CD, coffret Ă©vĂ©nement. BERLIOZ : La Damnation de Faust : Spyres, Courjal, NELSON (2 cd + 1 dvd ERATO – avril 2019)

BERLIOZ-DAMNATION-FAUST-NELSON-DIDONATO-SPYRES-COURJAL-critique-opera-classiquenews-annonce-critique-dossierCD, coffret Ă©vĂ©nement. BERLIOZ : La Damnation de Faust : Spyres, Courjal, NELSON (3 cd + 1 dvd ERATO – avril 2019). EnregistrĂ©e sur le vif Ă  Strasbourg en avril 2019, la production rĂ©unie sous la baguette Ă©lĂ©gante, exaltĂ©e sans pesanteur de l’amĂ©ricain John Nelson, rĂ©ussit un tour de force et certainement le meilleur accomplissement discographique et artistique pour l’annĂ©e BERLIOZ 2019. Du tact, de la pudeur aussi (subtilitĂ© caressante de l’air de Faust : « Merci doux crĂ©puscule » qui ouvre la 3è partie), l’approche est dramatique et d’une finesse superlative. Elle sait aussi caractĂ©riser avec mordant comme le profil des Ă©tudiants et des buveurs Ă  la taverne de Leipzig, vraie scène de genre, populaire Ă  la Brueghel, entre ripailles et grivoiseries sous un lyrisme libre. Il est vrai que la distribution atteint la perfection, en particulier parmi les hommes : sublime Faust de Michael Spyres, articulĂ©, nuancĂ© (aristocratique et poĂ©tique dans la lignĂ©e de Nicolas Gedda en son temps, et qui donc renouvelle le miracle de son EnĂ©e dans Les Troyens prĂ©cĂ©dents) auquel rĂ©pond en dialogues hallucinĂ©s, contrastĂ©s, fantastiques, le MĂ©phisto mordant et subtil de l’excellent Nicolas Courjal (dont on comprend toutes les phrases, chaque mot) ; leur naturel ferait presque passer l’ardeur de la non moins sublime Joyce DiDonato, un rien affectĂ© : il est vrai que son français sonne affectĂ© (et pas toujours exact). Manque de prĂ©paration certainement ; dommage lorsque l’on sait le perfectionnisme de la diva amĂ©ricaine, soucieuse du texte et de chaque intonation.

 

 

 

et de deux !, après Les Troyens en 2017,
John Nelson réussit son Faust
pour l’année BERLIOZ 2019

 

 

 

Son air du roi de Thulé, musicalement rayonne, mais souffre d’un français pas toujours intelligible. Mais la soie troublée, ardente que la cantatrice creuse et cisèle pour le personnage, fait de sa Marguerite, un tempérament romantique passionné, possédé, qui vibre et s’embrase littéralement. Quel chant ! Voilà qui nous rappelle une autre incarnation fabuleuse et légendaire celle de Cecilia Bartoli dans la mélodie de la Mort d’Ophélie…
Le chĹ“ur portugais (Gulbenkian) reste impeccable : prĂ©cis, articulĂ© lui aussi. L’Orchestre strasbourgeois resplendit lui aussi, comme il l’avait fait dans le coffret prĂ©cĂ©dent Les Troyens (il y a 2 ans, 2017). Il n’est en rien ce collectif de province et rien que rĂ©gional ici et lĂ  prĂ©sentĂ© (!) : FrĂ©missements, Ă©clairs, hululements… les instrumentistes, sous une direction prĂ©cise et qui respire, prend de la distance, confirme dans l’écriture berliozienne, cette conscience Ă©largie qui pense la scène comme un théâtre universel, souvent Ă  l’échelle du cosmos (avant Mahler). Version superlative nous l’avons dit et qui rend hommage Ă  Berlioz pour son annĂ©e 2019.
CLIC_macaron_2014Les plus puristes regretteront ce français amĂ©ricanisĂ© aux faiblesses linguistiques si pardonnables quand on met dans la balance la justesse de l’intonation et du style des deux protagonistes (Spyres / DiDonato). L’attention au texte, le souci de prĂ©cision dans l’émission et l’articulation restent louables. La conception chambriste prime avant toute chose, restituant la jubilation linguistique du trio Faust / Marguerite / MĂ©phisto qui conclut la 3è partie… Ailleurs expĂ©diĂ©e et vocifĂ©rĂ©e sans prĂ©cision. A Ă©couter de toute urgence et Ă  voir aussi puisque le coffret comprend aussi en 3è galette, le dvd de la performance d’avril 2019 Ă  Strasbourg. CLIC de CLASSIQUENEWS de l’hiver 2019.

 

 

  

 

 

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CD, coffret Ă©vĂ©nement. BERLIOZ : La Damnation de Faust (3 cd + 1 dvd ERATO – avril 2019).

Légende dramatique en quatre parties,
livret du compositeur d’après Goethe
Créée Ă  l’OpĂ©ra-Comique le 6 dĂ©cembre 1846

Joyce DiDonato : Marguerite
Michael Spyres : Faust
Nicolas Courjal : Méphistophélès
Alexandre Duhamel : Brander

Chœur de la Fondation Gulbenkian
Les petits chanteurs de Strasbourg

Orchestre philharmonique de Strasbourg
John Nelson, direction

 

 

 

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Enregistré à Strasbourg en novembre 2018
2 cd + 1 dvd – ref ERATO 9482753, 2h

LIRE aussi notre critique complète des TROYENS de BERLIOZ par John Nelson, Michael Spyres, Joyce DiDonato, StĂ©phane Degout (2017)… :

 

 

 

