CHEFS. JEAN-CLAUDE CASADESUS : Qu’est ce qui fait l’identitĂ© d’un orchestre ?

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dépêches

  • ELIM CHAN cheffe classiquenews ON LILLE steaming concert audito 2

    LIVE STREAMING, concert, critique. LILLE, ONL, sam 10 avril 2021 : Ravel, Debussy. Orchestre National de Lille, AS OTT, piano / Elim CHAN, direction. Comme un signe annonciateur, espĂ©rĂ© du retour du public dans les salles de concerts, confirmant la continuitĂ© du travail musical de l’Orchestre National de Lille, ce malgrĂ© l’application des mesures sanitaires, voici un nouveau jalon de l’offre digitale de la phalange lilloise ; le catalogue des programmes ainsi captĂ©s depuis l’Auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille (offre 100 numĂ©rique intitulĂ©e « AUDITO 2.0 ») est devenu plĂ©thorique et variĂ© : tout est accessible depuis la chaĂ®ne…

  • ELIM CHAN cheffe classiquenews ON LILLE steaming concert audito 2

    STREAMING concert. LILLE, sam 10 avril 2021, 20h. L’Orchestre National de Lille poursuit ses concerts 100% numériques en live streaming. Prochain direct depuis l’auditorium du Nouveau Siècle à Lille, samedi 10 avril 2021 : Concerto en sol de Ravel, Symphonie n°2 de Beethoven par la cheffe hong-kongaise ELIM CHAN (directrice musicale de l’Antwerp Symphony Orchestra) et la pianiste nippo-allemande Alice Sara Ott.
    Ravel, de retour d’une tournĂ©e aux USA (1928), Ă©blouit par son Ă©criture virtuose, lĂ©gère, nĂ©o mozartienne, Ă  la fois classique et swinguĂ©e dans l’esprit aussi de Saint-SaĂ«ns. La Symphonie n°2 de Beethoven affirme en 1803, le tempĂ©rament rĂ©formateur…

  • Stravinsky-Complete-Works-Edition-Limitee-Coffret classiquenews review critique

    CD coffret, Ă©vĂ©nement, critique. NEW STRAVINSKY COMPLETE EDITION STRAVINKSY (30 cd Deutsche Grammophon) – Il est mort il y a juste 50 ans (le 6 avril 1971) : Igor Stravinsky reste celui par lequel le scandale est venu : gĂ©nie des ballets Russes, son Sacre du Printemps de 1913 aura marquĂ© l’histoire du TCE Ă  Paris ; furieuse, incandescente, voluptueuse et aussi sacrificielle, la musique d’Igor ne cesse depuis de nous interroger ; Ă  l’aube de la première guerre mondiale, le Sacre a plongĂ© l’histoire musicale dans l’ironie cynique et sanglante du XXè. Voici que pour fĂŞter l’évĂ©nement, DG Deutsche…

  • pelleasmelisande_0813-©Frederic-Iovino opera lille critique annonce classiquenews stremaing opera

    STREAMING OPERA : PellĂ©as et MĂ©lisande, jusqu’au 9 oct 2021. L’OpĂ©ra de Lille a enregistrĂ© cette nouvelle production en mars 2021. L’argument principal est certes la distribution, principalement francophone, mais surtout la couleur spĂ©cifique d’un orchestre sur instruments d’époque, qui plus est dirigĂ© par l’excellent chef François-Xavier ROTH… Ici l’orchestre dit et parle une langue que les chanteurs n’entendent pas ; Ă  l’inverse, la prose onirique de Maeterlinck dont la pièce Ă©ponyme est la source de l’opĂ©ra, cultive un verbe Ă©nigmatique mais onirique d’individualitĂ©s saisies comme en transe qui ne communiquent pas entre elle. Le drame naĂ®t de la jalousie…

  • MOSER edda opera mozart critique classiquenews

    ARTE, dim 18 avril 2021, 23h40. EDDA MOSER. Voix mozartienne absolue (c’est la Reine de la nuit idĂ©ale), la soprano berlinoise Edda Moser nĂ©e en 1938, tĂ©moigne de sa carrière, brillante, cĂ©lĂ©brĂ©e dans les annĂ©es 1960 et 1970 ; Sa Reine de la Nuit (personnage clĂ© de l’opĂ©ra de Mozart, La FlĂ»te enchantĂ©e) est enregistrĂ©e sous la baguette de l’excellent wagnĂ©rien Sawalisch elle figure aussi dans le film Don Giovanni de Losey (1979 / direction musicale : Lorin Maazel) oĂą sa noblesse naturelle, son port de reine offre une nouvelle incarnation de Donna Anna, Ă  la fois Ă©tincelante et humaine…

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    radio

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  • FRANCE MUSIQUE, SAM 20 MARS 2021, 20h. Zad Moultaka : HĂ©mon. CrĂ©ation. Depuis l’OpĂ©ra de Strasbourg, OpĂ©ra National du Rhin. Dans le cadre de son Festival Arsmondo Liban, l’OpĂ©ra national du Rhin se dĂ©roule sous une forme numĂ©rique (dès le 10 mars), dont la crĂ©ation attendue de HĂ©mon, nouvel opĂ©ra du compositeur Zad Moultaka et du philosophe Paul Audi (qui a Ă©crit le livret). L’opĂ©ra est retransmis en direct ce 20 mars par France-Musique, donc sans public. Le duo Moultaka / Audi relit le mythe de l’Antigone de Sophocle Ă  travers HĂ©mon, qui, contrairement Ă  la tragĂ©die originale, ne se…

  • FRANCE MUSIQUE, sam 27 mars 2021, 20h. POULENC / ESCAICH. La soprano familière des grands dĂ©fis vocaux chante La Voix humaine du premier, Point d’orgue du second (crĂ©ation, prĂ©sentĂ©e en mars au TCE, sans public). Captation les 3 et 5 mars 2021 pour diffusion sur la toile ultĂ©rieure (avril 2021?).
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     FRANCE MUSIQUE, Samedi 27 mars 2021, 20h
    Programme double :
    La Voix Humaine de Poulenc / Point d’Orgue de Thierry Escaich (création mondiale).
    Mise en scène : O.Py,
    avec P. Petibon (Elle), J.S Bou (Lui), C.Dubois (L’Autre) – Orchestre National de Bordeaux / J. Rhorer, direction.
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    télé

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  • ARTE, dim 18 avril 2021, 23h40. EDDA MOSER. Voix mozartienne absolue (c’est la Reine de la nuit idĂ©ale), la soprano berlinoise Edda Moser nĂ©e en 1938, tĂ©moigne de sa carrière, brillante, cĂ©lĂ©brĂ©e dans les annĂ©es 1960 et 1970 ; Sa Reine de la Nuit (personnage clĂ© de l’opĂ©ra de Mozart, La FlĂ»te enchantĂ©e) est enregistrĂ©e sous la baguette de l’excellent wagnĂ©rien Sawalisch elle figure aussi dans le film Don Giovanni de Losey (1979 / direction musicale : Lorin Maazel) oĂą sa noblesse naturelle, son port de reine offre une nouvelle incarnation de Donna Anna, Ă  la fois Ă©tincelante et humaine…

  • ARTE, dim 18 avril 2021, 18h45. REQUIEM, Bartabas. Mozart au Manège des rochers : l’équation est magique ; elle s’est imposĂ©e au Festival de Salzbourg 2017. DĂ©jĂ  en 2015, pour un autre ouvrage de Mozart (celui lĂ  propre Ă  la jeunesse et moins connu : Davide Penitente), le fondateur du ballet Ă©questre Ă  Versailles, Bartabas avait scĂ©nographiĂ© la partition mozartienne, ciselant les figures des chevaux, exploitant aussi le vaste espace du Manège aux rochers, Ă©crin singulier dĂ©sormais emblĂ©matique du Festival de Salzbourg. Instrumentistes, chanteurs et chĹ“ur sont placĂ©s dans les galeries cintrĂ©es qui entourent l’espace clos. La lecture restitue au…


    concerts et opéras

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  • STREAMING concert. LILLE, sam 10 avril 2021, 20h. L’Orchestre National de Lille poursuit ses concerts 100% numĂ©riques en live streaming. Prochain direct depuis l’auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille, samedi 10 avril 2021 : Concerto en sol de Ravel, Symphonie n°2 de Beethoven par la cheffe hong-kongaise ELIM CHAN (directrice musicale de l’Antwerp Symphony Orchestra) et la pianiste nippo-allemande Alice Sara Ott.
    Ravel, de retour d’une tournĂ©e aux USA (1928), Ă©blouit par son Ă©criture virtuose, lĂ©gère, nĂ©o mozartienne, Ă  la fois classique et swinguĂ©e dans l’esprit aussi de Saint-SaĂ«ns. La Symphonie n°2 de Beethoven affirme en 1803, le tempĂ©rament rĂ©formateur…

  • STREAMING OPERA : PellĂ©as et MĂ©lisande, jusqu’au 9 oct 2021. L’OpĂ©ra de Lille a enregistrĂ© cette nouvelle production en mars 2021. L’argument principal est certes la distribution, principalement francophone, mais surtout la couleur spĂ©cifique d’un orchestre sur instruments d’époque, qui plus est dirigĂ© par l’excellent chef François-Xavier ROTH… Ici l’orchestre dit et parle une langue que les chanteurs n’entendent pas ; Ă  l’inverse, la prose onirique de Maeterlinck dont la pièce Ă©ponyme est la source de l’opĂ©ra, cultive un verbe Ă©nigmatique mais onirique d’individualitĂ©s saisies comme en transe qui ne communiquent pas entre elle. Le drame naĂ®t de la jalousie…

  • STREAMING, Pâques 2021. JS BACH : Oratorio de Pâques / Ascension, D Guillon et le Banquet CĂ©leste nous porte haut, très haut dans un concert filmĂ© Ă  Rennes dont l’affiche est plus que sĂ©duisante en ces temps d’incertitude : alors que la nouvelle de la rĂ©ouverture des salles de spectacles nous parvient en provenance de New York, voici un programme jouĂ© sans masques (instrumentistes) et de façon distanciĂ©e.
    La veine dramatique habite et inspire Bach quoique l’on dise : outre ses Passions, son Oratorio de NoĂ«l, ceux comme ici de Pâques et de l’Ascension, enchaĂ®nĂ©s avec conviction et pertinence, soulignent…

  • STREAMING, OpĂ©ra. Dim 18 avril 2021. BRITTEN : Mort Ă  Venise. L’OpĂ©ra national du Rhin (OnR) a filmĂ© sa nouvelle production signĂ©e du collectif « Clarac-Deloeuil > le Lab », annulĂ©e en fĂ©vrier, mais cependant captĂ©e. A voir sur le site de l’OnR dès le 18 avril 2021. Le 17 avril sur certaines chaĂ®nes de tĂ©lĂ©vision (*)
    Après les coups d’éclats de la jeunesse – Peter Grimes, Billy Budd – partitions proches de la comĂ©die mais parfois sombres et toujours tendues vers le mystère, le britannique Benjamin Britten au dĂ©but des annĂ©es 1970, mettre en musique le chef d’œuvre de…

  • STREAMING, Pâques. Ven 2 avril 2021. Pour le Vendredi Saint (prochain, 2 avril 2021), John Eliot Gardiner dirige ses troupes pour rĂ©aliser la Passion Saint-Jean de JS BACH (BWV 245), plus fulgurante et contrastĂ©e, plus passionnĂ©e et pourtant essentielle voire Ă©purĂ©e (en tous cas plus courte) que la Saint-Mathieu. La Saint-Jean est créée vraisemblablement le Vendredi Saint 1724 Ă  l’église Saint-Thomas de Leipzig. Les Britanniques semblent en cette fin mars 2021 crier victoire sur la covid, ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© davantage qu’en France, d’approvisionnement en vaccins (Astra-Zeneca principalement). L’embellie est toujours au bout du tunnel… VoilĂ  qui donnera une saveur particulière Ă …

  • STREAMING, concert. Sam 3 avril 21, 20h. Wagner, Sibelius. ON LILLE, Dalia Stasevska. Pour ce nouveau rv numĂ©rique, dans le cadre de son offre digitale AUDIO 2.0, L’ON LILLE Orchestre National de Lille diffuse ce samedi Ă  20h, un nouveau programme symphonique… et lyrique sous la direction (première collaboration) de la maestra finlandaise Dalia Stasevska, principale invitĂ©e du BBC Symphony Orchestra.
    IntitulĂ© « Enchantements », le programme associe la jeune cheffe et la soprano suĂ©doise Ingela Brimberg dans le diptyque wagnĂ©ren « PrĂ©lude et Mort d’Isolde », sorte de synthèse orchestrale et lyrique de l’opĂ©ra Tristan et Isolde, sommet romantique,…

  • ARTE concert, ven 2 avril 2021, 19h30. JS BACH : Passion selon St-Mathieu. Pygmalion. Depuis le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence formatĂ© en une Ă©dition 100% numĂ©rique, Arte cĂ©lèbre la magie et l’espoir du temps de Pâques. Au programme : l’oratorio la Passion selon Saint-Matthieu (BWV 244) de Jean-SĂ©bastien Bach, sommet du baroque sacrĂ© germanique luthĂ©rien avec la Passion selon Saint-Jean (plus courte et plus fulgurante) et la Messe en si (testament spirituel du compositeur). La partition fut probablement rĂ©alisĂ©e pour la première fois Ă  Leipzig, le 7 avril 1727 (Vendredi Saint) Ă  l’église Saint-Thomas ; au cours de sa fonction…

  • STREAMING OPERA. Ven 2 avril 2021, 20h. WAGNER : Parsifal. L’OpĂ©ra de Genève qui a du annuler les reprĂ©sentations scĂ©niques et publiques prĂ©vues du 30 mars au 11 avril 2021, maintient une sĂ©ance, celle du 2 avril prochain, diffusĂ©e sur le site GTG Digital et RTS Play (en replay jusqu’au 5 avril 2021). C’est une version de concert ajustĂ©e, d’autant plus oportune au moment des FĂŞtes Pascales : la fameuse et sublime sĂ©quence lyrique et orchestrale du Vendredi Saint, telle que l’a conçue Wagner dans le dĂ©roulement de son opĂ©ra, gagne une pertinence accrue ainsi.
    Un monde condamnĂ©, sclĂ©rosĂ©, celui…

  • STREAMING OPERA. La FlĂ»te (Cyber) enchantĂ©e, sam 27 mars 2021, 20h. L’OpĂ©ra de Vichy diffuse une nouvelle production totalement produite dans ses murs et rĂ©alisĂ©e en un mois… un dĂ©fi artistique qui est aussi un pied de nez Ă  la crise sanitaire et Ă  la mise sous cloche des salles de spectacles.  En Ă  peine un mois, les Ă©quipes de Vichy Culture ont bouclĂ© la relecture de l’opĂ©ra la FlĂ»te EnchantĂ©e (Die Zauberflöte), dernier drame en allemand de Wolfgang Amadeus Mozart d’après le livret d’Emanuel Schikaneder (1791). Le metteur en scène Samuel SenĂ© en conçoit un projet mĂŞlant numĂ©rique et…

  • LIVE STREAMING, crĂ©ation. L’AFFAIRE BACH, Dim 21 mars 2021, 18h. Le Concert de l’Hostel Dieu et son chef fondateur Franck-Emmanuel Comte mènent l’enquĂŞte… L’AFFAIRE BACH : dĂ©mĂŞler les vrais des faux ! Comme Sherlock Holmes, apprenez Ă  discerner les partitions vĂ©ritables de Jean SĂ©bastien Bach, Ă  dĂ©mĂŞler les faux des authentiques ! Et si vous Ă©tiez transportĂ© Ă  la fin du XIXe siècle? Devenu membre d’une sociĂ©tĂ© savante dĂ©diĂ©e Ă  la recherche des partitions oubliĂ©es de Johann Sebastian Bach, vous donnez votre avis, vous participez et et peu-Ă -peu, aider Ă  constituer le catalogue des Ĺ“uvres de ce grand compositeur.
À…

  • STREAMING OPERA. Ven 19 mars 2021, 19h. VERDI : ATTILA. Depuis l’OpĂ©ra de Sofia. « Attila, tu auras l’univers, moi je garde l’Italie »  (Ezio)… Le 9è opĂ©ra de Verdi reste peu connu. C’est pourtant un trĂ©sor lyrique riche en Ă©motions, aux chĹ“urs puissants et dramatiques. Chronique de l’invasion de l’Italie par l’impitoyable roi des Huns au milieu du cinquième siècle, ATTLIA rĂ©sonne de l’agitation politique de l’unification italienne Ă  l’époque de Verdi. Le compositeur offre Ă  la voix de basse, un superbe rĂ´le dramatique voire terrifiant (Attila), mais c’est le romain Ezio, guerrier ardent qui assoit ici la stature…

  • ON LILLE : Orchestre National de Lille. Le printemps de l’Orchestre, 16-26 mars 2021. Après avoir lancĂ© son offre numĂ©rique, composant une vĂ©ritable salle de concert virtuelle, sur la toile, «  l’AUDITO 2.0 » (accessible ici sur la chaĂ®ne YOUTUBE de l’Orchestre), l’ON LILLE Orchestre National de Lille ne cède rien pour conjurer les effets / mĂ©faits de la morositĂ© ambiante, contre l’asphyxie qui menace sĂ©rieusement les formations musicales. Puisque le gouvernement s’entĂŞte Ă  maintenir fermĂ©s les lieux de culture, la formation lilloise montre Ă  nouveau qu’elle ne manque pas de crĂ©ativitĂ© citoyenne, soucieuse de rĂ©tablir le lien avec les…

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  • STREAMING BAROQUE : dim 21 mars 2021. Concerts et opĂ©ras pour la JournĂ©e europĂ©enne de musique ancienne (donc baroque). Cette annĂ©e, la violoniste Rachel Podger (après Skip SempĂ©) est l’ambassadrice officielle de la journĂ©e musicale Ă  l’Ă©chelle europĂ©enne. Voici les meilleurs programmes retransmis ce 21 mars 2021, Ă  ne pas manquer :
     
     
     
     
    17h
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    RAMEAU : Acanthe et Céphise, version 1751
    Extraits, version de concert
    VOIR ici
    https://www.youtube.com/watch?v=cTNUPRRjxvE
    Avec Sabine Devieilhe, Cyrille Dubois, David Witczak, Judith Van Wanroij, Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles, Les Ambassadeurs – La Grande Ecurie / Alexis Kossenko,…

  • STREAMING, FESTIVAL DE PONTOISE, le 5 mars 2021, 20h30. CASANOVA rĂ©sistant… Des Italiens Ă  PARIS. Qui pourrait imaginer Casanova baissant les bras devant les difficultĂ©s ? CASANOVA, hĂ©ros de la rĂ©silience… Une Ă©vasion de la prison la plus sĂ»re de Venise, 18 ans d’exil dans toute l’Europe, un duel Ă  mort contre le sous-chambellan du roi de Pologne, toutes les pĂ©ripĂ©ties et les rebondissements de la vie d’un des italiens les plus cĂ©lèbres du XVIIIe siècle peuvent nous inspirer Ă©nergie et rĂ©silience aujourd’hui.
    Les PincĂ©es Musicales, le Festival Baroque de Pontoise et le théâtre de l’Antarès de VaurĂ©al ont donc…

  • STREAMING, opĂ©ra, critique I SONYA YONCHEVA, soprano. Le 27 fĂ©vrier 2021. VERDI, PURCELL, PUCCINI, MASSENET… La bibliothèque rococo de l’Abbaye de Schussenried (Allemagne) offre un Ă©crin somptueux pour ce rĂ©cital prĂ©sentĂ© par le Metropolitan Opera dans le cadre de sa sĂ©rie digitale « Met Stars Live in Concert ». C’est un nouveau volet mĂ©morable de l’offre de streaming de l’institution newyorkaise dont la rentrĂ©e lyrique ne se fera pas avant … septembre 2021. Pour rompre le silence, la voix de la soprano bulgare Sonya Yoncheva, diva Ă©vanescente dans sa robe rouge, rĂ©alise un parcours semĂ© de perles indiscutables.
    Sonya YONCHEVA…

  • STREAMING, opĂ©ra. MOZART : Der SchauspielDirektor, 19 fĂ©v 21, 20h. En streaming depuis l’opĂ©ra La Monnaie Ă  Bruxelles, l’opĂ©ra de Mozart n’a jamais semblĂ© plus actuel, dès les premières paroles du livret : « Nous avons la permission de jouer! ». Dans cette (trop) courte « comĂ©die accompagnĂ©e de musique », Mozart scrute voire parodie avec humour et invention le petit monde de l’opĂ©ra dont les susceptibilitĂ©s et rivalitĂ©s entre les divas. Voici les coulisses d’une production d’opĂ©ra imaginĂ©es par  Wolfgang alors qu’il Ă©crit dans le mĂŞme temps son chef d’Ĺ“uvre Les Nozze di Figaro d’après Beaumarchais… Comme « opera…

  • STREAMING, concert. LILLE, sam 13 fĂ©v 2021, 20h. BEETHOVEN / STRAVINSKY, ON LILLE, FX Roth. Nouveau concert en streaming du National de Lille ce samedi 13 fĂ©vrier 2021 (dans le cadre de son offre digitale intitulĂ©e « AUDITO 2.0 » : tous les concerts sont enregistrĂ©s diffusĂ©s depuis l’Auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille). Au programme deux Ĺ“uvres dont l’effectif restent compatibles avec les mesures sanitaires exigĂ©es pour la pratique en orchestre, soit deux Ĺ“uvres en formation Mozart et de chambre : le premier Concerto pour piano de Beethoven, encore redevable Ă  l’esprit de Mozart, Ă  l’élĂ©gance de Haydn (surtout…


    cinéma

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  • CINEMA, Anna Netrebko chante AIDA de Verdi, les 25 juin et 2 juillet 2020. Retour de l’opĂ©ra dans les salles obscures. Dans le cadre de l’opĂ©ration Viva l’opĂ©ra !, Ă  19h30 pour les deux dates, revivez la magie d’une production convaincante grâce au nerf expressif du chef Riccardo Muti, au timbre charnel blessĂ© de la soprano Anna Netrebko dans le rĂ´le d’Aida, esclave Ă  la cour de Pharaon et dont est Ă©pris le gĂ©nĂ©ral victorieux Radamès… Pour autant, la fille de Pharaon, Amneris (ample contralto sombre) jalouse Aida car elle aime aussi Radamès. Anna Netrebko Ă©tait alors diva verdienne, ayant…

  • CINÉMA, Fidelio le 17 mars 2020, 18h. Jonas Kaufmann chante Florestan dans les salles obscures… CĂ©lĂ©brez le 250ème anniversaire de Mudwig Beethoven, grâce Ă  la diffusion en live de la nouvelle production du Royal Opera Fidelio, avec dans le rĂ´el de Florestan, le prisonnier, victime de l’arbitraire tyranique, JONAS KAUFMANN dont le timbre rauque, de fĂ©lin blessĂ©, la puissance et la finesse devraient renouveler l’interprĂ©tation du personnage, dans le sillon d’un John Vickers avant lui.
    Fidelio narre le parcours de LĂ©onore, qui sous les traits d’un homme (Fidelio), entend sauver son mari Florestan, prisonnier politique dĂ©tenu par le tyran Don…

  • CINEMA, en direct du MET : HAENDEL, AGRIPPINA. Le 29 fĂ©v 2020. Joyce DiDonato, impĂ©ratrice haendĂ©lienne chante la mère de NĂ©ron, prĂŞte Ă  tout pour que l’empereur Claude son Ă©poux, nomme comme son successeur le fils qu’elle a eu en premières noces. NĂ©ron ne pouvait trouver mère plus ambitieuse et travailleuse, et manipulatrice, d’une obsession quasi maladive… au bord de la folie. ERATO vient de publier l’intĂ©grale d’AGRIPPINA avec le très fougueux Maxym Emelyanychev pilotant la nervositĂ© expressive de son ensemble Il Pomo d’Oro. A New York, dans la nouvelle production Ă©vĂ©nement Ă  New york (dĂ©jĂ  vue Ă  Bruxelles), David…

  • CinĂ©ma, ballet. CoppĂ©lia, mardi 10 dĂ©cembre 2019 en direct du ROH, Londres. CoppĂ©lia, grand classique du Royal Ballet Ă  Covent Garden (londres), est ainsi projetĂ© en direct dans les cinĂ©mas partout en France, ce 10 dĂ©cembre 2019 (20h15). Fantastique et poĂ©tique, le ballet CoppĂ©lia bĂ©nĂ©ficie d’une musique raffinĂ©e, conçue par LĂ©o Delibes. A Londres, la partition est devenue un pilier du rĂ©pertoire de la troupe de danseurs britanniques depuis qu’elle a Ă©tĂ© chorĂ©graphiĂ©e par la fondatrice du Royal Ballet, Dame Ninette de Valois. InspirĂ© des Contes d’Hoffmann, l’action fait paraĂ®tre une poupĂ©e mĂ©canique plus vraie que la vie, charmant jusqu’à…

  • LILLE, ONL. STAR WARS, 14 et 15 fĂ©v 2019. CinĂ©-concert de rĂŞve Ă  Lille… La saga Star Wars de George Lucas n’aurait jamais eu son retentissement ni sa puissance dramatique sans le chant de l’orchestre qui sert de rĂ©sonateur, d’amplificateur Ă  sa formidable action interstellaire. John Wiliams a composĂ© l’une des musiques de films les plus envoĂ»tantes, inscrites dans le mystère voire la terreur (quand l’infâme Dark Vador paraĂ®t), mais aussi dans le drame et l’onirisme des Ă©toiles… L’Orchestre National de Lille joue la carte du grand Ă©cran et de la magie orchestrale en proposant pendant deux soirs, les 14…


    expos

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  • PARIS, Exposition : « SAINT-SAĂ‹NS, un esprit libre » : 5 mars > 20 juin 2020. Le Palais Garnier Ă  PARIS, Ă  travers la Bibliothèque MusĂ©e de l’OpĂ©ra cĂ©lèbre le centenaire de la mort (1921 – 2021) du plus grand romantique français de la seconde moitiĂ© du XIXè : Camille Saint-SaĂ«ns (1835 – 1921), jamais couronnĂ© par le Prix de Rome ni reconnu Ă  sa juste valeur par les institutions Ă©tatiques ; aux cĂ´tĂ©s de Massenet, Saint-SaĂ«ns offre un visage diffĂ©rent du romantisme Ă  la française grâce Ă  son sens du drame (ses opĂ©ras Samson et Dalila ou Ascanio rĂ©cemment…

  • EXPO, Paris. Les Musiques de Picasso Ă  la Philharmonie, jusqu’au 3 janvier 2021 : c’est l’expo Ă©vĂ©nement de cette rentrĂ©e post confinement. La musique chez Picasso est d’autant plus passionnante Ă  mesurer et dĂ©couvrir que le sujet fut source de passion et de dĂ©clarations spectaculaires voire dĂ©finitive de la part du peintre. S’il a dĂ©clarĂ© qu’il n’aimait pas la musique, Picasso comme Victor Hugo avait une idĂ©e trop haute de la crĂ©ation musicale et des citations instrumentales pour accepter leur dĂ©voiement. Pas une toile ou une composition de Picasso qui en reprĂ©sentant un instrument ou un instrumentiste, n’ait Ă©tĂ© minutieusement…

  • CONFINEMENT. EXPOS et musĂ©es virtuels Ă  visiter.
    Et si le confinement Ă©tait tout simplement le temps des musĂ©es et des expos ? Comme pour l’opĂ©ra, les ballets et les concerts en ligne dĂ©sormais, l’offre culturelle musĂ©ale comme les expositions enrichissent considĂ©rablement leurs contenus. Les parcours et programmes virtuels sont en plein essor. CLASSIQUENEWS vous propose sa sĂ©lection des sites les plus captivants. Le monde de demain a dĂ©jĂ  commencĂ© : ce ne sont pas les programmes culturels ci après sĂ©lectionnĂ©s qui infirmeront cette Ă©volution sociĂ©tale et culturelle. Il faut Ă  prĂ©sent envisager de nouvelles manières d’accĂ©der aux Ĺ“uvres, de vivre…

  • ARTE, dim 5 avril 2020, 17h45. JAMES TISSOT L’étoffe d’un peintre – Portraitiste de la haute sociĂ©tĂ© britannique et parisienne, le nantais James Tissot (1836-1902) portraiture les mondanitĂ©s et les rituels sociaux comme les mutations de son temps, en particulier celui de l’Angleterre Ă  l’âge industriel quand il se fixe Ă  Londres (1871) après la guerre de 1870.
    S’il a reniĂ© son prĂ©nom (Jacques-Joseph) fleurant bon la bourgeoisie provinciale (nantaise) du XIXe siècle succombant Ă  l’anglomanie ambiante (l’Angleterre victorienne, celle du musicien Elgar, est la première puissance europĂ©enne), « James » Tissot, nĂ© Ă  Nantes en 1836, a conservĂ© le…

  • PARIS, Palais Garnier, EXPO « L’aventure du Ring en France », 5 mai – 13 sept 2020. Bibliothèque-musĂ©e de l’OpĂ©ra / BNF – OpĂ©ra national de Paris. Histoire de la mise en scène de la TĂ©tralogie en France, de la fin du 19e siècle Ă  aujourd’hui. Au dĂ©but des annĂ©es 1890, Charles Lamoureux s’investit plus que tout autre pour faire Ă©couter les opĂ©ras de Wagner dont Lohengrin et Tristan und Isolde. Mais le Ring wagnĂ©rien créé Ă  Bayreuth en aoĂ»t 1876 s’imposera plus tard encore sur la scène de l’OpĂ©ra national. Il est vrai que le contexte de la première…


CHEFS. JEAN-CLAUDE CASADESUS : Qu’est ce qui fait l’identitĂ© d’un orchestre ?

LILLE : JC CASADESUS dirige Brahms et Dvorak. Alchimie musicaleENTRETIEN VIDÉO. JEAN-CLAUDE CASADESUS : Qu’est ce qui fait l’identité d’un orchestre ? En décembre 2020, Jean-Claude Casadesus a fêté ses 85 printemps. Le chef fondateur de l’Orchestre National de Lille peut être fier d’avoir créer ex nihilo une tradition musicale de premier plan à Lille et dans la Région Hauts de France. A l’auditorium du Nouveau Siècle, les lillois ont pris l’habitude des grands bains symphoniques et des festivals et concerts aussi riches que diversifiés. Retour sur un parcours porté par la passion de la musique et du partage. A l’occasion de son anniversaire, Jean-Claude Casadesus s’est prêté au jeu de l’entretien vidéo, avec l’élégance, l’humour et la grande culture littéraire que nous lui connaissons. Entretien vidéo pour classiquenews.com.

 

 

Jean-CLaude CASADESUS, maestro flamboyant. Pour ses 85 ans, CLASSIQUENEWS a rencontrĂ© le fondateur de l’Orchestre National de Lille, phalange exemplaire dont il a accompagnĂ© et guidĂ© l’essor depuis sa crĂ©ation en 1976. Entretien vidĂ©o rĂ©alisĂ© en dĂ©cembre 2020 Ă  l’occasion de son anniversaire.

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AGENDA

Si le contexte sanitaire le permet toujours, Jean-Claude Casadesus dirige les instrumentistes de l’Orchestre du Conservatoire de Paris, lundi 18 janvier 2021, Philharmonie de Paris Ă  19h (Grande Salle Pierre Boulez) – au programme : Debussy (PrĂ©lude Ă  l’Après-midi d’un faune), Robert Schumann (Concerto pour piano / David Kadouch, piano), Ravel (Pavane pour une infante dĂ©funte), Beethoven : Symphonie n°1.
INFOS & RÉSERVATIONS :
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-symphonique/21656-romantismes?date=1610992800

 

 

 

 

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Discographie Jean-Claude Casadesus
Parmi un vaste choix de réalisations discographiques réalisées par Jean-Claude Casadesus à la tête de « son » orchestre National de Lille (qu’il a fondé en 1976), citons deux albums fétiches. L’un récent (Le chant de la terre, live 2008, enfin édité en déc 2020 / Une vie de héros de Strauss : bain orchestral à la fois subtil et étourdissant qui force l’admiration par sa conception d’ensemble).

 

 

strauss heldenleben vie de heros orchestre national de lille cd naxos casadesus_jean-claude-casadesusR. STRAUSS : Une vie de héros (Naxos, 2011). Enregistré sur le vif en janvier 2011 à l’Auditorium du Nouveau Siècle de Lille, le concert fixe à la fois le souffle et la couleur élaborés par maestro Casadesus. On est saisi dès le début par la noblesse franche et ronde des cuivres, l’extension spatiale du son qui en découle ; et tout au long des 9 séquences de cette épopée tendre et spectaculaire, la balance et la richesse des couleurs et des timbres se montrent captivantes, éléments d’une vision architecturée d’une rare clarté. C’est épique et suggestif, d’une unité organique évidente, frappant par la franchise du geste comme la subtilité des accents. Le couplage choisi, avec le rare Chant funèbre opus 9 de Magnard conclut le cycle dans des résonances tout aussi allusives, évoquant la suspension émotionnelle d’une aube progressive dont là encore l’architecture et la progression sonore captivent. Eloquente réussite et vrai bain orchestral.

 

 

mahler casadesus chant la terre lied von des erde urmana cd classiquenewsG. MAHLER : Le chant de la terre (Évidence, 2008). L’opiniâtreté du chef a porté ses fruits et s’est révélée pertinente : il fallait fixer la mémoire de ce live convaincant à l’affiche du Festival de Saint-Denis 2008. 13 ans ont passé et ce qui frappe immédiatement c’est la puissance des nuances ; une vision pleine, riche, totalement assumée qui dans la direction, assure cette sûreté et cette intensité sans boursouflures ni pathos, hélas souvent présentes ailleurs. Le timbre claironnant du ténor Clifton Forbis, la voix caressante, maternelle de Violeta Urmana cisèlent et habitent le texte, … pépite finale, cadre d’une métamorphose bouleversante à l’orchestre, « Der Abschied » est une dissolution du souffle, une évaporation sonore jusqu’à l’ultime murmure où le chef dirige avec son âme, révélant des trésors de couleurs intérieures, marquées à la fois par la dépression, la douleur, puis dans la lumière, le renoncement et la rédemption. Chez Mahler, il faut toujours tomber très bas pour remonter au plus haut. Interprète fin et subtil de Mahler, JC Casadesus, en humaniste inspiré et sincère, nous délivre ici une leçon de musique magistrale par son humanité, sa force fraternelle, son espoir coûte que coûte.

 

 

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COUP DE COEUR CLASSIQUENEWS

mahler casasesus jean claude orchestre national lille cd review cd critique classiquenews cd EVCD027-Cover-ONL-1024x1024CD, compte rendu critique. Mahler : Symphonie n°2 (Jean-Claude Casadesus, Orchestre national de Lille, novembre 2015, 1 cd évidence classics). D’une caresse maternelle, l’Urlicht trop fugace s’accomplit grâce au timbre chaud et enveloppant de la mezzo Hermine Haselböck. L’accord en tendresse et désir de conciliation se réalise aussi dans la tenue des instruments d’une douceur engageante. Vrai défi conclusif pour l’orchestre, le dernier mouvement, le plus long (Finale / Im tempo des scherzos / Wild herausfahrend), plus de 35 mn ici, réalise ce volet de résolution et d’apaisement qui rassure et rassérène idéalement : Jean-Claude Casadesus maîtrise cet exercice de haute voltige où la sublime fanfare, d’un souffle cosmique et céleste, répond à l’activité des cordes et à l’harmonie des bois. Comme le dit le maestro lui-même, il s’agit bien d’une page parmi les plus belles écrites amoureusement par CLIC_macaron_2014Malher : appel souverain, olympien du cor, réponse de la trompette, caresse enivrante là encore des cordes en état de… lévitation. L’orchestre ouvre des paysages aux proportions inédites, aux couleurs visionnaires, absolues, abstraites. La direction récapitule et résout les tensions avec une hauteur de vue magistrale. LIRE notre critique complète du cd Mahler : Symphonie n°2 (Jean-Claude Casadesus, Orchestre national de Lille, novembre 2015, 1 cd évidence classics) / CLIC de CLASSIQUENEWS oct 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

QUÉBEC, Festival CLASSICA mai et juin 2018 : grand reportage vidéo

festival classica 2018 quebec monteregie canada par classiquenewsQUÉBEC, Festival CLASSICA 2018 – 25 mai au 16 juin 2018. De Schubert aux Rolling Stones / Le premier festival quĂ©bĂ©cois, CLASSICA sait sĂ©duire, attirant une foule d’amateurs, de connaisseurs, de nĂ©ophytes… au cĹ“ur du centre ville de Saint-Lambert (au sud de MontrĂ©al). L’épicentre du Festival en MontĂ©rĂ©gie est devenu comme pour les Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes, un village musical Ă  multiples facettes. Un lieu, une multitude d’offres… telle a Ă©tĂ© l’équation gagnante des derniers Ă©vĂ©nements CLASSICA. Jusqu’au 16 juin prochain, le Festival CLASSICA poursuit son cours, affirmant une superbe offre artistique Ă  Saint-Lambert et dans plusieurs autres villes de la MontĂ©rĂ©gie avec toujours Ă  l’honneur, entre autres le relève avec les nouveaux talents, les grands solistes et les ensembles confirmĂ©s. CLASSICA, c’est l’esprit du partage pour tous (grandes soirĂ©es symphoniques sous les Ă©toiles, concerts en salles fermĂ©es, tremplins sur de larges scènes ouvertes sur la rue… la seconde Ă©dition 2018 rĂ©alise et rĂ©ussit tous ces dĂ©fis). TEXTE et VIDEO © studio CLASSIQUENEWS 2018 – RĂ©alisation : Philippe Alexandre PHAM

COMPTE-RENDU, concert. LILLE, ONL : Hitchcock symphonique, sam 31 oct 2020, Nouveau Siècle.

VERTIGO-PSYCHOSE-Hitchcock-orchestre-national-de-lille-hermann-classiquenews-concertCOMPTE-RENDU, concert. LILLE, ONL : Hitchcock symphonique (Psychose, Vertigo, extraits), sam 31 oct 2020, Nouveau Siècle. MalgrĂ© le confinement, l’Orchestre National de Lille maintient son activitĂ© pour notre plus grand plaisir. La soirĂ©e traverse, – Halloween et Toussaint oblige-, des paysages intĂ©rieurs tendus d’une grande force psychologique, Ă©cho Ă  l’écriture labyrinthique du sorcier Hitchcock. Plusieurs extraits de deux films marquants sont jouĂ©s sur la scène de l’Auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille, sans public, en diffusion sur internet, depuis la chaĂ®ne Youtube de l’Orchestre National de Lille.
En une musique haletante comme une course Ă  l’inĂ©luctable issue tragique, les cordes  Ă©grènent leur mĂ©lodie entĂŞtante traversĂ©e de secousses aigres : la musique du New Yorkais Bernard Hermann pour Psychose de 1960 (PrĂ©lude, la ville) se dĂ©ploie comme une formidable immersion symphonique, Ă  la fois mystĂ©rieuse et suspendue, que les musiciens de l’ONL – cordes seules tout d’abord, expriment avec une clartĂ© tĂ©nĂ©breuse idĂ©ale. Le motif amoureux de “Marion” berce un temps, Ă©chappĂ©e fugitive en eaux poisseuses. Mais la mĂ©canique implacable de Hermann s’accomplit ; mĂŞme sans les images du film, la puissance Ă©vocatrice du compositeur est terriblement efficace : jusqu’aux cordes suraigus comme des coups incisifs de “Meurtre”, sĂ©quence musicale dĂ©sormais mythique. Sous la direction très aĂ©rĂ©e de Ernst Van Tiel, les instrumentistes masquĂ©s convainquent par leur sens des respirations, une Ă©coute dĂ©cuplĂ©e, un son d’un criante voluptĂ© : est-ce la disposition plus distancĂ©e qui opère ainsi ?

Changement de climats avec l’Ă©toffe plus scintillante de Vertigo (Sueurs froides, 1958), tous les pupitres (cors, harpes, clarinettes, cĂ©lesta…) semblent distiller une petite musique intĂ©rieure de plus en plus ample aux rĂ©sonances somptueuses et solennelles, puis confuses et menaçantes comme l’intranquillitĂ© d’un cauchemar, comme si la musique manifestait clairement l’activitĂ© de la psychĂ© dont l’image Ă  l’écran serait le produit et le prolongement. Le jeu des timbres, le dialogue entre les pupitres, la construction prenante de plus en plus menaçante confirment le talent fantastique, ses Ă©carts lyriques souvent vertigineux de Bernard Hermann (intimisme d’Au coin du feu) dont les sons et les alliages ont beaucoup Ĺ“uvrĂ© Ă  la rĂ©ussite et Ă  l’impact visuel des scĂ©narios d’Hitchcock. On berce constamment entre rĂŞve et rĂ©alitĂ©, Ă  la frontière de la conscience et de la volontĂ© (“Scène d’amour” finale), du souvenir Ă  la rĂ©itĂ©ration plus brumeuse (Ă©vocation Ă©thĂ©rĂ©e, arachnĂ©nenne de “la Fille” / “La couleur des cheveux”)… la conception relève du cheminement proustien : la subtilitĂ© de l’évocation marque de façon indĂ©lĂ©bile l’esprit ; la violence et la force de l’épisode sont d’autant plus prenantes que le motif musical est d’une fluiditĂ© immatĂ©rielle, d’une lĂ©gèretĂ© aussi ineffable que dĂ©chirante ; en cela la tenue des musiciens de l’Orchestre Lillois captive d’un bout Ă  l’autre : le final de Vertigo a mĂŞme des accents wagnĂ©riens comme rĂ©flexion enivrĂ©e, interrogation Ă©perdue et obsessionnelle sur le mystère de l’amour. A l’initiative de l’ON LILLE Orchestre National de Lille, l’expĂ©rience symphonique est un festival de nuances et d’accents, et au-delĂ , un formidable appel Ă  l’imaginaire. Heureuse proposition digitale qui berce et nourrit l’âme en ces temps de confinement.

