vendredi 19 avril 2024

Balanchine: Jewels, Joyaux (Kirov, Mariinsky, Sokhiev, 2006) 1 DVD Mariinsky

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Balanchine au Mariinsky

Joyaux (Jewels), triptyque chorégraphique conçu par le maître du ballet néoclassique, Balanchine est créé en 1967 à New York et devient l’emblème de la compagnie fondée par le chorégraphe russe expatrié, le New York City Ballet. C’est un hymne autobiographique aux 3 écoles de danses que le maître à danser a approché et marqué de son empreinte personnelle sertie d’élégance, de subtilité et d’équilibre atemporelle, entre l’école parisienne (Emeraude sur la musique de Fauré), l’école américaine (rubis sur celle de Stravinsky), enfin l’école russe de danse (diamant réalisé à partir de la 3è Symphonie en ré majeur de Tchaïkovsky)…

Le Ballet du Kirov (Mariinsky) éblouit dans cette captation luxueuse (mouvements de caméras accompagnant certains solos et duos) où perce l’évidente excellence des danseurs russes. D’autant que dans la fosse, l’excellent Tugan Sokhiev dirige avec la grâce, la finesse et l’entrain nécessaires. Dans Emeraude, la musique de Fauré transcende le désir d’élévation, de pureté, de grâce absolue qui n’empêche pas la précision d’une rythmique plus athlétique mais toujours aérienne (pas de trois sur Shylok, 1889 avec le virtuose et si sensible moscovite Dmitry Semionov, depuis passé Etoile du Ballet d’Etat de Berlin).
Tout en rouge rubis, et traversé par la liberté déjantée, jazzy du Capriccio pour piano de Stravinsky (1925), le second acte met en avant une autre distribution de danseurs: ici règne la liberté du geste inspiré du cabaret et de la revue musicale; les tableaux collectifs sont très réussis et l’on retrouve cette élégance racée et flexible déjà observée dans le premier acte de Jewels. Irina Golub, Andrian Fadeyev et Sofia Gumerova incarnent cette grâce élastique, facétieuse, surtout insouciante propre aux années 1920. La facilité de Balachine à se renouveler selon les climats musicaux est frappante et dans la réalisation du Kirov, elle apporte dans Rubis, cette alliance du décontracté et du style qui fait toute la saveur du tableau dans son ensemble.

Comme une apothéose flatteuse éclairée par l’éclat instrumental dont Tchaïkovski à la secret, Diamonds, dernier volet du Triptyque, renoue avec les racines russes de Balanchine. Les tutus blancs, le corps des ballerines font indiscutablement penser aux figures collectives du Lac des Cygnes, écrit dans la foulée de la 3ème Symphonie (1875) pour la cour impériale du Tsar. C’est tout le corps de Ballet du Marrinsky avec l’excellent couple Ulyana Lopatkina et Igor Zelensky qui défend les valeurs de la danse russe classique dont Balanchine fait une sorte d’hommage et de synthèse.
Tenue superlative des solistes et du Corps de Ballet du Mariinsky, engagement tout en finesse de Tugan Sokhiev dans la fosse, on ne peut rêver meilleur aboutissement actuel pour Jewels de Balanchine (excepté de la part du Ballet de l’Opéra national de Paris).

George Balanchine: Jewels (Joyaux, New York 1967). Mariinsky Ballet and Orchestra. Tugan Sokhiev, direction.

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