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berlioz-les-troyens-didonato-spyres-nelson-3-cd-ERATO-annonce-cd-premieres-impressions-par-classiquenewsCD, compte rendu, critique. BERLIOZ : Les Troyens. John Nelson (4 cd + 1 dvd / ERATO – enregistré en avril 2017 à Strasbourg). Saluons d’emblée le courage de cette intégrale lyrique, en plein marasme de l’industrie discographique, laquelle ne cesse de perdre des acheteurs… Ce type de réalisation pourrait bien relancer l’attractivité de l’offre, car le résultat de ces Troyens répond aux attentes, l’ambition du projet, les effectifs requis pour la production n’affaiblissant en rien la pertinence du geste collectif, de surcroit piloté par la clarté et le souci dramatique du chef architecte, John Nelson. Le plateau réunit au moment de l’enregistrement live à Strasbourg convoque les meilleurs chanteurs de l’heure Spyres DiDonato, Crebassa, Degout, Dubois… Petite réserve cependant pour Marie-Nicole Lemieux qui s’implique certes, mais ne contrôle plus la précision de son émission (en Cassandre), diluant un français qui demeure, hélas, incompréhensible. Même DiDonato d’une justesse émotionnelle exemplaire, peine elle aussi : ainsi en est-il de notre perfection linguistique. Le Français de Berlioz vaut bien celui de Lully et de Rameau : il exige une articulation lumineuse.

 

 

 
 

 

 

LIVRE événement. PIERRE BOULEZ par Christian Merlin (Fayard)

boulez pierre par christian merlin fayard critique annonce livre musique classique classiquenews 9782213704920-001-TLIVRE événement. PIERRE BOULEZ par Christian Merlin (Fayard) - Pierre Boulez (1925-2016) le compositeur évidemment ; le chef (son activité la plus indiscutable, chez Wagner, Ravel, Debussy, Bartok…), mais aussi le musicien politique malgré lui qui à coup d’ordonnances et déclarations définitives, souvent tranchantes (avec un art consommé de la phraséologie polémique) a bousculé l’ordre musical en France en défenseur et prophète autoproclamé de la modernité. L’auteur n’écarte aucune facette de la personnalité contrastée de celui qui a triomphé surtout à Bayreuth, grâce à Patrice Chéreau pour le centenaire du Ring.
Selon les points de vue, Boulez est révolutionnaire et fanatique, moderniste coûte que coûte quitte à brûler les idôles du passé, en particulier le baroque, alors redécouvert et proie de toutes les attaques. La création, le contemporain, la vibration contemporaine sont ses seuls champs d’action, de réflexion, de questionnement… et les réalisations comme les chantiers se sont précisés au fur et à mesure de ses prises de position : … le Domaine musical, l’IRCAM, l’Ensemble Intercontemporain, l’Opéra Bastille, la Cité de la musique, enfin la Philharmonie de Paris… autant de projets dispendieux à coups de millions d’euros.
Grâce à des archives inédites qui soulignent la « générosité » comme la « bienveillance » de l’homme, le texte édité par Fayard, ainsi publié 3 ans après sa mort en 2016, offre enfin une vision globale et complète sur le musicien, le penseur, l’intellectuel. Ses dictats, ses perspectives… Objectivement qu’on le regrette ou pas, Boulez en « fondateur d’institutions », a organisé la distribution et les lieux de diffusion de la musique du XXè.

La partie la plus passionnante demeure immédiatement celle réservée à l’élucidation de son écriture musicale. Alors, quel Boulez connaissez vous le mieux ? le « sectaire cérébral » ou l’artiste, interprète et créateur « hypersensible » ? Le texte complet permet de choisir en connaissance de causes.

CLIC_macaron_2014LIVRE événement. PIERRE BOULEZ par Christian Merlin (Fayard)
628 pages – Format : 155 x 235 mm – Collection : Musique – Prix TTC indicatif : 35 € – EAN : 9782213704920 – Code hachette : 7065710 Prix NumĂ©rique : 33.99 € – EAN numĂ©rique : 9782213706832 - CLIC de CLASSIQUENEWS 

PLUS D’INFOS sur le site de FAYARD :
https://www.fayard.fr/musique/pierre-boulez-9782213704920

DANSE. Noé de Thierry Malandain

Malandain Ballet Biarritz:Thierry Malandain - NoéFrance 2. Noé : Thierry Malandain, lun 21 oct 2019, 00h30. Evidemment à des heures indues, les programmes culturels de France Télévision. L’intérêt du programme est la musique du ballet, l’éblouissante messe de jeunesse de Puccini qui y réalise la continuité d’une tradition familiale (établi dans la ville toscane de Lucca, berceau du clan Puccini). La chorégraphie de Thierry Malandain qui a créé sa compagnie en 1998, confirme le choix d’une esthétique néoclassique. Le Ballet pour 22 danseurs souligne la figure messianique de Noé, porteur d’un nouvel espoir, d’un nouveau monde, après que la première création ait été submergée par les eaux… La promesse de l’Arche miraculeuse et toutes les espèces animales qui y ont pris place offre les conditions d’une nouvelle ère ; Noé et son clan étant alors capable de repeupler le monde. Malandain reprend plusieurs approches du mythe diluvien : pour Saint-Augustin, les proportions de l’Arche correspondaient à celles du corps humain, « qui est aussi le corps du Christ, qui est aussi l’Église », tandis que Paul Claudel fit de l’Arche salvatrice une cathédrale, une nef naviguant dans le ciel.
Pour Thierry Malandain, Noé est un être humain collectif montant dans l’arche de lui-même, « pour liquider une existence passée et repartir de zéro en allant puiser de nouvelles énergies dans les abysses de son être. C’est pourquoi, excepté la colombe, signe d’espérance d’une nouvelle vie, nous n’embarquerons pas l’intégrale des animaux, juste une humanité en mouvement, figure symbolique et dansante de Noé aux rayons d’un soleil nouveau ». Sur la musique de Puccini datée de 1821, légère, gracieuse, sans tension, le geste non dramatisé de Malandain semble inscrire le mythe de Noé dans la souplesse et la fluidité, a contrario de son action tragique, de son issue encore fragile. La danse au diapason d’une partition plus enivrante que contrastée, offre une vision apaisée, presque trop tranquille où le jeu formel des bras, des jambes, l’effet du groupe pris comme un enchainement de membres alignés, les duos plus exaltés ponctuent une performance devenue rite collectif, parfois archaïque et rustre (référence aux danseurs afghans traditionnels), excepté le couple d’Adam et Eve dont la suavité mais esquissée rappelle celle plus déployée du précédent ballet Cendrillon. La vision est égocentrée : l’homme, rien que l’homme ; sujet d’innombrables péripéties chorégraphiques et dansantes, qui se répètent et se répètent à l’infini.