 

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REVOIR Musiques de Psychose et Vertigo / Hitchcock par l’ON LILLE

 

 

 

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CONCERT DISPONIBLE EN REPLAY, sur la chaîne YOUTUBE de l’ON LILLE Orchestre National de Lille :
https://www.youtube.com/watch?v=BmVsG0gU81U

Extraits de PSYCHOSE
[Titre original : Psycho]
Film d’Alfred Hitchcock, États-Unis, 1960
PrĂ©lude – La Ville / Prelude – The City
Marion
La chambre d’hôtel / Hotel Room
Le meurtre / The Murder
Le marais / The Swamp
Le porche – Les escaliers – Le couteau / The Porch – The Stairs – The Knife

 

 

Extraits de VERTIGO
[Titre français : Sueurs froides]
Film d’Alfred Hitchcock, États-Unis, 1958
Prélude & Le toit / Prelude & Roof-top
Au coin du feu / By the Fireside
Le cauchemar / The Nightmare
Le passé / The Past
La fille / The Girl
La couleur de cheveux / The Hair Color
Scène d’amour / Love scene

Musique de Bernard Herrmann
Mise en scène d’Alfred Hitchcock

 

Orchestre National de Lille
Ernst van Tiel, direction
Fernand Iaciu, Violon solo

 

 

COMPTE RENDU critique CONCERT. LILLE, Nouveau Siècle, le 25 oct 2020. ON LILLE, JC Casadesus : Ravel, Casadesus, Beethoven

COMPTE RENDU critique CONCERT. LILLE, Nouveau Siècle, le 25 oct 2020. ON LILLE, JC Casadesus : Ravel, Casadesus, Beethoven. Impatients et fidĂ©lisĂ©s, les spectateurs lillois viennent cet après midi applaudir le chef fondateur de « leur » orchestre, Jean-Claude Casadesus (JCC) qui dirige ainsi son premier concert de la nouvelle saison 2020 – 2021 ; c’est aussi son retour sur le podium depuis… plus de 6 mois. BientĂ´t 85 ans (dĂ©but dĂ©cembre prochain), le chef altier et aĂ©rien, retrouve son cher public et ses musiciens pour un concert gĂ©nĂ©reux et Ă©quilibrĂ© : musique française et complicitĂ© avec un jeune soliste, ivresse concertante et Ă©nergie symphonique… En 1h (format Ă  prĂ©sent plĂ©biscitĂ© et sanitairement conforme), le programme comble les attentes.

La Pavane (pour une infante dĂ©funte) de Ravel est miroitante et d’une Ă©toffe magicienne qui touche aussi par la poĂ©sie de ses accents instrumentaux comme l’Ă©lĂ©gance de phrasĂ©s somptueusement articulĂ©s. Architecte raffinĂ©, orfèvre des timbres, le Ravel de JCC est aussi un sensuel qui par ses jaillissements enchantĂ©s, retrouve la grâce de l’innocence. Le chef articule, clarifie, Ă©pure, rĂ©vĂ©lant sous la parure des alliages sonores (cors / clarinettes, harpes / cordes…), l’Ă©quilibre de la structure comme le scintillement de la texture : sa transparence qui fait drame. VoilĂ  qui rappelle comment la musique française (les rĂ©volutionnaires Debussy et Ravel) a selon le vĹ“u de son fondateur, façonnĂ© l’identitĂ© du National lillois.

 

 

 

Altier, aérien, en orfèvre de la ciselure sonore
Jean-Claude Casadesus dirige le National de Lille

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Amorcée, pénétrante, dès Hindemith (Trauermusik composé pour la mort de Georges V en janvier 1936), la complicité entre l’altiste britannique Timothy Ridout et le chef se réalise plus encore dans les 3 mouvements courts du Concerto néo baroque qu’Henri Casadesus, le grand père du chef, écrit aussi dans les années 1930 : on y détecte l’assimilation maîtrisée de Gluck (élégie du mouvement lent central), Bach, évidemment Haendel…

Dernier volet enthousiasmant. Beethoven Ă©blouit par son Ă©quilibre et son allure, entre ciselure et Ă©nergie, JCC nous montrant que l’un ne va pas sans l’autre, que l’un se nourrit de l’autre ; la Symphonie n°1 (créée dirigĂ©e Ă  Vienne en 1800 Ă  30 ans) frappe un grand coup par ses audaces (un brin trop « martiales » ?… selon les critiques de l’époque). La partition affirme de la part du chef, une conception complète, unifiĂ©e, rĂ©solue en un tout organique grâce Ă  la souplesse de sa direction. Roboratif voire Ă©ruptif, l’Orchestre souligne dès ce premier opus, le souffle de la machine Ludwig : une force bondissante et puissante qui sĂ©duit aussi par l’Ă©loquence tendre de ses bois, ses vents comme le grain des percussions, le mĂ©tal victorieux des cuivres. Tout sonne plein et dĂ©taillĂ© dans l’esprit d’un galop et d’une danse. C’est un hymne furieusement instrumental qui dĂ©passe dĂ©jĂ  Haydn par ses Ă©lans et sa dimension (le menuet est en rĂ©alitĂ© un vrai scherzo trĂ©pidant).
La construction nous parle, l’impĂ©tuositĂ© nous saisit, le fini instrumental captive. Le sens du relief et du rebond comme de la motricitĂ© Ă©gale les phalanges sur instruments historiques. Le geste du chef vivifie ses troupes et accomplit dans ce premier beethoven gĂ©nial, un retour aux sources du symphonisme europĂ©en qui sonne comme une rĂ©gĂ©nĂ©ration salvatrice autant pour les auditeurs que les musiciens. Éclectique, le programme Ravel, Hindemith, Beethoven (sans omettre le pastiche scherzando du Concerto d’Henri Casadesus) confirme si l’on en doutait, la prodigieuse volubilitĂ© plastique de l’ON Lille sous la direction de son fondateur historique. Une connivence qui vaut rĂ©gal. Photo : Jean-Claude Casadesus © Ugo Ponte / ON LILLE.

 

 

   

 

 

agenda

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A ne pas manquer bientĂ´t : PARIS, Philharmonie, Jean-Claude Casadesus dirige l’orchestre du Conservatoire de Paris lundi 18 janvier Ă  20h30 – Grande salle Pierre Boulez : Schumann (Concerto pour piano avec David Kadouch, piano) et Mahler (Symphonie n° 4 avec Miah Persson, soprano). Infos, rĂ©servations :
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-symphonique/21656-romantismes?date=1610998200

casadesus_jean_claude_portrait_290Prochain concert de Jean-Claude Casadesus Ă  la tĂŞte de l’ON LILLE Orchestre National de Lille au Nouveau Siècle Ă  Lille : les 20 et 21 avril 2021 – au programme : 5ème Symphonie de Beethoven (couplĂ©e avec le Concerto pour violoncelle n°1 de Chostakovitch / soliste : Truls Mork).
Programme repris ensuite en région, les 22 (Boulogne sur mer) puis 23 avril (Aulnoye-Aymeries). Plus d’infos sur le site de l’Orchestre National de Lille : https://www.onlille.com/saison_20-21/concert/la-5eme-symphonie-de-beethoven/

 

 

 

COMPTE-RENDU critique, concert. FONTAINEBLEAU, salle de bal, dim 18 oct 2020. Résidence Thomas Hengelbrock I : de Monteverdi à Chardavoine…

salle-de-bal-fontainebleau-concert-renaissance-thomas-hengelbrock-classiquenewsCOMPTE-RENDU critique, concert. FONTAINEBLEAU, salle de bal, dim 18 oct 2020. Résidence Thomas Hengelbrock I : de Monteverdi à Chardavoine… Fontainebleau, capitale musicale à l’époque des Valois. Si Versailles demeure le foyer du goût des rois Bourbons (le roi soleil en est l’astre étincelant), Fontainebleau avait déjà favorisé dès le XVIè, l’art de cour et l’essor des divertissements sous le règne des Valois, François Ier et Henri II particulièrement. voilà donc un concert riche en symbole et aussi en promesses …
Comme première étape de sa résidence bellifontaine, le chef allemand Thomas Hengelbrock dirige son ensemble Balthasar Neumann, ici en formation de chambre : il se consacre exclusivement aux écritures de la Renaissance et du premier Baroque, alternant cycle d’œuvres italiennes et françaises.
Le spectateur Ă  Fontainebleau, heureux dĂ©tenteur d’une place de concert, traverse de somptueux appartements avant de rejoindre la salle de bal oĂą l’attendent les musiciens. C’est un voyage unique dans le temps dont les jalons remarquables sont l’enfilade des appartements royaux (ceux d’Anne d’Autriche et de Louis XIII qui est nĂ© in loco) ; puis, la fameuse galerie François Ier, l’étonnant Ă©crin maniĂ©riste (comptant fresques et stucs Ă©rotiques) de la Chambre de la Duchesse d’Etampes, enfin la salle de bal proprement dite, vĂ©ritable « Vatican français » (selon Ingres lui-mĂŞme). De fait les impressionnantes fresques par Niccolo delâ€Abbate sous la direction du Primatice, mĂŞme situĂ© Ă  bonne hauteur composent un ensemble unique au monde ; le rythme des allĂ©gories, des figures et nombre de Dianes lunaires et chasseresses forment le meilleur Ă©cho aux Ĺ“uvres choisies : tout un monde poĂ©tique et raffinĂ© que les musiciens ressuscitent. Au Monteverdi souterrain, d’abord murmurĂ©, presque fantastique (sublime « Hor che ciel ») rĂ©pondent les chansonniers Sermisy, Costeley, Lassus et surtout Guedron dont on aime retrouver l’exaltation du verbe, cet allant hĂ©doniste que les 6 chanteurs dĂ©fendent avec ardeur (« ça donnons Ă  tous nos sens »). La fantasia de Purcell puis la Sonate de Castello fait passer des brumes de la Tamise, – dans leur texture Ă©tirĂ©e, en rĂ©alitĂ© très françaises, au soleil virtuose italien, grâce Ă  la vĂ©locitĂ© chantante du premier violon Daniel Spec. Parmi les Français, se distingue d’après Ronsard : « Mignonne, allons voir si la rose » mis en musique par Jehan Chardavoine, bien Ă©noncĂ©e par l’alto Christian Rohrbach (voix petite mais très musicale). Thomas Hengelbrock Ă©voque la figure de Marguerite de Navarre, la Reine Margot (fille d’Henri II et dernière Valois), rĂ©sidente ici mĂŞme, dont le souvenir est incarnĂ© grâce Ă  l’Hymne que compose Claude Goudimel pour sa mort (1615).

La dernière partition du programme est déjà en soi un jalon exemplaire, en particulier dans le volume de la salle de bal (photo ci dessus) ; on imagine aisément comment l’Orfeo de Monteverdi à sa création au palais ducal de Mantoue (1607) a pu s’accorder au volume d’un écrin palatial, dans une acoustique moins résonante qu’une église. L’expérience à Fontainebleau est très convaincante : la scène sélectionnée permet à chaque chanteur d’affirmer un vrai tempérament dramatique, car ici les 6 chanteurs sont solistes, assurant son personnage comme sa partie au sein du chœur (extrait « Rosa del Ciel »). La vitalité souple du continuo où brillent sur le tapis aérien des violons, les timbres plus scintillants de la harpe et du théorbe, ajoute à l’expressivité de la direction : Hengelbrock maîtrise l’élan et le souffle lyrique, la liberté dansante des rythmes d’un opéra à la fois madrigalesque et baroque ; veillant aux équilibres entre voix, chœur et instruments. En cela l’ultime pièce donnée (en bis), le bouleversant Lamento della Ninfa, chef d’oeuvre languissant de Monteverdi, saisit par la sincérité et la musicalité des interprètes : aux 3 hommes tragiques et déclamatoires répond la prière ciselée et naturelle de la soprano requise (Bobbie Blommesteijn), sobre, humaine, au chant éperdue et sensible. Divine Ninfa pour un programme idéalement équilibré. On attend la suite de la résidence de Thomas Hengelbrock à Fontainebleau, en particulier en 2021, pour le bicentenaire Napoléon Ier, Israel en Egypte de Haendel qui évoque la campagne de Bonaparte en Egypte (8 et 9 mai 2021). A suivre.
http://www.classiquenews.com/fontainebleau-salle-de-bal-concert-renaissance/

Concert, critique. LILLE, Nouveau Siècle, le 24 septembre 2020. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, Edgar Moreau, Alexandre Bloch. HAYDN, BARTOK

edgarmoreauConcert, critique. LILLE, Nouveau Siècle, le 24 septembre 2020. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, Edgar Moreau, Alexandre Bloch. HAYDN, BARTOK… IdĂ©alement adaptĂ© Ă  la configuration instrumentale requise, mesure sanitaire oblige (l’Orchestre National de Lille est « rĂ©duit » en formation de chambre), le Concerto pour violoncelle n°1 de HAYDN sied particulièrement bien Ă  la direction nerveuse, dynamique, flexible d’Alexandre Bloch et au tempĂ©rament incandescent du jeune soliste Edgar Moreau (26 ans – photo ci contre) : le violoncelliste français est parmi les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration. Il n’a pas seulement pour lui une technique et une sonoritĂ© des plus raffinĂ©es ; il exprime avec un art des nuances et une profondeur exceptionnelle, la subtile Ă©lĂ©gance de Haydn.

 

 

Concert d’ouverture de l’ON LILLE – Orchestre National de Lille

Somptueuse ouverture au Nouveau Siècle à Lille

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L’allant et la vitalitĂ© en superbe Ă©quilibre d’une partition Ă  la fois classique, d’une volubilitĂ© mĂŞme baroque, triomphent ici. Et la conception Ă©conome des expositions, rĂ©expositions et variations offre au soliste, une arène dĂ©jĂ … romantique. L’intelligence des accents, la gestion des nuances, l’éloquence des phrasĂ©s superbement maĂ®trisĂ©s… ce style toujours mesurĂ© mais articulĂ©, jamais artificiel ni dĂ©monstratif, indiquent clairement un interprète de premier plan dont la vĂ©ritĂ© dialogue somptueusement avec l’heureuse vivacitĂ© de l’orchestre. La virtuositĂ© chantante et lumineuse du violoncelle jouĂ©e ainsi après l’ample portique du Copland (Fanfare for the common man) forme la plus sĂ©duisante des partitions pour le concert d’ouverture de la saison 2020 – 2021. Notons que le violoncelliste remplace le violoniste Nemanju Radulovic, artiste en rĂ©sidence pour cette nouvelle saison 2020 – 2021. HĂ©las, le virtuose franco-serbe n’a pas venir en France jusqu’Ă  Lille, confinĂ© parce qu’il a Ă©tĂ© testĂ© positif Ă  la covid 19. Ainsi se dĂ©roule la saison musicale, avec ses imprĂ©vus de dernière minute. L’Orchestre National de Lille s’est d’ailleurs adaptĂ© au contexte sanitaire actuel, en proposant une billetterie ouverte plus souple, rĂ©actualisĂ©e tous les deux mois, afin d’affiner au mieux les offres musicales selon les “empĂŞchements” prĂ©visibles, malheureusement inĂ©luctables dans la situation que nous vivons tous depuis mars dernier.

EnchaĂ®nĂ© et jouĂ© debout (violons I et II), le Divertimento de Bartok permet lĂ  encore au cordes seules de l’Orchestre lillois de captiver en crĂ©pitements et intensitĂ© ; la partition composĂ©e Ă  Saanen (Suisse) Ă  l’étĂ© 1939, lĂ  mĂŞme oĂą devait naĂ®tre le futur Menuhin Gstaad Festival, allie souffle et âpretĂ©, cultivant mĂŞme une tension presque Ă©touffante, en relation avec les heures noires d’une Europe soumise Ă  la barbarie nazie. Du Haydn prĂ©cĂ©dent Ă  la partition moderne circule et s’affirme la mĂŞme homogĂ©nĂ©itĂ© des cordes. QualitĂ© des unissons, dialogues entre les deux solistes (violons I et II) et l’ensemble des cordes (Ă  la façon d’un concerto grosso), articulation et densitĂ© pourtant claire du son de l’orchestre… le travail d’Alexandre Bloch et des musiciens de l’ON LILLE dĂ©voilent de superbes qualitĂ©s ; on les avait quittĂ© la saison dernière, dans l’achèvement du cycle Mahler. On retrouve ici la mĂŞme Ă©coute partagĂ©e, l’engagement, le souci des accents qu’il s’agisse du dynamisme dansant de l’Allegro initial ou des Ă©clairs contrastĂ©s de l’Allegro final oĂą pointe aussi la superbe tenue du violon I dont les solos ont de courtes et fulgurantes irisations tziganes. La franchise du geste collectif parfois assumĂ©e « rude » rend justice Ă  la partition de Bartok qui y revendiquait clairement son caractère de fantaisie « paysanne ». Au centre, s’affirme l’Adagio si intense, et si subtil dans ses Ă©clairs funèbres Symphonie 7 MAHLER, Alexandre BLOCH, Orchestre National de Lilledont le chef sait aussi exprimer la couleur du mystère le plus inquiĂ©tant. Tant de profondeur suggestive et d’aisance articulĂ©e confirment Ă  prĂ©sent l’excellence des instrumentistes de l’Orchestre lillois. On attend avec impatience les prochains programmes de l’Orchestre National de Lille. Et pour nous faire patienter, le cd de la 7è Symphonie de Mahler – jalon important de l’épopĂ©e Mahler de la saison prĂ©cĂ©dente vient de sortir chez Alpha (critique du cd Ă  venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews).

 

 

 

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Prochains concerts de l’Orchestre National de Lille :
30 sept / 1er octobre 2020 : Divertimenti (Alevtina Ioffe, direction)
7, 8, 9 octobre 2020 : Métamorphoses (Alexandre Bloch, direction)
PLUS D’INFOS sur le site de l’Orchestre National de Lille / saison 2020 – 2021
https://www.onlille.com/saison_20-21/

COMPTE RENDU, Festival 1001 NOTES 2020 (15 ans), les 4 et 5 août 2020

1001-NOTES-festival-classiquenews-concerts-critiques-annonce-classiquenewsCOMPTE RENDU, Festival 1001 NOTES 2020 (Haute-Vienne, Limousin), les 4 et 5 août 2020. Déconfinement, solidarité, ouverture… Face à la crise et la mise sous cloche de la culture, en particulier du spectacle vivant, les Festivals n’ont pas tardé à réagir et produire de premières alternatives bénéfiques. Le Festival 1001 Notes porté par son directeur artistique Albin de la Tour n’est pas en reste ; il a même été le premier à proposer sur la toile plusieurs courtes sessions musicales ; permettant aux artistes et au public de renouer un fil qui s’était coupé brutalement mi mars dernier ; à cause du confinement imposé (LIRE ici « Contre la crise et le confinement, le cycle de concerts live « Aux notes citoyens »).
Pour l’été, quand d’autres ont jeté l’éponge, empêtrés par la difficulté de mettre en pratique les mesures barrières et le protocole sanitaire, le Festival 1001 Notes affirme clairement sa ligne : solidarité, sécurité, éclectisme. Solidarité pour les artistes qui ont besoin de jouer ; sécurité sanitaire pour tous à tous les concerts ; éclectisme et ouverture d’une programmation qui par sa simplicité et son sens maîtrisé des métissages et des mélanges, réinvente concrètement l’expérience de la musique classique. Une alternative heureuse pour les spectateurs, d’autant plus méritante qu’elle a été conçue en très peu de temps.

 

 

 


15è édition du Festival 1001 Notes
ALTERNATIVE DÉCONFINÉE, HEUREUSE, ACCESSIBLE…

 

 

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Traditionnellement itinérant, rayonnant sur le territoire limousin, 1001 Notes pour ses 15 ans, s’est ainsi réinventé et propose cet été en un lieu unique (le parc de Saint-Priest Taurion à 20 km de Limoges) une multitude d’événements, riches, variés, divers, complémentaires ; de quoi régaler le festivalier venu sur place. Au sens strict comme figuré, car les produits locaux y sont aussi présentés, comme une restauration sur place est assurée. Les enfants s’y initient aux délices des contes en musique ; les amateurs de détente et de bien être expérimentent sous la yourte, ouverte aux vents rafraîchissants, les bienfaits du yoga, de la méditation, et tant d’autres pratiques qui soignent le corps comme l’esprit. Au bar, l’offre est alléchante, comptant entre autres une bière locale, … typiquement limousine. En somme de quoi vivre sur le site une nouvelle expérience de la musique, sans contraintes, sans codes, mais avec le masque obligatoire et l’application des gestes barrières comme de la distanciation sociale.

 

 

BAROQUE & CULTURES URBAINES
Fugacités, a work in progress
Le Concert de l’Hostel Dieu au travail

 

 

concert-hostel-dieu-danseur-fugacites-festival-1001-notes-critique-classiquenews-jerome-oudou-critique-danse-classiquenewsMardi 4 août 2020. En toute sécurité, nous avons pu ainsi découvrir le nouveau spectacle du Concert de l’Hostel Dieu et Franck Emmanuel Comte, intitulé « Fugacités ». Le chef et claveciniste présentait le 4 août, les 2 premiers volets d’un triptyque qui croise musique baroque et cultures urbaines. D’abord avec un danseur hip hop (Jérôme Oussou) dont la grâce gestuelle s’accorde aux respirations de la musique choisie : Westhoff, Playford… et aussi, clin d’oeil à l’excellent ballet chorégraphié également par Mourad Merzouki, « Folia », le finale chanté par tous les artistes sur le plateau. Effet d’apesanteur, séquences en solo syncopées, interaction humoristique avec les instrumentistes, le danseur fait danser la musique comme les musiciens la font parler.
Puis c’est le slameur Mehdi Krüger qui déclame un superbe texte rédigé pendant et sur le confinement, sur l’échec de notre société et le chaos global contemporain. On y détecte un goût particulier pour les jeux de mots, les doubles voire triples lectures, un raffinement de la langue qui passe d’abord par son articulation (vivante, gestes à l’appui) et sa musique propre dont les respirations, scansion, accentuation épousent idéalement la musique qui leur est associée. Dans un paysage déréglé, celui d’une course à l’abîme (« l’Odyssée d’un homme qui cherchait la mer… »), le conteur très en verve évoque de multiples rivages, électrisé par la pulsion des instruments, leur expressivité rythmique comme mélodique, épinglant l’hystérie paranoïaque de notre époque, avec une malice lyrique parfois ironique : « Champagne pour tous, sauf pour ceux qui trinquent ! ». En images allusives et prose riche en délicieuses allitérations, le récitant pointent du doigt tout ce qui compose aujourd’hui notre apocalypse moderne.

slam-fe-comte-concert-hostel-dieu-fugacites-volet-2-critique-concert-classiquenews-1001-notes-limousinAu coeur de la performance, jaillit une perle lyrique (Monteverdi), prière pour un monde régénéré ou souvenir d’un monde perdu, chantée par la violoncelliste Aude Walker-Viry dont on apprécie la finesse, et du jeu et de la voix. Encore perfectible, selon les mots de Franck-Emmanuel Comte, la séquence saisit et convainc, dans ses contrastes, ses tensions, l’espérance qu’elle fait naître, la parfaite fusion du verbe déclamé et des pièces baroques associées. Voilà qui prolonge le travail du Concert de l’Hostel Dieu, fruit d’un compagnonage fécond avec 1001 Notes et Albin de la Tour. Ou comment explorer (et réussir) de nouvelles formes à partir et autour du Baroque. Dans la lignée du ballet « Folia », le nouveau spectacle « Fugacités », dans ses premiers aspects, tient déjà ses promesses. A suivre.

CHOPIN, SATIE… le piano explorateur
de Laure Favre Kahn et Artuan de Lierrée

 

 

Mercredi 5 août 2020. Riche parcours pour le mélomane : cette seconde journée à 1001 Notes enchaîne récitals et concerts, autant d’invitations musicales défendues, incarnées par des tempéraments pianistiques indiscutables. La richesse et la diversité des programmes (autant dans leur formulation que dans le répertoire joué) soulignent cette ouverture du Festival, son éclectisme décomplexé, à l’adresse de tous les publics ; une conception désormais emblématique dans l’esprit d’une célébration à la fois conviviale et fraternelle (il y est très facile par exemple pour les spectateurs de rencontrer et de dialoguer avec chaque artiste présent… avant, après le concert, à la buvette, à l’occasion des repas ; toujours dans le respect des gestes barrières).

1001-notes-laure-favre-kahn-piano-recital-concert-critique-classiquenewsPremier récital dès 11h, celui de Laure Favre Kahn dont l’amour pour Chopin se livre sans entraves en première partie. Le jeu est limpide et fluide ; la construction franche et claire. C’est un Chopin pleinement assumé qui se dévoile, en sa double nature : éperdument tendre et nostalgique, mais aussi impétueux et conquérant (voire guerrier). L’articulation directe, le relief d’une conception contrastée sait aussi s’adoucir, réalisant d’heureux phrasés au galbe nuancé. Les Valses de Chopin permettent le passage avec les danses qui suivent : celles aiguës, percutantes de Bartok (à la carrure rythmique si spécifique, à l’orientalisme à peine masqué aussi) ; l’ampleur orchestrale, riches en textures harmoniques s’affirme enfin dans le Granados, voluptueux, volontaire ; tandis que la pianiste née à Arles, joue dans la même veine naturelle la suite de Bizet, « l’Arlésienne »; bel hommage personnel qui fonctionne à merveille.

artuan-de-lierree-piano-concert-festival-1001-notes-aout-2020-classiquenews-critique-cd-et-concert-5-aout-2020Familier de 1001 notes, le pianiste et compositeur Artuan de Lierrée retrouve son public (12h) dans le format atypique qui lui est propre : présentation de ses œuvres personnelles auxquelles l’auteur ajoute moult explications souvent savoureuses, jouant parfois sur deux claviers, le piano classique et son piano miniature aux sons plus courts, plus secs, sans résonance avec lequel le musicien aime échafauder ses propres divagations musicales, le plus souvent inspirées de Satie, un modèle permanent qui est sa principale source d’inspiration. L’inventeur ajoute un 3è clavier, son piano jouet (aux sons de clochette)… Comme un fabuleux conteur, le compositeur présente ses œuvres, parfois courtes (8 miniatures présentées pour la première fois) ; d’autres ont des titres narratifs prometteurs (« l’étrange découverte d’Albert Poisson », « le service à Thé de Marthe Célérier ») ; ils immergent l’auditeur dans un univers imprévu: le nom même de Marthe Célérier n’est pas fictif car le compositeur l’a découvert sur l’étiquette de son instrument miniature (sa propriétaire précédente ?). Le cas relève du roman, mais une fable à la Satie évidemment : on y détecte l’humour délirant et loufoque de l’auteur des Gnossiennes, sa coupe dramatique et narrative si puissante et originale, ses harmonies rares, une sensibilité manifeste aussi pour le son et la texture… le compositeur conduit le spectateur au delà des notes, le sensibilise à la durée, la hauteur du son ; son exploration est sans limites, mais toujours dans ses tuilages harmoniques et ses scintillements enchantés, une réponse poétique à la férocité déshumanisée et barbare de notre époque.

 

 

Superbe récital de Nicolas Horvat
SCINTILLEMENTS MINIMALISTES DE PHILIP GLASS

horvat-nicolas-philipp-glass-concert-5-aout-2020-critique-concert-classiquenewsRemplaçant le spectacle de Marie-Agnès Gillot qui blessée, n’a pu présenté son programme, le pianiste Nicolas Horvat à 17h30, est invité à défendre un compositeur contemporain qu’il connaît plutôt bien. Familier voire spécialiste de Glass, l’interprète offre un somptueux programme 100% Glass, généreux, explicatif, n’hésitant pas à présenter lui-même chaque pièce choisie dont une première « Tissu number 6 », hymne lyrique à la Nature, évoquant le fragile équilibre du vivant et tout ce que l’homme fait subir à la flore comme à la faune. C’est d’abord la Suite Orphée dont on distingue immédiatement le formidable travail sur l’architecture, la progression structurelle et les nuances apportées dans chaque réitération. Horvat fait surgir du matériau sonore, son intensité intérieure, l’activité qui bouillonne, souterraine, s’infiltre puis s’expose, dans le sens d’un écoulement perpétuel. La répétition n’est pas mécanique, mais cyclique, unifie, construit en une conception toujours renouvelée, jaillissante et revivifiée. Voilà qui donne à l’approche, à la nappe sonore qui en découle, son étonnante assise organique. L’idée d’un parcours et d’un cheminement se déploie ; la question du sens et du développement s’aiguise, de sorte qu’à chaque palier harmonique, se précise le principe de transformation et de métamorphose. La reformulation et les multiples réexpositions alimentent un flux permanent, fluvial ; et le jeu du pianiste en une apesanteur inéluctable, comme une prière méditative exprime le fragile équilibre, la « gravitas » aussi d’un temps à la fois compté, unique et infini. Nicolas Horvat sait exprimer l’ampleur de cette Suite conçue comme un portique impressionnant dont il perçoit et délivre les éclats, alertes, glissements, anéantissements.
L’élégie que forme « Tissu number 6 » frappe tout autant par sa construction aussi souple et flexible, qu’affirmée voire dénonciatrice. La couleur est proche d’un lamento, d’une déploration au chevet de la Nature martyrisée dont le pianiste exprime l’exhortation primitive, le jaillissement continu, celui d’un rituel qui gravit une à une les marches d’une arche spirituelle dont le cri final dit le chaos qui menace.
Enfin, la Sonate « Trilogie » associe trois opĂ©ras, en particulier leur mouvement ascendant, vers le soleil en une Ă©lĂ©vation irrĂ©pressible (Einstein on the Beach, Satyagraha, Akhenaton) – chaque extrait marque un climax dramatique dans le dĂ©roulement de l’action lyrique. Nicolas Horvat renforce sans appui leur formidable activitĂ© ascensionnelle, constellĂ©e de particules qui s’agglomèrent peu Ă  peu dans la quĂŞte des sommets. Exposition, rĂ©ponse, rĂ©pĂ©tition, prĂ©cipitation, questionnement, extase, fureur… Il fallait Ă©videmment Vers la Flamme (Scriabine), bis ou conclusion opportune, pour rĂ©soudre les appels d’un programme fabuleux, d’une ivresse sonore inextinguible. Scriabine lui donne sa rĂ©ponse propre dans l’éblouissement final qui vaut rĂ©vĂ©lation. Superbe programme, servi par un interprète habitĂ© et particulièrement juste.

 

 

Le Festival 1001 Notes réussit son pari. Il surprend, explore, réinvente. Le site accorde heureusement comme une Arcadie moderne, toutes les envies, tous les goûts des festivaliers, heureux d’éprouver les délices du déconfinement. Albin de La Tour y cultive l’accessibilité et l’invention, de quoi dans les faits décloisonner la musique classique, la démocratiser ; de quoi surtout régénérer l’expérience du concert classique. Une évasion heureuse en Limousin, à vivre encore aujourd’hui, vendredi 7 août et samedi 8 août 2020. A l’affiche : Simon Ghraichy, Thibault Cauvin, Hemolia entre autres…

 

 

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1001-notes-festival-bandeau-pave-imu-from-1er-juin-20203Festival 1001 Notes, Limousin, 20 km de Limoges, Parc Saint-Priest Taurion, jusqu’au 8 août 2020. Découvrez ici tous les programmes, les horaires et les nombreuses activités sur place à vivre en famille et entre amis : http://www.classiquenews.com/limousin-les-15-ans-du-festival-1001-notes-1er-9-aout-2020/

Photos du Festival 1001 NOTES 2020 : merci à © Amelin Chanteloup

 

 

 

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Approfondir

LIRE notre entretien avec Franck Emmanuel Comte : chantiers d’été (Fugacités…), nouvelle saison 2020-2021 (French Connection, l’Affaire Bach…), nouvel album discographique (La Francesina) : ici
http://www.classiquenews.com/franck-emmanuel-comte-chantiers-dete-nouveaux-programmes-20-21/

Découvrir les coulisses et les acteurs du Festivals 1001 NOTES 2020, dans le BLOG dédié, sur le site du Festival 1001 NOTES : ici  


1001 NOTES
, c’est aussi un label discographique, une chaine vidĂ©o dont des contenus exclusifs en liaison avec l’Ă©dition 2020 seront diffusĂ©s prochainement. Supports, modalitĂ©s de visionnage Ă  suivre sur CLASSIQUENEWS

QUEBEC. 4è Récital-Concours international de mélodies françaises (16 et 18 juin 2020)

classica concours melodies francaises TOUR EIFELL FOND NBTEASER. QUEBEC, Festival CLASSICA : 4è RĂ©cital-Concours international de mĂ©lodies françaises 2020 – Point fort de chaque Ă©dition du Festival CLASSICA au QuĂ©bec, le RĂ©cital-Concours de mĂ©lodies françaises prĂ©sente les tempĂ©raments les plus prometteurs dans le genre si difficile de la mĂ©lodie française : De Berlioz Ă  Poulenc et Ravel, sans omettre les compositeurs contemporains français et canadiens, s’impose l’Ă©quation redoutable de l’Ă©lĂ©gance, l’intelligibilitĂ©, la technique et la suggestion. Conçu comme un rĂ©cital avec public (dont le vote compte autant que celle du jury), le RĂ©cital Concours international de mĂ©lodies françaises est la plus importante compĂ©tition dans sa catĂ©gorie. TEASER video de prĂ©sentation avec les finalistes 2029 : la française Axelle FANYO, les canadiennes Caroline GÉLINAS (Grand Prix), Jacqueline WOODLEY (2è prix), Ellen WIESER, et Geoffroy Salvas … C’est aussi la seule compĂ©tition oĂą les pianistes accompagnateurs jouent un piano historique ERARD ajoutant un autre dĂ©fi pour les interprètes… © studio CLASSIQUENEWS.COM 2020 – RĂ©alisation : Philippe-Alexandre PHAM 2020

 

 

 

Récital-Concours international de mélodies françaises

PROCHAINE EDITION : les 16 et 18 juin 2020.

 

 

PARTICIPEZ !

 

 Dépôt des CANDIDATURES

jusqu’au 29 mars 2020

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Modalités, règlement sur le site www.festivalclassica.com/recital-concours

 

 

 

 

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VOIR AUSSI notre REPORTAGE vidĂ©o dĂ©diĂ© Ă  la 3è Ă©dition du RĂ©cital-Concours international de mĂ©lodies françaises – PrĂ©sentation, fonctionnement, palmarès 2019…

 

 

 
 

REPORTAGE : L’Etoile de Chabrier par l’Atelier Lyrique de TOURCOING (7, 9 et 11 fĂ©v 2020)

Éblouissante ETOILE de Chabrier Ă  TOURCOINGREPORTAGE. ATELIER LYRIQUE DE TOURCOING : L’ÉTOILE de Chabrier, 7, 9, 11 fĂ©v 2020. Nouvelle production. DadaĂŻste, loufoque, fantasque, en rĂ©alitĂ© de pure fantaisie, l’inspiration de Chabrier mĂŞle et Mozart et Offenbach en un dĂ©licieux théâtre poĂ©tique (Verlaine a participĂ© au livret). Cette nouvelle production de son opĂ©ra comique L’étoile (1877) prĂ©sentĂ©e par l’Atelier Lyrique de Tourcoing, jamais en reste d’un dĂ©fi nouveau, devrait le dĂ©montrer en fĂ©vrier 2020 (3 reprĂ©sentations). 7 ans après la dĂ©faite national, les esprits s’éloignent du « teuton » Wagner (jugĂ© suspect, au moins jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1890) et recherchent Ă  rĂ©gĂ©nĂ©rer le genre lyrique dans de nouveaux sujets, et de nouveaux formats. « La Ballade des gros dindons », « La Pastorale des cochons roses », sans omettre les couplets du duo de la Chartreuse verte, parodie dĂ©jantĂ©e du chant bellinien… sont autant de titres qui soulignent la facĂ©tie souveraine d’un Chabrier, original, iconoclaste, inclassable. RĂ©formateur mais raffinĂ©. Un indĂ©crottable auvergnat soucieux de rĂ©former les codes de l’OpĂ©ra Ă  Paris.
Dans une tyrannie orientale de pur fantasme, orchestrĂ©e par le Roi Ouf 1er, fou dĂ©lirant Ă©gocentrique, on Ă©vite toute contestation au pouvoir pour Ă©viter d’être condamnĂ© Ă  mourir empalĂ© ! Heureusement l’amour du jeune marchant Lazuli pour la belle Laoula vaincra tout obstacle… – REPORTAGE @studio CLASSIQUENEWS 2020 – RĂ©alisation : Philippe-Alexandre Pham fĂ©vrier 2020

LIRE aussi notre prĂ©sentation complète de L’Étoile de Chabrier, 1877, l’Ă©vĂ©nement lyrique portĂ© par L’Atelier Lyrique de Tourcoing, les 7, 9 et 11 fĂ©vrier 2020

VOIR LE REPORTAGE VIDEO

La Fabrique sonore de CLARA IANNOTTA à METZ : les 5 fév, 25 et 31 mars 2020

METZ, Cycle CLARA IANNOTTA : les 5 fĂ©v, 25 et 31 mars 2020. LA FABRIQUE SONORE… Son vif intĂ©rĂŞt pour la fabrication des objets remonte Ă  l’enfance quand son père architecte lui expliquait qu’il ne faut pas acheter ses jouets mais les fabriquer. Ce qui est mieux si l’on veut comprendre les mĂ©canismes et Ă©largir son propre imaginaire. Depuis Clara Iannotta (nĂ©e Ă  Rome en 1983) dĂ©veloppe sa propre idĂ©e du son ; non pas Ă  partir d’une instrumentation dĂ©jĂ  Ă©tablie, mais en fonction des objets qu’elle peut elle-mĂŞme construire, et des nouveaux sons que ses “jouets sonores” permettent.

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RĂ©sidence Ă  l’Arsenal de METZ

La fabrique sonore de Clara IANNOTTA

 

 

 A METZ, CLARA IANOTTA fait de l'ARSENAL son laboratoire musical

 

 

L’idée de base, préalable à toute pièce peut-être une vision, une expérience, une sensation. Pour le cas de MOULT pour orchestre, le noyau préliminaire a été l’observation pendant sa résidence à la Villa Medicis en 2019, des mues des araignées ; en particulier leur capacité à produire deux états tangibles de leur existence : la peau morte, du passé ; la nouvelle enveloppe, celle de leur nouvelle existence. Il s’en est suivi l’élaboration d’une partition qui mêle le son de l’orchestre aux champs sonores issus de cassettes préenregistrées (écoutez ici MOULT (2018-2019) pour orchestre : https://soundcloud.com/claraiannotta). L’immersion dans un univers sonore inédit est total : la force des ondes convoque le bruit des planètes et les micro craquements, presque organiques, évoquent le grouillement secret, imperceptible d’une vie continue, souterraine et présente (durée : presque 17mn).

clara-ianotta-portrait-classiquenews-concerts-metz-critique-presentation-classiquenewsLa rĂ©sidence qui lui a Ă©tĂ© offerte par l’Arsenal de Metz dĂ©coule de l’enthousiasme de David Reiland, actuel directeur de l’Orchestre National de Metz Ă  la suite de son Ă©coute de « Dead wasps » en 2016. L’idĂ©e de proposer Ă  Clara Iannotta d’écrire pour l’Orchestre National de Metz a germĂ© chez l’un et l’autre ; le chef Ă©tant curieux de dĂ©couvrir ce que l’approche hors normes de la compositrice romaine peut apporter aux musiciens de l’orchestre… Une interrogation qui devrait se concrĂ©tiser en septembre 2021 avec la crĂ©ation d’une nouvelle Ĺ“uvre pour orchestre que la compositrice amorcera fin 2020 ; d’une durĂ©e d’environ 20 mn, la partition sera Ă©troitement conçue aux cĂ´tĂ©s des instrumentistes de l’orchestre, prĂ©cisĂ©ment pour prĂ©parer leurs instruments en vue de la rĂ©alisation de l’œuvre. Dans le cadre de sa saison 2019 – 2020, la CitĂ© Musicale METZ offre des conditions optimales aux interprètes et crĂ©atrices d’aujourd’hui, les laissant libres d’approfondir encore et encore la rĂ©alisation de leur travail. C’est le cas de la danseuse Sarah Baltzinger qui a créé son dernier ballet le 29 janvier « Don’t you see it coming ? » LIRE notre prĂ©sentation de cette crĂ©ation qui explore le mythe de Barbe-Bleue. C’est aussi le cas de la joueuse de marimba Vasselina Serafimova qui prĂ©sente comme Clara Iannotta une sĂ©rie de programmes de son cru, avec les partenaires et les complicitĂ©s choisis, dont le nouveau programme « Time », rĂ©alisĂ© in loco le 9 janvier dernier… LIRE notre article METZ, Arsenal : l’écrin des musiciennes.

