mardi 16 avril 2024

Avignon, le 15 octobre 2016. Widor, Poulenc, Puccini… Concert de Musique Sacrée et Orgue en Avignon

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique et à l’opéra - et notamment avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Compte-rendu, concert. Avignon, Collégiale Saint Didier, le 15 octobre 2016. Widor, Poulenc, Puccini. Ludivine Gombert, Florian Laconi, Yann Toussaint. Chœur de l’Opéra Grand Avignon. Aurore Marchand (chef des Chœurs). Luc Antonini (Orgue)

 

 

 

Gloria

 

 

En co-réalisation avec Musique Sacrée en Avignon et Orgue en Avignon (deux structures qui viennent de fusionner sous le nom de « Musique Sacrée et Orgue en Avignon »), l’Opéra Grand Avignon vient de proposer – à la Collégiale Saint Didier – un intéressant concert regroupant trois œuvres de musique sacrée : la « Marche pontificale » issue de la Première Symphonie pour Orgue (1870) de Charles-Marie Widor, le « Gloria » (1961) de Francis Poulenc et la « Messa di Gloria » (1880) de Giacomo Puccini.
Entièrement accompagnée à l’orgue sous les doigts experts de Luc Antonini, la soirée débute par l’ouvrage de Widor précité, la « Marche pontificale » en étant un des sept mouvements, pièce qui illustre parfaitement le style « pompier » en cours à la fin du XIXe siècle. Magie due probablement à la fois à l’instrument, au lieu, et à la dextérité de l’instrumentiste, l’auditoire ne peut être que saisi par une ambiance, une acoustique – et une force évidente – qui l’enveloppe. C’est une émotion non moindre qu’il éprouve ensuite à entendre la voix de la soprano Ludivine Gombert dans le superbe « Gloria » de Poulenc. Cet ouvrage est une commande de la Fondation Koussevitzky à la fin des années 50, époque où Vivaldi était l’objet d’un important regain d’intérêt, et Poulenc voulut rendre hommage au « prêtre roux » à sa manière. A la fois pimpante, émouvante et jubilatoire – derrière ses clins-d’œil à Stravinski et au jazz -, cette pièce laisse sourdre un vraie mélancolie que le beau timbre riche et prenant de la jeune soprano française parvient à distiller magistralement. Même satisfecit pour le Chœur de l’Opéra Grand Avignon, dirigé par sa chef Aurore Marchand, qui accompagne avec beaucoup de justesse la chanteuse, pendant ou en dehors de ses interventions. Avec l’Orgue, ce sont donc trois masses distinctes qui tantôt dialoguent, tantôt s’opposent, ou encore se corroborent, dans un jeu d’échange mélodique flexible et fluide. Comme une sorte de bis – mais plutôt pour poursuivre l’hommage à Puccini -, Ludivine Gombert délivre ensuite un bouleversant « Senza mamma », aria tirée de son court opéra en un acte « Suor Angelica ».
Après un court précipité, place à la rare « Messa di Gloria » composée par Puccini à l’âge de 22 ans, et qui forme un ensemble un peu décousu de numéros où se sentent les influences diverses du jeune compositeur : Verdi, Rossini et Bellini notamment. Il y fait montre de son habileté à traiter toutes les formes musicales, du chœur à la manière de Verdi (« Qui tollis peccata mundi »), jusqu’à la fugue la plus recherchée (« Cum santo spirito »). L’œuvre fait avant tout la part belle au chœur, n’offrant que quelques interventions au solistes, et c’est donc sur lui avant tout que repose le succès de l’interprétation. Comme dans le « Gloria », le chœur « maison » fait ici preuve d’une belle homogénéité. Quant aux solistes, le ténor Florian Laconi et le baryton Yann Toussaint, ils offrent une prestation particulièrement nuancée. Laconi fait valoir une voix très bien timbrée et puissamment projetée, tandis que Yann Toussaint apporte à sa partie une autorité et une présence supérieures. A l’issue du concert, tous les talents réunis pour cette soirée sont acclamés par moult vivats… amplement mérités !

 

 

Compte-rendu, concert. Avignon, Collégiale Saint Didier, le 15 octobre 2016. Charles-Marie Widor : « Marche pontificale » extraite de la Symphonie N°1 pour Orgue, en ut mineur, opus 13 ; Francis Poulenc : Gloria pour soprano, chœur mixte et orgue ; Giacomo Puccini : Messa di Gloria, pour ténor, baryton, chœur mixte et orgue. Ludivine Gombert (soprano), Florian Laconi (ténor), Yann Toussaint (baryton). Chœur de l’Opéra Grand Avignon. Aurore Marchand (direction des Chœurs). Luc Antonini (Orgue)

 

 

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