Photo : Compagnie Malandain ballet Biarritz / Olivier Houeix

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FRANCE 2. « Noé » – Lundi 21 octobre 2019 Ă  00h30. ChorĂ©graphie : Thierry Malandain – Ballet pour 22 danseurs – compagnie : Malandain ballet Biarritz.
FilmĂ© Ă  Chaillot – Théâtre national de la Danse
Musique Gioacchino Rossini – Messa di Gloria

TOURS, Opéra. Nouveau Cosi fan tutte de Mozart

MOZART-wolfgang-portrait-concerto-symphonie-jupiter-don-giovanni-mozart-critique-opera-sur-classiquenewsTOURS, Opéra. MOZART : Cosi fan tutte. 4, 6, 8 octobre 2019. Nouvelle production événement à l’Opéra de Tours et pilier du répertoire : le dernier ouvrage du mythique duo Da Ponte / Mozart, Cosi fan tutte est le sujet de cette nouvelle lecture d’un chef d’oeuvre lyrique incontestable, créé à Vienne en janvier 1790. Le duo contemporain Benjamin Pionnier / Gilles Bouillon interroge l’étonnante modernité de la partition, l’une des plus sensuelles et nostalgiques jamais écrites par Wolfgang : Cosi fan tutte conclut le triptyque des opéras conçus par les deux génies des Lumières, après Les Noces de Figaro et Don Giovanni. Avant Marivaux et l’échiquier amer, mordant des faux semblants amoureux, Mozart et Da Ponte abordent les intermittences du cœur, la volatilité des serments partagés et l’étonnante inconstance des femmes (« toutes les mêmes ! », s’expriment en morale, le titre de l’ouvrage).

L’école de l’amour : cynique, cruelle, douloureuse…

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Plus cru voire cynique, l’opéra dépeint la cruauté de cœurs inconstants mais les jeunes hommes (Ferrando ténor et Guglielmo baryton) ont fait un pari risqué : parier sur la fidélité de leurs fiancées respectives (Fiordiligi et Dorabella), deux jeunes beautés napolitaines, écervelées et volages qui aux premiers inconnus rencontrés (certes de beaux étrangers orientaux qui sont en réalité leurs fiancés déguisés et interchangés), défaillent et s’alanguissent pour les nouveaux garçons, malgré les serments échangés. En pilotes amusés et parfaitement cyniques, deux endurcis, savourent la naïveté ici épinglée : la servante des deux fiancées, Despina ; Don Alfonso, vieux séducteur philosophe qui n’en est pas à son premier pari ni à sa première épreuve sentimentale ; il apprend à ses cadets, la douloureuse école de l’amour… d’ailleurs, l’opéra s’intitule aussi La Scuola degli amanti / L’école des amants… on ne saurait être plus clair.
Rival de Mozart à Vienne, le compositeur bientôt officiel, au service des Habsbourg, Antonio Salieri compose lui aussi une Ecole des amants : réintitulé précisément « la Scuola degli Gelosi » créé en 1778 / l’école des jaloux (ce qui revient au même) dont la verve et la virtuosité dans le genre buffa napolitain, n’égalent toute fois pas le génie ni la justesse de Mozart. La Scuola degli Gelosi affirme cependant l’intelligence rafraichissante d’un Salieri de 28 ans, doué d’une liberté d’invention proche de Mozart.

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Opéra de Toursboutonreservation
MOZART : Cosi fan tutte, 1790
Nouvelle production

Vendredi 4 octobre 2019 – 20h
Dimanche 6 octobre 2019 – 15h
Mardi 8 octobre 2019 – 20h

RÉSERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/cosi-fan-tutte

 

 

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Opéra buffa en deux actes
Livret de Lorenzo da Ponte
Créé le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne
Production de l’OpĂ©ra de Tours

Durée : environ 3h30 avec entracte

Direction musicale: Benjamin Pionnier
Mise en scène: Gilles Bouillon
Décors: Nathalie Holt
Costumes: Marc Anselmi
Lumières: Marc Delamézière

Fiordiligi : Angélique Boudeville
Dorabella : Alienor Feix
Despina : Dima Bawab
Ferrando : Sébastien Droy
Guglielmo : Marc Scoffoni
Don Alfonso : Leonardo Galeazzi

Choeur de l’OpĂ©ra de Tours
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours

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Samedi 28 septembre – 14h30
Grand Théâtre – Salle Jean Vilar
ConfĂ©rence sur l’opĂ©ra Cosi fan tutti – EntrĂ©e gratuite

Grand Théâtre de Tours
34 rue de la Scellerie
37000 Tours

02.47.60.20.00
Contactez-nous
Billetterie
Ouverture du mardi au samedi
10h30 Ă  13h00 / 14h00 Ă  17h45

 