 

 

ACTIONS PEDAGOGIQUES… PrĂ©sente sur le territoire et dans la ville de Metz, la compositrice italienne associe Ă©troitement les jeunes publics Ă  sa quĂŞte des nouveaux sons. Elle fait de la pratique musicale, un voyage et une expĂ©rience. De quoi accrocher concrètement l’intĂ©rĂŞt des jeunes. En atelier (3 fĂ©vrier), autour de la notion de « jouets sonores », Clara Iannotta prĂ©sente et explique son travail aux lycĂ©ens, certains n’étant pas musiciens : «  ce qui est beaucoup plus intĂ©ressant et riche dans nos Ă©changes car ils sont sans prĂ©jugĂ©s », prĂ©cise la musicienne. Elle commente ce qui l’inspirĂ© au cours de l’écriture de Dead wasps ; pourquoi il s’agit de concevoir puis fabriquer les instruments nouveaux ; le titre de cette pièce comprend 3 volets ; au dĂ©part, il s’agissait d’une commande afin d’inventer une suite Ă  la Courante de la Partita de JS Bach ; après une analyse très fouillĂ©e de l’écriture, des sauts de notes, des Ă©chelles très rapides enchaĂ®nĂ©es, Clara Iannotta s’est intĂ©ressĂ©e aux glissandos ; elle en a dĂ©duit des images et des mondes sonores inĂ©dits, puis a identifiĂ© les gestes et la pratique nouvelle, adaptĂ©s aux cordes pour produire les sons. Sur le site de Clara Ianotta, il est possible d’écouter Dead wasps in the jam-jar (III) par la Quatuor Diotima (nov 2018) : ici : http://claraiannotta.com/2019/01/hear-dead-wasps-in-the-jam-jar-iii/

 

 

 

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 Illustration : Clara IANNOTTA © L Hossepied

 

L’ÉCOLE DE L’ÉCOUTE… En une démarche ludique et pédagogique, les lycéens messins comprendront à regarder et mesurer un son, à le questionner c’est à dire à deviner le geste qui le produit ; et la matière du « jouet sonore » dont il fait. « C’est un voyage interne dans le son, dans sa matérialité, sa densité, sa texture, sa genèse. Je ne m’intéresse pas à la temporalité musicale, c’est à dire à la notion de déroulement horizontal ; comment une note va d’un point A et à point B, ni à son développement, ni à l’enchaînement des sons différents. Avec les lycéens, j’aimerai regarder chaque son au microscope ; jauger, arpenter sa profondeur ; il s’agit d’une école de l’écoute ; il en résulte la découverte de craquements, de bruits, de dynamiques diverses. Mon approche est concrète. Avec les lycéens, je souhaite ensuite fabriquer les instruments qui produiront le son dont nous avons l’idée ; puis nous travaillerons de concert avec les élèves compositeurs du Conservatoire qui seront invités à composer pour les jouets sonores ainsi fabriqués », précise Clara Iannotta.

 

 


ianotta-clara-metz-portrait-analyse-dead-wasps-moult-eclipse-plumage-classiquenewsJOUETS MOTORISÉS : la « e-bow machine »…
L’inventivitĂ© sonore de Clara Iannotta sait aussi dĂ©tourner les instruments classiques. A partir du clavecin dont elle n’aime pas le son, ni son timbre, ni sa durĂ©e trop courte, la compositrice s’est intĂ©ressĂ©e Ă  l’apport des ondes magnĂ©tiques rĂ©vĂ©lĂ©es par l’utilisation des aimants agissant autour des cordes et qui produisent des ondes sonores sans contact (Ă©coutez “ Improvisation with my e-bow circuit machine, dĂ©c 2019 ” ; ici : https://soundcloud.com/claraiannotta). Le geste nĂ© du e-bow permet de produire une vague sonore particulièrement stable et puissante (l’inverse du clavecin). C’est l’apport des instruments motorisĂ©s, autre voie de recherche que dĂ©veloppe la compositrice avec la complicitĂ© de son partenaire depuis 2014, l’ingĂ©nieur Jan Bernstein. L’onde se dĂ©ploie comme un rayon continu, comme un faisceau saisissant par son intensitĂ© ; la machine permet de rĂ©gler au millimètre la frĂ©quence, et dans sa hauteur et dans sa longueur. Clara Iannotta en contraste et pour enrichir encore la texture de la matière sonore ainsi produite, ajoute des frottements, des enroulements percussifs qui semblent se cristalliser sur l’onde… Le spectre expressif de ce champs Ă©lectromagnĂ©tique est spectaculaire et hypnotique. De quoi renforcer la place de l’Arsenal de METZ tel un laboratoire musical, le lieu des expĂ©rimentations imprĂ©vues. Et si dĂ©sormais les nouvelles voies de la recherche musicale contemporaine montraient leurs visages Ă  Metz ? Cycle Ă  suivre.

 

 

 

AGENDA : les concerts de CLARA IANNOTTA Ă  venir Ă  METZ
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mer 5 février 2020, 20h
Arsenal Salle de l’Esplanade

Produire de nouveaux univers sonores, rĂ©inventer les formes du concert… la quĂŞte des compositeurs contemporains italiens Clara Iannotta et Francesco Filidei, « figures de la nouvelle gĂ©nĂ©ration », s’avère passionnante. L’Ensemble Linea permet la rĂ©alisation des sonoritĂ©s envisagĂ©es, « innover en transformant des objets en instruments et mettre l’inventivitĂ© au service du spectacle ». Ainsi le concert conçoit le jeu comme terreau d’expĂ©rimentation et renforce le pouvoir onirique de la musique. C’est le cas des deux Ĺ“uvres de Clara Iannotta Ă  l’affiche de ce concert dont l’envoĂ»tant Eclipse Plumage
DurĂ©e : 1h10 – Ensemble Linea, direction : Jean-Philippe Wurtz

 

 

ECLIPSE PLUMAGE (2019)
Pour la première fois à Metz, Clara Iannotta travaille avec l’ensemble électronique Linea, un collectif qu’elle connaît mais avec lequel elle n’avait encore jamais réalisé de programmes. Eclipse Plumage est une nouvelle réflexion / recherche sur le parcours sinusoïdal des ondes, en un jeux de vibrations et de distorsions, selon que les aimants se rapprochent des cordes. En jouant sur le dessin des crêtes, l’intensité des pulsations, la compositrice semble dilater l’espace et le temps, les replier en une suite de signaux dont elle modifie constamment l’amplitude et la fréquence, mais en demeurant toujours dans la verticalité du son. Ici aucune recherche sur le développement temporel, l’idée d’une construction logique comme d’un déplacement mélodique ou harmonique cadré et formaté. Clara Iannotta met en lumière la notion des temporalités non fixes et jamais semblables. D’ailleurs pour elle, l’idée d’un temps identique n’existe pas. Il y a des temporalités multiples, simultanées. Pas de temps universel. Il semble que le matériau sonore s’organise en failles vertigineuses où s’engouffrent et se libèrent des éclats de matières sonores mobiles ; où surgissent aussi des hululements sourds évoquant toujours ce rapport trouble dans l’imaginaire de la compositrice, entre bruits abstraits et cris du vivant. La réalisation est toujours saisissante. Ecoutez ici Eclipse plumage (2019) : https://soundcloud.com/claraiannotta
(durée : 18mn).

Programme :
Francesco Filidei : Finito ogni gesto, Ballata 3
Clara Iannotta : ECLIPSE PLUMAGE – D’après Troglodyte Angels Clank By

RESERVEZ ici :
https://www.citemusicale-metz.fr/agenda/reveries-italiennes

 

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mer 25 mars 2020, 20h
Arsenal Salle de l’Esplanade

mirgantes-carla-iannotta-concert-critique-classiquenewsEngagé sur le front des métissages culturels et de la création, l’Ensemble Linea propose dans « Migrantes », un concert abordant les thèmes de la migration et de l’égalité des genres. « Composé d’œuvres écrites par des femmes originaires d’Asie, du Moyen Orient, d’Océanie ou d’Europe, ce programme rend hommage à la richesse des croisements culturels et au courage, à l’humanité et à la force de femmes artistes qui, partout dans le monde, tentent de faire entendre leur propre voix et celle d’une culture imprégnée de métissages ». Clara Iannotta ouvre ce concert avec « Paw-marks in wet cement (ii) », partition sur la mémoire.

DurĂ©e : 1h – Ensemble Linea, direction : Jean-Philippe Wurtz / contrebasse : Florentin Ginot

Clara Ianotta prĂ©sente sa nouvelle version du Concerto pour piano ; il ne s’agit pas d’une Ĺ“uvre concertante classique, mais du jeu simultanĂ© de 3 instrumentistes qui jouent dans le piano. Tous les sons de l’œuvre proviennent du piano, lieu de transformation, boĂ®te expĂ©rimentale et caisse de rĂ©sonance unique d’oĂą jaillissent et se fondent les sons, Ă  partir du clavier « prĂ©paré »

Programme :
Clara Iannotta : Paw-marks in wet cement (ii)
Zeynep Toraman : …A gilding process that echoes back to ancient times (Création mondiale).
Liza Lim : The table of knowledge pour contrebasse seule
Feliz Macahis : Nouvelle oeuvre pour ensemble Création
Rebecca Saunders : Fury II pour contrebasse et ensemble

RESERVEZ ici :
https://www.citemusicale-metz.fr/agenda/migrantes

 

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boutonreservationBEETHOVEN ET LA MODERNITÉ
mar 31 mars 2020, 20h
Arsenal, Salle de l’Esplanade

Clara Iannotta, poursuit sa résidence à la Cité musicale-Metz, et dévoile de nouveaux fragments de son travail en cours d’accomplissement. A partir des objets dont elle fait des instruments, la compositrice italienne réinvente son propre spectre sonore, envisage de nouvelles passerelles entre expérimentation ludique et nouvelles écritures sonores.
diotima-quatuor-beethoven-carla-iannotta-concert-critique-metz-classiquenewsComplices de ce labyrinthe aux prolongements inédits, les instrumentistes du Quatuor DIOTIMA repousse les frontières de l’exploration esthétique : « Dead wasps in the jam-jar (iii) » plonge le spectateur dans « d’insondables profondeurs où le solo du violon s’étire dans des dimensions océaniques ». Pour l’année Beethoven 2020, dont est joué le sublime et visionnaire Quatuor n°15, les Diotima tisse les passerelles entre le prophète romantique et les perspectives ouvertes énoncées, permises par l’écriture de Carla Iannotta. La musique n’est-elle pas un questionnement continu qui ne cesse de réinventer les formes de l’avenir ?

DurĂ©e : 1h30 – Quatuor Diotima.

Clara Iannotta présente le 3è volet du cycle Dead wasps, réflexion et recherche spécifiques sur les glissandos et les sauts, créant à partir des instruments à cordes joués autrement, les sinus harmoniques inédits qui semblent à la fois immobiles et infinis.

Programme :
Karol Szymanovski : Quatuor n°2
Clara Iannotta : « Dead wasps in the jam-jar » (iii)
pour quatuor à cordes et électronique
Ludwig van Beethoven : Quatuor n°15

RESERVEZ ici:
https://www.citemusicale-metz.fr/agenda/beethoven-et-la-modernite

 

 

 

 

 

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 METZ-cite-musicale-metz-abonnements-saison-musicale-2019-2020-classiquenews

 

 

 

RESERVATIONS & INFORMATIONS
3 programmes événements de CLARA IANNOTTA à METZ
https://www.citemusicale-metz.fr

 

 

LIRE aussi notre présentation des 5 temps forts de la saison musicale 2019 2020 à la Cité musicale METZ
https://www.classiquenews.com/metz-cite-musical-metz-saison-2019-2020-temps-forts/

 

 

 

 

 ECOUTER VOIR CLARA IANNOTTA :

skull ark, upturned with no mast (2017–18) from Clara Iannotta on Vimeo.

 

TOURS, Opéra. Le Barbier de Séville de ROSSINI de Pelly et Pionnier

babrier-pelly-rossini-tours-critique-trio-terzetto-acte-II-opera-critique-classiquenewsTOURS, OpĂ©ra. ROSSINI : Le Barbier de SĂ©ville : 29 janv – 2 fĂ©v 2020. Eblouissant Barbier de Rossini par Laurent Pelly et Benjamin Pionnier. jusqu’au 2 fĂ©vrier 2020. On ne saurait souligner la rĂ©ussite totale de cette production, pour certains, dĂ©jĂ  vue (créée Ă  Paris en 2017), mais Ă  Tours rĂ©activĂ©e sous la direction de Benjamin Pionnier et avec une distribution qui atteint l’idĂ©al.

Rossini en 1816, à peine âgé de 25 ans, ouvre une nouvelle ère musicale avec ce Barbier sommet d’élégance et de pétillance et qui semble sublimer le genre buffa. La réalisation à l’Opéra de Tours en exprime toutes les facettes, tout en soulignant aussi la justesse de Laurent Pelly qui signe ici l’une de ses meilleures mises en scène rossiniennes. Directeur des lieux, le chef d’orchestre Benjamin Pionnier est bien inspiré de programmer ce spectacle en le proposant aux tourangeaux. Une manière inoubliable de fêter l’année nouvelle et de poursuivre la saison lyrique 2019 – 2020 à Tours.

LIRE NOTRE PRÉSENTATION du Barbier de SĂ©ville de Rossini par Laurent Pelly et Benjamin Pionnier Ă  l’OpĂ©ra de Tours, jusqu’au 2 fĂ©vrier 2020. Production Ă©vĂ©nement

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ONL LILLE : 8è Symphonie de MAHLER (reportage nov 2019)


mahler-mille-ONL-LILLE-alexandre-Bloch-vignette-classiquenewsREPORTAGE vidĂ©o 8è symphonie de MAHLER... ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, Alexandre BLOCH. La 8è Symphonie des Gustav Mahler est un Everest orchestral, choral et lyrique créé en 1910 dont le colossal des effectifs (jamais vu jusque lĂ , d’oĂą son sous titre « des Mille », pour 1000 musiciens sur scène) Ă©gale l’exigence morale, poĂ©tique, spirituelle. PrĂ©sentation de la partition composĂ©e d’une première partie de tradition contrapuntique traditionnelle mais revisitĂ© (Hymne « Veni Creator Spiritus »), puis d’une seconde partie qui aborde comme un opĂ©ra, la dernière partie du second Faust de Goethe. Y paraissent de nombreux personnages Magna Peccatrix, Pater Ecstaticus, Pater Profundus, Doctor Marianus, Mulier Samaritana, Maria Aegyptiaca, … enfin Mater Gloriosa, sans omettre les choeurs des anges, le chĹ“ur Mysticus en une fresque flamboyante qui exprime les forces vitales de l’Amour et le pouvoir de l’Eternel FĂ©minin, source de salut et de rĂ©demption pour le monde et l’humanitĂ©. Entretien avec les interprètes et les parties engagĂ©es dans la rĂ©alisation de ce dĂ©fi suprĂŞme pour l’Orchestre National de Lille. C’est l’un des jalons du cycle Ă©vĂ©nement dĂ©diĂ© aux Symphonies de Gustav Mahler par l’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH, directeur musical. 12mn – © studio CLASSIQUENEWS  -  rĂ©alisation : Philippe-Alexandre PHAM (nov 2019)

 

COMPTE RENDU, critique, concert. TOURS, Opéra, le 11 janvier 2020. Concert du nouvel An, OSRCVLT, Benjamin Pionnier. Strauss, Tchaikovsky, Brahms…

Benjamin Pionnier, nouveau directeur de l'OpĂ©ra de ToursCOMPTE-RENDU, critique, concert. TOURS, OpĂ©ra, le 11 janvier 2020. Concert du nouvel An, OSRCVLT, Benjamin Pionnier. Strauss, Tchaikovsky, Brahms… Superbe soirĂ©e qui donne du baume au cĹ“ur en ce dĂ©but d’annĂ©e 2020 Ă  Tours. Le chef Benjamin Pionnier, directeur gĂ©nĂ©ral de l’OpĂ©ra de Tours, poursuit son travail avec les musiciens maison ; une collaboration qui est marquĂ©e par un Ă©largissement significatif du rĂ©pertoire ; par l’accroissement de l’expĂ©rience musicale grâce Ă  l’invitation faite Ă  d’autres chefs invitĂ©s aux profils variĂ©s, ce qui est toujours profitable pour rĂ©duire les effets de la routine ; par des actions nouvelles vers les jeunes publics (l’OpĂ©ra de Tours a Ă©tĂ© l’un des premiers Ă©tablissements lyriques Ă  lancer les « concerts bĂ©bé » … depuis lors, complets tout au long de la saison)…
Ce soir, c’est l’esprit viennois et la magie des valses des Strauss, père et fils qui s’exportent de Vienne à Tours. Il faut toute la première partie (Ouverture des Joyeuses Commères de Windsor de Nicolai, Suite de Casse-Noisette opus 71, …) pour chauffer les instruments, pour que le collectif atteigne une volubilité expressive, une évidente légèreté.
Ce n’est pourtant pas la direction du chef, claire et prĂ©cise qui manque d’entrain. D’autant que le programme Ă©gale en rĂ©alitĂ© le concept sur mĂ©diatisĂ© du concert du nouvel an Ă  Vienne ; le directeur de l’OpĂ©ra de Tours inaugure mĂŞme un cycle totalement viennois ou règnent Ă©videmment la facĂ©tie heureuse, l’énergie hyper Ă©lĂ©gante des deux Strauss lĂ©gendaires, Johann 1 et 2, le père et le fils. Tradition instituĂ©e par le Philharmonique de Vienne, dans la salle dorĂ©e du Musikverein chaque 1er janvier (depuis 1939), les deux totems, universellement connus et lĂ©gitimement cĂ©lĂ©brĂ©s, « le Beau Danube bleu », du fils ; puis « la Marche de Radetsky », du père sont jouĂ©s et enchainĂ©s ce soir Ă  Tours en sĂ©quence finale ; le chef conduisant mĂŞme le public rĂ©joui, prĂŞt Ă  rĂ©aliser sa claque d’encouragement (comme Ă  Vienne), mais en respectant aux bons moments, les nuances piano et forte.

 

 

 

Valses viennoises Ă  Tours

 
 

 
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Les Danses hongroises (5 et 6) de Brahms ouvrent ainsi le bal dans la nervosité quasi électrique, sachant caractériser avec la souplesse requise les superbes effets de contrastes. Enfin une certaine urgence se fait entendre, conférant au concert ce rayonnement sonore et cette intensité, souhaités.

On se dĂ©lecte dans la mĂŞme mesure de la Polka opus 330 de Johann 2 intitulĂ©e « Fata Morgana », rarement donnĂ©e et qui rappelle combien les valses du fils redoublent d’intelligence dramatique, d’imagination, … en une Ă©criture foisonnante de pĂ©ripĂ©ties expressives, servies par une orchestration des plus raffinĂ©es. C’est bien un rĂ©servoir d’idĂ©es et de nuances qui pourraient davantage ĂŞtre dĂ©veloppĂ©es dans ce qui s’affirme ĂŞtre un vrai poème symphonique (plus esquissĂ© que longuement dĂ©ployĂ©).
La vivacitĂ© du chef fait merveille dans une autre pĂ©pite symphonique, celle-ci plus cĂ©lèbre, la Polka rapide opus 324, autre chef d’oeuvre de Johann fils, tableau climatique dont l’entrain irrĂ©pressible, la verve rĂ©jouissante, suscitent de très efficaces effets de tonnerre et d’Ă©clairs, comme le rappelle le chef au prĂ©alable, s’adressant au public.

 

 

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Avec « Sang Viennois » / Wiener Blut (1873), le même Johann fils atteint une suavité mélodique d’une rare élégance là encore, dont l’exposé préliminaire réservé aux seules cordes annonce la grâce d’un autre Strauss (mais qui n’a rien à voir avec la famille des faiseurs de valses), Richard. Difficile d’imaginer que c’est avec ce standard depuis lors célébré que Johann Strauss dirige pour la première fois, le Philharmonique de Vienne, jusque là rétif à jouer ses partitions (!).

VoilĂ  qui inscrit dĂ©finitivement Johann Strauss 2, parmi les plus grands crĂ©ateurs symphoniques et lyriques ; et c’est bien sur ses deux activitĂ©s que reposent aujourd’hui la force expressive comme l’habiletĂ© de l’Orchestre de l’OpĂ©ra de Tours dont le chef directeur prend soin de cultiver l’appĂ©tence. La programmation en cours le montre bien, diversitĂ© de la saison lyrique, passant par exemple du prochain Barbier de SĂ©ville de Rossini (fin janvier 2020) Ă  Powder her face de Thomas Hades (en avril) ; mĂŞme exigence pour la saison symphonique qui renforce un Ă©clectisme inĂ©dit comme formateur pour les instrumentistes sans omettre la diffusion des programmes sur le territoire. La ville de Tours et la rĂ©gion Centre-Val de Loire dont l’Orchestre porte le nom, ont bien de la chance de pouvoir compter aujourd’hui avec un tel acteur culturel. Ce soir, Ă  l’initiative de Benjamin Pionnier, les tourangeaux ont fĂŞtĂ© la nouvelle annĂ©e dans l’énergie, la souplesse, l’élĂ©gance, grâce Ă  ce programme qui semblait venir directement du Musikverien de Vienne. Une suggestion : comme il aurait Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ© que soit jouer aussi Offenbach dont le sourire et la finesse Ă©taient admirĂ©s de Johann Strauss II son contemporain; d’autant que Benjamin Pionnier a su crĂ©er la première mondiale en français de son opĂ©ra Les FĂ©es du Rhin de 1864 (jusque lĂ  connu dans sa version viennoise)… C’était en octobre 2018, un Ă©vĂ©nement lyrique qui reste mĂ©morable. A suivre.

 

 

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COMPTE-RENDU, critique, concert. TOURS, Opéra, le 11 janvier 2020. Concert du nouvel An, OSRCVLT, Benjamin Pionnier. Strauss, Tchaikovsky, Brahms… Illustrations / photos : © Opéra de Tours 2020

 

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Agenda 2020

Prochains Ă©vĂ©nements Ă  l’OpĂ©ra de Tours : Le Barbier de SĂ©ville de Rossini, 29 janv – 2 fĂ©v 2020. B. Pionnier, direction / L. Pelly, mise en scène (avec Guillaume Andrieux, Anna Bonitatibus, Patrick Kabongo…).
Concert Beethoven (Symphonie n°8 en fa majeur, Op.93 ; Air de concert pour soprano et orchestre « Primo Amore » ; Egmont, Ouverture et musique de scène pour le drame de Goethe, Op. 84, avec Marie Perbost, soprano et Jacques Vincey, rĂ©citant – sam 8 et dim 9 fĂ©vrier 2020) – Ă©vĂ©nement pour les 250 ans de Beethoven

Infos & Réservations : http://www.operadetours.fr

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Vidéo

 

 


L'Opéra de TOURS réussit la création mondiale des Fées du Rhin d'OffenbachVOIR notre reportage : TOURS, Opéra. Offenbach : Les Fées. Les 28, 30 septembre, 2 oct 2018. Dans Les Fées, Offenbach dévoile déjà son génie de la mélodie, sa puissante inspiration, un talent de dramaturge qui sait traiter le genre “noble” du grand opéra, avec chœur omniprésent, duos amoureux, trios cyniques et diaboliques, confrontations multiples entre soldats crapuleux et villageois sans défense, sans omettre le ballet et aussi, sujet oblige, un tableau onirique et fantastique, surnaturel et magique (le Rocher des Elfes au III). La création de la version française (car Les fées n’ont jamais été jouées en France du vivant de l’auteur), est en soi un événement lyrique, réalisé par l’Opéra de Tours. L’ouvrage ainsi dévoilé, devrait révéler avant Les Contes d’Hoffmann, le talent d’un Offenbach déjà en 1864, passionné par la féerie…
http://www.classiquenews.com/video-reportage-opera-de-tours-creation-mondiale-des-fees-du-rhin-de-j-offenbach-1864/

Illustrations : © classiquenews 2020

 
 

  

 

COMPTE-RENDU, danse et concert. PARIS, 13è Art, le 31 déc 2019. FOLIA : Tarentelles et danse. Merzouki / FE COMTE, Le Concert de l’Hostel Dieu.

COMPTE-RENDU, danse et concert. PARIS, 13è Art, le 31 déc 2019. FOLIA : Tarentelles et danse. Merzouki / FE COMTE, Le Concert de l’Hostel Dieu. L’onirisme porte ce spectacle légitimement acclamé (depuis sa création en 2018) car la fusion de la danse hip hop et du baroque le plus échevelé tient du miracle ; un sens très appréciable de la transition et des enchaînements qui pourrait inspirer bien des concepteurs. A partir d’une collection de tarentelles napolitaines et autres standards baroques dont Vivaldi, les instrumentistes du Concert de l’Hostel Dieu et Franck-Emmanuel Comte aux claviers revisitent avec une trépidation engageante chaque section musicale qui devient tableau chorégraphique captivant sous l’effet des mouvements collectifs de la Compagnie de danseurs du chorégraphe Mourad Merzouki.

 

 

 

HIP HOP et BAROQUE
la fusion idéale du couple Merzouki et Comte

 

 

Baroque et hip hop : la " FOLIA "  Ă  PARIS !
 

 

La complicité et la compréhension mutuelle des deux artistes fonctionnent d’évidence, livrant un flux continu de force, de poésie, de pulsion rythmique et physique qui interroge le sens même des danses choisies dont la tarentelle. Tout s’enchaîne sans heurts, jouant des contrastes, de la variété des épisodes dont les mélodies chantées par la soprano Heather Newhouse ; le summum étant atteint avec le Nisi Dominus, Cum dederit de Vivaldi (Psaume 126) pour lequel la cantatrice paraît au sommet d’une immense sphère qui pourrait être sa robe mappemonde.
De part en part, d’immenses coloquintes évidées créent des coupoles végétales mobiles où se nichent instrumentistes, chanteuse, danseurs… Tout s’enchaîne avec grâce et cohérence, en particulier dans l’unité de la sélection musicale : les danseurs hip-hop s’accordent à l’acuité expressive des cordes. L’équation entre les écritures associées, de la danse contemporaine et urbaine, et de la musique baroque produit un théâtre du mouvement et de la vie particulièrement homogène, fruit de la rencontre féconde entre Mourad Merzouki et Franck-Emmanuel Comte.
A la vitalité permanente des tableaux répond aussi une réflexion sur le sens du spectacle : ce groupe qui porte des sphères, qui se renvoie un globe bientôt éclaté (avec effets de ralentis de corps en corps, assez sidérant) ne reflète-t-il pas la course de notre monde en perte d’équilibre et d’harmonie ? Et l’on comprend pourquoi « Folia » a été choisi comme titre générique. La tarentelle est une danse qui libère par sa transe. Libération d’un temps de convulsions dangereuses et menaçantes pour que naisse, enfin, ce monde miraculé, pacifié et fraternel que nous attendons de tous nos vœux et que sollicite en réalité le fabuleux spectacle. Il faut repérer les reprises de cette fresque hypnotique et saluer la volonté de bannir les frontières comme élargir le bénéfices des métissages artistiques : ce produit hors normes ravit les sens. Il régénère aussi l’approche du baroque sur la scène. Magique.

 

 

 

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LIRE aussi notre présentation de la saison 2019 2020 du Concert de l’Hostel Dieu
http://www.classiquenews.com/le-concert-de-lhostel-dieu-nouvelle-saison-2019-2020-temps-forts/

 

 

 

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LIRE aussi notre critique complète du cd FOLIA regroupant les musiques du ballet FOLIA
FOLIA-concert-hostel-dieu-franck-emmanuel-comte-cd-review-critique-cd-classiquenews-mourad-merzouki-critique-balletCD, critique. FOLIA. Le Concert de l’HOSTEL-DIEU, Franck-Emmanuel Comte, direction (1 cd 1001 NOTES, 2018). Voici un programme musical qui malgré son « prétexte » chorégraphique s’écoute avec plaisir, tant la sonorité, le geste, l’implication des musiciens du Concert de l’Hostel-Dieu savent incarner chaque séquence choisie, en un cycle dont l’unité fait sens, et ses contrastes, réactivent continument la tension et la vitalité.
https://www.classiquenews.com/cd-critique-folia-le-concert-de-lhostel-dieu-franck-emmanuel-comte-direction-1-cd-1001-notes-2018/

 

 

 

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A VENIR
Le Concert de l’Hostel Dieu et Franck Emmanuel Comte proposent en février 2020, la suite du cycle BAROQUE AU FEMININ (volet 2 : Compositrices françaises du Siècle des Lumières, les 11 et 12 février 2020), puis en juin, un focus sur une diva oubliée pourtant légendaire, Elisabeth DUPARC, « la Francesina », mer 10 juin 2020
LIRE ici notre présentation de ces deux temps forts de la saison 2019 2020 à LYON
http://www.classiquenews.com/le-concert-de-lhostel-dieu-nouvelle-saison-2019-2020-temps-forts/

 

 

 

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Festival Musique et Mémoire 2019 : La Fenice, Vox Luminis, Jean-Charles Ablitzer

musique-et-memoire-festival-2019-annonce-programmation-concert-opera-festival-concerts-annonce-critiques-classiquenewsVIDEO. MUSIQUE MEMOIRE 2019 : La Fenice, Vox Luminis et Jean-Charles ABLITZER, orgue (juillet 2019) – Le 26è Festival Musique et MĂ©moire poursuit son exploration des rĂ©pertoires entre XVIè et XVIIè avec La Fenice et Jean TubĂ©ry ; il met aussi en scène le formidable orgue ibĂ©rique de Grandvillars, rĂ©cemment inaugurĂ©, que joue l’organiste Jean-Charles Ablitzer (Tientos de Arauxo) auquel rĂ©pondent les voix uniques, cĂ©lestes, de VOX LUMINIS, interprètes du Requiem de Victoria – reportage © studio classiquenews.tv / RĂ©alisation : Philippe-Alexandre PHAM (juillet 2019)

Duo Ă  deux guitares : PALISSANDRE. cd MosaĂŻque (PARATY)

duo-palissandre-paraty-concert-critique-classiquenewsPALISSANDRE : MosaĂŻque (1 cd Paraty). Vanessa Dartier et Yann Dufresne compose le DUO de Guitares PALISSANDRE. Leur premier cd aidĂ© par PARATY Ă©blouit par ses audaces (transcriptions d’après Rameau, FaurĂ©) et sait aussi dĂ©voiler le tempĂ©rament mozartien du prĂ©romantique Antoine de LHOYER dont ils jouent dans sa version originale pour deux guitares, le Duo Concertant n°3 opus 31 – CLIP vidĂ©o © studio CLASSIQUENEWS.TV dĂ©c 2019

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COMPTE-RENDU, critique, concert. PARIS, salle Cortot, le 2 déc 2019. Le temps retrouvé / Li-Kung Kuo (violon), Cédric Lorel (piano)

COMPTE-RENDU, critique, concert. PARIS, salle Cortot, le 2 déc 2019. Le temps retrouvé / Li-Kung Kuo (violon), Cédric Lorel (piano). Au cœur du chambrisme français. Chausson, Saint-Saëns, Hahn, Ysaÿe… le duo Li-Kung Kuo (violon), Cédric Lorel (piano) à la faveur de leur récent cd édité par Cadence Brillante, intitulé « Le temps retrouvé » (récompensé par le CLIC de CLASSIQUENEWS), souligne l’âge d’or de la musique de chambre en France au temps de Proust dont ils ont proposé une certaine idée du goût musical, propre à la Belle-Epoque. Il n’y a aucun doute sur la qualité de cette musique évocatrice e poétique et l’on s’étonne toujours de ne pas l’écouter plus souvent dans les salles de concert.

 

 

Mille et une nuances du chambrisme français

 

 

Cédric LOREL, Li-Kung KUO : Le temps retrouvéSur les traces de la légendaire et très littéraire Sonate de Vinteuil, mythe proustien par excellence, les deux artistes abordent plusieurs auteurs du programme de leur cd, mais dans un ordre différent, terminant par Eugène Ysaÿe dont il trace ainsi un portrait complet, comme interprète et comme compositeur.
 A l’époque de Proust, le chant de l’âme vibrante et désirante s’exprime au violon ainsi : virtuosissime (Caprice opus 52 n°6, d’après Saint-Saëns d’Ysaÿe) ; âpre et profond, jusqu’à l’expiration enivrée (très wagnérien et tristanesque Poème de Chausson opus 25 ; extatique éperdu en une volupté heureuse (Nocturne de Hahn) …
Le sommet du récital à Cortot étant la Sonate n°1 de Saint-Saëns (opus 75) de 1885, sa petite mélodie aérienne, fruit d’un génie français de 50 ans, qui aura certainement inspiré Marcel, lequel n’hésitait jamais, comme pour mieux brouiller les pistes, à dire sa détestation de… Saint-Saëns justement. C’est pourtant bien cet air qui semble jaillir de l’enfance, naturel et coulant en une innocence, intacte et vive qui surgit comme second thème du premier mouvement, saisissant par sa simplicité et son intensité sincère. Proust y détecte comme un leit motiv emblématique de La Recherche du temps perdu, la « masse » du piano sous la ligne violonistique, écrit-il transporté, « multiforme, indivise, (…), la mauve agitation des flots que charme et bémolise le clair de lune ». Au cœur de l’inspiration proustienne, la musique qui a ce don de jaillir comme une source fécondante, continue. Tout le génie de Camille s’exprime alors, organisant la forme Sonate en un diptyque qui marque les esprits par son souffle, ses crépitements vifs argents, son charme « intérieur », ce « chic à la française » qui surpasse même l’élégance viennoise par sa profondeur et la sensualité de ses couleurs… que Cédric Lorel, remarquable de couleurs fauves en effet, par son toucher suggestif, … « proustien », réactive d’un bout à l’autre au clavier.
Sa complicité et son écoute offrent une assise souple et articulée au chant direct et intense du violoniste taiwanais Li-Kung Kuo dont la franchise sonore sait libérer la tension et maintenir l’expressivité du son de façon continue. Et c’est peu dire que le violoniste aborde avec une superbe chauffée à blanc la séquence ivre de doubles croches qui s’électrise en cascades irradiantes jusqu’au finale, éblouissant de santé apollinienne. Du cran et de la constance marque ce programme régénérant. Un bain de romantisme français d’une hallucinante maturité poétique.
Le Chausson (que créa Ysaÿe) culmine dans l’évocation de paysages crépusculaires où plane l’idée d’un envoûtement mystérieux.

UN AGE D’OR de la musique française… Rien n’est semblable à l’acuité expressive des compositeurs français que marque alors une nette volonté d’affirmer l’écriture nationale vis à vis des germaniques. Si Chausson, mort trop jeune, se forme en vérité en copiant les quatuors de Beethoven et de Schumann, saine vocation pour celui que son père força au droit, il nous laisse (avec Franck), une alternative au wagnérisme inévitable, que les deux interprètes ce soir, dévoilent avec une sûreté musicale et une grande finesse.
Et quelle belle idée de terminer le concert en jouant Lili Boulanger, très inspirée dans ce Nocturne (qui semble ainsi répondre à celui de Reynaldo Hahn, joué en ouverture). En un mot, superbe concert que l’auditeur retrouve dans le cd opportunément intitulé « le temps retrouvé ».

 

 

 

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LIRE aussi notre critique du cd Le temps retrouvé par Li-Kung Kuo (violon), Cédric Lorel (piano), édité en novembre 2019 chez Cadence Brillante.

COMPTE-RENDU, concert. BOULOGNE-BILL, la Seine Musicale, le 30 nov 2019. Haendel : Glory. Le Palais Royal. Jean-Philippe Sarcos, direction

COMPTE-RENDU, concert. BOULOGNE-BILL, la Seine Musicale, le 30 nov 2019. Haendel : Glory. Le Palais Royal. Jean-Philippe Sarcos, direction. Jean-Philippe Sarcos dirige son ensemble Le Palais royal (fondé en 2010) dans un programme de célébration, à caractère officiel car il s’agit des musiques de circonstances composées pour ses protecteurs Georges II et son épouse la reine Caroline. Chant exclamatif et majestueux pour le couronnement des souverains (1727, Coronation Anthems), surtout enchaîné sans entracte, le très rare Te Deum de Dettingen, hymne ambrosien, qui célèbre la victoire remportée «  à l’arrache » et de façon tout à fait imprévue voire rocambolesque par Georges II sur les français.

 

 

 

HAENDEL au cœur

 

 

 

HANDEL glory corporation anthems dettingen concert critique classique news le-palais-royal-jean-philippe-sarcos-event_gallery-1Pourtant en dĂ©pit de la dĂ©claration solennelle que promet le programme, le chef insiste avec raison sur la relation particulière qui rapproche Haendel et les Souverains. Des patrons certes mais surtout des amis : Haendel a connu en Allemagne le prince de Hanovre avant qu’il ne devienne roi d’Angleterre. Le compositeur Ă©tait très proche de la souveraine Caroline. Le programme exprime cette affection particulière du musicien pour ses protecteurs. Jean-Philippe Sarcos met lâ€accent sur une soirĂ©e oĂą le cĹ“ur et le sentiment prĂ©valent. Le decorum est bien lĂ , dans les effectifs et le style grandiose, mais comme Ă  son habitude, la musique de Haendel n’écarte pas la sincĂ©ritĂ© ni la profondeur. C’est bien lĂ  ce qui explique son gĂ©nie et qu’a bien compris Jean-Philippe Sarcos.
Des Coronations Anthems (HWV 258-261), les interprètes insufflent respirations et énergie ; Zadok the Priest en marque le sommet telle une arche spectaculaire, et le dernier, My heart is inditing / Mon cœur compose… (HWV 261) est un hommage direct à Caroline, sa douceur d’âme.

La pièce maîtresse est ici le Te Deum (HWV 283), partition rarement jouée, qui immédiatement dès son ouverture, fait résonner son caractère solennel et martial (excellence des 3 trompettes naturelles, dont les deux principales reviennent, mais cette fois étagées dans les balcons pour l’adagio de méditation / n°12, après l’annonce du Jugement dernier). Le chœur qui chante par cœur et gagne ainsi une évidente aisance dans le geste vocal et la projection du texte souligne dans la ferveur collective le sens glorificateur de la partition, saluant le Dieu des armées, et le Christ prêt au sacrifice. Parmi les solistes distinguons surtout deux personnalités très assurées, convaincantes : la taille toujours percutante, au verbe vif, acéré, de Mathias Vidal ; la solidité vocale, claire et elle aussi percutante du contre-ténor Carlo Vistoli. La voix est droite, parfaitement juste, véritable instrument, tranchant et aiguisé qui semble vouloir en découdre.
Directeur musical impliqué, Jean-Philippe Sarcos ne s’épargne aucune indication expressive pour porter et sculpter la matière vivante de son ensemble : instrumentistes et chanteurs vibrent au même diapason d’une évidente sincérité. A travers ce programme festif et royal dans sa forme et son intention, c’est le Haendel, intime et affectueux, sa personnalité fraternelle et communicative qui nous sont intensément révélés. Voilà qui souligne la présence du Baroque à la Seine Musicale ; un choix de programmation louable qui défend in loco, la diversité de l’offre.

 

 

 

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 Le Palais Royal / Jean-Philippe Sarcos (DR)

 

 

 

 

 

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COMPTE-RENDU, concert. BOULOGNE-BILL, la Seine Musicale, le 30 nov 2019. Haendel : Glory. Le Palais Royal. Jean-Philippe Sarcos, direction.

 
 

COMPTE-RENDU, critique, concert. METZ, Arsenal, le 22 nov 2019. MOZART, RAVEL. Orchestre National de Lorraine / David Reiland.

reiland-david-orchestre-national-de-metz-concert-annonce-classiquenewsCOMPTE-RENDU, critique, concert. METZ, Arsenal, le 22 nov 2019. MOZART, RAVEL. Orchestre National de Metz / David Reiland. Il est toujours rĂ©vĂ©lateur voire Ă©difiant de faire dialoguer au cours d’une mĂŞme soirĂ©e les deux compositeurs ; le premier, Mozart, gĂ©nie de l’élĂ©gance et de la sincĂ©ritĂ© incarnĂ©es ; le second, Ravel, grand admirateur du premier, restant le modèle absolu du raffinement et de l’incandescence… On regrette mĂŞme la cĂ©sure rĂ©alisĂ©e entre les deux parties du concert messin Ă  l’Arsenal, tant leur gĂ©nie respectif parle, dans l’écriture orchestrale, d’une mĂŞme lumière, d’une mĂŞme exigence.

 

 

 
Le National de Metz Ă  son meilleur

Grâce brillante, introspective de Mozart
VoluptĂ© Ă©ruptive de Ravel…

 

 

 

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David Reiland, directeur musical de l’Orchestre National de Metz © C Guir / CitĂ© musicale METZ

 

 

 

 

Directeur musical du National de Metz, David Reiland a le souci du dĂ©tail comme de l’architecture; passĂ© par Salzbourg, il connait l’équilibre subtile qui fait rayonner une sonoritĂ© spĂ©cifique Ă  l’orchestre en particulier dans la symphonie concertante pour violon et alto de Wolfgang, un sommet de tout ce qui, relevant de l’esprit des lumières, fut capable en intelligence, lĂ©gèretĂ©, esprit de conversation. Le tapis instrumental entre cordes et bois redouble de flexibilitĂ© bondissante, de vivacitĂ© Ă©lĂ©gante, de nerf comme d’Ă©loquence, en particulier au niveau des cordes toujours magnifiquement galbĂ©es sous le pilotage du chef.
Les deux solistes invitĂ©s Alena Baev (violon) et Adrien la Marca (alto), affirment une indĂ©niable musicalitĂ©, brillant comme deux gemmes complĂ©mentaires ; elle, du fait de la tessiture et du timbre mĂŞme de son instrument, solaire et vibrante ; lui, complice attentionnĂ©, tel son double noir, sombre Ă©videmment- instrument que jouait Wolfgang lui-mĂŞme, sĂ©duisant, percutant par cette gravitas, moins bavarde, plus subjective, directe. La personnalitĂ© des deux tempĂ©raments rayonne enveloppĂ©s, portĂ©s par un tel Ă©crin orchestral. Du moins on note une disposition plus solistique chez elle comparĂ©e Ă  son partenaire… qui en plusieurs reprises et appels en regards complices, … n’est guère exaucĂ©. Qu’importe la musicalitĂ© est lĂ , rayonnante.
De son côté, la direction du chef éblouit indiscutablement, ciselant un Mozart d’une acuité expressive directe mais nuancée en particulier dans le formidable Andante central qui atteint une profondeur hors temps suspendue, déjà romantique. Selon cette clairvoyance visionnaire dont est capable Mozart et dont il garde le secret spécifique.

