont l’intonation a toujours préféré la confidence, jamais la démonstration autobiographique… même ses Schumann suivent telle ciselure intérieure (cd 5, 6 et 7). Même atténuation poétique dans ses Schubert à redécouvrir absolument (cd 28 : Sonates D 664 et D 960).

Ses Mozart qui accompagnent ses débuts et concluent sa carrière (dont pour une bonne part au USA dès le milieu des années 1960), chantent (Concertos n°19, 22, cd 27 ; n°24 à 27, Solti, cd 21, 22 / Sonates et fantaisies cd 12 – 14)…

La modeste interprète à l’allure fébrile (du haut de son mètre 50), savait aussi oser et surprendre, relevant le défi des grandes oeuvres du répertoire, tels la Sonate en si de Liszt (cd8) ; le Concerto pour la main gauche, de Ravel (cd9), les Variations Symphoniques de Franck (F de Burgos, cd 8), les Concertos n°2 et 3 de Rachmaninov (Dutoit, cd17), ou encore le Concerto de Khachaturian (cd 8), le Concertos n°2 de Chopin(cd3), sans omettre ceux de JS Bach (Zinman, cd 24).
CLIC D'OR macaron 200Eclectique, sensible, aux éclairs intérieurs irrésistibles, Alicia de Larrocha avant les Argerich ou Grimaud d’aujourd’hui, a su jalonner la scène pianistique de sublimes réalisations. Coffret événement. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2018.

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