 

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Approfondir

 

 

Salieri, gĂ©nie du buffaLIRE notre critique du cd SALIERI : La Scuola de’Gelosi, Venise /1778, version viennoise de 1783 (livret de Da Ponte Ă  partir de l’original de Mazzola). ComĂ©die en deux actes – / Werner Ehrhardt (3 cd DHM – 2015) – parution fĂ©vrier 2017
http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-salieri-la-scuola-degelosi-werner-ehrahardt-3-cd-dhm-2015/

 

 

 

 

Livre événement. Degas par Henri Loyrette. «Je voudrais être illustre et inconnu» (Éditions Gallimard, collection « Découvertes »).

degas gallimard decouvertes expositon deags a l opera de apris musee d orsay exposition 23 sept fevrier 2020 classiquenews A76087Livre Ă©vĂ©nement. Degas par Henri Loyrette. «Je voudrais ĂŞtre illustre et inconnu» (Éditions Gallimard, collection « DĂ©couvertes »). CHANTRE DE LA MODERNITÉ… PrĂ©sentation par l’éditeur : « «Je voudrais ĂŞtre illustre et inconnu», disait Edgar Degas. Illustre, il l’est, par ses danseuses, ses jockeys, ses femmes au bain. Inconnu, Ă©galement, tant ces thèmes occultent le reste de l’Ĺ“uvre, peintures d’histoire, portraits, paysages, tant l’Ĺ“uvre a dĂ©vorĂ© la vie privĂ©e. Sur une carrière de soixante ans dont Henri Loyrette restitue la richesse et la cohĂ©rence, on dĂ©couvre alors l’insatiable curiositĂ© technique, la constante recherche d’expressions nouvelles, l’Ă©vidente continuitĂ© de la ligne mĂ©lodique ».
Notre avis… Le fils d’une famille aisée, de banquiers, doit cependant à son père (Auguste) d’être encouragé dans sa vocation artistique. Ce n’est pas tant, la ligne (cultivée toujours selon les préceptes de son « maître et idôle » Ingres), la couleur (digne des Impressionnistes dont il sera toujours très proche), la puissance de la palette et du trait (qui le rapproche d’un Manet, son ami), que son œil, qui se révèle dans son cas, déterminant. Degas méprise le milieu académique et donc le Prix de Rome : dépassé, conservateur. Il a bien raison. La modernité n’est jamais venue en peinture de ce réseau politique formaté. Degas développe une acuité de conception hors du commun à son époque. Son œil décortique l’espace (d’où des cadrages et des points de vue inédits et donc résolument « modernes »), déconstruit la forme, pour en extraire le squelette expressif, l’ossature synthétique, essentiel (d’où ce qu’il voit et capte dans le sujet des danseuses : des corps qui souffrent, des lignes qui fléchissent, des mouvements qui éreintent et forcent… au bord du claquage.

 

 

Degas moderne
L’œil déconstruit, reconstruit…

 

 

danseuses degas

 

Deux danseuses (DR)

 

Beaucoup de scènes de répétitions, de gestes et attitudes répétées, de détente aussi (dont même des danseuses qui baillent…) Entre réalisme et familiarité, jamais cela n’avait été représenté avant lui. De sorte que l’on contemple un autre Degas : non pas le peintre obsédé par les danseuses en tutu, mais l’analyste qui décrypte le dénuement et la misère de jeunes artistes démunies et souffrantes, qui phénomène que l’on commence à expliciter, sont les proies des prédateurs sexuels dans la coulisse.
affiche13_300Degas a conçu tout cela, remarquablement expliqué dans ce petit livre immanquable, indispensable viatique préparatoire pour l’exposition actuelle au Musée d’Orsay : « DEGAS à L’OPERA », jusqu’en janvier 2020. Car au juste qu’a peint Degas de l’Opéra ? La réponse est loin d’être évidente. Car Degas est un créateur tout sauf conformiste. On peut affirmer qu’en plein wagnérisme, au cœur de la France nationaliste, opposée à l’hégémonie prussienne, Degas, se passionna pour la Sigurd du marseillais Reyer, le « petit Wagner de la Canebière » (au point de la voir 30 fois à l’Opéra le Peletier, à partir de sa création à l’Opéra de paris le 12 juin 1885). Wagnérien, Reyer dans Sigurd offre une véritable alternative française au romantisme musical, puisant après Berlioz, chez Gluck, sachant colorer aussi son orchestre par des éclats fantastiques empruntés à Weber. Les amateurs du Ring, retrouvent certes les personnages de Hagen, Gunter et aussi Brünnhilde… Mais si le sujet est emprunté aux légendes nordiques, comme la Tétralogie, la conception elle est bien française.
Comme Reyer à l’opéra, Degas incarne une spécificité française, « moderne », antiacadémique, foncièrement avant-gardiste, entre 1880 et 1910. Un cas à part, et une œuvre à redécouvrir aujourd’hui.