La deuxième partie, purement orchestrale, confirme la complicité créative, engageante entre chef et musiciens.
Les Ravel sont tout autant passionnants. Ils rĂ©vèlent sous le feu flamboyant des instrumentistes la part de luciditĂ© et de clairvoyance finalement terrifiante d’un compositeur rattrapĂ© par le cynisme le plus impitoyable. La Valse tout d’abord dĂ©roule des rubans de soie voluptueux et melliflus, mais le rythme enivrant implose bientĂ´t en plein vol, produisant des sirènes Ă©tourdissantes ; spasmes et convulsions d’une irrĂ©pressible douleur : tĂ©moin de la guerre et de la barbare sanguinaire, Ravel tire la sonnette d’alarme orchestrale. On oublie souvent sous les effets d’une voluptĂ© amplifiĂ©e, oublieuse, et de plus en plus affirmĂ©e, le cri de cette conscience douloureuse. David Reiland et son orchestre expriment cette implosion graduelle qui fait basculer un Ă©lan prĂ©alablement enivrĂ©… en cauchemar formellement dĂ©tonant.
MĂŞme accomplissement pour le BolĂ©ro, entĂŞtant et envoĂ»tant Ă  souhait mais aussi d’une prĂ©cision millimĂ©trĂ©e que n’aurait pas reniĂ© Ravel lui-mĂŞme, passionnĂ© de mĂ©canique et d’horlogerie (grâce Ă  son père). On y dĂ©tecte dans la prĂ©cision et une transparence rythmiquement hypnotique (cf le mordant imperturbable de la caisse claire et sa formule rythmique d’un bout Ă  l’autre, Ă©noncĂ©e comme un compte Ă  rebours), un mĂŞme cycle de destruction qui passe de l’ivresse mĂ©lodique Ă  la convulsion orgiaque.
Assurément un concert rondement défendu qui confirme le niveau acquis grâce à l’entente du chef et des instrumentistes du National de Metz lesquels au terme de plusieurs bis n’hésitent pas à saluer comme le fait le public plus qu’enthousiaste, le charisme engageant de leur directeur musical. Voilà qui positionne idéalement le National de Metz ainsi électrisé par son chef, parmi le top 6 des meilleurs orchestres hexagonaux. A suivre.

 

 

 

 

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COMPTE-RENDU, critique, concert. METZ, Arsenal, le 22 nov 2019. MOZART, RAVEL. Orchestre National de Metz / David Reiland.

 

 

 

 

Critique précédente concert David Reiland / Orchestre National de Metz (13 sept 2019) :

COMPTE-RENDU, critique. MEZT, Arsenal, le 13 sept 2019. Concert d’ouverture saison 2019 2020. Mozart : Symphonie n°41 « Jupiter » / BERLIOZ : Harold en Italie. Adrien Boisseau, alto. Orchestre National de METZ. David Reiland, direction. Très réussi et même passionnant premier concert du National de Metz à l’Arsenal : pour l’ouverture de sa nouvelle saison 2019 – 2020, l’Orchestre National de Metz jouait ce vendredi 13 septembre 2019, Mozart puis Berlioz sous la direction de son directeur musical, depuis septembre 2018, David Reiland. La 41è faisait ainsi son entrée au répertoire de la phalange messine ; un point important car il s’agit aussi pour le maestro d’élargir et d’enrichir toujours les champs musicaux des instrumentistes messins. David Reiland a dirigé la 40è ici même en 2015, alors qu’il n’était pas encore directeur musical. Le maestro nous offre deux lectures investies, abouties, étonnamment ciselées et vivantes.

 

 

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COMPTE-RENDU, critique, oratorio. VERSAILLES, Chapelle royale, le 24 nov 2019. HAENDEL : La Resurrezione. Les nouveaux Caractères, Sébastien d’Hérin.

handel-haendel-portrait-classiquenewsCOMPTE-RENDU, critique, oratorio. VERSAILLES, Chapelle royale, le 24 nov 2019. HAENDEL : La Resurrezione. Les nouveaux Caractères, SĂ©bastien d’HĂ©rin. Les Nouveaux Caractères sous la direction de leur chef fondateur SĂ©bastien d’HĂ©rin donnent cet après midi la première de leur lecture d’un oratorio flamboyant mais dramatiquement saisissant : La Resurrezione de Haendel (1708), alors que le Saxon encore jeune achève son tour d’Italie, dĂ©couvrant Ă  Rome (1706 – 1710), et le genre de l’oratorio et l’expressivitĂ© virtuose de la ferveur italienne.
Il en découle un drame sacré d’une étonnante puissance, lié certes à la musique, mais aussi au texte d’un lettré romain, particulièrement inspiré par le sujet du mystère et du miracle de la Résurrection ; chaque témoins du Miracle exprimant sa sidération et sa compassion admirable à mesure que le Diable se réjouit au contraire de la mort du Sauveur dont il doute de la nature divine et salvatrice.
Haendel reprend ici la tradition des oratorios du XVIIè, des Sepolcri, de tous les oratorios qui organisent l’expansion du drame musical à partir des personnages clés que sont la Vierge, Marie-Madeleine, Jean… chacun de leur air cristallise l’émotion ressentie et l’intensité de leur foi revivifiée.
Sébastien d’Hérin réactive à son tour la puissance dramatique de la partition, dans l’énergie et d’indiscutables rebonds dramatiques, se rappelant très probablement les plus de 40 musiciens (jusqu’à 47 !) qui sous la direction de Corelli assurèrent la création du drame allégorique au Palais Bonelli (propriété du commanditaire le Prince Francesco Maria Ruspoli).

Versailles réussit un coup de maître
en associant au décor de la Chapelle royale,
l’oratorio romain La Resurrezione de Haendel
superbement dĂ©fendu par SĂ©bastien d’HĂ©rin et ses Nouveaux Caractères…

Haendel joue avec un instrumentarium minutieusement choisi (comme JS BACH dans ses Passions) et SĂ©bastien d’HĂ©rin dĂ©montre une rĂ©elle sensibilitĂ© pour les timbres, veillant Ă  la tenue des trompettes, hautbois, thĂ©orbe, viole de gambe, sans omettre le concert de flĂ»tes (Marie Madeleine ; ou la flĂ»te solo pour Jean) qui marquent de façon spĂ©cifique, le caractère de chaque intervention magnifiquement incarnĂ©e. D’autant que le choix des solistes accrĂ©dite la valeur de l’approche, dĂ©sormais emblĂ©matique du travail de SĂ©bastien d’HĂ©rin, dans la caractĂ©risation des personnages sacrĂ©s, dans l’explicitation graduelle et argumentĂ©e du drame, l’un des plus aboutis, des plus riches mĂ©lodiquement, et des mieux conçus par son architecture dramatique. On y relève par exemple le final de la première partie qui deviendra cette fameuse bourrĂ©e de la Water Music ; de mĂŞme que la conception impressionnantes des Ă©vocations confiĂ©es en particulier aux cordes, au souffle Ă©pique (entre autres, air pour Jean : “Cosi la tortorella” qui oppose la certitude ailĂ©e de la colombe aux plongeons tĂ©nĂ©breux du faucon prĂŞt Ă  la chasser et fondre sur elle…), annonçant les grands oratorios de la maturitĂ©, ceux anglais de la dĂ©cennie 1740 (auxquels appartient Le Messie). SĂ©bastien d’HĂ©rin n’omet ni les vertiges d’une foi Ă©clatante, ni la sincĂ©ritĂ© de chaque protagoniste dont sobre et percutant, le soprano direct de Caroline Mutel (Marie-Madeleine), comme l’aplomb textuel de la basse FrĂ©dĂ©ric Caton (Lucifer). En Delphine Galou que nous avions il y a quelques annĂ©es dĂ©couverte dans le Viol de Lucrèce de Britten Ă  Nantes, Marie-Cleophas gagne un relief Ă©vident, une prĂ©sence indĂ©niable grâce Ă  sa persuasion mĂ©lismatique et son sens du texte. Les nouveaux Caractères n’en sont pas Ă  leur premier concert dans le château de Louis XIV : ils y ont ressuscitĂ© Le Devin du village de Rousseau, ou L’Europe Galante de Campra… avec ce mĂŞme souci de prĂ©cision et de vraisemblance expressive.

 

 

 

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Les auditeurs de la Chapelle royale de Versailles savent l’acoustique si particulière du lieu historique. Le jour de Pâques 1708, c’est la diva Durastanti qui chantait Madeleine tandis que deux castrats réalisaient les deux parties de soprano. A Versailles, sous la voûte peinte et son sujet du Christ ressuscité (par le néovénitien et grand coloriste La Fosse), la musique de Haendel a su émouvoir et toucher l’audience en une expérience unique qui se produit comme rarement quand le geste musical, le thème du drame, collent idéalement à l’écrin patrimonial qui les accueille (La Fosse peint sa Résurrection à la même époque que Haendel soit de 1708 à 1710 : magistrale convergence !). Superbe production qui atteste de la grande maturité artistique de l’ensemble fondé par Sébastien d’Hérin : Les Nouveaux Caractères. A suivre.

 

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COMPTE-RENDU, critique, oratorio. VERSAILLES, Chapelle royale, le 24 nov 2019. HAENDEL : La Resurrezione. Les nouveaux Caractères, Sébastien d’Hérin.

Jeanine De Bique, soprano (l’Ange)
Caroline Mutel, soprano (Marie-Madeleine)
Delphine Galou, contralto (Marie-Cleophas)
Hugo Hymas, ténor (Jean)
Frédéric Caton, basse (Lucifer)

Les Nouveaux Caractères
Sébastien d’Hérin, direction musicale

 

 

 

 

Les Nouveaux Caractères, SĂ©bastien d’HĂ©rin Ă  VERSAILLES :

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rousseau cd dvd critique nouveaux caracteres herin critique cd versailles spectacles sur classiquenewsCD, critique. ROUSSEAU : Le devin du village (Château de Versailles Spectacles, Les Nouveaux Caractères, juil 2017, cd / dvd). “Charmant”, “ravissant”… Les qualificatifs pleuvent pour évaluer l’opéra de JJ Rousseau lors de sa création devant le Roi (Louis XV et sa favorite La Pompadour qui en était la directrice des plaisirs) à Fontainebleau, le 18 oct 1752. Le souverain se met à fredonner lui-même la première chanson de Colette, … démunie, trahie, solitaire, pleurant d’être abandonnée par son fiancé… Colin (« J’ai perdu mon serviteur, j’ai perdu tout mon bonheur »). Genevois né en 1712, Rousseau, aidé du chanteur vedette Jelyotte (grand interprète de Rameau dont il a créé entre autres Platée), et de Francœur, signe au début de sa quarantaine, ainsi une partition légère, évidemment d’esprit italien, dont le sujet emprunté à la réalité amoureuse des bergers contemporains, contraste nettement avec les effets grandiloquents ou plus spectaculaire du genre noble par excellence, la tragédie en musique.

campra europe galante cd herin les nouveaux caracteres cd critique review cd la critique cd par classiquenewsCD, critique. CAMPRA : L’EUROPE GALANTE, 1697 (Nouveaux Caractères, Hérin, nov 2017 – 2 cd CVS Château Versailles Spectacles). Campra dut-il décamper ? Le 24 oc 1697, le compositeur employé de l’Archevèque de Paris, n’avait pas souhaité voir mentionné son nom sur les affiches et le livret car son patron n’aurait pas vu d’un bon œil la conception d’un ouvrage à la sensualité et aux références érotiques scandaleuses… Dans les faits, Campra revendiquera officiellement la paternité de l’Europe Galante, puis du Carnaval de Venise de 1699, après s’être libéré de ses engagements d’avec l’Archevêché de Paris en octobre 1700. Le Ballet selon la terminologie du XVIIè (et non pas « opéra-ballet » comme il est dit aujourd’hui par les musicologues), séduit immédiatement par la sensualité séduisante de son écriture, la fine caractérisation des actes selon le lieu concerné et le style « ethnographique » évoqué.

 

 

 

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COMPTE-RENDU, critique. LILLE, le 20 nov 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des Mille. Orch National de Lille, Alexandre Bloch, direction.

COMPTE-RENDU, critique. LILLE, le 20 nov 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des Mille. Orch National de Lille, Alexandre Bloch, direction.

HOMEPAGE-gustav-mahler-BLOCH-alexandre-portrait-2019-chef-orchestre-national-de-lille-annonce-concert-opera-classiquenewsLa plus colossale, la plus spectaculaire et pourtant sous les effectifs impressionnants, (plus de 1000 musiciens à la création)… pénétrante, bouleversante, humaine. Le propre du chef Alexandre Bloch est de nuancer l’échelle spectaculaire de la symphonie « cosmique » que Mahler compose en quelque mois à l’été 1909 : le maestro, directeur musical du National de Lille, en exprime l’unité architecturale et l’irrépressible élan salvateur. S’il est bien une symphonie rédemptrice et élévatrice, celle ci serait un sommet. Car l’édifice est surtout spirituel, lié à la ferveur personnelle du compositeur : un acte de foi, une expérience de partage et de fraternité retrouvée où l’homme peut être sauvé s’il s’ouvre à l’Amour que lui accorde l’Eternel féminin. Voilà pour le sens général, ascensionnel et de moins en moins terrestre. Sur le plan de la réalisation, le chef est confronté à tous les défis.

QUE JAILLISSE L’ESPRIT CRÉATEUR… En latin, l’hymne chrĂ©tien de la PentecĂ´te, « Veni creator », exalte d’abord (première partie) toutes les forces d’espĂ©rance, les aspirations des fervents pour que jaillisse l’Esprit CrĂ©ateur. En tant qu’auteur lui-mĂŞme, Mahler devait ĂŞtre plus qu’aucun autre, concernĂ© par le mystère de l’inspiration et de la crĂ©ation ainsi invoquĂ©. EngagĂ© et passionnĂ© par son sujet, le compositeur a souhaitĂ© inventer sa propre Ă©criture en collant au texte ; sans rĂ©fĂ©rence Ă  aucun motif prĂ©alable (ni valses, ni ländler ici contrairement Ă  ses symphonies prĂ©cĂ©dentes), il invente littĂ©ralement une nouvelle « prosodie orchestrale » oĂą le chant et la parole des instruments articulent le texte latin. Alexandre Bloch dĂ©taille et explicite ce concept miroitant, autogĂ©nĂ©rateur…  de « variance » (1), oĂą un mĂŞme motif est recyclĂ© en autant de dĂ©clinaisons possibles, produisant en parentĂ© proche et semblable, une multitude d’épisodes divers. Tout est Ă  la fois appareillĂ© mais diffĂ©rent. L’architecture du contrepoint atteint un sommet de complexitĂ© (double fugue) que le chef Ă©claire de l’intĂ©rieur, veillant toujours au sens fraternel global, Ă  la souveraine cohĂ©rence organique que le principe de “variance” prĂ©serve, malgrĂ© le colossal des effectifs rĂ©unis.
Pour se faire, le chœur britannique Philharmonia Chorus (impliqué, vivant, préparé par son chef Gavin Carr) relève les défis d’une partition qui saisit et même foudroie : ici l’incantation du verbe choral « terrasse » même ; il assoit la solidité de l’édifice qui se déroule et se déploie sous nos yeux, occupant un espace de plus en plus large ; idem pour les plus jeunes chanteurs (Jeune Chœur des Hauts de France, piloté par Pascale Dieval-Wils), apportant le scintillement vif argent des angelots, surtout des Enfants Bienheureux : dans la partie II, inspirée par Goethe, chacune de leur intervention y jalonne l’élévation du corps de Faust, vers son accomplissement spirituel complet, accueilli par Mater Gloriosa.

 

 

 

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La première partie est en soi une synthèse de toute la musique sacrée polyphonique depuis la Renaissance, mais avec ce laboratoire instrumental propre à Mahler (juif, lui-même converti au catholicisme). On sent bien que ce travail particulier fait écho à son cheminement personnel, le plus critique comme le plus exigeant.
Avec l’expérience de toutes les symphonies précédentes, l’Orchestre National de Lille et son chef en mesurent toutes les nuances, chaque aspiration et chaque vertige d’espérance ou de sidération panique, autant de tentatives, de souhaits vécus par le fervent, confronté à lui-même.

Suite de l'odyssĂ©e MAHLER par l'Orchestre National de LilleLE FAUST TRANSCENDÉ DE MAHLER… La Seconde partie est assurĂ©ment le seul opĂ©ra que Mahler ait jamais composĂ©. Directeur de l’OpĂ©ra de Vienne pendant une dĂ©cade, le compositeur connaĂ®t le rĂ©pertoire lyrique comme peu Ă  son Ă©poque : de Mozart Ă  Beethoven, de Strauss, Debussy Ă  Wagner. Il faut remettre dans la genèse de chaque opus symphonique, le travail spĂ©cifique du chef, dirigeant les opĂ©ras des grands maĂ®tres. Le second volet de la 8è recycle et Wagner et Strauss, mais dans l’écriture propre Ă  Mahler, avec ces aspĂ©ritĂ©s instrumentales, la diversitĂ© de sĂ©quences qui suivent Ă  la lettre l’enjeu dramatique du sujet, dans le texte de Goethe (ultime scène, Faust II) : la machine orchestrale s’appuyant sur les ressources des choeurs et des 8 solistes expriment cette opĂ©ration mystique qui assure l’élĂ©vation et la rĂ©demption du hĂ©ros ; lĂ  oĂą Schumann et Berlioz ne parlaient que de damnation, ou, dans le cas d’une salvation, ils s’autorisaient Ă  n’évoquer que celle de Marguerite, Mahler embrasse plus large ; rĂ©capitule la tradition romantique faustĂ©enne et « ose » mettre en musique le salut final du hĂ©ros qui avait pourtant pactisĂ© avec le dĂ©mon. Chance lui est offerte d’être sauvĂ© par l’absolu pardon que permet l’Eternel FĂ©minin (quelle soit ici Magna Peccatrix / Magdalena, Samaritana ou Mater Gloriosa) : dĂ©itĂ© souveraine, « reine du ciel » dont ici le docteur Marianus se fait le tĂ©moin, si Ă©mu, et si convaincant (un vĂ©ritable intercesseur).
Alexandre Bloch n’oublie jamais l’échelle de l’humain en dĂ©pit du colossal effectif. Exploitant les facilitĂ©s permises par la salle du Nouveau Siècle, les solistes d’abord dans l’orchestre pour le Veni Creator, car ils sont adorants comme la foule des chĹ“urs, se prĂ©sentent ensuite comme des acteurs sur le devant de la scène, chacun selon son air soliste et le personnage d’une action lyrique (Pater Ecstaticus, Pater Profundis), puis donc Doctor Marianus, tĂ©moin terrassĂ© ; enfin les 3 femmes, pĂ©nitentes sublimes (trio fĂ©minin). Toujours, il s’agit d’amour et de compassion ; d’appels brĂ»lant Ă  l’amour. Le chef les porte, souligne chaque intervention (d’une activitĂ© wagnĂ©rienne), comme un tĂ©moignage s’adressant directement au public. L’exhortation exclamative du Veni Creator s’immisce insidieusement ainsi dans le texte de Goethe : il lui souffle son urgence, son ardeur embrasĂ©e. Et finalement, on perçoit l’étonnante cohĂ©rence qui respire d’une partie Ă  l’autre.

ACCOMPLISSEMENT A LILLE… Ecriture picturale d’une invention prodigieuse, ce Faust mahlĂ©rien prolonge par ses couleurs et ses crĂ©pitements fauves, tout ce que les premiers romantiques Berlioz, Schumann, Liszt ont apportĂ© au mythe. Il n’est que d’écouter ici l’ample prĂ©lude introductif qui dĂ©peint la solitude de Faust ermite dans la montagne pour mesurer l’acuitĂ© et la profondeur de Mahler. Sa capacitĂ© Ă  peindre et exprimer le drame du hĂ©ros que la question taraude. On y dĂ©tecte et la profonde insatisfaction de l’homme, et l’ample souffle de la Nature qui se dĂ©robe.
Généreux comme à son habitude, engagé et mesurant aussi en délicats équilibres, l’impact de chaque pupitre traité en bloc agissant, détaillé, articulé (cuivres, cordes, vents et bois), Alexandre Bloch nous offre une superbe leçon d’éloquence orchestrale au service de ce cheminement progressif qui conduit Faust éreinté, des ténèbres à la lumière ; du terrestre au céleste, sous la caresse permanente de la Femme protectrice, compassionnelle, généreuse, omnisciente.

Pour assoir encore l’assise chtonienne de la cathédrale, le maestro opte comme à Vienne où a été triomphalement créée en 1910, la 8è, pour l’alignement des 10 contrebasses sur toute la rangée du fond de l’orchestre. Outre un son collectif puissant et volontaire, l’Orchestre National de Lille auquel se sont joints plusieurs membres complémentaires de l’Orchestre de Picardie, en un partenariat judicieux, démontre son haut niveau d’expertise solistique. Percent, ronds et actifs, clarinettes, flûtes, hautbois ; mais aussi le prodigieux cor solo, le premier violon (Fernand Iaciu), … c’est un collectif d’individualités qui se dressent, témoignent, exultent dans le partage, jusqu’à l’accomplissement final (choeur mysticus).

 

 

 

Jalon du cycle Mahler 2019, la symphonie des Mille
confirme l’évidente séduction de l’Orchestre National de Lille

Du colossal et du spirituel
L’ivresse fraternelle de la 8è par Alexandre BLOCH

 

 

 

 

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Parmi les solistes, d’une remarquable musicalitĂ©, les voix de Daniela Köhler (sop I : Magna Peccatrix), de Michaela Selinger (Samaritana) se distinguent particulièrement, par leur rondeur naturelle, leur projection Ă©vidente ; comme le Doctor Marianus du tĂ©nor Ric Furman, soucieux du texte. On y retrouve ce sens du relief et de l’incarnation, identique Ă  celui qui inspirait Solti lorsqu’il optait pour des voix wagnĂ©riennes – amples mais articulĂ©es et très finement caractĂ©risĂ©es.
Chacun dĂ©fend sa partie comme celle d’un opĂ©ra, mais avec le souffle universel que vĂ©hicule le texte de Goethe. Alexandre Bloch n’en oublie pas pour autant audaces et singularitĂ©s saisissantes de l’écriture de Mahler : l’orchestre en plusieurs passages dessinent comme un vortex sonore, aux couleurs et harmonies inĂ©dites dont le chromatisme et l’exacerbation prolongent Wagner et rejoignent aussi son contemporain – autre grand symphoniste et narrateur habile dans les fresques saisissantes : Richard Strauss (prĂ©cisĂ©ment celui de La Femme sans ombre, conçue dans la mĂŞme dĂ©cennie que la 8è).
On attend d’ailleurs Alexandre Bloch dans les œuvres symphoniques de ce dernier. Certainement un chantier complémentaire, jouant comme un double, en un autre cycle attendu, espéré… qui pourrait se révéler tout aussi passionnant que celui dédié cette année à Gustav Mahler.
L’ambition du chef, aujourd’hui directeur du National de Lille se confirme ainsi indiscutablement. Alexandre Bloch a ce caractère des grands guides, capable de fédérer autour d’un fil ambitieux : chaque jalon du « feuilleton » MAHLER l’a démontré. La réalisation d’une telle œuvre reste exceptionnelle ; elle est aussi redoutable que spectaculaire ; son enjeu spirituel fusionnant avec les effectifs pharaoniques requis pour l’exprimer. Sur chacun de ces plans, chef et musiciens ont offert au Nouveau Siècle de Lille, un indiscutable accomplissement. Mais pour se faire, il a fallu aussi associer les ressources locales et les rendre complémentaires. De sorte que cette 8è de Mahler est aussi la concrétisation d’une action exemplaire de concertation et d’implication de différents acteurs sur un même territoire : ici orchestres National de Lille, de Picardie, Jeune Chœur des Hauts de France. Le « terrassement » souhaité dans sa première partie ; le tournoiement des « soleils » et des « planètes », évoqués par Mahler à propos de son œuvre (dans une lettre adressée au chef Mengelberg), se sont bien réalisés à Lille sous la conduite d’Alexandre Boch. Il s’agit bien d’un jalon particulièrement convaincant (avec les 3è et 7è symphonies) de ce cycle désormais majeur dans la vie de l’Orchestre.

Prochain rv Mahler à Lille par l’Orchestre National de Lille, dernier épisode, Symphonie n°9, les 15 et 16 janvier 2020. Le cd de la 7è symphonie est annoncé au printemps 2020.

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COMPTE-RENDU, critique. LILLE, le 20 nov 2019. MAHLER : Symphonie n°8 des Mille. Orch National de Lille, Alexandre Bloch, direction.

Gustav Mahler
Symphonie n°8, dite “Des Mille”
Direction : Alexandre Bloch
Sopranos: Daniela Köhler, Yitian Luan, Elena Gorshunova / 
Altos: Michaela Selinger, Atala Schöck / 
Ténor: Ric Furman / 
Baryton: Zsolt Haja
 / Basse : Sebastian Pilgrim
Orchestre National de Lille
  /  Orchestre de Picardie
Philharmonia Chorus
 / Chef de chœur : Gavin Carr
Jeune Chœur des Hauts-de-France
Cheffe de chœur : Pascale Dieval-Wils
Illustrations : remerciements à © Ugo Ponte / ONL 2019

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Approfondir

 

 

 

La minute du chef : la 8ème Symphonie / l’écriture spĂ©cifique de Gustav Mahler expliquĂ©e par Alexandre Bloch (principe de “variance”, identifiĂ© par Adorno) (1)
https://www.youtube.com/watch?v=dKyM441oMGA

 

 

 

La 8ème Symphonie dans son intégralité
https://www.facebook.com/france3nordpasdecalais/posts/2861139047264898

 

 

 

LIRE aussi notre annonce de la Symphonie n°9, les 15 et 16 janvier 2020
http://www.classiquenews.com/symphonies-n8-des-mille-symphonie-n9-de-gustav-mahler-a-lille/

 

 

VIDEO – REPLAY / Revoir aussi (jusqu’en avril 2020), toutes les Symphonies de Gustav Mahler par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch sur le site YOU TUBE de l’ONL Orchestre National de Lille (avec de nombreux modules vidĂ©o des musiciens et de tĂ©moins expliquant leur comprĂ©hension de l’univers malhĂ©rien)

https://www.youtube.com/user/ONLille

 

 

 

 

 

COMPTE RENDU, critique, opéra. TOURS, Opéra, le 4 oct 2019. MOZART : Cosi fan tutte. Boudeville, Feix… B Pionnier / G Bouillon.

COMPTE RENDU, critique, opéra. TOURS, Opéra, le 4 oct 2019. MOZART : Cosi fan tutte. Boudeville, Feix… Benjamin Pionnier, direction / Gilles Bouillon, mise en scène. Pour lancer sa nouvelle saison lyrique 2019 2020, l’Opéra de Tours réaffiche COSI FAN TUTTE du divin MOZART, dernier opus de la trilogie conçue avec Da ponte (Vienne, 1790). Ce dernier avait déjà traité le sujet de l’infidélité et de l’inconstance du désir dans un précédent livret pour l’opéra de Salieri, La Scuola degli Gelosi (l’école des jaloux) de 1783. Pour Wolfgang, le propos devient « la scuola degli amanti / l’école des amants, avec pour devise générique « Cosi fan tutte » : elles font toutes pareil (autrement dit, toutes les femmes sont infidèles). La production a déjà été créée in loco en 2014, sa justesse mérite absolument d’être reprise. Et puis rien de tel qu’un bon Mozart pour amorcer un nouveau cycle d’opéras.

Aucune rĂ©fĂ©rence Ă  cette Naples XVIIIème qui souvent continue de marquer les mises en scènes les plus rĂ©centes. L’homme de théâtre (ex directeur du CDN de Tours), Gilles Bouillon, a rĂ©solument inscrit ce Cosi comme une fable contemporaine dans une espace moderne oĂą brille surtout la vivacitĂ© des femmes, grâce Ă  un excellent trio fĂ©minin rĂ©uni pour cette reprise sur les planches de l’opĂ©ra de Tours. Car la devise qui sert de titre offre en rĂ©alitĂ© un miroir Ă  une sociĂ©tĂ© machiste : au nom de l’inconstance des femmes, Mozart et Da Ponte dĂ©noncent surtout les hommes qui non seulement sont infidèles et volages, mais fustigent et condamnent celles qui osent faire de mĂŞme, outrageusement libres, maĂ®tresses de leur corps et de leur plaisir.
Au sortir des deux actes de ce dramma giocoso, c’est l’incohérence et l’hypocrisie des hommes qui sortent ridiculisées. Avant de juger, certains feraient bien de s’analyser et faire amende honorable.

 

 

Reprise du Cosi de Gilles Bouillon à l’Opéra de Tours

Angélique Boudeville,
mozartienne de grande classe

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A Tours, les voix de femmes sont à la fête, soulignant tout ce que l’ouvrage, son texte, sa divine musique doivent au génie mozartien, premier féministe avant l’heure.

Petite voix mais volubile et habile en travestissements (en faux mĂ©decin, adepte du mesmerisme, au I ; puis au II, faux notaire Ă  la vois Ă©raillĂ©e, aigrelette), la Despina de DIMA BAWAB souligne la saveur comique de l’action : comĂ©dienne astucieuse et interprète sincère, elle respire l’esprit, la facĂ©tie, le goĂ»t du jeu et une bonne dose de militantisme fĂ©mininiste : c’est elle qui rééduque les deux jeunes oies trop crĂ©dules. N’hĂ©sitant pas Ă  rudoyer ces jeunes patronnes en les traitant de bouffonnes, et d’Ă©pingler les hommes qui ne valent rien et qui « se valent tous ».
En Fiordiligi et Dorabella, les spectateurs tourangeaux bĂ©nĂ©ficient de deux tempĂ©raments aussi caractĂ©risĂ©s que subtils, aussi puissants que racĂ©s qui relèvent les dĂ©fis multiples de leurs duos et solos. Les deux françaises choisies pour ce duo fĂ©minin parmi les plus passionnants du rĂ©pertoire, Ă©blouissent littĂ©ralement chacune dans leurs parties. Dorabella d’abord de marbre puis qui succombe au charme du bel albanais (Ferrando dĂ©guisĂ©), ALIÉNOR FEIX dĂ©ploie de solides attraits ; voix ample et franche, sculptĂ©e en une voluptĂ© de plus en plus manifeste ; un cran au dessus est atteint avec l’impeccable Fiordilgi d’ANGÉLIQUE BOUDEVILLE ; la finesse et la beautĂ© de son diamant clair soutenu par une coloratoure fluide et naturelle et des aigus rayonnants par leur douceur d’attaque, semblent raviver les grandes mozartiennes d’hier, tenantes du rĂ´le : Della casa, CaballĂ©, Te Kanawa… Il y a du miel et une lumineuse candeur qui foudroient, dans cette voix mozartienne naturelle. Si elle soigne encore davantage le sens et la puretĂ© de son legato, les riches nuances de chaque syllabe, son intelligibilitĂ© et la subtilitĂ© des phrases, la jeune diva pourrait prĂ©tendre demain aux plus redoutables emplois belcantistes et aux autres rĂ´les mozartiens remarquables (Suzanna, la Comtesse, Pamina…) ; dans Cosi, ses deux airs solos (Come scoglio au I, puis son Rondo « Per pietà » au II)… vĂ©ritables airs de concerts exigeants des moyens phĂ©nomĂ©naux, imposent une classe exceptionnelle, soliditĂ© des moyens, intelligence de l’intonation et conception du rĂ´le dans la situation…, Ă  l’avenant. Belle rĂ©vĂ©lation d’un talent Ă  suivre Ă©videmment.

Les hommes ne déméritent pas mais sont d’un niveau en dessous : moins de souplesse comme de nuances, quoique Leonardo Galeazzi campe un Don Alfonso sûr, moqueur, très au faîte de la connaissance humaine, un vrai mentor pour édifier les deux jeunes fiancés prétentieux. Ceux ci sont défendus avec conviction par le baryton Marc Scoffoni (Guglielmo) et Sébastien Droy (Ferrando) mais comme il leur manque la finesse d’un chant mieux ciselé, c’est à dire mozartien.

 

 

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Dans la fosse, Benjamin pionnier diffuse l’équilibre idĂ©al d’un Mozart Ă  la fois chambriste et d’une infinie tendresse fraternelle pour ses personnages. La souplesse chantante des cordes fait ici les dĂ©lices du trio « soave il vento » (Alfonso / Dorabella / Fiordiligi au I), temps suspendu d’une exceptionnelle sensualitĂ© caressante ; les solos instrumentaux sont impeccablement calibrĂ©s dans ce labyrinthe des cĹ“urs, oĂą la passion se frotte Ă  l’illusion ; l’amour, aux caprices du dĂ©sir ; les dernières espĂ©rances, Ă  la barbarie de l’amour volage …
Jamais les voix ne sont couvertes mais elles rayonnent toutes distinctement dans les ensembles… (dans les sextuors du II). Du reste, le maestro redoublent de prĂ©cision et de transparence soulignant tout ce que Cosi doit aux deux prĂ©cĂ©dents opĂ©ras de la trilogie Da ponte, Don Giovanni et les Nozze di Figaro ; sans omettre d’autres traits si proches qui annoncent La FlĂ»te EnchantĂ©e (1791) Ă  maints endroits… : le duo Ferrando / Dorabella du II, prĂ©figurant dans les jeux de mots et l’esprit scherzando, l’étreinte facĂ©tieuse du duo Ă  venir, Papageno / Papagena. Tout cela s’entend Ă  Tours dans cette reprise de haute volĂ©e auquel participe aussi la prĂ©cision du chĹ“ur maison, prĂ©parĂ© avec le soin que l’on sait par la cheffe Sandrine Abello. Production incontournable.Encore deux dates, demain, dim 6 oct (15h), puis mardi 8 oct 2019 (20h) : RĂ©servez ici

 

 

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COMPTE RENDU, critique, opéra. TOURS, Opéra, le 4 oct 2019. MOZART : Cosi fan tutte. Boudeville, Feix… Benjamin Pionnier, direction / Gilles Bouillon, mise en scène.

 

 

Opéra de TOURS : COSI FAN TUTTE de MozartCOSI FAN TUTTE de Mozart
Opéra buffa en deux actes
Livret de Lorenzo da Ponte
Créé le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne
Production de l’Opéra de Tours
Durée : environ 3h30 avec entracte

Direction musicale: Benjamin Pionnier
Mise en scène: Gilles Bouillon

Fiordiligi : Angélique Boudeville
Dorabella : Alienor Feix
Despina : Dima Bawab
Ferrando : Sébastien Droy
Guglielmo : Marc Scoffoni
Don Alfonso : Leonardo Galeazzi
Choeur de l’Opéra de Tours
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours

Décors: Nathalie Holt
Costumes: Marc Anselmi
Lumières: Marc Delamézière

Photos : © Sandra Daveau 2019 pour l’Opéra de TOURS
Prochaines productions Ă  l’OpĂ©ra de Tours : Le DOCTEUR MIRACLE de Charles Lecocq, les 12, 13 et 14 dĂ©cembre 2019 – version pour piano et pour les juniors (et toutes leurs familles) –  pour NoĂ‹L 2019 :  LES P’TITES MICHU d’AndrĂ© Messager : Ch Grapperon / RĂ©my BarchĂ© – les 27, 28, 29 et 31 dĂ©cembre 2019 – informations ici

 

 

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LIRE aussi notre présentation de COSI FAN TUTTE, reprise à l’Opéra de TOURS
http://www.classiquenews.com/nouveau-cosi-fan-tutte-de-mozart-a-lopera-de-tours/

 

 

 

 

COMPTE-RENDU critique, opéra. NANTES, Opéra Graslin, le 2 oct 2019. THOMAS : Hamlet. Franck van Laecke / Pierre Dumoussaud.

HAMLET-ophelie-opera-nantes-angers-rennes-critique-classiquenews-homepage-582COMPTE-RENDU critique, opĂ©ra. NANTES, OpĂ©ra Graslin, le 2 oct 2019. THOMAS : Hamlet. Franck van Laecke (mes) / Pierre Dumoussaud (dir musicale). Le gĂ©nie dramatique d’Ambroise Thomas Ă©clate dans Hamlet (1868). Sa force thĂ©atrale claque mĂŞme Ă  l’esprit des spectateurs tant la succession des tableaux s’enchaĂ®ne dans le style de Shakespeare et de Verdi ; rien n’y est Ă  jeter tout au long des deux premiers actes (entre autres) : denses, justes, prĂ©cis dans l’exposition et le dĂ©veloppement de chaque personnage, dans le profil de leur lente descente aux enfers.
Les contrastes des climats, la clartĂ© et l’intensitĂ© des situations rayonnent d’autant mieux dans la mise en scène de Frank Van Laecke : sobre, efficace, elle illustre le profil d’Hamlet dès le dĂ©but comme un dĂ©calĂ© social, solitaire dans sa chambre sĂ©pulcrale, clairement portĂ© sur l’alcool dont il tire une ivresse oublieuse, insolente, moqueuse. Le solitaire illuminĂ© que tout le monde pense « fou », a des visions que le dispositif unique rend visible, sous la forme de tableaux vivants qui occupent l’espace central, qui s’ouvre et se referme. Au devant de la scène, Hamlet pense, cogite, telle une ombre errante ; il soliloque et fait face au public dans la formidable scène du spectre, assurĂ©ment la scène la plus spectaculaire de la partition.

Tout commence par un somptueux duo d’amour que n’aurait pas reniĂ© Gounod (celui de RomĂ©o et Juliette, créé un an avant Hamlet, en 1867) : autres cĹ“urs inspirĂ©s shakespeariens, – mais eux aussi, maudits, Hamlet et OphĂ©lie y Ă©changent des serments d’une rare intensitĂ©.
Puis le fantastique et le surnaturel prennent bientĂ´t le pas sur cette histoire somme toute assez banale de trouble dynastique et royale Ă  la cour danoise. Ce qui nous vaut une scène mĂ©morable oĂą le spectre du père assassinĂ©, paraĂ®t Ă  Hamlet (et aussi devant Marcellus et Horatio mĂ©dusĂ©s, hallucinĂ©s ; preuve qu’il n’est pas fou comme le pense sa mère Gertrud) ; en une sĂ©quence très forte et face au public, Hamlet dĂ©veloppe son grand air de vengeance et de rage haineuse, chauffĂ© Ă  blanc par la voix paternelle qui lui enjoint (terrible injonction) Ă  le venger : il n’existe pas de drame plus terrifiant ni de rĂ´le plus engageant Ă  l’opĂ©ra sauf peut-ĂŞtre celui très proche d’Elektra, elle aussi dĂ©truite et dĂ©munie, face Ă  sa mère dĂ©loyale et Ă  son père qui a Ă©tĂ© trahie et assassinĂ©.
Ambroise Thomas écrit un rôle écrasant pour bartyon, dans la réalité le célèbre Jean-Baptiste Faure- vedette à l’Opéra de Paris sous la direction du très inspiré Emile Perrin, dès l’hiver 1862. Ce même chanteur célébré à son époque et qui chanta Posa dans Don Carlos de Verdi créé à Paris également en 1867, fut effectivement l’ami de Manet ; surtout, ce que ne précise pas le livret programme édité par Angers Nantes Opéra, c’est que Jean-Baptiste FAURE commanda plusieurs tableaux à l’immense Edgar Degas… autant de vues exceptionnelles de l’orchestre et de la scène de l’Opéra de Paris, des portraits d’instrumentistes aussi… joyaux à voir absolument sur les cimaises du Musée d’Orsay, écrin de l’actuelle exposition (passionnante) : « Degas à l’Opéra » (jusqu’en janvier 2020).

Après ce monologue sidĂ©rant oĂą un fils parle Ă  son père mort (Hamlet / le spectre), oĂą Shakespeare Ă©gale le mythe grec antique (Elektra / Agamemnon), surgit l’âme sacrifiĂ©e mais elle aussi dĂ©lirante et poĂ©tique, d’OphĂ©lie ; son premier air qui succède presqu’immĂ©diatement au surnaturel sidĂ©rant qui a prĂ©cĂ©dĂ©, est celui d’une amoureuse, sombre, très rĂ©aliste et dĂ©sespĂ©rĂ©e sur l’amour et les serments illusoires… prĂ©ambule bouleversant au magnifique tableau de la noyade Ă  l’acte IV) ; sa coloratoure est dune soie sombre et lugubre, produit singulier du gĂ©nie de Thomas.

 

 

 

Nouvelle production événement à NANTES et à ANGERS

Ambroise Thomas, génie du drame shakespearien
HAMLET : Mille et une nuances de NOIR…

 

 

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Puis c’est la mère dĂ©passĂ©e elle aussi et qui « a peur ». Enfin s’accomplit la formidable conclusion de l’acte II, celui de la pantomime, théâtre dans le théâtre, achève cette succession d’épisodes saisissants. A travers le meurtre du roi Gonzague, jouĂ©, parodiĂ© avec la distance requise par 3 comĂ©diens très drĂ´les, Hamlet indique clairement Ă  sa mère (Gertrud) et son usurpateur d’oncle (Claudius) qu’il sait tout du crime que les deux veulent cacher. C’est un autre grand moment du drame ; habile, la mise en scène rĂ©tablit la puissance d’un grand moment de théâtre : d’un coup imprĂ©visible, le drame lyrique dĂ©borde de la scène habituelle et s’inscrit dans l’espace de la salle des spectateurs ; le couple royal paraĂ®t dans une vraie loge, le choeur d’hommes investit la vraie salle, de sorte que les spectateurs  assistent Ă  une vraie mascarade en prĂ©sence des souverains d’Elseneur. L’effet est saisissant. Ici le raffinement d’Ambroise Thomas place un somptueux solo pour saxophone, exprimant la superbe de ce couple de parfaits imposteurs, qui sont de vrais criminels.
Dans la partition, Thomas associe alors l’effroi feint du roi et de la reine, (amplifiĂ©e par le chĹ“ur qui chante au balcon parmi le public), et l’air d’ivresse d’un Hamlet dĂ©nonciateur et pourtant impuissant, Ă  la fois triomphant et dĂ©truit. C’est l’un des plus grands moments dramatiques de tout l’opĂ©ra romantique français. Et parfaitement traitĂ© par le metteur en scène. Belle rĂ©alisations ; et pour les spectateurs, formidable expĂ©rience.

Solide distribution pour l’un des ouvrages les plus exigeants du Romantisme français. Dans le rĂ´le-titre, Charles Rice s’il ne maĂ®trise pas totalement les nuances du français (il est quand mĂŞme un peu fâchĂ© avec les « u »), dĂ©ploie une raucitĂ© puissante, intense tout au long d’un rĂ´le Ă©crasant pour les barytons ; saluons le souci d’intelligibilitĂ© du soliste et aussi sa concentration qui Ă©claire de l’intĂ©rieur, le feu Ă  la fois haineux et hallucinĂ© qui le ronge jusqu’à la fin ; dĂ©jĂ  Ă©coutĂ©e ici mĂŞme dans Cendrillon de Massenet (oĂą elle incarnait la fĂ©e bienveillante), la quĂ©bĂ©coise Marianne Lambert, diseuse convaincante dans le lied et la mĂ©lodie, construit pas Ă  pas l’exceptionnel rĂ´le d’OphĂ©lie, amoureuse noire, depuis ses ivresses et aspirations Ă©perdues – en cela très proche de la Juliette de Gounod ; jusqu’au tableau de sa folie psychique (et vocale) puis sa noyade dans l’acte IV,… sublime romantisme lugubre et dĂ©sespĂ©rĂ© mais d’une puissante force poĂ©tique (l’Ă©gal de la Mort d’OphĂ©lie de Berlioz ?). Si la voix reste petite, sa suavitĂ© et sa sincĂ©ritĂ© touchent immĂ©diatement, mĂŞme si l’on perd (et c’est dommage) beaucoup de texte. Face Ă  ces deux solitudes condamnĂ©es au sacrifice, le couple des meurtriers s’impose tout autant ; Philippe Rouillon incarne un Claudius faussement fragile et idĂ©alement manipulateur, quand le mezzo de Julie Robard-Gendre (dĂ©jĂ  Ă©coutĂ©e ici aussi dans OrphĂ©e et Eurydice de Gluck version Berlioz) personnifie sans appui ni outrance, la peur et l’effroi dĂ©muni de la mère d’Hamlet.

 
 
 

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Tous les seconds rôles sont corrects ; et l’on doit saluer, s’agissant d’un opéra romantique français, assurément l’un des plus aboutis en 1868, à l’époque du Second Empire, le couple Horatio / Marcellus, témoins terrassés des visions d’Hamlet, eux mêmes ayant vu le spectre de son père : respectivement la basse Nathanaël Tavernier et le ténor Florian Cafiero, à l’intelligibilité parfaite. Les chœurs sont à notre avis trop sonores : leur texte reste inintelligible. L’Orchestre National des Pays de la Loire sous la baguette souple et scrupuleuse de Pierre Dumoussaud relève les défis d’une partition particulièrement « composite » (cf les jugements d’époque), redoutable en réalité dans le passage des caractères et des situations, sans omettre les très nombreux solos instrumentaux (cor dès l’ouverture ; hautbois et flûte pour les apparitions d’Ophélie ; en particulier le saxo dont le monologue qui permet d’assoir la crudité réaliste de la pantomime à la fin du II, est magnifiquement assumé par Baptiste Blondeau : et l’on se dit, quel orchestrateur et quel génie des ambiances et des couleurs était Thomas, le grand oublié de nos scènes lyriques.
Remonter et faire redĂ©couvrir ainsi Hamlet suscite les plus grands Ă©loges : la lecture est juste et ardemment dĂ©fendue, intensĂ©ment et subtilement incarnĂ©e. Saluons lĂ  encore Angers Nantes OpĂ©ra de poursuivre sa dĂ©fense de notre patrimoine national. Ambroise Thomas fusionne selon nous, Verdi et Gounod. D’autant qu’ici, inspirĂ© par Shakespeare, il invente vĂ©ritablement l’opĂ©ra noir et psychologique qui n’existait pas encore en France. ComparĂ© Ă  Berlioz, – sa Damnation de Faust par exemple, le messin Thomas est d’une texture plus âpre, poĂ©tiquement très subtile qui exige d’être ciselĂ©e comme du Mozart ; tout en rugissant, comme du… Verdi. Fascinante rĂ©surrection, encore Ă  l’affiche de l’OpĂ©ra Graslin de NANTES le 4 octobre 2019; puis Ă  ANGERS, Grand Théâtre, les dim 24 puis mardi 26 nov 2019. Incontournable. Ainsi l’institution lyrique des Pays de la Loire ouvre avec pertinence sa nouvelle saison 2019 – 2020.

 
 
 

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Photos : © JM Jagu / Angers Nantes Opéra

 
  

COMPTE-RENDU, critique. MEZT, Arsenal, le 13 sept 2019. Concert d’ouverture saison 2019 2020. Mozart : Symphonie n°41 « Jupiter » / BERLIOZ : Harold en Italie. Adrien Boisseau, alto. Orchestre National de METZ. David Reiland, dir.

COMPTE-RENDU, critique. MEZT, Arsenal, le 13 sept 2019. Concert d’ouverture saison 2019 2020. Mozart : Symphonie n°41 « Jupiter » / BERLIOZ : Harold en Italie. Adrien Boisseau, alto. Orchestre National de METZ. David Reiland, direction. Très rĂ©ussi et mĂŞme passionnant premier concert du National de Metz Ă  l’Arsenal : pour l’ouverture de sa nouvelle saison 2019 – 2020, l’Orchestre National de Metz jouait ce vendredi 13 septembre 2019, Mozart puis Berlioz sous la direction de son directeur musical, depuis septembre 2018, David Reiland. La 41è faisait ainsi son entrĂ©e au rĂ©pertoire de la phalange messine ; un point important car il s’agit aussi pour le maestro d’élargir et d’enrichir toujours les champs musicaux des instrumentistes messins. David Reiland a dirigĂ© la 40è ici mĂŞme en 2015, alors qu’il n’était pas encore directeur musical. Le maestro nous offre deux lectures investies, abouties, Ă©tonnamment ciselĂ©es et vivantes.

 

 

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Dans les faits, c’est d’abord un formidable travail sur les cordes qui s’affirme : flexibilitĂ© et articulation constantes, apportant Ă  l’architecture mozartienne sa grande soliditĂ© structurelle et un sens naturel des respirations. Chaque phrase est magistralement Ă©tirĂ©e, explicitĂ©e, avec des nuances savoureuses, sur des tempi roboratifs. Ainsi l’Allegro initial affirme une Ă©nergie pleine d’équilibre et d’élĂ©gance, parfaitement adaptĂ© au dessin nĂ©oclassique et lui-mĂŞme architecturĂ© de la grande salle. L’Andante qui suit saisit par son intensitĂ© et sa profondeur dans l’épure la mieux Ă©noncĂ©e ; c’est une effusion lĂ  encore riche en nuances et passages dynamiques maĂ®trisĂ©s oĂą deux qualitĂ©s nous semblent dĂ©sormais emblĂ©matiques de David Reiland : sa tendresse intĂ©rieure, son Ă©lĂ©gance expressive. Du très peu – un matĂ©riau finalement très rĂ©duit, le chef construit une totalitĂ© qui respire et Ă©meut ; rĂ©vĂ©lant chez Mozart, le magicien du cĹ“ur et de la profondeur ; sa mĂ©lancolie dĂ©jĂ  romantique, son urgence Ă  la dĂ©passer… Enfin le Finale (Molto Allegro) gagne un surcroĂ®t de mordant et d’articulation, rĂ©vĂ©lant la puissance d’un contrepoint dont l’énergie mais aussi le dĂ©tail des timbres, la violence rythmique prĂ©figurent dĂ©jĂ  Beethoven. Et l’on se dit, davantage qu’ailleurs, comme il aurait Ă©tĂ© passionnant sous une telle direction, de dĂ©couvrir ce que Mozart aurait composĂ© après 1791 s’il n’était pas mort si tĂ´t.

 

 

 

Dans la forge berliozienne,
élégance et nuance, passion et contrastes de David Reiland

 

 

 

Reiland davidDans la seconde partie (après l’entracte), un autre bain orchestral, celui tout aussi captivant du Berlioz de 1834. Soit quatre ans après la Fantastique qui est déjà en soi un Everest symphonique. Déjà présenté (mais avec récitant) à La Côté Saint-André cet été dans le cadre du Festival BERLIOZ 2019 (celui des 150 ans de la mort d’Hector), « Harold en Italie » stigmatise les sentiments contradictoires de Berlioz avec l’Italie. David Reiland en délivre une lecture magistrale par son souci du détail, de la tension et de la respiration poétique. Chaque accent semble inscrit dans un vaste mouvement dont la compréhension globale surprend et convainc. Chez Berlioz, le motif du paysage italien suscite un embrasement des sens, de la jubilation extatique à la transe quasi grimaçante (cf le Finale et son « orgie de brigands »), dévoilant chez Hector, l’alchimiste symphonique, dont la fougue et l’inventivité n’empêchent (grâce à la sensibilité hyperactive du chef) ni la clarté ni la transparence.
En jouant de tous les filtres ensorcelants nés du souvenir, Berlioz édifie un monument à plusieurs plans et registres; dont les rugissements surtout après le final de l’Orgie de Brigands laissent l’auditeur, sidéré. La texture orchestral se fait grand cerveau émotionnel dont les strates renvoient aux souvenirs réels ou fantasmés. David Reiland décrypte cette matière en fusion, entre imagination et réalité, aux épanchements imprévisibles. Grand amoureux, Berlioz reste un grand frustré, toujours insatisfait : il ne s’épargne aucun accent ténu, aucune trouvaille de timbres inédite pour exprimer au plus juste, le sentiment d’une immense et permanente insatisfaction. Voilà pourquoi l’énonciation de l’idée fixe, amoureuse, bascule souvent dans la folie. Mais quelle folie, car elle passe par le chant libéré d’un orchestre laboratoire. Sous la direction du jeune maestro, l’auditeur ne perd aucun accent instrumental, aucune phrase musicale, tant la précision du chef est constante. Et sa concentration, généreuse en indications gestuelles.

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David Reiland © Cyrille Guir / CMM cité musicale METZ 2019

Dès le premier tableau « Harold aux montagnes », chef et instrumentistes font surgir le massif naturel de l’ombre, avec une tendresse déjà mélancolique qui tient du mystère : David Reiland exprime cette alliance spécifique à Berlioz qui fusionne rêverie et fantastique. La tendresse intérieure, contemplative de l’alto d’Adrien Boisseau, trouve constamment le ton juste et une sonorité quasi voluptueuse, dans ce vortex d’une rare poésie. On y retrouve, talent rare de la filiation née d’un programme habilement construit, cette même tendresse grave qui se déployait dans l’Andante de la Jupiter mozartienne écoutée dans la première partie.… On ne doute plus de l’extrême sensibilité du chef, sa maestrià élégantissime à passer d’un univers à l’autre.
Ciselant une définition et une articulation là encore très françaises, David Reiland joue avec autant d’intelligence sur les effets sonores et de spatialisation, soulignant aux côtés du Berlioz, orchestrateur fascinant, l’immense paysagiste (comme Turner dilate l’espace et creuse l’infini de la couleur), capable d’élargir de façon cosmique, les perspectives orchestrales, en étagement, en profondeur, en hauteur. Ici s’affirme déjà l’auteur des champs goethéens de la Damnation de Faust (créée en 1846).

La fin du mĂŞme premier mouvement est ensuite caractĂ©risĂ©e avec le nerf et une Ă©nergie de tous les diables, comme si la grande machine symphonique s’emballait, en une distanciation, dĂ©sormais et rĂ©aliste et cynique, de l’idĂ©al amoureux. La forge musicale resplendit alors dans toute sa perfection vivante car il revient au chef un travail exemplaire sur la mise en place, la comprĂ©hension de l’architecture et du drame, – exposition et rĂ©itĂ©rations…, le sens et la direction du flux orchestral, l’audace des timbres et des couleurs qui scintillent tout en se reconstruisant en permanence.

DAVID REILAND, maestrissimo !Quelle belle idĂ©e de prendre le tempo prĂ©cisĂ© par Hector lui-mĂŞme dans la marche des pèlerins (106 Ă  la noire) : le maestro offre une relecture complète sur un tempo revivifiĂ©, celui d’une marche active et sportive qui souligne la structure allante de l’architecture berliozienne. MĂŞmes vertiges mais ceux ci superbement contrastĂ©s dans le vaste Ă©pisode final (Orgie de brigands) oĂą les remous du bain orchestral atteignent houle et tempĂŞte d’un ocĂ©an spectaculaire. C’est un Ă©pisode de rĂ©capitulation oĂą tous les thèmes sont rĂ©exposĂ©s et superposĂ©s en un contrepoint proprement … cosmique. L’imagination de Berlioz n’a pas de limites : ravĂ©lien naturel, David Reiland, orfèvre des nuances et capable d’un souffle irrĂ©sistible, y rĂ©alise une parure instrumentale et une direction saisissantes. Aucun doute, l’Orchestre a trouvĂ© son chef. Cette nouvelle saison (la seconde donc sous son mandat) s’annonce prometteuse. Et le concert s’inscrit parmi les meilleures contributions Ă  l’anniversaire Berlioz 2019. A suivre.

 

 

 

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David Reiland et l’Orchestre National de Metz © Cyrille Guir / CMM citĂ© musicale METZ 2019

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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COMPTE-RENDU, critique. MEZT, Arsenal, le 13 sept 2019. Concert d’ouverture la saison 2019 2020. Mozart : Symphonie n°41 « Jupiter » / BERLIOZ : Harold en Italie. Adrien Boisseau, alto. Orchestre National de METZ. David Reiland, direction.

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LIRE aussi pour les 150 ans en 2019 de la mort de Hector Berlioz, notre grand dossier BERLIOZ 2019 :
http://www.classiquenews.com/berlioz-2019-dossier-pour-les-150-ans-de-la-mort/?fbclid=IwAR2Co0LYiAjWECfKJKZx6d-NzRJjfVIGlsi4SraP4R8MgZmhpWyQ48xTTJg

 

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PROCHAIN CONCERT de l’Orchestre national de METZ, dirigé par David REILAND à l’Arsenal de METZ : Le Boléro de Ravel dans un dispositif décomplexé, accessible

METZ, Arsenal. Ravel : BOLÉRO, dim 22 sept 2019, 18h. APERO-CONCERT. LIRE ici notre présentation du Boléro de Ravel par David Reiland et le National de Metz :
https://www.classiquenews.com/metz-apero-concert-le-bolero-de-maurice-ravel/

LIRE aussi notre présentation de HAROLD en Italie de Berlioz :
https://www.classiquenews.com/metz-concert-douverture-david-reiland-joue-berlioz/ 

 

 

 

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Découvrez aussi la nouvelle saison 2019 2020 de la cité musicale Metz, et nos temps forts à ne pas manquer :

 

 

https://www.classiquenews.com/metz-cite-musical-metz-saison-2019-2020-temps-forts/METZ Cité musicale-METZ, saison 2019 – 2020. La nouvelle saison 2019 2020 de la Cité musicale-Metz affirme davantage l’ampleur de la vie culturelle et musicale destinées au messins et aux visiteurs de METZ. A travers son éloquente diversité des lieux et des offres (aux côtés de l’Orchestre National de Metz, trois salles à METZ : Arsenal, BAM, Trinitaires), la programmation messine affiche un bel éclectisme, pourtant doué d’une cohérence manifeste. L’offre sait exploiter à l’échelle de la ville, les sites et phalanges présentes pour unifier et clarifier davantage l’offre musique et danse à Metz. En plus de son cœur artistique, la Cité musicale-Metz favorise les plaisirs de la musique à travers ses actions d’éducation artistique, de médiations, ses nombreuses rencontres conviviales, familiales… lesquelles tissent désormais un lien constant entre l’art et les citoyens. En somme, un modèle de culture vivante intégrée.

 

 

 

 

 

 

VIDEO. BELLINI belcanto AcadĂ©mie, Ă©tĂ© 2019 : chanter Bellini, Rossini, Puccini…

bellini-belcanto-academie-guidarini-cortez-opera-stage-vendome-classiquenews-musicarteVIDEO, reportage  BELLINI belcanto Académie, été 2019. C’était du 1er au 9 août dernier (2019) à VENDÔME (41), au Campus Monceau : les jeunes chanteurs stagiaires de la BELLINI belcanto Académie suivaient les sessions de travail et d’approfondissement prodigués par les deux maîtres de stage : le chef Marco Guidarini, et la mezzo-soprano Viorica Cortez (avec au piano, Maguelone Parigot, chef de chant). Tous maîtrisent, expérience oblige, l’art si délicat et raffiné du belcanto italien : phrasés, articulation, agilité et élégance, sans omettre le legato et la précision… autant de qualités et prérequis qui font de l’art du bel canto, l’une des disciplines lyriques les plus difficiles.
Pendant cette nouvelle édition de l’Atelier Lyrique d’été, l’Académie a innové en proposant aux jeunes chanteurs le travail scénique de leurs airs : chanter c’est savoir jouer avec son corps.

De la technique vocale Ă  l’interprĂ©tation avec jeu scĂ©nique… l’AcadĂ©mie Bellini propose aujourd’hui la meilleure formation et la plus complète pour le jeune interprète lyrique, de surcroit appliquĂ© au bel canto (Rossini, Bellini, Donizetti). IntitulĂ© « de Mozart Ă  Puccini », l’Atelier estival 2019 permettait de perfectionner encore et encore sa comprĂ©hension des styles vocaux depuis Mozart jusqu’à Puccini. Parmi les stagiaires cet Ă©tĂ©, la prĂ©sence du dernier Grand Prix Bellini 2019, la sud-africaine Nombulelo Yende a Ă©tĂ© particulièrement remarquĂ©e, comme celle de ses consĹ“urs, les sopranos françaises CĂ©cile Achile et DĂ©borah Salazar… Best of video de la session 2019. © CLASSIQUENEWS.TV –  MUSICARTE – RĂ©alisation : Philippe Alexandre PHAM

 

 
 

 
Le même reportage vidéo sur YOUTUBE :

 

  

 

COMPTE RENDU, festival. GSTAAD MENUHIN FESTIVAL 2019. Les 25, 26 et 27 juillet 2019. « PARIS », Gabetta, Chamayou, Petibon…

COMPTE RENDU, festival. GSTAAD MENUHIN FESTIVAL 2019. Les 25, 26 et 27 juillet 2019. « PARIS », Gabetta, Chamayou, Petibon…
gstaad-menuhin-festival-2019-PARIS-annonce-prĂ©sentation-classiquenews-582Christoph MĂĽller, intendant gĂ©nĂ©ral du GSTAAD MENUHIN Festifal, d’édition en Ă©dition, ne cesse d’affirmer sa singularitĂ© estivale, a contrario d’autres festivals suisses et europĂ©ens dont la programmation demeure Ă©clectique mais confuse, souvent standardisĂ©e Ă  force d’artistes invitĂ©s au profil interchangeable. Rien de tel Ă  Gstaad chaque Ă©tĂ© tant l’équation entre Nature et Musique s’avère prĂ©servĂ©e, et mĂŞme sublimĂ©e. En choisissant (et fidĂ©lisant) Ă  prĂ©sent certains artistes de la scène internationale, Christoph MĂĽller a su marquer son festival d’une forte identitĂ© artistique, que le geste singulier « d’ambassadeurs », tels Sol Gabetta, Jonas Kaufmann, Yuja Wang, – et cette annĂ©e Bertrand Chamayou, prĂ©sentĂ© en “artiste en rĂ©sidence”,  rend spĂ©cifique.

GSTAAD, UNE ARCADIE RETROUVÉE ENTRE NATURE ET MUSIQUE

Le festivalier qui vient à Gstaad, ou réside dans les villages voisins de Schönried ou de Saanen (entre autres), retrouve ainsi le charme spécifique de programmes musicaux rares voire inédits, au sein d’églises souvent séculaires, à la nef de bois tapissée, dont la rusticité et le caractère champêtre offrent une inusable séduction pastorale. Ailleurs on aime et se délecte de musique baroque sur le motif (en Vendée : voyez le festival de William Christie chaque mois d’août aussi, en ses jardins que le chef jardinier a totalement dessinés) ; ou d’opéras sur nature (allez à Glyndebourne où le spectateur trié sur le volet peut pique-niquer sur un gazon des plus tendres, entre deux actes, pourvu que le bosquet soit confortable…). A Gstaad, s’ajoute le décor, majestueux, onirique, des montagnes et sommets alpins d’une irrésistible solennité. Le rêve d’une Arcadie alpine se précise à Gstaad.

Grâce à la diversité des formes musicales, le temps de notre (trop court) séjour : récital de piano, musique de chambre, récital lyrique…, le Gstaad Festival Menuhin sait répondre à tous les goûts. A l’offre élargie répond la beauté des sites naturels préservés dans cet écrin unique au monde, d’une Suisse verte et florissante. Entre chaque concert (le soir à 19h30), le festivalier marcheur peut se hisser jusqu’aux sommets grâce aux remontées mécaniques de Wispile, Rellerli ou de Wasserngrat. Il y contemple le vertige qu’offre la vision panoramique des vallées tranquilles, dignes des meilleurs compositions d’un Caspar Friedrich. Gstaad chaque été s’adresse au mélomane exigeant comme au randonneur épris de tourisme vert. Les 3 concerts des 25, 26 et 27 juillet auxquels nous avons assisté, n’ont pas manqué de confirmer la forte attractivité du Gstaad Menuhin Festival (63ème édition à l’été 2019).

 

 

 

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Bertrand CHAMAYOU, Sol GABETTA, Christoph MĂśLLER
(© Raphaël Faux / GSTAAD MENUHIN Festival 2019)

 

 

 

 

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Musique de chambre, rĂ©cital de piano, concert lyrique…

3 concerts exceptionnels au GSTAAD Menuhin Festival 2019

 

 

 

 

 

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CHAMBRISME à la française…
Jeudi 25 juillet 2019. Le thème de cette annĂ©e cĂ©lèbre PARIS Ă  travers les compositeurs qui ont marquĂ© le paysage hexagonal comme l’histoire de la musique tout court. Ce sont aussi des interprètes que la sensibilitĂ© et le sens des couleurs comme de la transparence – qualitĂ©s essentiellement parisiennes et françaises, destinent prĂ©cisĂ©ment au sujet gĂ©nĂ©rique : ainsi, le pianiste toulousain Bertrand Chamayou (nĂ© en 1981, Ă©lève de Jean-François Heisser) affirme une maturitĂ© Ă  la fois, rayonnante et rĂ©servĂ©e au service de programmes multiples (5 annoncĂ©s pour cette Ă©dition 2019) qui en font « l’artiste en rĂ©sidence » de ce cru. Dans l’église mythique de Saanen, lĂ  mĂŞme oĂą a jouĂ© le fondateur Yehudi Menuhin dès 1957 (pour les dĂ©buts du Festival suisse), le Français partage la scène avec la violoncelliste Sol Gabetta, autre ambassadrice de charme, chaque Ă©tĂ© Ă  Gstaad : les deux artistes se connaissent depuis de très longues annĂ©es ; depuis l’adolescence, ils jouent très souvent ensemble ; mais ce soir, c’est la première fois qu’ils opèrent de concert Ă  Saanen.
Dès la Sonate de Debussy (1916), claire révérence à l’esprit de Rameau et de Watteau, la complicité des deux interprètes rayonnent d’une même ardeur, souvent plus mesurée et mieux ciselée chez Sol Gabetta dont on ne cesse de se délecter de la grâce intérieure et du caractère d’urgence enflammée ; l’épure, le sens de la fulgurance, comme le picaresque de la Sérénade (habanera avec effet de mandoline) fourmille d’éclats à la façon des Français baroques (on pense davantage à Couperin qu’à Rameau, dans cette alliance ineffable entre langueur mélancolique et panache ironique). Puis, la libération (cadence du 3è et dernier mouvement) est réservée au violoncelle, là encore d’une fierté latine (espagnole, proche d’Ibéria) que la violoncelliste illumine avec cette tendresse fluide et intérieure qui est sa marque. Aux cordes rubanées, d’une exquise langueur chantante répond parfois un piano trop dur auquel échappe à notre avis, le ton de saturnisme lunaire et nostalgique du Pierrot que Debussy avait imaginé en second plan.
La rĂ©vĂ©lation de la soirĂ©e demeure la Sonate de Poulenc, aussi flamboyante (et parfois bavarde) qu’oubliĂ©e depuis sa crĂ©ation en 1949. Poulenc se rapproche du cercle de Debussy et Ravel car il apprit le piano avec Ricardo Viñes, – immense interprète des deux ainĂ©s de Poulenc. En 4 mouvements, chacun très caractĂ©risĂ© et riche en contrastes, la FP 143 collectionne rythmes et atmosphères mais sait aussi plonger dans la tendresse qui berce en une gravitĂ© saisissante (Cavatine). Agile et volubile, inspirĂ© et complice, le duo Gabetta / Chamayou convainc du dĂ©but Ă  la fin par ses allers retours percutants, dessinĂ©s, d’une nervositĂ© affectueuse.
Dernier volet de ce triptyque chambriste à Saanen, la Sonate pour violoncelle de Chopin (1848) écrite pour le virtuose et ami lillois Auguste-Joseph Franchomme. Dernière des quatre Sonates, la Sonate opus 65 étonne par la fusion très réussie entre les deux instruments, un accord qui retrouve l’entente de la Sonate de Debussy : s’y affirme ce goût de l’équilibre formel (peut-être inspiré par le traité de Cherubini que le dernier Chopin lit et relit comme pour mieux structurer ses dernières œuvres… surtout celles non strictement pianistiques). Le sens du phrasé propre à Sol Gabetta facilite l’élucidation du rubato chopinien que beaucoup de ses confrères et consœurs ne maîtrisent pas avec autant d’évidence : comme souvent dans son jeu intériorisé, le chant du violoncelle semble surgir de l’ombre, porté, incarné par une énergie viscérale, organique. On y remarque en particulier la valse languissante du trio dans le Scherzo ; surtout l’entrain et la vivacité du Finale où rayonne l’entente idéale des deux artistes. On aime à Gstaad le défi des duos de musiciens : ce soir, l’intelligence en partage et le sens d’une même musicalité expressive font la valeur de ce programme. L’esprit de Paris s’est incarné dans l’élégance et la profondeur, grâce à deux interprètes heureux de jouer ensemble.

 

 

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BERTRAND CHAMAYOU, alchimiste ravélien
Le lendemain, autre programme, autre lieu, mais les festivaliers retrouvent Bertrand Chamayou pour son récital en soliste, vendredi 26 juillet, dans la petite église de Rougemont, dont le volume de la nef est couronné par la figure d’un sublime Christ sur la croix dont le dessin est du début XVIIè. Le programme est ambitieux et s’ouvre d’abord par Schumann. A l’écoute de Carnaval principalement, la schizophrénie double de Robert le romantique, alternativement Florestan et Eusebius nous paraît dépourvue de nuances troubles, trop marquée, trop sèchement assénée. Dommage. Par contre, après la pause, un tout autre univers nous est révélé sous les doigts plus naturels et comme frappés d’évidence du pianiste français : les 5 joyaux de « Miroirs » de Ravel (1906) éblouissent par leur justesse, un flux organiquement captivant, des nuances infinies qui ciselées dans la résonance et les couleurs, miroitent : ils nous invitent au grand banquet des scintillements ravéliens.

 

 

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Aucun doute, Bertrand Chamayou se montre immense poète, alchimiste évocateur, à la fois passeur des sortilèges et grand ambassadeur du sorcier Ravel. On y perce le secret d’épisodes suspendus et picturaux dont le génie de la ligne et des impulsions esquissées, compose pourtant une cathédrale harmoniquement subtile et onirique, aux caractères et accents fermes et nets, à couper le souffle. Le jeu est solide et il respire. Le sérieux, la probité voire le scrupule du pianiste en comprennent et les équilibres millimétrés et la brillance évanescente. En surgit un Ravel à la fois cérébral et sensuel dont l’esprit des couleurs vibre, s’exalte, ambitionne un nouveau monde ; quand l’élan et l’audace des harmonies toujours imprévisibles font imploser l’assise et l’architecture. On connaît les deux fragments que Ravel orchestra par la suite : Une barque sur l’océan et Alborada del Gracioso (Aubade du bouffon).
Ecouter ce soir Ă  Rougemont, l’intĂ©gralitĂ© du cycle des 5 pièces relève d’une expĂ©rience singulière oĂą le compositeur semble rĂ©inventer tout le langage musical pour piano. On s’y berce de sonoritĂ©s Ă  la fois enveloppantes et Ă©cumantes, enivrĂ©s par un pur esprit expĂ©rimental. La libertĂ© harmonique sous les doigts flexibles, facĂ©tieux, enchanteurs du pianiste, saisit immĂ©diatement : on y perçoit un Ravel, grand prĂŞtre des images et illusions, peintre des modernitĂ©s et du futur qui ose plus loin que Debussy. Ses Miroirs dĂ©voilent le son de l’invisible et de l’inconnu, selon la conception d’un aigle agile et visionnaire, libĂ©rĂ© de toute entrave, et narrative et stylistique. « Noctuelles » expriment l’envol des papillons noctambules, leur lĂ©gèretĂ© dĂ©sirante ; « Oiseaux tristes » (dĂ©diĂ© au crĂ©ateur Riccardo Viñes), touche au cĹ“ur de la magie animalière qui inspire et rĂ©vèle un Ravel ornithologue : Bertrand Chamayou sublime le chant solitaire dâ€oiseaux dĂ©sespĂ©rĂ©s saisis par la chaleur de l’étĂ© (quoi de plus actuel au moment oĂą une canicule terrifiante s’abat sur l’Europe?) : c’est la plus courte pièce… et la plus bouleversante.
Les couleurs d’ « Une barque sur l’océan
 » (dédié au peintre Paul Sordes du groupe des Apaches) envoûtent par leurs balancements marins, éperdus, suspendus, enivrants. « L’Aubade du bouffon » (/Alborada del Gracioso) semble citer Chabrier, modèle pour Ravel et premier compositeur à ouvrir dans les champs français, la grande perspective des rythmes hispaniques : le nerf et le sens du dessin leur confèrent ici, sous les doigts magiciens de Bertrand Chamayou, une carrure et un allant, phénoménaux. Enfin, « La vallée des cloches » déploie cette sensualité ondulante, serpent harmonique qui séduit, tout en fermeté onirique et qui au final, fait imploser la forme. Conception et geste fusionnent : ils éclairent combien le sens de la musique ravélienne est pictural, synthèse inouïe du Monet coloriste et du Picasso, concepteur réformateur. La séquence relève du prodige et confirme définitivement l’adéquation comme les affinités de Bertrand Chamayou avec l’auteur de Gaspard de la nuit. Les effets de miroir se poursuivent précisant d’autres filiations que l’on ne soupçonnait guère : aux cloches ravéliennes répondent celles (pourtant plus tardives) d’un Saint-Saëns, lui aussi soucieux de couleurs comme de résonances (« Les cloches de Las Palmas »). Voici donc l’auteur de Samson et Dalila mis au parfum de l’innovation… en bis de ce récital saisissant, la rare toccata du Tombeau de Couperin, ultime offrande ravélienne où l’espace et le temps deviennent couleurs et mouvements. Récital mémorable.
 

 

 

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MOZART INCANDESCENT
Le lendemain (samedi 27 juillet 2019) retour dans l’église de Saanen. Lever de rideau des plus engageants, l’ouverture des Nozze di Figaro trĂ©pigne et fait claquer les tutti, – l’orchestre sur instruments d’époque La Cetra ne manque pas de nervositĂ© ; c’est une prĂ©paration idĂ©ale et très dramatique pour l’apparition de la diva française Patricia Petibon dont la silhouette relève d’une pythie hallucinĂ©e, sorte d’extraterrestre de passage, engagĂ©e dans un chant surexpressif, Ă  la gestuelle volontaire.

 

 

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La chanteuse a du chien et du tempérament. Par respect du public et de la musique, elle leur donne tout. Fabuleuse créature délirante plutôt que cocotte statique, la cantatrice a construit un programme majoritairement mozartien qui va crescendo, depuis la langueur tendre et inquiète de Barbarina (des Nozze justement), à la solitude mélancolique de la Comptesse (Porgi amor : victime impuissante des désillusions amoureuses). Puis c’est l’écriture parisienne du dernier Gluck en France (Paride ed Elena) dont on savoure l’esprit pastoral, la tendresse simple dont s’est tant délecté Rousseau.
La seconde partie affirme l’impétuosité des instrumentistes, leur qualité roborative sous la direction parfois mécanisée, un peu sèche et roide du chef en manque de nuances (symphonie VB 142 de Joseph Martin Kraus). Enfin, chauffée et prête à en découdre dans cette arène néoclassique, pleine de furie comme d’élans vengeurs, « Sturm und drang » (tempête et passion), Patricia Petibon finit le portrait lyrique qu’elle avait amorcé en première partie : sa Giunia (Lucio Silla, premier seria d’une ardeur inédite alors) n’est que frémissement et invocation sincère ; l’imprécation d’Alceste « Divinités du Styx » s’impose par sa noblesse et sa désespérance ample.

 

 

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Mais l’acmĂ© de ce rĂ©cital qui cĂ©lèbre le style tragique et pathĂ©tique Ă  Paris propre aux annĂ©es 1770 et 1780, demeure Idomeneo, autre seria majeur de Mozart, en sa somptueuse parure orchestrale (l’ouverture majestueuse et impĂ©tueuse, mieux rĂ©ussie par La Cetra) : paraĂ®t Elettra, victime haineuse et rageuse que son impuissance lĂ  encore rend inconsolable et persiflante, au bord de la folie : cette Électre de Mozart prolonge, en conclusion de tout l’opĂ©ra, la sĂ©rie des magiciennes baroques (les MĂ©dĂ©e, Alcina et Armide), pourtant solitaires et finalement dĂ©munies ; le chant se fait au delĂ  de l’invocation terrifiante (digne d’une Gorgone car elle Ă©voque la morsure des serpents), expression troublante d’une dĂ©pression personnelle : la furie est un ĂŞtre dĂ©truit. Formidable actrice au chant servant le texte, Patricia Petibon Ă©claire ce qui Ă  Paris Ă  la veille de la RĂ©volution, – comme ce soir Ă  Saanen, a troublĂ© le public : l’expression du tragique dĂ©sespĂ©rĂ©. PrĂ©sence et incarnation, irrĂ©sistibles.

 

 

 

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COMPTE-RENDU, festivals. GSTAAD MENUHIN Festival, les 25, 26 et 27 juillet 2019. «  PARIS » : Debussy, Poulenc, Chopin / RAVEL, Saint-Saëns / Mozart, Gluck… Sol Gabetta (violoncelle), Bertrand Chamayou (piano), Patricia Petibon (soprano). La Cetra (Karel Valter, direction). / Illustrations : © Raphaël Faux /   gstaadphotography.com / GSTAAD MENUHIN Festival 2019

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A VENIR... Le GSTAAD MENUHIN FESTIVAL se déroule en Suisse (Saanenland) jusqu’au 6 septembre prochain. Parmi les nombreux événements musicaux annoncés, voici nos 10 coups de coeur à ne pas manquer :

 

 

1
Samedi 3 août 2019
19h30, Eglise de Saanen
Musique de chambre
La Truite – Semaine française IV
Ibragimova, Power, Gabetta & Chamayou
Alina Ibragimova, violon
Charlotte Saluste-Bridoux, violon
Lawrence Power, alto
Sol Gabetta, violoncelle
Yann Dubost, contrebasse
Bertrand Chamayou, piano
Artist in Residence 2019

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/musique-de-chambre-03-08-19-2

 

 

2
Dimanche 11 août 2019
18h00, Eglise de Saanen
Concert orchestral
80 ans de Bartók à Gstaad – Bartók et la Suisse I
Bertrand Chamayou & Kammerorchester Basel
Bertrand Chamayou, piano
Artist in Residence 2019
Kammerorchester Basel

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/gala-concert-orchestral-11-08-19

 

 

3
Jeudi 15 août 2019
17h30, Tente du Festival de Gstaad
L’Heure Bleue
Gstaad Conducting Academy – Concert de clôture III
Gstaad Festival Orchestra
Etudiants de la Gstaad Conducting Academy

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/l-heure-bleue15-08-19

 

 

4
Samedi 17 août 2019
19h30, Tente du Festival de Gstaad
Concert symphonique
Pathétique – Manfred Honeck & Seong-Jin Cho
Gstaad Festival Orchestra II
Seong-Jin Cho, piano
Gstaad Festival Orchestra
Manfred Honeck, direction

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/concert-symphonique-17-08-19

 

 

5
Vendredi 23 août 2019
19h30, Eglise de Saanen
GALA Concert orchestral
Cecilia Bartoli, mezzo-soprano
Vivaldi : airs d’opéras & concertos
Les Musiciens du Prince – Monaco
Andrés Gabetta, Violine & Konzertmeister

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/gala-concert-orchestral-23-08-19

 

 

6
Samedi 24 août 2019
19h30, Tente du Festival de Gstaad
Opéra version de concert
Carmen
Gaëlle Arquez, mezzo-soprano (Carmen)
Marcelo Alvarez, ténor (Don José)
Julie Fuchs, soprano (Micaëla)
Luca Pisaroni, baryton (Escamillo)
Uliana Alexyuk, soprano (Frasquita)
SinĂ©ad O’Kelly, mezzo-soprano (MercĂ©dès)
Manuel Walser, baryton (Le DancaĂŻre)
Omer Kobiljak, ténor (Le Remendado)
Alexander Kiechle, basse (Zuniga)
Dean Murphy, baryton (Moralès)
Chœur philharmonique de Brno
Orchestre de l’OpĂ©ra de Zurich – Philharmonia Zurich
Marco Armiliato, direction

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/opera-concertant-24-08-19

 

 

7
Vendredi 30 août 2019
19h30, Eglise de Saanen
Musique de chambre
Capriccioso – Daniel Lozakovich
Daniel Lozakovich, violon
Sergei Babayan, piano

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/musique-de-chambre-30-08-19

 

 

8
Samedi 31 août 2019
19h30, Tente du Festival de Gstaad
Concert symphonique
Symphonie fantastique
Mikko Franck & Gautier Capuçon
Gautier Capuçon, violoncelle
Orchestre philharmonique de Radio-France (Paris)
Mikko Franck, direction
Symphonie Fantastique de Berlioz / Concertopour violoncelle n°1 de Saint-Saëns

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/concert-symphonique-31-08-19

 

 

9
Dimanche 1er septembre 2019
18h, Tente du Festival de Gstaad
Concert symphonique
De Wagner à Ravel – Classique France-Allemagne
Klaus Florian Vogt & Gergely Madaras
Klaus Florian Vogt, ténor
Airs de Parsifal, Lohengrin (Wagner) / Boléro de Ravel
Orchestre National de Lyon
Gergely Madaras, direction

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/concert-symphonique-01-09-19

 

 

10
Vendredi 6 septembre 2019
19h30, Tente du Festival de Gstaad
Concert symphonique
«Rach 3»
Myung-Whun Chung & Yuja Wang
Yuja Wang, piano
Staatskapelle Dresden
Myung-Whun Chung, direction

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/concerts-2019/concert-symphonique-06-09-19

 

 

 

 

TOUTES LES INFOS ET LES MODALITES DE RESERVATIONS
sur le site du GSTAAD MENUHIN FESTIVAL 2019
https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr

 

 

 

 

CRITIQUE, CONCERT. GRANDVILLARS, église Saint Martin, le 20 juillet 2019. Tomás Luis de VICTORIA (1548-1611) : Requiem, officium defunctorum. Vox Luminis

musique-et-memoire-festival-2019-annonce-programmation-concert-opera-festival-concerts-annonce-critiques-classiquenewsCRITIQUE, CONCERT. GRANDVILLARS, Ă©glise Saint Martin, le 20 juillet 2019. Tomás Luis de VICTORIA (1548-1611) : Requiem, officium defunctorum. Vox Luminis. Ă€ la source d’un genre riche en reprĂ©sentants Ă  chaque siècle, et bien avant ceux de Mozart (dĂ©sarmant, sincère … autobiographique ?), Berlioz (spectaculaire et spatial), Verdi (opĂ©ratique mais si fraternel)… Ă©blouit, tel un gemme tombĂ© du ciel, celui lumineux et solaire de l’espagnol Tomás Luis de Victoria (1548 – 1611), maĂ®tre de la polyphonie Renaissance. Autant ses successeurs, exprimeront les souffrances des pĂŞcheurs, l’incertitude du croyant, la figure effrayante de la mort inflexible, autant Victoria illuminĂ© lui-mĂŞme par la grâce de la rĂ©vĂ©lation, peint au cours de ce sommet de la ferveur datĂ© de 1603 (pour les funĂ©railles de l’impĂ©ratrice douairière Marie de Habsbourg), les champs cĂ©lestes du Paradis… ceux promis pour les justes, mais aussi l’extase des Ă©lus, la bĂ©atitude bienheureuse qu’offrent et diffusent les sphères divines. L’auditeur est comme aspirĂ© vers des hauteurs de plus en plus vertigineuses Ă  peine concevables.