 

 

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Livre Ă©vĂ©nement. Degas par Henri Loyrette. «Je voudrais ĂŞtre illustre et inconnu» (Éditions Gallimard, collection « DĂ©couvertes ») – 160 pages, ill., sous couverture illustrĂ©e, 125 x 178 mm
Genre : Documents et reportages Thème : arts en gĂ©nĂ©ral /peinture CatĂ©gorie > Sous-catĂ©gorie : Connaissance > Arts en gĂ©nĂ©ral – Époque : XXe-XXIe siècle – ISBN : 9782070760879 – Gencode : 9782070760879 – Code distributeur : A76087 – Première parution en 1988 -
CoĂ©dition Gallimard/RMN – Grand Palais. Nouvelle Ă©dition en 2012.
Collection Découvertes Gallimard (n° 36), Série Arts, Gallimard. CLIC de CLASSIQUENEWS

 

 

 

 

DVD, critique. BERLIOZ : ClĂ©opâtre, Didon. Lucile Richardot, Symphonie Fantastique. Gardiner (1 dvd – Château de Versailles spectacle, Live d’oct 2018)

Symphonie-fantastique-DVD-Inclus-Blu-ray BERLIOZ lucile ricahrdot cleopatre didon critique concert dvd review opera concert classiquenewsDVD, critique. BERLIOZ : ClĂ©opâtre, Didon. Lucile Richardot, Symphonie Fantastique. Gardiner (1 dvd – Château de Versailles spectacles, Live d’oct 2018). Orchestral, – passionnante Fantastique de Berlioz, le programme est aussi surtout lyrique ; et quelle voix ! Mezzo d’impact, Lucile Richardot. d’abord cĂ©lĂ©brĂ©e comme interprète baroque, du XVIIè montĂ©verdien au XVIIIè français, la voici … en furie et grande amoureuse romantique, et d’un engagement dĂ©clamĂ© souverain dans la cantate ClĂ©opâtre du jeune Hector alors candidat rĂ©pĂ©titif pour le prix de Rome…
« C’en est donc fait » place la barre très haut, dans le lugubre tragique et noble à la fois. C’est une Reine détruite qui paraît à nos yeux. Une femme exposée, ravagée mais digne. Ecrite en 1829, la cantate suit le texte imposé de Pierre-Ange Vieillard. La fureur de l’amoureuse, l’impuissance de la souveraine, sa solitude et son abandon, son cœur qui implose, puis sous le coup de l’aspic, se convulse, halète, expire… (avec ultimes spasmes mortels par les contrebasses). La vérité que l’interprète sait insuffler au texte, sa justesse expressive, sa finesse tragique soulignent la valeur du génie berliozien au delà du contexte académique. L’écriture transcende le prétexte romain et souligne combien Berlioz maîtrise le grand souffle lyrique légué par Gluck. Dans le sublime, l’intime surtout. Déjà l’auteur des troyens, à l’extrémité de sa carrière, est là, d’une maturité précoce. Bouleversant.

 

 

Deux Reines expirantes pour la diva Richardot

 

 

A ses côtés, Gardiner joue les grand sorcier tragique, sur un même niveau : écoute intérieure, pianis sculptés dans le silence, puis vertiges étourdissants ; tout indique l’art de Berlioz, à la fois Shakespearien et mozartien. Tout ce qui sonne artificiel et classique ailleurs, sonne juste et sincère ici.

La jeune diva enchaîne ensuite une autre mort, celle d’une autre reine, Didon la carthaginoise, elle aussi seule, défaite, abandonnée par Enée… « Ah je vais mourir… », pourtant la tragédienne embrase chaque mot, chaque accent, d’une noblesse plus serrée ici, dans une prosodie plus régulière et moins heurtée. Lucile Richardot sculpte le texte comme le chef éclaire chaque épisode orchestral dans l’allusion et le détachement progressif.

L’Orchestre révolutionnaire et romantique donne son meilleur enfin dans une œuvre qu’il a le premier et de façon visionnaire, jouer sur instruments d’époque : la Fantastique scintille et crépite au diapason du cœur berliozien, le plus exalté et le plus passionné qui soit. Le plus enivré aussi. Et donc le plus personnel voire autobiographique. Ce que n’oublient pas ni le chef ni ses instrumentistes.
Même engagement poétique, à la fois électrique irisé dans l’ouverture du Corsaire, langoureux et crépusculaire dans la fameuse chasse royale des Troyens, peinture symphonique aux climats époustouflants.

La réalisation est à classer parmi les excellents témoignages filmés au Château de Versailles ; l’Opéra royal y devient l’écrin d’un programme magicien, où parait aussi le décor de Ciceri daté de 1837 : un palais de marbre et d’or, évoquant la Galerie des Batailles, dispositif visuel conçu pour l’inauguration du musée de l’histoire de France de Louis-Philippe (1837). Les célébrations BERLIOZ à Versailles s’annoncent ainsi et se confirment passionnantes. On attend déjà avec impatience les 2 autres volumes de ce feuilleton Berlioz à versailles : Benvenuto Cellini et La Damnation de Faust. A suivre donc.

 

 

 

 

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CLIC_macaron_2014DVD, critique. BERLIOZ : ClĂ©opâtre, Didon. Lucile Richardot, Symphonie Fantastique. Gardiner (1 dvd – Château de Versailles spectacles, Live d’oct 2018)Clic de CLASSIQUENEWS de septembre 2019.

 

 

TOURS, Opéra. Nouveau COSI FAN TUTTE de MOZART

MOZART-wolfgang-portrait-concerto-symphonie-jupiter-don-giovanni-mozart-critique-opera-sur-classiquenewsTOURS, Opéra. MOZART : Cosi fan tutte. 4, 6, 8 octobre 2019. Nouvelle production événement à l’Opéra de Tours et pilier du répertoire : le dernier ouvrage du mythique duo Da Ponte / Mozart, Cosi fan tutte est le sujet de cette nouvelle lecture d’un chef d’oeuvre lyrique incontestable, créé à Vienne en janvier 1790. Le duo contemporain Benjamin Pionnier / Gilles Bouillon interroge l’étonnante modernité de la partition, l’une des plus sensuelles et nostalgiques jamais écrites par Wolfgang : Cosi fan tutte conclut le triptyque des opéras conçus par les deux génies des Lumières, après Les Noces de Figaro et Don Giovanni. Avant Marivaux et l’échiquier amer, mordant des faux semblants amoureux, Mozart et Da Ponte abordent les intermittences du cœur, la volatilité des serments partagés et l’étonnante inconstance des femmes (« toutes les mêmes ! », s’expriment en morale, le titre de l’ouvrage).