 

 
 

 

VERTIGES ET SENSATION DES HAUTEURS RÉVÉLÉES

 

 

Mais c’est davantage qu’une reprĂ©sentation abstraite et plus qu’une opĂ©ration de lĂ©vitation, car Vox Luminis par la rondeur de la sonoritĂ© collective, la maĂ®trise des nuances, expriment aussi la tendresse d’un Ă©tat de bien-ĂŞtre inouĂŻ. L’ensemble Ă  l’articulation enveloppante et pourtant aussi dĂ©taillĂ©e, plus intelligible que certains anglais, rĂ©vèlent la force poĂ©tique des textes, entre imploration et tendresse, comme l’impressionnante architecture de la partition, de l’ombre et son mystère, Ă  la lumière des hauteurs rĂ©vĂ©lĂ©es.

victoria tomas luis polyphonie 1603 Officium defunctorum critique dossier concert classiquenewsDu chĹ“ur de l’Ă©glise Saint-Martin encore ancrĂ©s au sol et rĂ©solus en une disposition en miroir, jusqu’Ă  la tribune au dessus du porche occidental : voix des anges plutĂ´t que chĹ“ur implorant, les chanteurs de Vox Luminis expriment l’essence mĂŞme de cette Ă©criture faite splendeur et lumière. Comme le Livre des morts de l’Egypte ancienne (et clĂ© de voĂ»te de toute la croyance populaire dans l’AntiquitĂ© Ă©gyptienne), c’est une traversĂ©e d’abord inquiète et intranquille puis immĂ©diatement resplendissante qui nous est rĂ©servĂ©e. Vox Luminis rĂ©alise finalement une promesse exaucĂ©e, celle du dernier voyage dont il font une fabuleuse expĂ©rience : de la nuit Ă  l’aube des bienheureux. Les fabuleux passeurs sont nos guides pour une musique divine (au sens propre du terme). Ils achèvent le voyage dans les hauteurs, sur la tribune du porche, enveloppĂ©s dans les ondes cĂ©lestes qui offrent confort et fĂ©licitĂ©.

Au final, Vox Luminis nous fait entendre la richesse d’une partition parfaitement construite, synthèse et grand œuvre personnelle, comme le sera la Messe en si de Bach (que l’ensemble a interprété l’année dernière pour Musique & Mémoire : voir notre reportage vidéo Vox Luminis chante JS BACH au 25è festival Musique et Mémoire). En un contrepoint sensible, apportant dans cette fresque inspirée qui tend à l’éther, Jean-Charles Ablitzer fait sonner le somptueux orgue ibérique de l’église de Grandvillars, ajoutant à la réalisation, une caractérisation elle aussi bienheureuse. Mais aussi « efficace » car il faut bien accompagner les chanteurs pendant leur pérégrination, du chœur terrestre à la tribune occidentale, céleste. Du grand art, en complicité.

Debout le public sidĂ©rĂ© applaudit chaleureusement les chanteurs et leur chef (Lionel Meunier) en un nouvel accomplissement qui est aussi une première absolue pour les interprètes. CrĂ©ation et commande du festival Musique et MĂ©moire, ce concert demeurera mĂ©morable pour les festivaliers. Il est vrai que le directeur Fabrice Creux a ce don rare de choisir les interprètes, les oeuvres et les lieux, au bon moment. VoilĂ  qui fait de Musique et MĂ©moire l’Ă©crin d’expĂ©riences musicales aussi dĂ©cisives, autant pour le public que pour les artistes. En 2019, le festival dans les Vosges du Sud nous promet bien d’autres (re) decouvertes prometteuses… A suivre.

 

 
 

 

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CRITIQUE, CONCERT. GRANDVILLARS, Ă©glise Saint Martin, le 20 juillet 2019. Tomás Luis de VICTORIA (1548-1611) : Requiem, officium defunctorum. Vox Luminis. Prochains concerts Musique & MĂ©moire 2019 : WEEK END II ou “Acte II” : ALIA MENS joue JS BACH, du vendredi 25 juillet au dimanche 28 juillet 2019. Nouveau cycle de concerts incontournables dans les Vosges du sud, cet Ă©tĂ©.

 

 
 

 

REPORTAGE VIDEO. JS BACH : Messe en si par VOX LUMINIS / Festival Musique et Mémoire 2018 (25è édition)

musique-et-memoire-2018-vignette-carre-classiquenews-coup-de-coeur-festival-evenementVIDEO, reportage. MUSIQUE & MÉMOIRE, 25è édition : 13-29 juillet 2018. LABORATOIRE BAROQUE VISIONNAIRE… Peu à peu, le Festival Musique & Mémoire (Vosges du Sud) a révélé des conditions exceptionnelles pour favoriser l’émergence et l’approfondissement de gestes artistiques défricheurs, exigeants. C’est le bénéfice d’une ligne artistique qui fonde son action auprès des artistes dans le sens d’un compagnonnage inédit… des résidences qui se déclinent pour chaque ensemble invité et donc associé, à 3 années de recherche, d’expérimentation, de consolidation. L’écriture suprême de Jean-Sébastien Bach y tient une place en or – phénomène singulier en France : rares les festivals qui poursuivent sur le long terme, un questionnement continu sur l’œuvre de Jean-Sébastien. VOIR notre reportage vidéo JS BACH : Messe en si par VOX LUMINIS / Festival Musique et Mémoire 2018 (25è édition)

 

 

 

 
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LIRE aussi nos autres critiques comptes rendus des concerts FESTIVAL MUSIQUE & MEMOIRE 2019 :

 

COMPTE-RENDU, concert. LURE, église Saint-Martin, le 19 juillet 2019 (ouverture du 26è Festival Musique et Mémoire) : Giovanni GABRIELLI : Incoronazione a Venetia (Venise 1615). La Fenice, Jean Tubéry. LABORATOIRE VÉNITIEN…

 

 

COMPTE-RENDU, concert. GRANDVILLARS, église Saint-Martin, le 20 juillet 2019. Francisco CORREA de ARAUXO (1584 – 1654). Tientos. Victoria, Morales… Jean-Charles Ablitzer, orgue ibérique de Grandvillars, Vox Luminis.

 

 
 

 

COMPTE-RENDU, concert. GRANDVILLARS, Ă©glise Saint-Martin, le 20 juillet 2019. Francisco CORREA de ARAUXO (1584 – 1654). Tientos. Victoria, Morales… Jean-Charles Ablitzer, orgue ibĂ©rique de Grandvillars, Vox Luminis.

musique-et-memoire-festival-2019-annonce-programmation-concert-opera-festival-concerts-annonce-critiques-classiquenewsCOMPTE-RENDU, concert. GRANDVILLARS, Ă©glise Saint-Martin, le 20 juillet 2019. Francisco CORREA de ARAUXO (1584 – 1654). Tientos. Victoria, Morales… Jean-Charles Ablitzer, orgue ibĂ©rique de Grandvillars, Vox Luminis. Au mĂ©rite du Festival Musique & MĂ©moire revient l’originalitĂ© de ce programme qui dĂ©voile ce qu’ailleurs on Ă©carte pour cause de focus trop « musicologique » : la verve en diable d’un auteur espagnol au carrefour du XVIè et du XVIIè, soit Francisco CORREA de ARAUXO (1584 – 1654) dont l’oeuvre avait Ă©tĂ© en partie rĂ©vĂ©lĂ©e dans le très bon coffret discographique publiĂ© par le Festival en mars dernier : coffret 2 cd / EL SIGLO DE ORO. Jean-Charles Ablitzer, orgue espagnol de Grandvillars : Cabezon, Arauxo, Cabanilles… (2 cd Musique & MĂ©moire, oct 2018) – CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2019. En rĂ©alitĂ© rien de pontifiant ni de spĂ©cialisĂ© : les spectateurs et festivaliers ont pu se dĂ©lecter d’un exceptionnel rĂ©cital engageant l’acoustique du lieu, la caractère de l’orgue, en adĂ©quation parfaite avec la musique choisie.

Orgue et spiritualité de l’Espagne baroque

Cet après midi (17h), nous retrouverons l’orgue ibérique de Grandvillars, inauguré l’année dernière, et aussi l’organiste Jean-Charles Ablitzer qui en a piloté le chantier. Au final, l’instrument remarquable vient compléter le riche patrimoine d’orgues sur le territoire des Vosges du Sud, et se montre parfaitement adapté au choix du compositeur et des partitions abordées ; les fameux Tientos dont 9 ici sont issus de son recueil publié en 1626. S’y libère une fantaisie libre qui frappe par son invention, qu’il s’agisse de la main gauche et de la main droite, Arauxo ayant toujours le souci des ruptures, des contrastes ; son écriture fourmille d’idées et de schémas imprévus, où s’affirment les vocalises infinies (pour les 2 claviers) comme ce goût irrépressible des accents harmoniquement dissonants. Après l’atelier vénitien, celui flamboyant, sensuel, majestueux de Giovanni Gabrielli, incarné par La Fenice / Jean Tubéry (concert à Lure, ouverture de ce 26è Festival Musique & Mémoire, la veille au soir : vendredi 19 juillet 2019), voici l’éblouissante virtuosité expérimentale d’Arauxo, prêtre et compositeur, organiste à Séville et Ségovie, probablement d’origine portugaise.
La verve et l’imagination de ce prodigieux conteur indiquent un tempérament hors normes qui permet de mesurer les ressources saisissantes de l’orgue ibérique ainsi magnifié, d’autant que le jeu de Jean-Charles Ablitzer répond aux défis de partitions surprenantes : précis et nuancé, virtuose et détaillé, il sait surtout indiquer le sens et la direction de pièces moins pédagogiques ou démonstratives que l’on veut bien le dire : des pièces de caractère, vrais défis pour l’interprète, dont il faut trouver le liant unificateur, le flux organique naturel pour en résoudre la succession d’épisodes très différents. Rond et percutant, aussi facétieux et inspiré que le compositeur lui-même, Jean-Charles Ablitzer offre l’illusion d’un concert aux épreuves résolues, entre expression et intention, comme si nous assistions à un concert d’improvisations en Espagne au temps d’Arauxo. Eloquente résurrection.

POITIERS, TAP : Vox Luminis réenchante Bach et SchützLe bel écrin de l’église Saint-Martin de Grandvillars assure une acoustique idéale pour ce type de répertoire : orgue et voix. Car les 9 tientos d’Arauxo ponctuent un itinéraire spirituel composé de pièces magistrales signées Victoria et surtout Morales dont on demeure frappé par la piété à la fois austère et majestueuse (dernier épisode extrait de son Officium Defunctorum : Parce mihi, Domine, / Nihil enim sunt dies mei : « Epargne-moi Seigneur, car mes jours ne sont rien »). Si Victoria nous laisse apercevoir la lumière des béatitudes célestes, Morales ne cache rien de la terreur profonde qui réduit l’homme à la poussière et à la vacuité. Il faut absolument lire et approfondir la haute spiritualité de ses vers pour apprécier dans toute leur clarté onctueuse, le verbe articulé, le geste sonore d’une superbe cohérence collective de Vox Luminis.

« Si j’ai pĂ©chĂ©, que tâ€ai je fait, Ă  toi,
l’observateur attentif de l’homme ?
Pourquoi m’as tu pris pour cible,
pourquoi te suis Ă  charge ?
Ne peux-tu tolérer mon offense,
passer sur ma faute ?
Car bientôt je serai couché dans la poussière,
tu me chercheras,
et je ne serai déjà plus. »

La foi baroque espagnole s’impose ainsi par son réalisme cru (vers tirés du Livre de Job), son dénuement, son mysticisme tissé dans l’humilité et la vanité, un souffle qui est touché par la grâce et, déjà, simultanément l’insigne du renoncement (comme pour compenser l’orgueil de la prière). Vox Luminis ferme les interventions chorales par ce sublime énoncé qui renvoie à nos propres expériences intimes : une intonation saisissante de sincérité, et dans la nef du vaisseau de Grandvillars, dans sa résonance idéale, la concrétisation musicale d’une conscience incandescente, presque rasserénée : l’imploration se fait dans la réalisation vocale, acte de tendresse, et déjà volonté d’apaisement. Par la magie des lieux, l’engagement des interprètes, la qualité propre d’un superbe orgue, le concert s’inscrit parmi les grands moments de Musique & Mémoire. Et pourtant, le programme qui suit à 21h dans le même lieu allait franchir un jalon supplémentaire.

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COMPTE-RENDU, concert. GRANDVILLARS, Ă©glise Saint-Martin, le 20 juillet 2019. Francisco CORREA de ARAUXO (1584 – 1654). Tientos. Victoria, Morales… Jean-Charles Ablitzer, orgue ibĂ©rique de Grandvillars, Vox Luminis.

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CD : El Siglo de Oro (Jean-Charles Ablitzer / Festival Musique & Mémoire, 2018)

ablitzer-jean-charles-siglo-de-oro-cd-festival-musique-et-memoire-cd-critique-annonce-cd-orgue-par-classiquenewsCD, événement, critique. El SIGLO DE ORO. Jean-Charles Ablitzer, orgue espagnol de Grandvillars : Cabezon, Cabanilles… (2 cd Musique & Mémoire, oct 2018). En 2 cd, remarquablement édités (livret et illustrations de grande valeur, détaillant les qualités de l’instrument ibérique récemment inauguré à Grandvillars, en oct 2018), le coffret à l’initiative du festival Musique & Mémoire souligne l’œuvre de défricheur de l’organiste Jean-Charles Ablitzer (par ailleurs artiste associé du Festival des Vosges du sud) ; sa recherche sur l’organologie élargit toujours les champs de connaissances comme elle ne cesse de poser des questions sur la manière d’interpréter une très riche littérature musicale. S’agissant de l’orgue ibérique, voici un jalon indiscutable qui lève le voile sur la diversité des écritures comme l’originalité de la facture instrumentale à l’époque de Charles Quint et de ses successeurs… Lire notre critique intégrale du cd El Siglo de oro (Jean-Charles Ablitzer / Festival Musique & Mémoire, 2018)

COMPTE-RENDU, concert. LURE, église Saint-Martin : Giovanni GABRIELLI : Incoronazione a Venetia (Venise 1615). La Fenice, Jean Tubéry

musique-et-memoire-festival-2019-annonce-programmation-concert-opera-festival-concerts-annonce-critiques-classiquenewsCOMPTE-RENDU, concert. LURE, Ă©glise Saint-Martin, le 19 juillet 2019 (ouverture du 26è Festival Musique et MĂ©moire) : Giovanni GABRIELLI : Incoronazione a Venetia (Venise 1615). La Fenice, Jean TubĂ©ry. LABORATOIRE VÉNITIEN… Alors que la monarchie en France cherche encore la musique de sa gloire, Venise a dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© la sienne Ă  travers la chapelle de son Doge, incarnation vivante et théâtralisĂ©e de sa puissance sur les mers (en particulier depuis la bataille de LĂ©pante, 1571). En peinture, les maĂ®tres de la couleur affirment un sens innĂ© de l’architecture et des compositions vertigineuses qui font d’ailleurs dĂ©lices et splendeur du dĂ©cor du palais des doges : Tintoret (et sa formidable Ă©vocation du Paradis en anneaux cĂ©lestes), en attestent son souffle, sa carrure, son rythme dĂ©jĂ  baroque de la mise en scène… MĂŞme Ă©clat, mĂŞme faste et intelligence des mouvements et de l’espace chez Giovanni Gabrielli (1557 – 1612) dont la puissante polyphonie, le sens des contrastes, le raffinements des couleurs instrumentales (cordes, cornets, trombones) semblent ici concrĂ©tiser un absolu expressif qui concentre et les recherches musicales, et le prestige du doge.
Grand dĂ©fenseur de ce rĂ©pertoire et de cette pĂ©riode oĂą tout se joue entre Renaissance et Baroque, Jean TubĂ©ry rĂ©unit autour de lui instrumentistes et chanteurs pour Ă©voquer le cĂ©rĂ©moniel du couronnement du Doge Giovanni Bembo Ă  Venise, probablement vers 1615. Sous les coupoles de San Marco, – la chapelle du Doge, se dĂ©ploie comme nulle part ailleurs, l’esthĂ©tique Ă  la fois spatialisĂ©e et d’un grand raffinement de timbres, en rapport avec le riche dĂ©cor des mosaĂŻques d’or. Il paraĂ®t Ă©vident que Gabrielli a connu le remarquable recueil des VĂŞpres de la Vierge de Claudio Monteverdi (1557 – 1643), datĂ© de 1610 : vrai laboratoire mĂŞlant avec une rare intelligence expĂ©rimentale, styles modernes et anciens. De Giovanni Ă  Claudio (nĂ©s la mĂŞme annĂ©e), rayonnent une mĂŞme libertĂ© du geste, l’amour des combinaisons nouvelles, le sens des jeux formels, une volontĂ© inĂ©dite de renouveler et inventer les formes musicales en variant effectifs et dĂ©veloppements.

 
 

 
 

Pour lancer le 26è Festival Musique & MĂ©moire, Jean TubĂ©ry et La Fenice Ă©voquent le couronnement du Doge Giovanni Bembo… Ă  VENISE, Ă  San Marco et au Palazzo Ducale…

VENISE, 1615

 
 

Giovanni Bembo incoronazione a venezia la fenice jean tubery critique musique et memoire festival critique concert opera messe classiquenews 26 e festival musique et memoire 2019Autant d’inventions qui renouvellent le stricte cadre d’une célébration officielle et pompeuse. Car c’est bien ce que nous permet d’écouter Jean Tubéry et les musiciens de son ensemble La Fenice (la formation fêtera ses 30 ans en 2020) : la richesse et la sensualité, le dramatisme et la vitalité. Venise n’a pas encore inventé l’opéra (1637), mais elle a désormais tous les éléments du langage pour réussir ce défi. 10 années avant, on reste saisi par la faculté à varier, le souci de séduire et d’envelopper, la volonté d’articuler par la voix et l’instrument, traités à égalité. De Gabrieli à Monteverdi (et vice versa) circule la même ambition inventive, d’autant que Claudio Monteverdi succède à son aîné au poste de maître de chapelle de San Marco en 1614. Puis en 1617, sont publiées plusieurs recueils de la musique de Gabrieli alors que Claudio est responsable de toute la musique officielle à San Marco. Il est donc plus que légitime d’associer les deux signatures : opportunité pertinente qui éclaire cet atelier vénitien entre les deux styles (antico et moderno), une communauté de sensibilité et de recherches, aux manières quasi interchangeables (comme en leur atelier « cubiste », Picasso et Braque peignant de la même façon au début du XXè). Ici la proximité est indéniable : elle dévoile ce laboratoire musical intense et réformateur, entre Renaissance et Baroque, période mixte, intermédiaire, délicieusement ambivalente dont le Festival Musique et Mémoire aime préciser la dynamique des ferments mêlés.

Le concert dĂ©bute Ă  l’orgue positif (aux très riches couleurs instrumentales) qui ponctue toute l’architecture du concert ; puis c’est le vertigineux motet concertant (Motetto concertato) pour voix et instruments de Giovanni Gabrielli : « In ecclesiis benedicte Domino », vĂ©ritable cathĂ©drale bondissante et rugissante, sensuelle et mĂŞme caressante dont la prodigieuse architecture indique l’ambition de spatialisation, le souffle pictural, le sens dramatique aussi dans les longues vagues sonores qui n’en finissent pas d’étirer leur superbe ondulation. S’il ne fallait retenir qu’une pièce de Gabrielli, celle ci s’affirme sans discussion. Jean TubĂ©ry ajoute le « Laudate Dominum » de Francesco Usper (1561 – 1641), autre formidable partition, très dramatique lĂ  encore, exclamative dont on savoure le jeu dialoguĂ© entre cuivres (profondeur et majestĂ© des trombones) et cordes (brillance des violons). Joueur de l’instrument, le chef et crĂ©ateur de La Fenice, n’omet pas la place première du cornet, dont l’aigu infini dessine l’extrĂ©mitĂ© d’un spectre sonore Ă©largi, contrastant avec le grave spectaculaire (chtonien) des mĂŞmes trombones, complĂ©tĂ©s par le basson.
C’est à Venise aussi que se fixent les premières formes de musique instrumentale pure : le goût des timbres associés, diversifiés, alternés s’affirment dans plusieurs pièces qui font converser dans l’esprit d’un chambrisme qui se façonne alors, cornets, violons, cuivres amples et articulés.
Le collectif, instrumentistes et chanteurs, s’enivre et joue la surenchère en un festival de couleurs et de nuances dont le but ultime cherche à fusionner majesté et sensualité, élégance et expressivité. A l’égal des peintres qui ont marqué d’un âge d’or le siècle précédent à Venise, les musiciens s’offrent et affirment la même maestrià, dans l’opulence, la couleur, une suavité nouvelle qui fait bien de la Cité lacustre, en ce début du XVIIè (Seicento), le premier laboratoire artistique d’Europe. Inspiré par son sujet, pilotant les effectifs de la Fenice auxquels se joignent deux jeunes instrumentistes locaux pour le dernier épisode (« Jubilate Deo Omnis terra », particulièrement festif), Jean Tubéry illustre idéalement son sujet : le couronnement du Doge, à San Marco puis au Palais ducal (Palazzo Ducale) ; il en ressuscite l’énergie impétueuse, la riche palette sonore, l’ampleur et les étagements vertigineux. Pour inaugurer, le 26è festival Musique et Mémoire, on ne pouvait rêver meilleure arche à la fois majestueuse et raffinée, sacrée et profane, incarnée, dramatique et spirituelle.

 
 

 
 

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COMPTE-RENDU, concert. LURE, église Saint-Martin, le 19 juillet 2019 (26ème Festival MUSIQUE ET MÉMOIRE) : Giovanni GABRIELLI : Incoronazione a Venetia (Venise 1615). La Fenice, Jean Tubéry

FESTIVAL CLASSICA : l’Ă©vĂ©nement au QuĂ©bec, classique et populaire. Bilan 2019 et 10è Ă©dition en 2020

Marc-BOUCHER baryton festival classica-200x300COMPTE-RENDU, festivals. QuĂ©bec, Festival CLASSICA Ă  Saint-Lambert – 9è Ă©dition 2019 : portant la dĂ©jĂ  9è Ă©dition de son festival CLASSICA, Ă©vĂ©nement majeur au sein de l’agenda des festivals du printemps au QuĂ©bec, le baryton Marc Boucher confirme un rare talent, capable de concilier musique classique et grand public, concerts en salles fermĂ©es et Ă©vĂ©nements en plein air, partitions hyperconnues et joyaux oubliĂ©es… C’est une vision large et lĂ©gitime, aux Ă©quilibres exemplaires, qui cultive l’éclectisme et l’accessibilitĂ© des rĂ©pertoires, la diversitĂ© des formes choisies, telles les fondamentaux d’une offre Ă  prĂ©sent inscrite dans le paysage musical quĂ©bĂ©cois. En terres francophones, l’évĂ©nement fĂ©dĂ©rateur situĂ© en MontĂ©rĂ©gie, soit sur la rive sud du Saint-Laurent, fidĂ©lise Ă  prĂ©sent un très large public canadien ; il a toutes les chances d’attirer aussi Ă  MontrĂ©al, un nombre de plus en plus importants de visiteurs et touristes français, depuis l’autre rive de l’Atlantique. Mais l’édition 2019 n’est qu’un prĂ©lude Ă  la grande Ă©dition 2020, … celle des 10 ans du Festival et des cĂ©lĂ©brations Beethoven (250ème anniversaire en 2020).

 

 

 

I
RÉCITAL – CONCOURS DE MÉLODIES : LA PASSION DE LA LANGUE FRANCAISE…
 
Mais l’évĂ©nement – nous le disions dĂ©jĂ  en 2018, pourrait marquer tout simplement l’histoire des festivals francophones : l’interprète directeur dĂ©fend la langue française et la culture quĂ©bĂ©coise comme peu (les deux notions ne sont-elles pas liĂ©es?) ; d’oĂą son idĂ©e depuis 3 ans dĂ©jĂ , d’organiser une compĂ©tition pour les chanteurs qui chantent en français : ainsi est nĂ©e le RÉCITAL-CONCOURS international de mĂ©lodies françaises (3è Ă©dition en juin 2019). Son originalitĂ© est dans son titre : c’est d’abord un rĂ©cital en public, avant d’être une compĂ©tition. Ici, chaque interprète chante l’intĂ©gralitĂ© de son programme : pas de coupures ni de commentaires expĂ©ditif de la part d’un jury narquois et arrogant. Le public comme les 6 « juges » prĂ©sents dans la salle jaugent, analysent, et notent enfin les interprètes les plus mĂ©ritants : ceux qui articulent un texte et qui savent en exprimer l’intensitĂ© Ă©motionnelle. Celles et ceux qui savent emporter avec eux, les auditeurs dans une histoire qui se vit au moment de la prestation, Ă  travers les images de textes souvent très poĂ©tiques. Rien de moins.
CONCOURS-MELODIES-FRANCAISES-annonce-2019-quebec-2019Quoi de plus naturel en vérité que d’expliquer et faire rayonner l’art si difficile de la mélodie française au Québec ? : articulation, prononciation, intonation… le français y est plus qu’ailleurs, une passion régionale ardemment défendue ; de la même façon, n’y a-t-il pas depuis des décennies, et même bien avant, une école de chanteurs francophones Québécois, dont la maîtrise et l’intelligibilité, la musicalité et l’engagement dépassent bien souvent les chanteurs français eux-mêmes ? Voilà expliquées deux réalités indiscutables qui légitiment aujourd’hui l’initiative depuis le Québec.
Son fonctionnement est moderne et devrait inspirer moult compĂ©titions françaises, rigidifiĂ©es par des pratiques d’un autre âge. Le concours est ici d’abord, un rĂ©cital : c’est un concert Ă  l’adresse du public, dans lequel l’interprète est invitĂ© Ă  dĂ©fendre son propre programme (5 mĂ©lodies françaises dont une canadienne pour la demi finale – puis, un cycle intĂ©grale, quelle que soit sa durĂ©e… pour la finale).
A chaque séance, le public vote comme les 6 juges : au total, chaque vote compte pour 50% de l’évaluation globale. Il s’agit de distinguer les chanteurs professionnels ou en professionnalisation qui défendent leur interprétation ; qui sont capables de raconter leur conception de l’histoire, à niveau de technique égale. L’art du diseur, l’articulation naturelle et l’intelligibilité sont ici des qualités essentielles dont la maîtrise fait les plus grands chanteurs. En défendant cette conception du beau chant français, Marc Boucher, émule d’un Philippe Martinon, grand spécialiste de diction au milieu du XXè, devient un défenseur incontournable de la mélodie, laquelle favorise et enrichit l’expérience du chanteur lyrique.

Demain, le RÉCITAL-CONCOURS qui a lieu à Saint-Lambert, épicentre du festival depuis ses débuts, reconnaîtra les tempéraments les plus convaincants, le temps de ce récital unique au monde, comme une étape décisive et obligée pour qui veut affirmer sa maestria et sa légitimité dans le genre. Et lorsque l’on songe au vivier impressionnant de chanteurs francophones au Québec, tous les espoirs pour de prochaines éditions passionnantes sont désormais possibles. A l’issue de la Finale 2019 (16 juin 2019), c’est la soprano Caroline Gélinas qui a obtenu le Premier Prix (fusionnant les votes du jury et du public).

DU CONCERT AU DISQUE. Des romances de Berlioz aux mélodies de Massenet. Marc Boucher sait aussi conserver la trace de programmes défricheurs qui ont fait l’événement du festival CLASSICA. Lors du grand week-end à Saint-Lambert, étaient recrées les 25 romances de Berlioz, pour voix et guitare ; un dispositif original et intimiste qui après avoir été réalisé en concert (samedi 1er juin 2019) était dans la foulée enregistré (prochaine parution prévue à l’automne 2019 chez Atma / avec la soprano Magali Simard-Galdès, lauréate 2018 du Récital Concours de mélodies françaises, et le ténor Antonio Figueroa, avec le guitariste David Jacques). Un programme qui en s’inscrivant dans l’année des célébrations Berlioz 2019, dévoile un pan méconnu de l’écriture du Romantique français.

faure integrale melodies marc boucher olivier godin pour ATMA classique 4 cd par classiquenews la critique du cd En novembre 2019, un nouveau projet au long cours occupera Marc Boucher : une nouvelle intégrale… de mélodies bien sûr, celles de Jules Massenet, soit plus de 300 airs restitués avec une pléiade de chanteurs diseurs triés sur le volet, et avec la singularité sonore (mais si légitime, et même bénéfique pour la ligne vocale des solistes) du piano historique, un Erard 1854 (avec lequel s’est d’ailleurs déroulé le dernier Récital-Concours de mélodies françaises : la nuance est d’importance car elle révèle aussi le souci du format sonore le plus proche de l’époque des salons parisiens où ont été chantés la majorité des mélodies françaises). Visionnaire, infatigable défricheur, surtout interprète et perfectionniste, Marc Boucher ne cède rien à la qualité artistique de chacun de ses projets. C’est d’ailleurs ce qui avait fondé la réussite de sa précédente intégrale, dédiée aux mélodies de Gabriel Fauré, somptueux et délectable somme artistique, aujourd’hui de référence (4 cd Atma, CLIC de CLASSIQUENEWS, paru à l’été 2018).

 

 

 

II
SUR LES TRACES DE BERLIOZ : REINVENTER L’EXPÉRIENCE ORCHESTRALE DU XXIE SIECLE… UNE CERTAINE IDÉE DU PLEIN AIR.
 
En visionnaire, Marc Boucher devance aussi l’évolution des orchestres, telle qu’elle se manifeste déjà en France. Le temps des phalanges routinières, souvent fonctionnarisée, qui demeurent dans le seul cadre fermé du concert en salle (souvent dans les théâtres d’opéra dont ils assurent aussi la saison symphonique), est révolu, dépassé. Le classique souffre de son image élitiste, cloisonnée, confinée, poussiéreuse. A l’heure numérique et des réseaux sociaux, l’expérimentation, le renouvellement des formes du concert, le déroulement et la réalisation des programmes sont un chantier désormais ouvert, qui permet aux orchestres 2.0 de toucher les jeunes publics, naturellement connectés. Les formations sont bien inspirées de vouloir réinventer à l’adresse des audiences, l’expérience musicale et la relation aux instruments.

classica-festival-plein-air-concert-bee-gees-classica-2019-concerts-festivals-annonce-critique-festivals-crtiique-concerts-opera-classiquenews-plein-airCette annĂ©e, anniversaire BERLIOZ 2019, Marc Boucher offre un avant goĂ»t de ce qui pourrait devenir une expĂ©rience orchestrale digne de ce qu’inventait au XIXè, le grand Hector. Sur les pas de l’auteur de La Damnation de Faust et du Requiem, – rĂ©formateur de l’expĂ©rience orchestrale dès 1845 avec ses concerts gĂ©ants au Cirque Olympique-, Marc Boucher tente le pari du tout symphonique en plein air, rĂ©alisĂ© par presque 100 musiciens d’orchestre regroupĂ©s sur une scène, sous arabesque (vaste podium fermĂ© protĂ©geant les instrumentistes en cas de pluie). On sait les puristes, recroquevillĂ©s et plutĂ´t rĂ©tifs Ă  l’idĂ©e d’écouter un orchestre hors des salles acoustiques. Mais tout l’enjeu du classique pour demain n’est-il pas lĂ  justement ? Exposer le plus grand nombre Ă  une expĂ©rience orchestrale inouĂŻe, oĂą la spatialisation, les effets visuels, le choix rythmĂ© des Ĺ“uvres (composant une thĂ©matique) suivent un programme unifiĂ©, orchestrent un spectacle mĂ©morable. Ouvert pour tous.

Toutes les institutions musicales en France souffrent d’un trop faible renouvellement des publics. Les plus grands orchestres menacés d’isolement et de moins d’adhésion citoyenne, cherchent à tout prix à séduire le plus grands nombre : concerts bébés, concerts connectés, opéras et symphonies dans les stades, dans les gares ou dans les musées… Ce décloisonnement de mieux en mieux pensé constitue pour les années à venir un vaste et décisif laboratoire dont l’enjeu concerne les orchestres et leur faculté à fédérer.
En proposant demain aux orchestres canadiens de s’exposer le temps d’une soirée hors normes chaque année à CLASSICA, Marc Boucher rencontre cette évolution inéluctable qui pourrait bien assurer le futur du classique orchestral. D’autant qu’au Québec, les orchestres dignes de ce nom de manquent pas.

Le Festival CLASSICA organise depuis ses débuts de grands concerts de rock symphonique (hommage sur instruments classiques et avec la coopération de choristes préparés, aux Rolling Stones ; aux Bee Gees, cette année ; en 2020, il s’agira de David Bowie). La ville de Saint-Lambert et son parc de la Voie maritime accueilleront bientôt un grand orchestre, des choristes et des solistes pour une soirée exceptionnelle, avec arabesque et grands écrans, où les grands noms de la variété française côtoient des airs d’opéra français, où le classique montrera sa forte attractivité quand il est intelligemment métissé. Tout est affaire de goût et de dosage ; de ce point de vue, le directeur de CLASSICA maîtrise les équilibres.

 

 

 

III
2020, L’ANNÉE DE TOUS LES DÉFIS : De Beethoven à Miguela…
 
Cycle BEETHOVEN sur Arte les 2, 9, 16, 23 et 30 octobre 2016 En 2020, un cycle supérieur en nombre devrait marquer la programmation (entre 3 et 5 grands concerts symphoniques sous les étoiles, alternant rock symphonique et programme purement classique), de quoi séduire de nombreuses phalanges, soucieuses de renouveler leur image et de conquérir de nouveaux spectateurs.
Mais l’édition CLASSICA 2020 élargit encore son champs d’activité. Intitulé de « Beethoven à David Bowie » (comme il y eut « De Schubert aux Rolling Stones » et « De Berlioz aux Bee Gees »)  : un très riche cycle BEETHOVEN est annoncé afin de célébrer l’anniversaire du grand Ludwig. Au programme d emai et juin 2020 : intégrale des Sonates pour piano, Sonates pour violoncelle, pour violon, lieder et aussi Bagatelles (joyaux méconnus), sans omettre en grand format justement et sur la grande scène en plein air : la Missa Solemnis, l’oratorio Le Christ au mont des Oliviers (en partenariat avec l’Atelier Lyrique de Tourcoing), les Symphonies n°3 et 5…

 

 

MIGUELA DE DUBOIS, UNE CRÉATION MONDIALE TRES ATTENDUE.
CLASSICA comme tous les grands festivals internationaux cultive les genres symphoniques et populaires, les récitals chambristes, mais aussi le goût du chant, mélodies et opéra. CLASSICA n’est rien sans la présence de la voix. Les Festivaliers retrouveront la 4è édition du Récital-Concours de mélodies françaises (juin 2020, édition programmée comme chaque année comme conclusion de l’événement). Enfin, l’année prochaine est celle de tous les défis car y sera réalisée aussi la création du dernier opéra de Théodore Dubois, compositeur romantique français récemment ressuscité ici et là, mais de façon trop disparate pour juger pleinement de son écriture comme de son tempérament lyrique. Marc Boucher prolonge ainsi le travail pionnier, réalisé dans un véritable esprit de famille et de troupe, avec son mentor, le regretté chef, fondateur de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, Jean-Claude Malgoire. Le chef français avait le souci de jouer les œuvres de Dubois : à Tourcoing furent ainsi créés en première mondiale, l’oratorio Le Paradis perdu (dans une version orchestrale restaurée), puis l’opéra ABEN HAMET, éblouissante production qui réunissait Marc Boucher, Guillaume Andrieux, Ruth Rosique, Hasnaa Bennani, Nora Sourouzian…).

LE VERDI FRANCAIS
dubois_theodoreRétablir la création de ce qui serait bien le dernier ouvrage de Théodore Dubois, Miguela, dans le sillon de ces œuvres déjà recréées est d’autant plus pertinent que son livret souligne les mêmes thèmes que Aben Hamet (1884) : l’élan amoureux ici entre une espagnole et un officier français (dans Aben Hamet, il s’agit d’un arabe et d’une princesse catholique) confronté à la violence de la guerre, du terrorisme, des armes. « Théodore Dubois est pour moi, le Verdi français », précise Marc Boucher. « Comme Verdi, Dubois connaît la voix ; il choisit les tessitures selon le profil dramatique des personnages ; sa prosodie est parfaite : chanter Dubois, c’est parler et respirer ; il n’y a aucun arrangement à concéder, aucune transposition à envisager : tout coule de source, en parfaite connexion avec la situation dramatique, et les ressources de chaque tessiture ».
Le baryton en parle avec d’autant plus d’assurance qu’il a interprété ses œuvres et chantera aussi lors de la création de Miguela (le rôle du méchant, Fernandes, l’agent de la barbarie et de la haine, celui qui ne cesse de rappeler Miguela à son devoir…). La haine des autres contre l’amour de tous. Voilà un schéma déjà passionnant qui suscite la plus grande attente d’ici au printemps 2020 au Québec. Déjà, le directeur de CLASSICA, heureux de poursuivre l’enthousiasme et la curiosité de Jean-Claude Malgoire par delà l’Atlantique, prépare le matériel musical laissé par Théodore Dubois. L’auteur du livret de Miguela est Jules Barbier, d’après les dernières découvertes : Dubois a pu ainsi s’appuyer sur un homme d’expérience.
C’est Marc Boucher qui dans les cahiers constituant l’inventaire des œuvres déposées à BNF avait repéré et identifié le dernier opus lyrique de Théodore Dubois, probablement composé en 1891 : un ouvrage ambitieux (en trois actes et six tableaux), dans le style du grand opéra français qui témoigne des dernières évolutions lyriques du directeur du Conservatoire, au début des années 1890.
Miguela serait-il ce grand opéra romantique oublié, jalon essentiel de l’opéra français de la fin du XIXè et au début du XXè, à l’époque du dernier Verdi et des opéras de Massenet ? L’idée est séduisante. Pour Marc Boucher, Miguela se rapprocherait « de Manon de Massenet, dans une forme en route vers Falstaff où le récit accompagné est prédominant et où l’intrigue bien qu’ayant ses protagonistes principaux, est soutenue par les rôles secondaires. »
A l’heure des rĂ©surrections plus ou moins heureuses rĂ©vĂ©lant souvent de façon tronquĂ©e, des partitions exhumĂ©es que l’on croyait connaĂ®tre, Marc Boucher a dĂ©cidĂ© de tout jouer : Miguela pourra ainsi ĂŞtre jugĂ©e dans sa continuitĂ© originelle. A la BNF, de fait, tout le matĂ©riel existait (le conducteur, la partie chant / piano, les parties d’orchestre…) ; ils attendaient d’être ressuscitĂ©es pour une crĂ©ation intĂ©grale. Probablement pour une rĂ©alisation partielle dĂ©cidĂ©e pour la Palais Garnier en 1916. « la genèse de l’opĂ©ra demeure mystĂ©rieuse ; beaucoup d’élĂ©ments de la genèse restent dans l’ombre » prĂ©cise Marc Boucher. Et d’ajouter en interprète connaisseur :  « Il y a 12 rĂ´les : 2 pour voix de femmes dont un soprano lyrique pour le rĂ´le-titre ; et 10 voix masculines, le hĂ©ros amoureux Ă©tant ici chantĂ© par un tĂ©nor ; fait assez surprenant quand on sait le goĂ»t de Dubois pour la voix de baryton – comme Verdi : Aben Hamet est chantĂ© par un baryton ». En somme, Miguela est le sommet lyrique de ThĂ©odore Dubois, et certainement une prochaine rĂ©vĂ©lation majeure pour notre connaissance de l’opĂ©ra romantique français.

 

 

 

 

 

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classica-festival-canada-logo-vignette-classiquenews-annonce-concerts-festivals-operaRéservez dès à présent votre séjour au Québec, au moment du festival CLASSICA : concerts chambristes, grands événements symphoniques en plein air, opéra en création, mais aussi le cycle Beethoven 2020… promettent une nouvelle édition mémorable, celle des 10 ans (« de Beethoven à David Bowie »). Le rendez-vous est d’ores et déjà pris.

 

 

TOUTES LES INFOS sur le site du FESTIVAL CLASSICA
https://www.festivalclassica.com

 

 

 

COMPTE-RENDU, critique, opéra. LILLE, le 9 juillet 2019. BIZET : Carmen, Extrémo, Bélanger… ONL, Alex. BLOCH

COMPTE-RENDU, critique, opĂ©ra. LILLE, le 9 juillet 2019. BIZET : Carmen, ExtrĂ©mo, BĂ©langer… ONL, Alex. BLOCH. Ils l’avaient laissĂ© il y a deux ans, depuis des PĂŞcheurs de perles rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s (entre autres par une direction sculptĂ©e et narrative, Ă©nergique et colorĂ©e, et une distribution oĂą brillait l’éclat de la jeunesse). Les musiciens de l’Orchestre National de Lille et leur directeur musical Alexandre Bloch, reprennent le mĂ©tier amorcĂ© et dĂ©diĂ© Ă  Georges Bizet. Pour lancer leur nouveau festival estival, « les Nuits d’été », voici donc Carmen, l’ultime opĂ©ra du maĂ®tre romantique (1875) et dans un dispositif adaptĂ© au volume de l’auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille. Ici pas de dĂ©cors ni de mise en scène traditionnelle, mais une gigantesque fresque illustrĂ©e, mouvante, animĂ©e en fond de plateau, un narrateur mĂŞlant humour et citations du roman de MĂ©rimĂ©e (Carmen, 1845 dont s’est inspirĂ© Bizet), soit une mise en espace qui au dernier tableau, produit pour le public une immersion convaincante. De toute Ă©vidence, pour le National de Lille, ce nouveau pari – lyrique-, est amplement rĂ©ussi. Guide et rĂ©citant, enjouĂ©, prĂ©cis quand il cite la nouvelle de MĂ©rimĂ©e, le narrateur Alex Vizorek trouve le ton juste, sans pĂ©danterie, dans la dĂ©contraction qui sied infiniment Ă  un spectacle d’opĂ©ra (merci Ă  cette intelligence), osant mĂŞme des saillies bien trempĂ©es Ă  l’endroit des RĂ©publicains ou de Manuel Vals…

 

 

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Après une ouverture riante et mĂ©diterranĂ©enne Ă  souhait oĂą le chef n’oublie jamais le drame ni mĂŞme la veine âpre et tragique ; après la première apparition de la frĂŞle Micaela (ardente Gabrielle Philipponet remplaçant au pied levĂ© Layla Claire) ; après le choeur rĂ©jouissant des enfants (chĹ“ur maĂ®trisien du Conservatoire de Wasquehal… idĂ©alement prĂ©parĂ© dans l’Ă©vocation de la relève de la garde), … voici enfin la « carmencita », furie sauvage, crĂ©ature bondissante, Ă  peine extirpĂ©e (par JosĂ©) d’un bain de sang, dans cette manufacture des cigarières Ă  SĂ©ville… oĂą les coups de poignards tranchent la peau, oĂą la voluptĂ© des corps fĂ©minins dĂ©nudĂ©s est une provocation, une abomination Ă  faire se signer les puritains. L’opĂ©ra de Bizet est une peinture Ă©rotique franche : et son hĂ©roĂŻne revendique cette libertĂ© sĂ©ditieuse. A la fois dĂ©voreuse et menthe religieuse, Aude ExtrĂ©mo incarne une sirène mĂ©morable ; elle dĂ©verse Ă  plein gosier le mĂ©tal onctueux et quasi caverneux de son ample mezzo : on aura rarement Ă©couter Carmen plus abyssale plus dominatrice, plus fatale… C’est une arme de sĂ©duction massive. Quand elle chante, tout s’efface dans ce relief vocal, cette soie au souffle infini, Ă  la fois sensuel et monstrueux.

  

 

 

L’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH jouent Bizet
CARMEN revivifiée au Nouveau Siècle

 

 

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C’est une maĂ®tresse ès voluptĂ© ; on comprend que le trop frĂŞle Don JosĂ©, brigadier de pacotille, qui se place toujours dans l’ombre de sa mère, se soit soumis corps et âme sous l’attraction de cette enchanteresse dont la raucitĂ© fascine. Mais Ă  y rĂ©flĂ©chir plus scrupuleusement, le tĂ©nor quĂ©bĂ©cois Antoine BĂ©langer gagne en maturitĂ©, sĂ»retĂ© et Ă©paisseur en cours de drame ; dĂ©bord un rien serrĂ©s, ses formidables aigus se galbent et s’adoucissent; il rĂ©ussit Ă  rendre sincère et dĂ©chirant son air de la fleur (magnifique voix de tĂŞte qui a la tendresse d’un garçonnet Ă©pris) puis trouve de justes accents dignes du théâtre tragique dans le duo final oĂą il tue son bourreau, Carmen … laquelle confesse qu’elle est bien le diable incarnĂ©.

 

 

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Finalement, après ces 2h45 de spectacle, c’est lui le vrai hĂ©ros de la soirĂ©e capable sur la durĂ©e de construire son personnage, de le rendre crĂ©dible… de l’amoureux transi, au soldat pris de scrupules militaires quand le clairon sonne (chez Lilas Pastia), sans omettre le jaloux haineux (au III : vis Ă  vis du torero Escamillo, trop beau, trop noble trop arrogant : impeccable et presque hautain Florian Sempey) ; jusqu’au fou d’amour au IV, prĂ©fĂ©rant alors poignarder celle qu’il adore, plutĂ´t que d’accepter qu’elle le quitte. Ce frĂŞle transi est devenu par la force de sa passion, un sanguin criminel. La dĂ©testation qu’il Ă©prouve alors, est aussi intense que l’amour suscitĂ© par la Gitane au II.

 

 

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Outre l’acuitĂ© des scènes et confrontations Ă©pineuses, passionnelles, rageuses, la rĂ©ussite de la soirĂ©e vient des illustrations animĂ©es qui offrent un commentaire visuel et chromatique aux tableaux musicaux ; les atmosphères et les climats,  la puissance poĂ©tique de l’orchestre de Bizet, fait saillant du spectacle, s’en trouvent dĂ©cuplĂ©s.
Saluons l’imagination du plasticien Grégoire Pont : ses dessins font respirer le drame orchestral ; ils revivifient le mythe de Carmen.

 

 

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Mais ne nous trompons pas : les protagonistes de choc ce soir sont bien chaque instrumentiste du National de Lille, fabuleux collectif capable de couleurs, d’accents, d’Ă©clats,.. souvent furieux, exacerbĂ©s mais souples. Le chef Alexandre Bloch veille essentiellement au drame. Et Ă  l’opulence dĂ©taillĂ©e de la parure orchestrale : sous sa direction affĂ»tĂ©e, les bois et les cuivres en particulier, redoublent d’intensitĂ© et d’ardeur, d’indĂ©cente voluptĂ© aussi, car ainsi on comprend combien la Carmen de Bizet ronronne, tempĂŞte, s’enflamme en lascive impudeur. Clarinette, hautbois, basson subjuguent littĂ©ralement comme le trompettiste solo au I, accompagnant le changement des gardes, descendante et montante. On y dĂ©tecte les mĂŞmes justes rĂ©glages et soucis des timbres qui font actuellement la valeur du cycle Gustav Mahler en cours.
Comme il l’avait superbement dĂ©montrĂ© en mai 2017, Alexandre Bloch dĂ©voile de rĂ©elles  affinitĂ©s lyriques, dans l’Ă©nergie et l’articulation dramatique. DĂ©jĂ , il s’agissait de Bizet mais celui lĂ  de jeunesse : les PĂŞcheurs de perles (sujet du premier enregistrement discographique entre Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille - enregistrĂ© en mai 2017, Ă©ditĂ© chez Pentatone en 2018).
On peut ici et là regretter chez certains solistes la perte dommageable du texte qui rend incompréhensible leur intervention, d’autant plus qu’il n’y a pas de surtitrage. Mais la direction souvent somptueuse du directeur musical éclaircit et même explicite par le seul caractère des préludes (superbe intro du III entre autres), le sens et la direction des épisodes dont il saisit la poésie heureuse, le rêve et la volupté, comme la pression du fatum : aucun doute, ce dernier Bizet époustoufle par son génie mélodique, sa conception dramatique et par le raffinement de son orchestration.
Chef et orchestre nous transmettent le souffle et la vivacité riante, la plénitude et le nuancier méditerranéen d’un Bizet souvent touché par la grâce. C’est Manet devenu musicien, tant Alexandre Bloch en vrai amateur des timbres, réussit les alliages et les dosages comme l’équilibre des pupitres. Le voici cet orchestre solaire et viscéralement latin, non pas tant « africain » comme l’a suggéré Nietzsche alors en froid avec les brumes nordiques de Wagner, mais plutôt fiévreux et passionné, d’une ivresse insolente, d’un dramatisme à la fois sanguin et tendre. C’est un bel hommage que les interprètes ont ainsi réservé au théâtre de Bizet, des Pêcheurs de perles à Carmen.

Cette soirĂ©e fut un festin de couleurs Ă©panouies, joyeuses, aux cĂ´tĂ©s du drame noir et cru. ContrastĂ©, souverain, le National de Lille a bien raison de proposer ainsi son premier volet de son nouveau festival d’étĂ© « Les Nuits d’été » : un opĂ©ra chaque Ă©tĂ©, en juillet dans l’auditorium du Nouveau Siècle. Pour une première, c’est un triomphe au regard de la salle comble et plus qu’enthousiaste : convaincus, les spectateurs applaudissent debout tous les artistes. L’Orchestre dĂ©montre ainsi qu’il sait plaire Ă  son public. Ce dernier est prĂŞt Ă  le suivre pour de nouveaux dĂ©fis lyriques.

 

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La salle du Nouveau Siècle à Lille transformée en arènes de corrida pour le tableau final, celui tragique du meurtre de Carmen par Don José

 
  

 

 

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Carmen par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch, avec Aude Extrémo, Antoine Bélanger, Florian Sempey… à l’affiche du Nouveau Siècle, les 10 et 11 juillet 2019. Incontournable.

Illustrations : © Ugo Ponte + ONL Orchestre National de Lille 2019

 

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Version semi-scénique / 
Durée : environ 2h40 minutes + entracte
Création le 3 mars 1875 à Paris

Orchestre National de Lille
 / Direction : Alexandre Bloch
Chœur de l’Opéra de Lille – chef de chœur : Yves Parmentier
 / Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal – chef de chœur : Pascale Dieval-Wils

Aude Extrémo : Carmen (photo ci dessous)

Antoine Bélanger : Don José
Gabrielle Philipponet : Micaëla
Florian Sempey : Escamillo
Pauline Texier : Frasquita
AdelaĂŻde Rouyer : Mercedes
Jérôme Boutillier : Le dancaïre
Antoine Chenuet : Le Remendado
Bertrand Duby : Zuniga
Philippe-Nicolas Martin : Moralès
Alex Vizorek : récitant
Grégoire Pont : illustrations et animations

Assistants Ă  la direction musicale : Jonas Ehrler et Victor Jacob
Chef de chant : Philip Richardson

 

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LIRE aussi notre prĂ©sentation de la nouvelle CARMEN par l’Orchestre National de LILLE

LIRE notre entretien avec François Bou, directeur gĂ©nĂ©ral de l’Orchestre National de LILLE Ă  propos du nouveau cycle estival d’opĂ©ras, Les Nuits d’Ă©tĂ©

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COMPTE-RENDU, concert. MONT-ROYAL, le 11 juin 2019. Festival CLASSICA 2019, Les Larmes de Jacqueline / BERLIOZ, OFFENBACH, ROUSSEL, HÉTU. S Tétreault, JP Sylvestre, Orch Métropolitain. Alain Trudel

classica-festival-canada-logo-vignette-classiquenews-annonce-concerts-festivals-operaCOMPTE-RENDU, concert. MONT-ROYAL, le 11 juin 2019. Festival CLASSICA 2019, Les Larmes de Jacqueline / BERLIOZ, OFFENBACH, ROUSSEL, HÉTU. S Tétreault, JP Sylvestre, Orch Métropolitain. Alain Trudel, direction. Programme plein d’audaces et voire ambitieux ne serait ce que par la présence de deux œuvres rares en concert : le Concertino pour violoncelle de Roussel et le Concerto n°2 pour piano de Jacques Hétu. Pour ce 2è événement dans la ville de Mont-Royal, le Festival a souhaité profité de la présence de l’Orchestre Metropolitain et présenter ainsi plusieurs œuvres concertantes au souffle symphonique indéniable.

 

 

VIBRATIONS ORCHESTRALES
Tout en vibration rythmique et suractivité instrumentale chez Roussel, mais un Roussel frappé par les blessures, l’angoisse panique, la désespérance intime, le grave, le tragique. En démonstration fiévreuse et nourrie également, pour l’ouverture de La Belle Hélène d’Offenbach, qui fait un beau lever de rideau ; puis en conclusion, le marche hongroise pétaradante à souhaits, extraite de la Damnation de Faust de Berlioz. On se félicite que de l’autre côté de l’Atlantique, grâce à CLASSICA 2019, les trois compositeurs français (Berlioz, Offenbach, Roussel) soient ainsi célébrés, anniversaires oblige.
Le chef Alain Trudel ne manque pas de volonté ni d’autorité dans une mise en place indéniable. D’autant que le contenu du programme sait ensuite déployer des arguments dignes des meilleures salles de concert à Montréal.
Ainsi l’école des couleurs et de la sidĂ©ration sentimentale chez Berlioz dont le chef dirige la grandiose scène d’amour extraite de RomĂ©o et Juliette :… les musiciens du Metropolitain n’ont pas manquĂ© de prĂ©cision et d’équilibre dans le plans sonores ; quand on sait la passion de Berlioz pour Shakespeare, « oser » traiter par l’orchestre le miracle du dĂ©sir, la magie de la rencontre entre deux ĂŞtres que tout sĂ©pare… relève d’une vocation viscĂ©rale ; et les instrumentistes s’immergent avec beaucoup de finesse et de clartĂ© dans ce jeu miroitant des teintes et des timbres superposĂ©s pour que s’en dĂ©gage cet absolu de l’amour dont Berlioz, lui-mĂŞme âme passionnĂ©e et fougueuse, a le secret avant tout autre. Son langage est d’une modernitĂ© absolue, neuve et franche Ă  la fois, surtout poĂ©tique. Dans la Paroisse Lady of The Annunciation, il est permis ainsi d’entrevoir l’extase de Berlioz qui vaut bien celle de Wagner.

 

 

PIANO VOLONTAIRE
Le Concert pour piano n°2 de Jacques Hétu place d’emblée (dès les premiers accords) le pianiste sur le devant de la scène, dans un bain fougueux et impétueux, riche en contrastes et en confrontations. Cette activité impérieuse n’est pas sans repenser fondamentalement la relation soliste / orchestre. L’écriture néoromantique, puissante, souvent flamboyante et suave, alla Rachmaninov, ne manque ni de structure ni de cohérence dans le développement en 3 parties. Une pièce taillée pour le tempérament entier, franc lui aussi du très efficace Jean-Philippe Sylvestre. Il semble que sous ses doigts se révèle dans une évidence expressive l’écriture des compositeurs québécois qui comptent : hier André Mathieu (l’an dernier avec le même orchestre et le même chef : LIRE ici notre compte rendu CLASSICA 2018) et donc cette année, Jacques Hétu.

 

 

ROUSSEL et OFFENBACH : les éclairs introspectifs de Stéphane Tétreault
Plus ambivalent et difficile dans une première écoute, le Concertino d’Albert Roussel est une oeuvre à la fois âpre (proche de Chostakovitch) et d’une délicatesse d’articulation néo « baroque » qui se souvient aussi de … Tchaikovsky (Variations rococo pour violoncelle, 1877). L’Opus 57 de Roussel ainsi légitimement fêté pour son anniversaire 2019, est créé en 1937 et semble faire écho aux tensions politiques et sociétales de l’époque : il est parcouru par une urgence qui presse et emporte dans un tempo parfois précipité et panique. Tout aussi mis en avant, l’orchestre n’accompagne pas : il commente, s’essouffle, transpire, scintille en une exacerbation poétique… ravélienne. C’est dire les défis pour les instrumentistes et le chef.
Au devant de la scène, inspirĂ©, funambule, StĂ©phane TĂ©treault plonge dans les trĂ©fonds obscurs de la partition, en fait resurgir des accents dĂ©chirants, en plĂ©nitude intime, en blessures ourlĂ©es avec un tact, des respirations qui tĂ©moignent d’une somptueuse maturitĂ© musicale. On comprend pourquoi pour ses visuels 2019, Classica ait choisi d’afficher StĂ©phane TĂ©treault tel “un artiste de gĂ©nie” : de toute Ă©vidence, les festivaliers de CLASSICA ont pu depuis ses dĂ©buts il y a 9 annĂ©es dĂ©jĂ , suivre l’Ă©volution et la maturation artistique du violoncelliste. Une Ă©mergence et une confirmation qu’il a Ă©tĂ© ainsi passionnant de mesurer et de comprendre. L’artiste se rĂ©vèle de concert en concert par cette pudeur intense qui Ă©blouit dans la sonoritĂ© Ă  la fois chantante et allusive de son violoncelle si singulier (Stradivarius « Comtesse de Stainlein, ex-Paganini”, 1707). Après l’Allegro moderato fougueux mais intĂ©rieur, saisi par une urgence fauve, l’Adagio dĂ©ploie des pĂ©pites autrement plus troublantes, lunaires mais inquiètes voire tendues… la virtuositĂ© du soliste en servant surtout la sincĂ©ritĂ© du geste, Ă©claire la profondeur de la partition.
Une même gravité pudique affirme enfin cette introspection crépusculaire qui définit aussi l’art d’Offenbach : en jouant après Roussel, Les larmes de Jacqueline (transposition pour violoncelle d’un air précédent, probablement l’harmonie des bois), l’opus 76/2 retrouve l’intensité élégantissime qui avait fait la réussite de son récital précédent à CLASSICA 2019, autre grand moment d’accomplissement musical : « Les chants du crépuscule », Duos pour violoncelles d’Offenbach / LIRE notre compte rendu du concert à Mirabel, le 6 juin 2019.

On reste saisi par l’incandescence du geste, sa sobriété continue, l’absence de tout artifice. C’est un écho à l’Adagio si âpre de Roussel : Offenbach y semble au sommet de la déploration pathétique, mais ici sublimée par le renoncement maîtrisé, la douleur acceptée. Les tempéraments des deux solistes Jean-Philippe Sylvestre et Stéphane Tétreault assurent au programme à Mont-Royal, son relief, ses crépitements, auprès d’un public venu en masse. Un nouveau succès populaire pour des partitions pourtant rares et complexes.

 

 

 

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COMPTE-RENDU, concert. MONT-ROYAL, le 11 juin 2019. Festival CLASSICA 2019, Les Larmes de Jacqueline / BERLIOZ, OFFENBACH, ROUSSEL, HÉTU. S Tétreault, JP Sylvestre, Orch Métropolitain. Alain Trudel, direction.

 

 

 

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COMPTE RENDU, CRITIQUE, concert précédent : COMPTE-RENDU, critique, concert. QUÉBEC, Festival CLASSICA 2019. Saint-Benoit de Mirabel, le 6 juin 2019. “Les chants du crépuscule” : Stéphane Tétreault, Kateryna Bragina, violoncelles. Duos de JACQUES OFFENBACH :

http://www.classiquenews.com/compte-rendu-critique-concert-quebec-festival-classica-2019-saint-benoit-de-mirabel-le-6-juin-2019-les-chants-du-crepuscule-stephane-tetreault-katerina-bragina-violoncelles-duos-de-jac/

 

 

Tetreault stephane violoncelle duos offenbach concert critique classica festival CLASSICA 2019 juin saint benoit de MIRABEL quebec critique concert par classiquenews ETI_3578_LRDans ce portrait d’Offenbach, en orfèvre de la matière mélancolique et lunaire, quelle belle idée d’inscrire ici, le chant crépusculaire et quasi hypnotique à deux voix, des Baroques français du début du XVIIIè ; d’abord François Couperin, souple et soyeux (Concert pour deux violoncelles, arrangement de Paul Bazelaire), d’une pudeur infinie (Chaconne) ; ensuite le moins connu encore, Jean-Baptiste Barrière (mort en 1747) à la verve opératique, quasi fantasque (Sonate pour deux violoncelles en sol majeur n°10), dramatiquement proche d’un … Rameau. C’est dire la qualité des choix défendus, et aussi la pertinence de la filiation d’Offenbach aux Baroques. La sensibilité particulière de Stéphane Tétreault, la complicité de sa consœur Kateryna Bragina font le miel de ce récital à deux voix qui vient fort opportunément renouveler notre perception d’Offenbach.

 

COMPTE-RENDU, critique, concert. QUÉBEC, Festival CLASSICA 2019. Saint-Benoit de Mirabel, le 6 juin 2019. “Les chants du crĂ©puscule” : StĂ©phane TĂ©treault, Kateryna Bragina, violoncelles. Duos de JACQUES OFFENBACH

classica-festival-canada-logo-vignette-classiquenews-annonce-concerts-festivals-operaCOMPTE-RENDU, critique, concert. QUÉBEC, Festival CLASSICA 2019. Saint-Benoit de Mirabel, le 6 juin 2019. “Les chants du crĂ©puscule” : StĂ©phane TĂ©treault, Kateryna Bragina, violoncelles. Duos de JACQUES OFFENBACH. C’est un visage mĂ©connu d’Offenbach que nous dĂ©voile ce soir le violoncelliste StĂ©phane TĂ©treault, partenaire familier du Festival CLASSICA… Marc Boucher, directeur de CLASSICA, a le souci du compagnonnage et le respect sacrĂ© des itinĂ©raires artistiques ; qu’il s’agisse de prise de risques, de dĂ©frichement, d’évolution notoire : en tĂ©moigne l’accomplissement auquel nous assistons ce soir, celui du violoncelliste StĂ©phane TĂ©treault – trop peu connu en France hĂ©las, dont le tempĂ©rament sensible et expressif Ă©gale les plus grands noms du violoncelle. On savait le jeune interprète capable de fulgurances ; nous l’avions dĂ©couvert l’an dernier (CLASSICA 2018 dans plusieurs programmes : Tango, Mathieu et aussi Rolling Stones : transcriptions pour quatuor instrumental). Ici la diversitĂ© des formes et des rĂ©pertoires servis n’empĂŞchent pas la profondeur. C’est que l’artiste est prĂ©sent depuis ses dĂ©buts sur la scène de Classica : 9 annĂ©es d’un parcours sans fautes, qui affirme aujourd’hui une puissance Ă©motionnelle rare, irrĂ©sistible, originale. L’Ă©quivalent en France des gestes si percutants des Patrick Langot (dernier cd : Præludio), Christian-Pierre La Marca… sans omettre le jeune Edgar Moreau, lui aussi très inspirĂ© par Offenbach, ou de l’ambassadrice du Festival Menuhin Ă  GSTAAD, l’Ă©blouissante Sol Gabetta). Au QuĂ©bec, pour son festival CLASSICA, Marc Boucher a laissĂ© carte blanche ce soir au violoncelliste qui a choisi sa consĹ“ur ukrainienne Kateryna Bragina elle aussi violoncelliste, comme partenaire de ce fabuleux concert.

Bicentenaire OFFENBACH 2019Son mĂ©rite est de prĂ©senter en crĂ©ation un programme inĂ©dit, et de dĂ©voiler une facette mĂ©connue d’Offenbach : une dĂ©couverte mĂŞme pour beaucoup en cette annĂ©e du 200è anniversaire de la naissance de Jacques, lui aussi violoncelliste Ă  Paris, instrumentiste cachetoneur, dont la volontĂ© Ă  percer dans la Capitale française Ă©gale sa très grande culture lyrique : dans la fosse des théâtres parisiens, Jacques Offenbach apprend son mĂ©tier, se passionne pour le théâtre, suit l’actualitĂ© lyrique de la capitale… En dĂ©coulent ces pièces somptueuses que StĂ©phane TĂ©treault a sĂ©lectionnĂ© (parmi un myriade difficile Ă  dĂ©partager) : Offenbach en verve et en imagination, se rĂ©alise dans moult partitions pour deux violoncelles, c’est le cĹ“ur de cette soirĂ©e, qui lève le voile ainsi sur un compositeur Ă  la verve et au dramatisme aussi flamboyant qu’Ă©blouissant : l’opĂ©ra italien (Rossini), la vocalitĂ  ardente sont ici sublimĂ©s par une Ă©criture qui sait aussi colorer et nuancer, Ă  l’aulne des opĂ©ras français et germaniques que Offenbach, violoncelliste virtuose, connaĂ®t comme sa poche.

Fidèle au titre du concert, « les chants du crĂ©puscule », StĂ©phane TĂ©treault a sĂ©lectionnĂ© des climats plus schubertiens que weberiens, autant de perles qui lui permettent de creuser la sincĂ©ritĂ© de son instrument. Jamais le violoncelle n’a semblĂ© au plus prĂŞt de sa nature spirituelle et intime. Le violoncelliste nous rĂ©serve un Offenbach non pas lĂ©ger et insouciant, mais plutĂ´t douĂ© d’une conscience grave voire tragique, sensible aux Ă©panchements solitaires, au renoncement murmurĂ©, au vertige de l’introspection parfois inquiĂ©tante… ; un poète des nuances miroitantes et lunaires surgit en place de l’amuseur des boulevards. En jouant trois Duos (n°1 et 3 opus 52 ; n°3 opus 53), la dĂ©couverte s’avère splendide tant l’écriture du compositeur sait ĂŞtre virtuose, profonde et introspective; lyrique jusqu’à l’ivresse. Evidemment, la sensibilitĂ© et la sincĂ©ritĂ© de l’interprète permettent d’en recueillir la subtile vĂ©ritĂ© : autant de qualitĂ©s qui ressuscitent la quĂŞte d’Offenbach pour un chant franc et bouleversant, parfois dĂ©pouillĂ© et bouleversant. Celui des Contes d’Hoffmann, son grand Ĺ“uvre lyrique, fantastique et noir.

 

 

 

 

Pour CLASSICA 2019,
le violoncelliste Stéphane Tétreault rétablit
OFFENBACH, en poète crépusculaire…

 

 
CLASSICA 2019 festival annonce critique concerts opera par classiquenews ETI_3579_LR

 

 

C’est bien toute la valeur de ce concert-primeur, que de s’intéresser au visage d’un Offenbach, proche des poètes saturniens et mélancoliques, volontiers introspectif, génie aussi des mélodies comme des variations et des surprises harmoniques. Stéphane Tétreault dévoile d’Offenbach, l’épaisseur insoupçonnée d’un romantique sombre et grave, mais capable aussi de finesse presqu’insouciante, totalement désarmante.

Le chant dont il est question, est celui des deux violoncelles, en fusion fluide et scintillante, en dialogue concertĂ©. StĂ©phane TĂ©treault s’il rĂ©alise souvent la partie mĂ©lodique, laisse parfois la première partie Ă  sa consĹ“ur qu’il connaĂ®t depuis plus d’une dĂ©cennie ; leur complicitĂ© et leur entente font miracle. Les timbres mĂŞlĂ©s Ă  la fois proches mais si distincts, n’en finissent pas de troubler comme s’il s’agissait du chant dĂ©doublĂ© d’un seul cĹ“ur. Le jeu les transporte aussi, en particulier dans les contrastes et les rĂ©ponses des variations du premier duo pour violoncelle (opus 52 n°3) jouĂ© en ouverture. L’Adagio, – lamento funèbre et mĂ©lancolique, est un volet central qui Ă©blouit par le chant somptueux et doloriste du violoncelle de StĂ©phane TĂ©treault dont on mesure l’infinie pudeur, le tact naturel, la souplesse articulĂ©e et accentuĂ©e, …cette Ă©lĂ©gance sombre qui saisit. Puis le galop du III (Mouvement de valse – Tempo di Marcia – Mouvement de valse) emporte et berce Ă  la fois, dans l’esprit de Johann Strauss ; Offenbach manie la finesse, l’élĂ©gance, la parodie avec un Ă©quilibre souverain. Le violoncelliste faisant chanter son violoncelle comme un acteur lyrique douĂ© d’une exceptionnelle articulation, comme s’il dĂ©fendait un texte.

On relève le même éclat mélancolique sous le masque de la virtuosité agile dans le Duo opus 53 n°1 ; l’Adagio là encore se distingue par sa solitude extrême qui tend au dénuement, à l’épure, au repli ultime. Autant d’éclairs profonds qu’Offenbach contrebalance par un jaillissement soudain d’un grande rêverie ou d’un allegro, pétillant (finale).

 

 

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Dans ce portrait d’Offenbach, en orfèvre de la matière mélancolique et lunaire, quelle belle idée d’inscrire ici, le chant crépusculaire et quasi hypnotique à deux voix, des Baroques français du début du XVIIIè ; d’abord François Couperin, souple et soyeux (Concert pour deux violoncelles, arrangement de Paul Bazelaire), d’une pudeur infinie (Chaconne) ; ensuite le moins connu encore, Jean-Baptiste Barrière (mort en 1747) à la verve opératique, quasi fantasque (Sonate pour deux violoncelles en sol majeur n°10), dramatiquement proche d’un … Rameau. C’est dire la qualité des choix défendus, et aussi la pertinence de la filiation d’Offenbach aux Baroques. La sensibilité particulière de Stéphane Tétreault, la complicité de sa consœur Kateryna Bragina font le miel de ce récital à deux voix qui vient fort opportunément renouveler notre perception d’Offenbach.

 

 

 

 

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PROCHAIN CONCERT…

classica-festival-quebec-2019-annonce-critique-presentation-sur-classiquenews-festival-CLASSICA-2019Voici Ă  coup sĂ»r, un autre concert majeur de CLASSICA 2019… Mardi 11 juin 2019,  les festivaliers retrouveront StĂ©phane TĂ©treault (Paroisse Our Lady of the Annonciation, MONT-ROYAL, 19h) dans un programme intitulĂ© « Les larmes de Jacqueline » (infos et rĂ©servation sur le site du Festival CLASSICA 2019) : Ĺ“uvres de Berlioz, Offenbach, Roussel, couplĂ© avec le Concerto pour piano n°2 du compositeur quĂ©bĂ©cois Jacques HĂ©tu (Jean-Philippe Sylvestre, piano). Avec l’Orchestre MĂ©tropolitain (Alain Trudel, direction). Billets, information : www.festivalclassica.com/programme ou au 450 912-0868.

Illustrations : © Étienne Boucher Cazabon / Festival CLASSICA 2019

 

 

  

 

 

DETAIL DU PROGRAMME :

 

 

Jacques Offenbach (1819 – 1880)

Duo pour deux violoncelles, opus 52, no 3

I. Tempo di marcia – 1ère variation – 2e variation
II. Adagio
III. Mouvement de Valse – Tempo di marcia – Mouvement de Valse

 

 

François Couperin (1668 – 1733)

Concert pour deux violoncelles

(arrangement par Paul Bazelaire)

I. PrĂ©lude – Vivement
II. Air – AgrĂ©ablement
III. Sarabande – Tendrement
IV. Chaconne – LĂ©gèrement
V. Le Je-Ne-Scay Quoy – GayĂ«ment

 

 

Jacques Offenbach

Duo pour deux violoncelles, opus 53, no 1

I. Allegro
II. Adagio
III. Rondo – Allegro

 

 

Jacques Offenbach

Duo pour deux violoncelles, opus 53, no 3

I. Allegro Moderato
II. Andante
III. Allegro

 

 

Jean-Baptiste Barrière (1707 – 1747)

Sonate pour deux violoncelles en sol majeur, no 10

I. Andante
II. Adagio
III. Allegro prestissimo

 

 

 

 

 

 

COMPTE-RENDU, spectacle. SAINT-DENIS, Salle de spectacle Ligne 13, le 23 mai 2019. THE EMIDY PROJECT : D Baroni / T Jegede.

THE EMIDY PROJECT, l'odyssĂ©e d'un esclave devenu compositeurCOMPTE-RENDU, spectacle. SAINT-DENIS, Salle de spectacle Ligne 13, le 23 mai 2019. THE EMIDY PROJECT : D Baroni / T Jegede. 6 artistes sur scène incarnent les brĂ»lures d’une vie sacrifiĂ©e et sublimĂ©e, celle d’Emidy (Joseph Antonio Emidy qui vĂ©cu au XVIIIè), esclave devenu violoniste et compositeur, enfant arrachĂ©, nègre exploitĂ©, puis musicien reconnu, respectĂ©, homme rĂ©habilité… le destin d’Emidy force l’admiration et le texte du narrateur, Ă©crit par le musicien nigĂ©rian Tunde Jegede, saisit par sa coupe dense, resserrĂ©e, poĂ©tique. Sur les planches, pas de violon, mais le mouvement Ă©purĂ©, expressive d’un danseur taillĂ© comme une sculpture d’ébène ; et la voix saisissante et suave de la flĂ»tiste – transfuge de CafĂ© Zimmermmann dont elle est membre fondateur, Diana Baroni, gemme vocal aux accents flĂ»tĂ©s et cuivrĂ©s : Ă  la fois mère d’Emidy, prophĂ©tesse, aimĂ©e dĂ©sirĂ©e… voix de la dĂ©tresse et de la compassion les plus vives, voix du destin et d’une narration sublimĂ©e… pour un spectacle d’une heure Ă  peine, au souffle âpre, chaloupĂ©, viscĂ©ral.

 

 

 

Sur les traces d’Emidy
L’Odyssée poétique d’un esclave
devenu musicien & compositeur baroque

 

 

 

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La chanteuse et instrumentiste sait assembler les pièces de divers styles, tous cependant prenant sens dans la vie d’Emidy : évocation de la Cornouailles (UK), pièces de tradition orale, pages tirées des manuscrits anciens de la Cour du Portugal et du Brésil… sans omettre, les créations de compositions conçues par le joueur de Cora Tunde Jegede (qui chante aussi et qui a surtout écrit les textes d’après les sources historiques).
La performance collective ressuscite enfin une existence odyssĂ©e qui force l’admiration. De l’ombre Ă  la lumière, pièces mandingues africaines, chants et mĂ©lodies afro-amĂ©rindiennes (de traditions orales) et partitions baroques du Nouveau Monde s’entrecroisent et s’électrisent. Du savant au traditionnel, de l’oubli Ă  la rĂ©vĂ©lation… Le voyage traverse et relie 3 continents ; en son cĹ“ur, la figure inspirante d’un ĂŞtre d’exception, toujours portĂ© par son destin et qui chemine fier et digne malgrĂ© les humiliations et les intempĂ©ries. En fond de scène, un film en continu, qui enrichit encore la narration comme le jeu des interprètes : la beautĂ© des images vidĂ©o ajoute Ă  la force poĂ©tique de la rĂ©alisation (film de Sunara Begum). LabellisĂ© par l’Unesco, le spectacle part en juin en tournĂ©e en Afrique (11,12, 14 et 15 juin 2019, avant de revenir en France. Prochaines dates Ă  venir… incontournables.

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Illustration : © festival METIS / concert Saint-Denis 23 mai 2019 / © Christophe Fillieule

 

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COMPTE-RENDU, spectacle. SAINT-DENIS, Salle de spectacle Ligne 13. THE EMIDY PROJECT
Portrait Joseph Emidy, « premier compositeur de la Diaspora Africaine ».

Création Tunde Jegede / Diana Baroni
Musique, Film & Danse

TUNDE JEGEDE : kora, compositions, violoncelle, direction artistique – NigĂ©ria / UK

Ishimwa Muhimanyi, danse

DIANA BARONI : chant, traverso, recherche et compilation musical des sources – Argentine / France.
RAFAEL GUEL : vihuela, flutes – Mexico.
SIMON DRAPPIER : arpeggione – France.

SUNARA BEGUM : artiste audio-visuelle – Bangladesh / UK

 

 

 

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VOIR aussi les 4 dates de la tournée AFRICAINE de juin 2019 : 11,12 puis 14 et 15 juin 2019

 

 

 

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VOIR le TEASER THE EMIDY PROJECT / Diana Baroni & Tunde Jegede :

 

 

 

 

 

 

 

VOIR LE CLIP : Tonada de LUNA LLENA (Diana Baroni) :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CD, critique. PRÆLUDIO : Patrick Langot, violoncelle / Gubaidulina, Gabrielli, JS BACH, Menut (1 cd Klarthe Records)

LANGOT-patrick-PRAELUDIO-&-cd-klarthe-annonce-cd-evenement-mai-2019CD, critique. PRÆLUDIO : Patrick Langot, violoncelle (1 cd Klarthe Records). Le geste et la performance sont au cĹ“ur de ce programme rĂ©jouissant. Patrick Langot croise Gabrielli et Gubaidulina, enchante Menut Ă  l’aulne de Bach, en une Ă©loquence critique et poĂ©tique… superlative. Les Gubaidulina (10 Études de 1974) imposent la matĂ©rialitĂ© mordante, âpre, rugueuse de l’instrument, sa physicalitĂ© brute, hurlante, surexpressive dont l’interprète joue allègrement et en contrastes. ComparĂ© aux arabesques fluides et coulantes des 7 Ricercari de Gabrielli (conçus Ă  la fin du XVIIè soit 3 siècles auparavant), inventeur entre Bologne et Venise d’une certaine Ă©loquence soliste pour le violoncelle, les 10 PrĂ©ludes / Études de Gubaidulina, ainsi enchâssĂ©s, produisent par contrastes et dialogue avec le compositeur baroque, une surenchère qui interroge la musicalitĂ© ; jusqu’à Ă©prouver la vocalitĂ© de l’instrument. Tout est syncopes, cris, spasmes jusqu’à la section VIII. « Arco – pizzicato » – plage 14, qui semble s’approprier le discours baroque en une hallucination Ă©ruptive. Le IX creuse davantage le sens et le discours des cordes en bonds et rebonds Ă©lastiques / Ă©nigmatiques, d’une infinie rĂ©sonance, jusqu’au delĂ  de la vibration et de la phrase. L’arche sonore s’étire, se dĂ©tend en questions posĂ©es d’une indicible motricitĂ©.
Même s’agissant de JS BACH, de ses Préludes BWV 1007 à 1012), Gubaidulina semble questionner directement le sens et l’architecture du génie de Leipzig, tant dans l’alternance des deux modes de jeu qu’elle a choisi, l’illusion de la polyphonie renvoie directement à l’édifice et à la pensée même du Director Musices.

 
 

 
 

Gabrielli, Gubaidulina, Menut, JS Bach…

PRÆLUDIO : le geste suprême
du violoncelliste Patrick Langot

 

 

praeludio patrick langot cd critique classiquenews CLIC de classiquenews bach menut gubaidulina gabrielli violoncelle KLA066couv_lowTout circule avec un tact suprême, une intelligence flexible incarnée par l’expérience et la maîtrise du violoncelliste Patrick Langot dont ne saurait louer trop la sûreté du geste comme la cohérence du programme. Pratique historiquement informée, affinités contemporaines, interprétation et création… tout se répond et s’exalte dans ce parcours aux dialogues captivants ; tout sonne naturel, crépitant, idéalement pensé et investi de la part du violoncelliste. Il sait d’ailleurs maîtriser 3 violoncelles différents, chacun adapté au mieux aux enjeux expressifs et aux esthétiques sonores des 3 séquences.
Cette probité et cet engagement à servir la musique comme à « musiquer » (au sens de l’essai de Christopher Small, récemment édité en français par les éditions de la Philharmonie de Paris) sont pour nous … : exemplaires ; un accomplissement rare qui assoit davantage la ligne artistique du label Klarthe, plus que jamais aux côtés de l’interprète, de ses défis les plus personnels.

Bien sûr au cœur de ce cycle passionnant brille le gemme musical central « Postlude pour violoncelle solo » de Benoît MENUT (né en 1977) et qui en 2017, alors répondant à une commande du violoncelliste, réalise l’une de ses pièces les plus éblouissantes. Une ampleur de vue et une diversité d’intentions à la mesure du geste et des capacités de Patrick Langot.
CLIC D'OR macaron 200De plus de 8 mn, la pièce fait elle aussi écho au répertoire baroque, à l’esprit et au développement des Ricercari ; comme sur un axe tournoyant, la partition s’inspire du principe répétitif de la basse obstinée, mais sait varier et s’engendrer à l’infini, en un flux kaléidoscopique, proprement vertigineux. Et pourtant rien de strictement virtuose ou soliloquant, mais un développement prenant et dramatique qui sous l’archer du violoncelliste, saisit, sidère, enchante… comme un vortex aux mouvements cinématographiques (fin répétitive sombrant dans le silence). Le déroulement relève de la transe et de l’ivresse, serties de questionnements multiples qui éprouvent encore et toujours, le chant et le sens de l’instrument. Enchaîné avec la sublime Suite en sol majeur BWV 1007, l’écoute est bouleversée : après l’esprit du chaos le plus mystérieux, surgit alors l’or de Bach, dans sa plénitude olympienne et sereine. Magistral déroulement, dû à un artiste accompli. Evidemment CLIC de CLASSIQUENEWS de mai et juin 2019.

 

 

  

 

 

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CD, critique. PRÆLUDIO : Patrick Langot, violoncelle (1 cd Klarthe Records) – Enregistrement rĂ©alisĂ© en novembre 2017 Ă  Paris. A noter la superbe prise de son d’Alban Moraud.

 

 

 

 

VOIR un extrait vidéo du cd PRAELUDIO :

 

 

  

 

 

COMPTE-RENDU, opéra. TOURS, Opéra, le 27 avril 2019. KURT WEILL : Les 7 péchés capitaux. M Lenormand… Bleuse /Desbordes

COMPTE-RENDU, opéra. TOURS, Opéra, le 27 avril 2019. KURT WEILL : Les 7 péchés capitaux. M Lenormand… Bleuse /Desbordes. Petite réserve tout d’abord dans la conception même de la soirée. Malgré sa forme chaotique entre récital de chansons, revue, volets habituels du cabaret berlinois, la première partie de soirée (Berliner Kabarett) présente quelques superbes mélodies aux textes tout autant savoureux ; curieusement en dépit de la présence de l’orchestre en fond de scène, c’est au piano seul que trois chanteurs égrènent leur juste complainte entre poésie et désespoir, tous ont cette désillusion enchantée qui est la marque du théâtre aussi politique que délirant du duo Weill / Brecht.

Ainsi trois sĂ©quences sont mĂ©morables en particulier ; citons « l’heure bleue » ou l’extase au bain, que chante et qu’incarne en un nirvana cosmĂ©tique, avec une suavitĂ© Ă©vanescente la pulpeuse Marie Lenormand ; plus ambiguĂ« encore entre dĂ©sespĂ©rance et visions glaçantes (de larmes et de mort), « au fond de la Seine », est un splendide lamento, maĂ®trisĂ© dans des tenues de notes impeccables et très investies par le tĂ©nor RaphaĂ«l Jardin ; plus sombre encore, après une critique acerbe contre l’hypocrisie dĂ©mocratique, en clown grimaçant hystĂ©rique, l’excellente basse française FrĂ©dĂ©ric Caton, …lequel tombe le masque et exprime le deuil de la mère qui a perdu son fils dans les tranchĂ©es. Le ton est juste, le texte dĂ©chirant; ce tragique noir, acide, lugubre, surgissant comme une douche froide, est du plus puissant effet; comme si Weill et Brecht nous avaient sĂ©duits et trompĂ©s par ce qui prĂ©cède sur le ton d’un divertissement sans gravitĂ©, pour nous infliger cette appel Ă  conscience. Inoubliable. La voix naturelle de la basse, veloutĂ©e et toujours parfaitement intelligible (dans la grande tradition, et la seule exemplaire Ă  ce jour, celle du diseur Francois Le Roux), fait vibrer le texte en une sincĂ©ritĂ© qui touche au cĹ“ur. Bravo l’artiste. Sous le masque d’un spectacle de pacotille, dans le mouvement d’une vacuitĂ© faite religion, s’impose Ă  nous, le cri dĂ©chirant de ce chant dont texte et musique ressuscitent le dĂ©nuement et la profondeur de Schubert.