L’école de l’amour : cynique, cruelle, douloureuse…

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Plus cru voire cynique, l’opéra dépeint la cruauté de cœurs inconstants mais les jeunes hommes (Ferrando ténor et Guglielmo baryton) ont fait un pari risqué : parier sur la fidélité de leurs fiancées respectives (Fiordiligi et Dorabella), deux jeunes beautés napolitaines, écervelées et volages qui aux premiers inconnus rencontrés (certes de beaux étrangers orientaux qui sont en réalité leurs fiancés déguisés et interchangés), défaillent et s’alanguissent pour les nouveaux garçons, malgré les serments échangés. En pilotes amusés et parfaitement cyniques, deux endurcis, savourent la naïveté ici épinglée : la servante des deux fiancées, Despina ; Don Alfonso, vieux séducteur philosophe qui n’en est pas à son premier pari ni à sa première épreuve sentimentale ; il apprend à ses cadets, la douloureuse école de l’amour… d’ailleurs, l’opéra s’intitule aussi La Scuola degli amanti / L’école des amants… on ne saurait être plus clair.
Rival de Mozart à Vienne, le compositeur bientôt officiel, au service des Habsbourg, Antonio Salieri compose lui aussi une Ecole des amants : réintitulé précisément « la Scuola degli Gelosi » créé en 1778 / l’école des jaloux (ce qui revient au même) dont la verve et la virtuosité dans le genre buffa napolitain, n’égalent toute fois pas le génie ni la justesse de Mozart. La Scuola degli Gelosi affirme cependant l’intelligence rafraichissante d’un Salieri de 28 ans, doué d’une liberté d’invention proche de Mozart.

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Opéra de Toursboutonreservation
MOZART : Cosi fan tutte, 1790
Nouvelle production

Vendredi 4 octobre 2019 – 20h
Dimanche 6 octobre 2019 – 15h
Mardi 8 octobre 2019 – 20h

RÉSERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/cosi-fan-tutte

 

 

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Opéra buffa en deux actes
Livret de Lorenzo da Ponte
Créé le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne
Production de l’OpĂ©ra de Tours

Durée : environ 3h30 avec entracte

Direction musicale: Benjamin Pionnier
Mise en scène: Gilles Bouillon
Décors: Nathalie Holt
Costumes: Marc Anselmi
Lumières: Marc Delamézière

Fiordiligi : Angélique Boudeville
Dorabella : Alienor Feix
Despina : Dima Bawab
Ferrando : Sébastien Droy
Guglielmo : Marc Scoffoni
Don Alfonso : Leonardo Galeazzi

Choeur de l’OpĂ©ra de Tours
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours

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Samedi 28 septembre – 14h30
Grand Théâtre – Salle Jean Vilar
ConfĂ©rence sur l’opĂ©ra Cosi fan tutti – EntrĂ©e gratuite

Grand Théâtre de Tours
34 rue de la Scellerie
37000 Tours

02.47.60.20.00
Contactez-nous
Billetterie
Ouverture du mardi au samedi
10h30 Ă  13h00 / 14h00 Ă  17h45

 

 

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Approfondir

 

 

Salieri, gĂ©nie du buffaLIRE notre critique du cd SALIERI : La Scuola de’Gelosi, Venise /1778, version viennoise de 1783 (livret de Da Ponte Ă  partir de l’original de Mazzola). ComĂ©die en deux actes – / Werner Ehrhardt (3 cd DHM – 2015) – parution fĂ©vrier 2017
http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-salieri-la-scuola-degelosi-werner-ehrahardt-3-cd-dhm-2015/

 

 

 

 

Requiem de Verdi Ă  l’Arsenal de METZ

metz-cite-musicale-6-oct-2019-requeim-de-verdi-annonce-concert-critique-classiquenews-orch-national-de-metzMETZ, Arsenal. VERDI : REQUIEM, dim 6 oct 2019. Messe funèbre dramatique, opéra sacré, cantate de célébration, de mémoire et de compassion…Le Requiem de Giuseppe Verdi est tout cela à la fois, donné ici à l’Arsenal de METZ. Distribution, entièrement française, pour ce Requiem de Verdi avec le Chœur de l’Orchestre de Paris. À sa création, l’aspect théâtral et trop opératique de l’ouvrage avait suscité incompréhension voire agacement : qu’à faire ce style lyrique dans une messe funèbre qui doit accompagner les jusqu’au repos éternel ? Ému par la disparition du poète Manzoni, Verdi tint à lui rendre hommage, en composant ainsi un sommet de la déploration symphonique, chorale, lyrique. Toute la science dramatique du compositeur se met au service d’une ferveur directe et sincère qui réussit à peindre l’effroi et les promesses du grand théâtre de la mort.

 

 

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METZ, ARSENALboutonreservation
cité musicale metz, saison 2019 2020
ARSENAL, Grande Salle
Dimanche 6 octobre 2019, 16h

VERDI : REQUIEM
Orchestre national de Metz
Chœur de l’Orch de Paris

soprano : Teodora Gheorghiu
mezzo-soprano : Valentine Lemercier
ténor : Florian Laconi
basse : Jérôme Varnier
Scott Yoo, direction

INFOS, RESERVATIONS ici :

https://www.citemusicale-metz.fr/agenda/requiem-de-verdi

 

 

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Déroulé du Requiem : 7 parties

1. Requiem
2. Dies irae
3. Offertorio
4. Sanctus
5. Agnus Dei
6. Lux aeterna
7. Libera me

 

 

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Pour les parents et familles : possibilitĂ© d’une garderie musicale à 16h
de 4 Ă  8 ans. Pendant que les parents assistent au concert, les enfants participent Ă  un atelier musical en lien avec le concert des plus grands, qu’ils rejoignent Ă  la fin du concert. Ă€ cette occasion, un musicien intervenant propose des Ă©coutes d’extraits musicaux, des comptines, des jeux d’éveil musical…

Et un bon goûter !