Ces perles sont les piliers d’un spectacle qui Ă  partir de son prĂ©texte sur l’ivresse consumĂ©riste des grands magasins se fait brĂ»lot politique. Mais la forme Ă©clatĂ©e qui s’apparente Ă  une succession de numĂ©ros, sans liens apparents, et non intĂ©grĂ©s dans une action continue, unitaire, se rĂ©vèle Ă  la peine, dĂ©routante, dĂ©cousue, un rien confuse. Serait-ce pour mieux nous prĂ©parer Ă  la forme idĂ©ale, resserrĂ©e, continue de l’oeuvre qui suit et qui constitue le clou de la soirĂ©e : Les 7 pĂ©chĂ©s capitaux ? De fait la grande cohĂ©rence de la partition qui file Ă  toute allure saisit immĂ©diatement le spectateur.

 

 

 

Sœurs martyrs
d’un spectacle parodique et politique

 

 

 

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Rien avoir en effet dans ce cycle de 40 mn, menĂ© tambour battant tel un « road movie », et qui grâce au dispositif des instrumentistes placĂ©s derrière les chanteurs (qui ne sont plus sonorisĂ©s), rĂ©vèle sa nature hautement symphonique. On se glisse dans le sprachgesang de la mĂŞme Marie Lenormand, tout en confort et en naturel. Son intonation est juste et la couleur du chant mĂŞle les espĂ©rances de la conteuse Anna I, spectatrice et narratrice des avatars des deux Sisters, et la plainte lancinante de celle qui compte les mille humiliations et sĂ©vices (surtout sexuels) dont elles sont victimes (surtout Anna II) qui est un personnage non chantĂ© mais dansĂ© : dans ce dernier rĂ´le on distingue la performance de la danseuse Fanny Aguado dont postures et poses convoquent une lolita allumĂ©e, dĂ©vergondĂ©e et ingĂ©nue, une Lulu bis, diverses facettes d’une jeunette prĂŞte Ă  tout pour vendre ses charmes.
Les vrais responsables de ce jeu de dupes sont les parents et les (deux) frères des deux Anna, sĹ“urs martyrs, prostituĂ©es dominĂ©es, consentantes, dont les revenus rĂ©guliers financent la petite maison familiale en Louisiane au bord du Mississipi. Le rĂŞve et l’idĂ©al tant dĂ©fendus relèvent peu a peu du cauchemar mais aussi dans le spectacle, dĂ©voile l’hypocrisie bien pensante qu’incarne Ă  la façon d’un chĹ“ur rĂ©pĂ©titif, scandant chaque tableau des pĂ©chĂ©s (« Seigneur illumine tes fidèles, mène-les vers la prospĂ©rité »), les 4 membres de la famille.
Impeccable en ce sens la mère du même Frédéric Caton : il/elle brandit le crucifix pour mieux envelopper ses turpitudes de mère proxénète.

 

 

 

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On ne saurait trop souligner la réussite d’une telle partition, musicalement splendide, dramatiquement prenante ; les auteurs y développent les thèmes désormais structurels de leur travail sur la scène : dénonciation de l’exploitation de l’homme par l’homme, hypocrisie bourgeoise, fausse morale, fausse religion ; et toujours cette tension et ce lugubre voire cette inquiétude souterraine qui doublent chaque situation. On a le sentiment qu’à chaque avancée dans cette chevauchée fantastique, c’est l’humanité et la beauté du monde qu’on assassine. La musique est subtile et ambiguë, troublante souvent déchirante. Le livret à rebours d’une dénonciation en règle de la barbarie et des turpitudes humaines, nous parle bien de l’humain.
En rĂ©alitĂ©, Brecht, toujours mordant, tout en dĂ©nonçant les 7 pĂ©chĂ©s capitaux, dĂ©montre qu’en les appliquant strictement, – tentation lĂ©gitime, les deux sĹ“urs montent les Ă©chelons et amassent toujours un peu plus. Le monde est ainsi corrompu qu’il faille simplement appliquer les 7 tares pour rĂ©ussir et s’enrichir.

 

 

 

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La première partie qui dure presque 1h30, souligne le climat et le contexte des spectacles de Weill et Brecht alors en transit à Paris après l’échec des idéaux de la République de Weimar.
On ne cesse de penser tout au long de la soirĂ©e Ă  l’apocalypse collectif et sociĂ©tal des annĂ©es 1930 en Allemagne… les arts du spectacle pourtant clairvoyants alors, se sont confrontĂ©s Ă  une sorte d’aveuglement et de fatalisme gĂ©nĂ©ral. Un Ă©tat de soumission inscrit dans l’air du temps… Un parallèle avec nos dĂ©mocraties mourantes en Europe ?
Voila qui fait même du choix de Weill / Brecht, à Tours en avril 2019, à quelques semaines des élections européennes, un acte politique. Déjà Brecht et Weill avaient épingler le danger des faux démocrates et des vrais démagogues populistes. Approche visionnaire, et spectacle passionnant.

 

 

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COMPTE-RENDU, opéra. TOURS, Opéra, le 27 avril 2019. KURT WEILL : Les 7 péchés capitaux. Marie Lenormand… Bleuse /Desbordes

KURT WEILL : Les 7 péchés capitaux
Créé le 7 juin 1933 au Théâtre des Champs-Élysées
Textes de Bertolt Brecht
Précédés de Berliner Kabarett

Nouvelle production de l’Opéra de Tours

Avec
Anna Marie Lenormand
La Mère Frédéric Caton
Le Père Carl Ghazarossian
Les Frères Jean-Gabriel Saint Martin, Raphaël Jardin
Danseuse et chorégraphe Fanny Aguado

Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours
Direction musicale:Pierre Bleuse
Mise en scène:Olivier Desbordes

Costumes: Patrice Gouron
Lumière: Joël Fabing
Décors: Opéra de Tours

Illustrations : © Sandra Daveau / 7 péchés capitaux Kurt WEILL à l’Opéra de Tours

 

 

 

PARIS, Salle Cortot, le 5 avril 2019. ALBERT ROUSSEL, Conférence et concert (Damien TOP, Daniel KAWKA)

ROUSSEL-conference-concert-classiquenews-annonce-critique-concert-et-conference-albert-roussel-affiche-concert-RousselPARIS, Salle Cortot, le 5 avril 2019. ALBERT ROUSSEL, Conférence et concert (Damein TOP, Daniel KAWKA). Formidable célébration Salle Cortot du génie d’Albert Roussel : 2019 marque le 150 ème anniversaire du compositeur français (il est né à Tourcoing, le 5 avril 1869). Un cas toujours surprenant d’un auteur exceptionnel, toujours mésestimé, perpétuel méconnu des producteurs et des directeurs des théâtres et des salles de concerts… quand sa musique vaut naturellement celle des plus grands, Debussy ou Ravel. Musique de chambre, opéras, symphonies, ballets, … et mélodies, car la conférence qui ouvre la soirée (sur le thème : « L’univers poétique de Roussel ») met l’accent non sans raison sur la passion de Roussel pour les textes et son goût de la poésie dont témoignent ses amitiés et ses mélodies.
Grand spécialiste de Roussel, chef d’orchestre, chanteur et biographe remarqué, Damien Top (qui avait participé à la production de l’opéra Pâdmavatî au Châtelet) rétablit ainsi la place du texte, la figure des écrivains et poètes dans la chronologie des œuvres ; le futur officier de la Marine savait déjà voyager par l’esprit en lisant Jules Verne…
Lionel des Rieux, Arnaud Sylvestre, Laurent Tailhade, Lecomte de Lisle, surtout Henri de Régnier, son double poétique, sans omettre les plus tardifs, Maurice Carême ou André Fortin… Chacun lui permet d’affiner son rapport à la nature… une approche de plus en plus ciselée qui se réalisera bientôt grâce à son voyage jusqu’aux Indes et au Cambodge, voyage de noces après son mariage avec Blanche en 1908. Le Festin de l’Araignée puis surtout Pâdmavâti mettent en forme toutes les évocations fortement éprouvées sur le motif à travers ses explorations et ses voyages.

Les noms s’enchaînent ; et l’on mesure mieux combien l’idéal esthétique de Roussel a pu se réaliser dans la recherche constante des affinités, entre verbe et musique.
Damien Top révèle de l’intérieur un parcours personnel et original, jalonné de lectures formatrices, de rencontres stimulantes. Les œuvres, rares, concentrées, attestent la quête et les valeurs d’un esprit perfectionniste, génie de la forme, et aussi expérimentateur, comme en témoignent le choix de ses ballets et des opéras : La Naissance de la lyre qui puise aux racines de la civilisation occidentale, jusqu’à l’humour délirant mais politiquement caustique (contre l’hypocrisie de la bourgeoisie bien pensante) : le Testament de la Tante Caroline, une pochade qui reste inclassable dans le paysage lyrique français (et que les parisiens pourront applaudir à PARIS, au Théâtre Athénée Louis-Jouvet, du 6 au 13 juin 2019.

ALBERT ROUSSEL, symphoniste magicien (150 ans en 2019)

Puis vient le concert, avec la participations des élèves instrumentistes de l’Ecole normale de musique, sous la direction de Daniel Kawka : soit 5 instrumentistes en phase, habiles et suggestifs dans l’art des évocations oniriques telles que les a magistralement élaborées l’auteur du si subtil Festin de l’Araignée.

Damien Top a pris soin de faire Ă©cho Ă  sa confĂ©rence prĂ©alable dans le choix des pièces ainsi prĂ©sentĂ©es : SĂ©rĂ©nade opus 30 avec poèmes d’Henri de RĂ©gnier (1925) ; puis Le Marchand de sable qui passe, texte de Georges Jean Aubry – dits magnifiquement par Michel Favory, sociĂ©taire honoraire de la ComĂ©die Française. Le triptyque de la SĂ©rĂ©nade enchante littĂ©ralement par la texture liquide, scintillante de la musique conçue par Roussel : le caractère musical de chaque pièce suit le sens et le dĂ©veloppement de chaque poème : « FĂŞte d’eau », « Pour que la nuit soit douce, les roses… », « Voici l’aube… »; il le sublime par la justesse octueuse des climats harmoniques : rien n’est superflu s’il ne sert et enrichit la trame onirique qui porte au songe, Ă  l’enchantement ; Roussel est dans la clartĂ© Ă©loquente de son Ă©criture, un voluptueux magicien, comme… Ravel.

On retrouve dans la musique de scène du Marchand de sable qui passe (1908), tous les caractères emblĂ©matiques de la musique roussellienne : la finesse, l’infinie subtilitĂ©, l’appel au rĂŞve ; mĂŞme Ă  un seul personnage (quand l’action en nĂ©cessite trois : le marchand – wanderer et le couple amoureux), le texte prend son essor, portĂ© par la qualitĂ© de l’écriture musicale que l’on dĂ©couvre ici dans sa forme originale (flĂ»te, clarinette, cor, violon 1 et violon 2, alto, violoncelle, contrebasse, harpe).
Le premier extrait exprime la texture de la sensualité rêveuse, comme une belle endormie qui revient à la vie : le solitaire banni, promeneur / observateur paraît dans cet épisode introductif qui s’approche de l’ouverture de Capriccio de R Strauss… la séquence suivante plonge dans le mystère de l’amour ; elle exprime aussi plus subtilement, l’incrédulité du passeur, un rien cynique, qui cependant s’émeut lui-même du miracle de l’amour… Roussel qui est un grand rêveur amoureux lui-même, sait enchanter à travers les paroles du Marchand, son double ; il se dévoile : c’est un enchanteur dont le charme suscite l’émergence de l’amour (il est « semeur d’amour ») ou a minima, le retour à l’innocence de l’enfance. La flûte aux volutes proches du Faune de Debussy (comme nous l’a signalé non sans raison Daniel Kawka), chante l’œuvre du Mage enivré… Comme une énigme qui se résout, l’homme énigmatique lève le voile (effusion de la flûte, pudeur du quatuor à cordes)…
Le chef veille aux équilibres sonores ; respecte la finesse dynamique élaborée par Roussel, mais il est vrai que Daniel Kawka est un rousselien de la première; lui qui a défendu sa thèse ici même à l’école normale de musique, sur Roussel dans la classe d’orchestre. Les célébrations Roussel sont rares cette année malgré son anniversaire. Grâce à Damien Top en voici un premier volet, avant le lancement de son festival international Albert Roussel à venir du 21 sept au 25 novembre 2019. A suivre.

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COMPTE RENDU, confĂ©rence, concert. PARIS, le 5 avril 2019 (Salle Cortot) : L’univers poĂ©tique d’Albert Roussel – SĂ©rĂ©nade opus 30, Le marchand de sable qui passe. Michel Favory, rĂ©citant. Elèves de l’Ecole normale de musique (Giulia-Deniz Unel, flĂ»te – Emiliano Mendoza, clarinette – David Somoza, cor -Waka Hadame, violon 1 – Alban Marceau, violon 2 – Ayako Tahara, alto – Sin Hye Lee, violoncelle – Venancio Rodrigues contrebasse – Mitsumi Okamoto, harpe) – Daniel Kawka, direction.

APPROFONDIR

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LIRE la biographie d’ALBERT ROUSSEL par Damien TOP
http://www.classiquenews.com/livres-compte-rendu-critique-albert-roussel-par-damien-top-bleu-nuit-editeur-collection-horizons/

VISITEZ le site du Festival international Albert ROUSSEL 2019
http://ciar.e-monsite.com/pages/festival/festival-2019/

ROUSSEL : Le testament de la tante Caroline
Paris, Athénée Théâtre L jouvet, 6 < 13 juin 2019
Par les Frivolités parisiennes…
https://www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/le_testament_de_la_tante_caroline.htm

ENTRETIEN avec PHILIPPE MOURATOGLOU : Jouer Fernando Sor…

MOURATOGLOU-philippe-guitare-fernando-sor-cd-evenemnt-critique-annonce-cd-classiquenews-musique-classique-newsENTRETIEN avec le guitariste PHILIPPE MOURATOGLOU : le gĂ©nie de Fernando SOR (1778 – 1839). En avril 2019, le guitariste Philippe Mouratoglou cĂ©lèbre le gĂ©nie du compositeur Fernando Sor, crĂ©ateur atypique entre l’Espagne et la France (il est mort Ă  Paris), auteur de pièces dĂ©sormais essentielles dans le rĂ©pertoire de la guitare classique. Philippe Mouratoglou interroge la sincĂ©ritĂ© de ses Études (entre autres), leur potentiel autant pĂ©dagogique, que musical pour l’interprète exigeant. A travers les Ĺ“uvres choisies pour son nouvel album Ă©ditĂ© par Vision Fugitive, le guitariste restitue la très forte sĂ©duction d’une Ă©criture puissante, originale, expĂ©rimentale : jamais purement virtuose, douĂ©e d’une profondeur qui saisit encore aujourd’hui. A l’occasion de la parution de son cd qui sort ce 26 avril 2019 (distinguĂ© par un CLIC), Philippe Mouratoglou rĂ©pond aux questions de CLASSIQUENEWS.

 

 

 

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CLASSIQUENEWS /CNC : Quelle image avez-vous de Fernando Sor, en particulier à travers les pièces choisies pour ce nouvel album ?

SOR fernandoPHILIPPE MOURATOGLOU : Fernando Sor est le compositeur le plus important pour la guitare à l’époque classique et préromantique. En écrivant ses Études, il fait avancer considérablement la technique de la guitare. En réalité, il ne cesse d’innover, jouant en particulier sur les harmoniques naturelles, ou sur les effets expressifs pour créer des contrastes (cf. les tromolos de l’Etude n°16, opus 29, par exemple). Ses pièces sont complètes et idéales, à la fois musicales et pédagogiques. A la différence de ses contemporains qui cantonnent les pièces pour guitare à des œuvres de virtuosité souvent décoratives, Fernando Sor sait surprendre, toucher : il ne cède jamais à la facilité. Même ses transcriptions des opéras, comme celle d’après La Flûte enchantée (« Introduction et Variations sur un thème de Mozart O cara armonia de La flûte enchantée », opus 9 ) exprime une claire admiration pour le bel canto mais dans une écriture précise et naturelle qui n’est jamais artificielle.

 

 

 

CLASSIQUENEWS /CNC : Comment avez-vous choisi les pièces de ce nouvel album ?

PHILIPPE MOURATOGLOU : Cela n’a pas été facile car il en existe beaucoup. J’ai surtout retenu les Études qui me plaisaient, mes préférées. Ensuite, le choix s’est affirmé selon les contraintes d’équilibre et de contrastes afin de construire un parcours pour l’auditeur. La question des tonalités a été importante aussi pour réussir les enchaînements, d’autant que la prise de son, très proche de l’instrument, permet d’écouter au plus près la richesse harmonique de chaque pièce.
Fernando Sor est capable d’émouvoir et de surprendre. Ses pièces sont très courtes, mais il exprime une palette de sentiments très contrastés. Certaines sont introspectives : elles écartent ce préjugé trompeur qui fait de Sor, un compositeur de salon. Rien de tel ici. Prenez le « Gran solo » (opus 14, en ré majeur de 1822), c’est une pièce conçue comme une grande ouverture, lumineuse et virtuose, à la fois sincère et souriante.

 

 

 

CLASSIQUENEWS /CNC : vous avouez être inspiré par les grands pianistes interprètes des œuvres du XIXè, comme Sviatoslav Richter, Martha Argerich, Arturo Benedetti Michelangeli, Claudio Arrau… Que vous apportent-il ?

PHILIPPE MOURATOGLOU : Evidemment le répertoire romantique pour le piano est immense, ce qui n’est pas le cas de la guitare. Les interprètes y trouvent un terrain de jeu à la fois riche et stimulant. Pour moi, la possibilité des nuances, le travail sur le son… sont tout autant possibles à la guitare, en particulier dans l’interprétation des oeuvres de Fernando Sor. La guitare est un instrument moins sonore que le piano, mais le jeu des dynamiques est passionnant. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, dans cet enregistrement, nous avons privilégié une prise de son très proche qui renforce et les harmoniques et le relief et la qualité du timbre de l’instrument. Tout cela au service des caractères et des climats de la musique : profondeur, sincérité, lumière. L’écriture de Sor est d’autant plus inspirante qu’elle permet ce jeu particulier sur les nuances et les résonances.

 

 

 

CLASSIQUENEWS /CNC : vous jouez des compositeurs très différents et de nombreux répertoires. Pourquoi jouer aujourd’hui Fernando Sor ?

PHILIPPE MOURATOGLOU : J’apprécie énormément le répertoire classique. Enregistrer et jouer Sor est un besoin et aussi un accomplissement. D’autant plus que son écriture est d’une rare exigence musicale ; ses Sonates pour guitare ambitionnent l’ampleur et le développement des Sonates de Beethoven au piano. Sor partage avec Chopin, ce goût pour le chant et le bel canto. Les Etudes du premier se rapprochent des Préludes du second. Les défis sont nombreux pour l’interprète. Multiples donc stimulants.

Propos recueillis en avril 2019

 

 

 

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LIRE aussi notre annonce du cd Fernando SOR par Philippe MOURATOGLOU, guitare solo.
http://www.classiquenews.com/teaser-video-philippe-mouratoglou-joue-fernando-sor-1-cd-vision-fugitive/

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CLIC D'OR macaron 200CD événement, annonce. FERNANDO SOR par Philippe MOURATOGLOU – Guitare Solo – 1 cd Vision Fugitive – Parution : le 26 avril 2019 - CLIC DE CLASSIQUENEWS d’avril 2019

 

 

 

 

 

EN CONCERT

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Jeudi 16 mai 2019 à L’Athénée Théâtre Louis-Jouvet (PARIS)
FERNANDO SOR
Philippe Mouratoglou
guitare classique

BILLETTERIE

https://bit.ly/2HEnCZe

01 53 05 19 19
Tarifs : PLEIN 20€ / RÉDUIT 12€

INFOS PRATIQUES
16 MAI 20h
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Sq. de l’Opéra Louis-Jouvet
7 rue Boudreau – 75009 Paris
Métro : Bonne Nouvelle ou Château d’eau

www.athenee-theatre.com

Evénement Facebook 

 

 

 

 

 

APPROFONDIR

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Teaser
Sur Youtube : Philippe Mouratoglou – FERNANDO SOR [Teaser]

Vidéo longue (clip)
Sur Youtube : Philippe Mouratoglou (Guitare Solo) – FERNANDO SOR
Extrait audio : Egalement un morceau de l’album (Etude opus 6 n°9)  déjà disponible sur Soundcloud : juste ici

CLIP vidéo (3mn31) :

 

 

 

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Le nouveau cd de Philippe Mouratoglou, à paraître ce 26 avril 2019

COMPTE-RENDU, concert. SCEAUX, HDV, le 30 mars 2019. La Schubertiade de Sceaux. SCHUBERT : Quatuor Elmire

schubertiade-sceaux-leaderboard-18-19-190-800-VIGNETTE-classiquenewsCOMPTE-RENDU, concert. SCEAUX, HDV, le 30 mars 2019. La Schubertiade de Sceaux. SCHUBERT : Quatuor Elmire (dernier concert de la saison 2018 – 2019). Voilà assurĂ©ment un programme modèle pour la nouvelle et fabuleuse Schubertiade de Sceaux dans les Hauts de Seine. « Modèle » car l’œuvre la plus bouleversante et profonde de Franz Schubert est ici servie par une jeune phalange d’une maturitĂ© dĂ©jĂ  prometteuse (ils n’ont que 3 ans, regroupĂ©s en quatuor depuis 2016) : les quatre instrumentistes du Quatuor Elmire (pour comprendre le choix de leur nom, voyez du cĂ´tĂ© de Molière et de son Tartuffe)…
D’abord « chauffĂ©s » par l’équilibre et l’élĂ©gance en rien artificiels du Quatuor de Beethoven (Quatuor op. 18 n°3, très proche de la finesse d’un Haydn), les quatre musiciens abordent le dernier Quatuor de Schubert, avec un 2è violoncelle (Quintette), en intensitĂ© et intĂ©rioritĂ©. Ils (et elle : car le 2è violoncelle est assumĂ©e par Sarah Sultan, transfuge pour l’occasion du Trio Atanassov) dessinent les paysages crĂ©pusculaires suspendus du Wanderer Franz en longues phrases profondes, dĂ©veloppant articulation flexible (violon 1 et violoncelle 1), Ă©coute continue, surtout sonoritĂ© d’un souffle et d’une justesse nuancĂ©e … proprement saisissante.

L’œuvre jamais éditée du vivant de l’auteur, est intense et tragique, c’est un « testament musical » composé pendant l’été 1828, deux mois avant la mort de Schubert.

 

 

 

sceaux la schubertiade de sceaux hotel de ville saison sur classiquenewsDans la salle de rĂ©union de l’Hotel de Ville de Sceaux, les musiciens sculptent la matière ardente, crĂ©pitante et mordante aussi du premier mouvement (Allegro ma non troppo) : entrĂ©e en matière fortement charpentĂ©e dont les jeunes instrumentistes excellent Ă  exprimer la carrure, le relief parfois âpre et mĂŞme vĂ©hĂ©ment, comme les derniers assauts d’une conscience Ă  la fois dĂ©cuplĂ©e et …foudroyĂ©e. Puis vient l’admirable Adagio, nocturne Ă©perdu, suspendu, dont il font en une plongĂ©e progressive et calibrĂ©e, rythmĂ©e selon les pizz enchanteurs du 2è violoncelle, une rĂ©flexion ample, dĂ©finitive, lugubre sur la mort, la finalitĂ© de toute chose… C’est comme si Schubert nous faisaient plonger au delĂ  de l’expĂ©rience sensible, au delĂ  de la conscience, dans des eaux inconnues qui toujours questionnent le sens d’une vie terrestre, et jusqu’oĂą pouvons-nous aller ? Jusqu’oĂą pouvons-nous nous perdre dans cette quĂŞte infinie, qui est dĂ©couverte, exploration mais aussi chute et ensevelissement ? Nous Ă©garer hors de l’espace et au delĂ  du temps mesurable, voilĂ  l’une des Ă©preuves que nous rĂ©serve Schubert et que permet la musique. Singulièrement.
Dans ce parcours introspectif d’une exceptionnelle acuité, les Elmire sont des guides d’une prodigieuse activité, faisant briller et rougir ce chant de l’au-delà, d’une sincérité et d’un dénuement ultime. La clarté du contrepoint, la lisibilité des réponses, l’activité filigranée et parfaitement articulée de tous les contrechants, comme la ligne mélodique à la fois sobre et flexible du violon I (Scherzo, puis Allegretto final) n’en finissent pas d’enchanter, d’enivrer, de nous hypnotiser.

 

 

 

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A la sûreté de leur geste, les jeunes instrumentistes produisent aussi une sonorité délectable, à la fois claire et puissante, jamais forcée ni épaisse et qui grâce à un réglage de l’acoustique de la salle, se réalise idéalement. Ajoutons que le premier violon et le violoncelle sont d’une facture historique contemporaine, assurant à l’ensemble cette étonnante ossature, ferme, solide, carrée, continûment équilibrée.

Il fallait donc attendre le dernier concert de la première saison de la Schubertiade de Sceaux pour atteindre aux Ă©thers mĂ©taphysiques et spirituels d’un Schubert touchĂ© par la grâce, voyageur, questionneur, explorateur de l’âme humaine. Ce programme est d’autant plus mĂ©morable qu’il assure un tremplin Ă  une jeune formation parmi les plus douĂ©es de la nouvelle gĂ©nĂ©ration de chambristes français. Aucun disque encore, car ils attendent de progresser. Mais Ă  Sceaux (oĂą ils jouaient ensemble pour la première fois l’odyssĂ©e spirituelle de Schubert), la rĂ©vĂ©lation et la confirmation d’une intelligence collective qu’il faut dĂ©sormais suivre.

 

 

 

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Saluons le discernement et l’appui du Maire de Sceaux, Philippe Laurent, impliqué depuis son début pour la réussite de la nouvelle saison de concerts. Il ne s’agit pas seulement d’un appui logistique (la salle de réunion de l’Hôtel de ville devient salle de concert en un transfert pour nous exemplaire : ainsi le lieu des délibérations publiques et citoyennes se fait aussi comme naturellement écrin de culture proposé à tous).
Il s’agit aussi de poursuivre dans la durée ce que la musique classique et l’expérience de la musique de chambre peut apporter dans la vie de la cité : un temps de réflexion dans un planning quotidien qui en manque considérablement ; une pause qui devient comme ce soir, baume pour l’âme et pour l’esprit. Mais le lien entre la Municipalité et la pratique de la musique de chambre ne date pas d’aujourd’hui ; la conversation en musique qui est le point le plus abouti de la pratique chambriste remonte au temps où les Lowenguth (Alfred puis Jacqueline) défendaient à Sceaux déjà une saison de musique de chambre. L’acte est emblématique et presque militant en soi : comment ne pas établir un parallèle alors entre l’exercice de la musique de chambre, et le défi du dialogue et de la conversation sur la place publique, d’autant plus actuellement où le « grand débat » a suscité une vaste adhésion des français ? L’écoute et le goût de la combinaison, la réussite d’une expérience collective sont à n’en pas douter des défis permanents, jamais acquis… mais dans leur accomplissement, porteurs de progrès sociétal et civique. Voilà une rencontre du politique et de la culture, résolue, heureuse, durable.

 

 

 

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Souhaitons que le dialogue établi entre le Maire de Sceaux et Elisabeth Atanassov, directrice générale des La Schubertiade de Sceaux ne s’interrompe jamais : la place de la culture et de la musique classique cultivent des valeurs fondamentales pour notre cadre de vie et la réalisation du vivre ensemble : partage, ouverture, curiosité, compréhension, réflexion… un modèle de société en sorte. Ce soir, annoncée dans le programme de salle, les très nombreux festivaliers de la Schubertiade de Sceaux ont pu découvrir un avant-goût de la saison prochaine. L’aventure continue donc. A suivre sur classiquenews.com. Illustrations : les musiciens du concert du 30 mars / Philippe Laurent, Maire de Sceaux et Elisabeth Atanassov (DR / Mairie de Sceaux)

 

 

 

 

 

 

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COMPTE-RENDU, concert. SCEAUX, La Schubertiade, le 30 mars 2019. Haydn, Schubert (Quintette pour deux violoncelles). Quatuor Elmire. Dernier concert de la saison 2018 – 2019.

 

 

 

LIRE aussi notre annonce présentation du concert du Quatuor ELMIRE, sam 30 mars 2019 à Sceaux, La Schubertiade de Sceaux
http://www.classiquenews.com/le-quatuor-elmire-a-la-schubertiade-de-sceaux-2/

LIRE aussi notre prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale de la saison 1 de La Schubertiade de Sceaux 2018 – 2019 :
http://www.classiquenews.com/sceaux-la-schubertiade-nouvelle-saison-de-musique-de-chambre-des-le-13-octobre-2018/

LIRE aussi notre entretien avec Elisabeth Aranassov, directrice générale des La Schubertiade de Sceaux :
http://www.classiquenews.com/sceaux-la-schubertiade-nouvelle-saison-de-musique-de-chambre-des-le-13-octobre-2018/

COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch.

cycle-mahlerCOMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Christianne Stotijn (mezzo-soprano), Philharmonia Chorus, Choeur maĂ®trisien du Conservatoire de Wasquehal / ONL Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch (direction). Apres une Symphonie n°1 « Titan », de « lancement », puis une n°2 « RĂ©surrection », tendue, recueillie, incarnĂ©e… enfin spiritualisĂ©e en sa fin cĂ©leste, la 3ème Symphonie de Mahler, jouĂ©e ce soir au Nouveau Siècle Ă  Lille, dĂ©livre et confirme dĂ©sormais les qualitĂ©s du cycle Ă©vĂ©nement que le chef et directeur musical du National de Lille, ALEXANDRE BLOCH, dĂ©die au compositeur (qui fut aussi un grand chef). De l’Ă©nergie, une urgence continue, une intelligence des timbres, surtout une attention particulière Ă  l’architecture interne du massif malhĂ©rien… A contrario des conceptions plus « droites », objectives de certains chefs, plus extraverti que d’autres (comme les « grands ainĂ©s » tels Karajan, Haitink… sans omettre Abbado), Alexandre Bloch lui ne s’économise en rien, dansant sur le podium, habitĂ©, exaltĂ© par son sujet, avec une intensitĂ© qui rappelle … Bernstein.

 

 

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FINALE DE COMPASSION ET D’AMOUR… Ceci nous vaut pour le dernier mouvement, le plus aĂ©rien (aux cordes surtout), des jaillissements de lyrisme flexible et amoureusement dĂ©ployĂ©, un baume pour le cĹ“ur et l’esprit, après avoir passĂ© tant d’épisodes si divers et contrastĂ©s. On n’oubliera pas ce 6è mouvement final (« Langsam. Ruhevoll. Empfunde ») qui semble comme un choral fraternel et recueilli, embrasser tous les ĂŞtres vivants (hommes et animaux) et les couvrir d’un sentiment d’amour, irrĂ©pressible et caressant. Dans son intonation, sa pâte transparente, suspendue, le mouvement prĂ©figure l’Adagietto de la 5è, ses amples respirations,sa couleur parsifalienne, sa ligne constante qui appelle et dessine l’infini…

 

 
 

 

La 3è Symphonie de Mahler par
l’Orchestre national de Lille et Alexandre Bloch

Sons et conscience de la Nature

 

 

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Toutes les illustrations : © Ugo Ponte / Orchestre National de Lille 2019

 

 
 

Notre attente Ă©tait d’autant plus affĂ»tĂ©e que la 3è Symphonie de Gustav Mahler (alors âgĂ© de 34 ans) est rarement donnĂ©e si on la compare aux autres Ă©videmment; mĂŞme le chef fondateur de l’Orchestre National de Lille, Jean-Claude Casadesus, malhĂ©rien distinguĂ© et reconnu, ne l’a jouĂ© avec les musiciens lillois que… trois fois (1996, 1997, puis 2006) quand on compte pas moins de 11 rĂ©alisations de la 4ème sous sa baguette !, soit de 1978 Ă  2017 ; distinguons l’enregistrement que CLASSIQUENEWS avait saluĂ© lors de sa parution par un CLIC : la Symphonie n°2 RĂ©surrection de 2017). Voila qui en dit long.

Voilà qui donne du poids aussi à la proposition d’Alexandre Bloch de jouer les 9 symphonies pendant 2019, histoire de renouer avec un répertoire qui a construit et façonné le son de l’Orchestre lillois depuis sa création. Défi aussi puisqu’il s’agit à chaque session de dévoiler la richesse de l’écriture malhérienne, tout en renouvelant encore l’engagement de tous les musiciens. Ce cycle en cours s’affirme donc comme une expérience majeure pour l’auditeur et pour les interprètes, un nouveau jalon de leur aventure musicale.

De par ses effectifs, l’ONL / Orchestre National de Lille, voit grand et peut aborder des Ĺ“uvres spectaculaires. Dans ce sens MASS, fresque dĂ©lirante, inouĂŻe s’inscrivait pour l’annĂ©e Bernstein 2018 dans cette ambition (fin de saison, juin 2018); la Symphonie des Mille, n°8 sera le prochain volet Ă  ne pas manquer. Sans avoir jamais Ă©crit d’opĂ©ras, Mahler, qui comme chef, en dirigea beaucoup (entre autres comme directeur de l’OpĂ©ra de Vienne) semble y synthĂ©tiser toutes les possibilitĂ©s orchestrales et lyriques, – en particulier dans sa 2è partie.
 D’opĂ©ra, il est aussi question dans la 3è, prĂ©cisĂ©ment dans l’épisode IV oĂą sort de l’ombre, Ă  la fois entitĂ© maternelle envoĂ»tante et prophĂ©tesse d’une ère Ă  venir, la mezzo (convaincante Christianne Stotjin, dĂ©jĂ  Ă©coutĂ©e dans la RĂ©surrection de fĂ©vrier dernier). Son texte empruntĂ© Ă  Nietzsche (Zarathoustra) est une exhortation adressĂ©e aux hommes, un appel, Ă  la fois berceuse et prière, une invocation et une alerte pour que chacun s’interroge sur lui-mĂŞme, sur le sens de sa vie terrestre. Le texte contient la clĂ© de l’œuvre ; sans joie, sans dĂ©passement de la souffrance, l’homme ne peut atteindre l’éternitĂ©. Encore faut-il qu’il atteigne cet Ă©tat de conscience salvateur …auquel nous prĂ©pare la musique de Mahler. Dans l’opĂ©ra imaginaire du compositeur, ce pourrait ĂŞtre une apparition magique et nocturne dont la couleur est saisissante par sa profondeur, sa justesse, sa couleur de fraternitĂ©. Chef, soliste, instrumentistes sculptent la couleur de l’hallucination ; ils en expriment idĂ©alement le caractère d’urgence et d’envoĂ»tement.

  

 

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SPLENDEUR D’UNE NATURE A L’AGONIE… Auparavant, prĂ©lude Ă  ce surgissement inĂ©dit, Mahler n’a pas mĂ©nagĂ© son auditeur. Son orchestre plĂ©thorique embrasse toute la crĂ©ation et le monde, convoque les Ă©lĂ©ments dans leur primitive splendeur. Mais une splendeur parfois lugubre qui paraĂ®t comme en sursis : Ă©videmment l’ample premier mouvement le plus long jamais Ă©crit par Mahler (« I. Kräftig. Entschieden ») dĂ©veloppe en une mise en ordre progressive, qui s’apparente peu Ă  peu Ă  une marche, l’évocation d’un monde terrestre tellurique et chtonien, inscrit dans la gravitas la plus caverneuse (rang fourni des contrebasses…), oĂą brillent aussi tous les pupitres des cuivres : cors par 8, trombones, tuba, trompettes… MĂŞme s’il s’agit d’une vision panthĂ©iste, le regard que porte Mahler sur la crĂ©ation est froid, analytique, mordant.
Au scalpel, Alexandre Bloch en fait surgir (rugir) toutes les résonances hallucinées et souvent fulgurantes : cris, déflagrations, déchirements, plutôt que célébration bienheureuse ; même si de purs vertiges sensuels, lyriques, d’une tendresse absolue, émergent : ils s’y pressent, précipités, exacerbés jusqu’à la parodie. Le geste est clair, précis, souple : le chef dessine le plus passionnant des orages naturels, à la fois chaos et mécanique cynique singeant une marche militaire, plus ivre que majestueuse.

 

 

Grand concert Mahler par l'Orchestre OSE. Daniel Kawka, directionMAHLER ECOLOGISTE... La richesse des teintes, le creuset des accents et des nuances simultanées forment une matrice orchestrale et un maelström symphonique d’une irrésistible puissance. Pour nous, en écho à notre planète martyrisée et au règne animal sacrifié, agonisant, ce premier mouvement exprime les tensions qui soumettent une terre à l’agonie : et nous voyons clairement dans les éclairs et les fulgurances (appels des trompettes, danse lugubre des bassons, solo du trombone…) que dessinent l’énergie du chef, l’indice d’une conscience visionnaire, celle d’un Mahler plus que panthéiste: animaliste, écologiste… Le chant de son orchestre exprime la conscience doloriste de la Nature, la mise à mort des espèces animales, le cri de la terre qui se convulse, meurt et ressuscite à chaque battement de la grosse caisse, battement sourd et délicat à la fois, (à peine audible mais si présent cependant ce soir) sur lequel s’organise et se déploie toute la mécanique orchestrale, du début à la fin de ce premier acte sidérant. Passionnante lecture.

On ne passera pas en revue chaque séquence suivante, à la loupe, pourtant l’acuité et l’analyse que sait développer le chef, affirment davantage sa compréhension, sa conception très juste de tous les climats qui sont nés dans l’esprit de Mahler, que l’on aime imaginer, chaque été, dans son cabanon de travail, véritable balcon sur la Nature, miraculeuse, fragile, impérieuse…

Le II est ainsi depuis le premier solo instrumental (hautbois) une claire évocation florale dont l’activité et le chatoiement des couleurs (transparent et détaillé) contrastent avec le tragique tellurique qui a déferlé précédemment. Les combinaisons de timbres préfigurent déjà ce que sera la parure de la 4è (clarinette).
Puis Alexandre Bloch enchaĂ®ne le III (« Comodo. Scherzando. Ohne Hast ») : d’abord suractivitĂ© instrumentale qui caractĂ©rise chaque espèce animale de la forĂŞt ; puis, surprenant rupture de climat avec l’enchantement suspendu du cuivre soliste dans la coulisse, – nouveau surgissement du songe le plus pur et le plus angĂ©lique (l’idĂ©al d’innocence et d’insouciance auquel rĂŞve le compositeur) dont la ligne aussi nous Ă©voque le voyage de Siegfried sur le Rhin (Wagner) par son caractère onirique, Ă©perdu, magicien, la distanciation spatiale, le souffle poĂ©tique… La souplesse et le tact du musicien soliste affirment ce caractère de nocturne enchantĂ©, et toute la grâce du mystère de la nature. Que n’a t on assez dit de ce troisième mouvement, qu’il Ă©tait vĂ©ritable expression d’une conscience enfin accordĂ©e aux animaux ?

 

 

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Après le IV, – exhortation nietszchĂ©enne-, l’épisode V fait intervenir le chĹ“ur des femmes et la maĂ®trise des enfants, dĂ©fenseurs zĂ©lĂ©s, articulĂ©s du salut permis au coupable Pierre (« la joie cĂ©leste a Ă©tĂ© accordĂ©e Ă  Pierre / Par JĂ©sus et pour la bĂ©atitude de tous. »)

Enfin c’est l’Adagio final, apaisement, réconciliation, acte de pardon et d’amour général dont le chef étire le ruban orchestral avec une tension et une détente qui creusent encore et encore l’unisson voluptueux des cordes : c’est à la fois un choral spirituel et le plus bel acte de fraternité, de compassion, comme de renoncement. L’indice, franc et vertigineux, retenu, suspendu que la lumière est atteinte. Et avec le chef, d’une sensibilité affûtée, entraînante … que la hauteur souhaitée et l’état de conscience qui lui est inhérente, réalisés.
Il n’y a que chez Mahler que l’auditeur peut éprouver telle expérience. Alexandre Bloch s’avère notre guide  inspiré et  communicatif. A suivre. Reprise ce soir à Amiens de la 3è Symphonie. Prochain volet du cycle des 9 symphonies de Mahler avec l’Orchestre National de Lille, samedi 8 juin à 18h30 (Symphonie n°4) ; puis, Symphonie n°5 (et son Adagietto suspendu, aérien.), vendredi 28 juin 2019, 20h (toujours à l’Auditorium du Nouveau siècle de Lille)… RV pris.

 

 
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COMPTE-RENDU, critique, concert. LILLE, Nouveau Siècle, le 3 avril 2019. MAHLER : Symphonie n°3. Christianne Stotijn (mezzo-soprano), Philharmonia Chorus, Choeur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal / ONL Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch (direction).

 

  

 

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VIDEO : replay FRANCE 3 Hauts de Seine
Revoir et récouter la Symphonie n°3 de Gustav Mahler
par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/concert-regardez-direct-symphonie-ndeg3-gustav-mahler-mercredi-3-avril-20h-1648220.html

 

 

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Direction : Alexandre Bloch
Mezzo-soprano : Christianne Stotijn
Philharmonia Chorus
Chef de choeur : Gavin Carr
Choeur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal
Chef de choeur : Pascale Dieval-Wils
Violon solo : Fernand Iaciu