Tarif 6 € / enfant
(offre soumise à l’achat d’une place de spectacle pour l’adulte accompagnant)

 

 

 

L’œuvre : REQUIEM OPERATIQUE ET HUMANISTE

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VERDI_402_Giuseppe-Verdi-9517249-1-402A l’origine, Verdi compose son Requiem pour la mort du poète italien Alessandro Manzoni (l’auteur adulé, admiré d’ i Promessi sposi) en 1873. La partition est plus qu’un opéra sacré : c’est l’acte d’humilité d’une humanité atteinte et saisie face à l’effrayante mort ; l’idée du salut n’y est pas tant centrale que le sentiment d’épreuve à la fois collective (avec le formidable chœur de fervents / croyants), et individuelle, comme l’énonce le quatuor des solistes (prière du Domine Jesu Christe). Le Sanctus semble affirmer à grand fracas la certitude face à la mort et à l’irrépressible anéantissement (fanfare et choeurs) : mais la proclamation n’écarte pas le sentiment d’angoisse face au gouffre immense.

D’abord entonné en duo (soprano et alto), l’Agnus dei témoigne du sacrifice de Jésus, prière à deux vois que reprend comme l’équivalent profane/collectif du choral luthérien, toute la foule rassemblée, saisie par le sentiment de compassion. Enfin en un drame opératique contrasté, Verdi enchaîne la lumière du Lux Aeterna, et la passion d’abord tonitruante du Libera me (vagues colossales des croyants rassemblés en armée), qui s’achève en un murmure pour soprano (solo jaillissant du choeur rasséréné : Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua lucaet eis / Donne-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière brille à jamais sur eux) : ainsi humble et implorant, l’homme se prépare à la mort, frère pour les autres, égaux et mortels, à la fois vaincus et victorieux de l’expérience de tous les mourants qui ont précédés en d’identiques souffrances.

Il faut absolument écouter la version de Karajan (Vienne, 1984) avec la soprano Anna Tomowa Sintow et le contralto d’Agnès Baltsa pour mesurer ce réalisme individuel, – emblème de l’expérience plutôt que du rituel, pour comprendre la puissance et la justesse de Verdi. Acte de contrition (Tremens factus sum ego -1-) chanté par la contralto d’une déchirante intensité, prière en humilité, le chant ainsi conçu frappe immédiatement l’esprit de tous ceux qui l’écoute ; au soprano revient le dernier chant, celui d’une exhortation qui n’écarte pas l’amertume ni la profonde peine ; entonnant avec le chœur rassemblé, concentré, ému, les dernières paroles du Libera me, la soprano exprime le témoignage de la souffrance qui nous rend égaux et frères ; en elle, retentit l’expérience ultime ; son air s’accompagne d’une espérance plus tendre, emblème de la compassion pour les défunts, tous les défunts.
Croyant ou non, l’auditeur ne peut être que frappé par la haute spiritualité de ce Requiem élaboré à l’échelle du colossal et de l’intime, où les gouffres et les blessures nés du deuil et de la perte expriment de furieuses plaintes contre l’injustice criante, puis s’apaise dans l’acceptation, conquise non sans un combat primitif et viscéral. Dans le format réussi de cette fresque qui unit le collectif et l’intime, Verdi nous parle d’humanisme ; l’homme qui doute et désespère parfois, n’oublie jamais la mort, notre destin à tous : cette conscience en humilité façonne les meilleurs d’entre nous.

 

 

Opéra de TOURS : Cosi fan tutte de Mozart

MOZART-wolfgang-portrait-concerto-symphonie-jupiter-don-giovanni-mozart-critique-opera-sur-classiquenewsTOURS, Opéra. MOZART : Cosi fan tutte. 4, 6, 8 octobre 2019. Nouvelle production événement à l’Opéra de Tours et pilier du répertoire : le dernier ouvrage du mythique duo Da Ponte / Mozart, Cosi fan tutte est le sujet de cette nouvelle lecture d’un chef d’oeuvre lyrique incontestable, créé à Vienne en janvier 1790. Le duo contemporain Benjamin Pionnier / Gilles Bouillon interroge l’étonnante modernité de la partition, l’une des plus sensuelles et nostalgiques jamais écrites par Wolfgang : Cosi fan tutte conclut le triptyque des opéras conçus par les deux génies des Lumières, après Les Noces de Figaro et Don Giovanni. Avant Marivaux et l’échiquier amer, mordant des faux semblants amoureux, Mozart et Da Ponte abordent les intermittences du cœur, la volatilité des serments partagés et l’étonnante inconstance des femmes (« toutes les mêmes ! », s’expriment en morale, le titre de l’ouvrage).

 

 

L’école de l’amour : cynique, cruelle, douloureuse…

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Plus cru voire cynique, l’opéra dépeint la cruauté de cœurs inconstants mais les jeunes hommes (Ferrando ténor et Guglielmo baryton) ont fait un pari risqué : parier sur la fidélité de leurs fiancées respectives (Fiordiligi et Dorabella), deux jeunes beautés napolitaines, écervelées et volages qui aux premiers inconnus rencontrés (certes de beaux étrangers orientaux qui sont en réalité leurs fiancés déguisés et interchangés), défaillent et s’alanguissent pour les nouveaux garçons, malgré les serments échangés. En pilotes amusés et parfaitement cyniques, deux endurcis, savourent la naïveté ici épinglée : la servante des deux fiancées, Despina ; Don Alfonso, vieux séducteur philosophe qui n’en est pas à son premier pari ni à sa première épreuve sentimentale ; il apprend à ses cadets, la douloureuse école de l’amour… d’ailleurs, l’opéra s’intitule aussi La Scuola degli amanti / L’école des amants… on ne saurait être plus clair.
Rival de Mozart à Vienne, le compositeur bientôt officiel, au service des Habsbourg, Antonio Salieri compose lui aussi une Ecole des amants : réintitulé précisément « la Scuola degli Gelosi » créé en 1778 / l’école des jaloux (ce qui revient au même) dont la verve et la virtuosité dans le genre buffa napolitain, n’égalent toute fois pas le génie ni la justesse de Mozart. La Scuola degli Gelosi affirme cependant l’intelligence rafraichissante d’un Salieri de 28 ans, doué d’une liberté d’invention proche de Mozart.

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Opéra de Toursboutonreservation
MOZART : Cosi fan tutte, 1790
Nouvelle production

Vendredi 4 octobre 2019 – 20h
Dimanche 6 octobre 2019 – 15h
Mardi 8 octobre 2019 – 20h

RÉSERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/cosi-fan-tutte

 

 

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Opéra buffa en deux actes
Livret de Lorenzo da Ponte
Créé le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne
Production de l’OpĂ©ra de Tours

Durée : environ 3h30 avec entracte

Direction musicale: Benjamin Pionnier
Mise en scène: Gilles Bouillon
Décors: Nathalie Holt
Costumes: Marc Anselmi
Lumières: Marc Delamézière

Fiordiligi : Angélique Boudeville
Dorabella : Alienor Feix
Despina : Dima Bawab
Ferrando : Sébastien Droy
Guglielmo : Marc Scoffoni
Don Alfonso : Leonardo Galeazzi

Choeur de l’OpĂ©ra de Tours
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours

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Samedi 28 septembre – 14h30
Grand Théâtre – Salle Jean Vilar
ConfĂ©rence sur l’opĂ©ra Cosi fan tutti – EntrĂ©e gratuite

Grand Théâtre de Tours
34 rue de la Scellerie
37000 Tours

02.47.60.20.00
Contactez-nous
Billetterie
Ouverture du mardi au samedi
10h30 Ă  13h00 / 14h00 Ă  17h45

 

 

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Salieri, gĂ©nie du buffaLIRE notre critique du cd SALIERI : La Scuola de’Gelosi, Venise /1778, version viennoise de 1783 (livret de Da Ponte Ă  partir de l’original de Mazzola). ComĂ©die en deux actes – / Werner Ehrhardt (3 cd DHM – 2015) – parution fĂ©vrier 2017
http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-salieri-la-scuola-degelosi-werner-ehrahardt-3-cd-dhm-2015/

 

 

 

 

Doulce Mémoire. Musique secrète de Leonardo da Vinci

Doulce-Memoire-1-denis-raisin-dadre-30-ans-annonce-concert-opera-de-tours-critique-concert-critique-opera-classiquenewsDOULCE MÉMOIRE. Musiques de Leonardo, le 21 sept 2019. Valençay (36). Doulce Mémoire, c’est d’abord l’esprit de la Renaissance, cette période faste de découvertes, d’inventions, de voyages et de créativité… En 2019, l’ensemble fondé par Denis Raisin Dadre fête ses déjà 30 ans. 30 ans de somptueuses et vivantes découvertes d’un formidable laboratoire musicale qui a révélé aux français et au monde, les mille séductions de la musique de la Renaissance dont la richesse profite dans chaque programme de Doulce Mémoire, de la sensibilité et des tempéraments artistiques des interprètes associés. En regard du livre cd paru au printemps 2019, « la musique secrète » de Leonardo da Vinci, Denis Raisin-Dadre, grand amateur de peinture entre autres, retrouve le mystère et le raffinement qui ont produit les peintures de Leonardo en invoquant les musiques de son temps. Le goût de Vinci pour la musique est connu et attesté par les nombreux témoignages de ses contemporains. Léonard était admiré comme joueur et improvisateur sur la lira da braccio.

 

 

 

Musique secrète de Leonardo da Vinci
Pour ses 500 ans, Doulce Mémoire
fait chanter les peintures de Leonardo…

Sa passion pour la musique provient de sa jeunesse, de la fréquentation de musiciens dans les ateliers de peintres. Pendant sa formation auprès de Verrocchio, son premier maître à Florence, était aussi musicien comme nombre de peintres à l’époque. Dans l’atelier travaillaient Botticelli, Le Pérugin, Ghirlandaio, Lorenzo di Credi… l’émulation artistique s’associe aux instruments : luth ; lyre auxquels répondent les chants – bref, la musique est partout.

Denis Raisin-Dadre s’explique : ” PlutĂ´t que partir Ă  la recherche des musiques qu’aurait pu jouer LĂ©onard, ou de suivre comme nous l’avons dĂ©jĂ  fait Ă  Doulce MĂ©moire ses pĂ©rĂ©grinations de villes en villes, nous dĂ©sirons partir Ă  la recherche des musiques secrètes de ses tableaux. Une dĂ©marche Ă  la fois scientifique puisque, nous serons sur des musiques contemporaines de Vinci mais aussi Ă©minemment poĂ©tique pour rentrer dans l’univers mental de ce gĂ©nie “.
« SĹ“ur mineure et malheureuse de la peinture, la musique s’évanouit tout de suite » Ă©crit LĂ©onard dans son traitĂ© de peinture “. Le projet cherche Ă  en fixer le cours pour que perdure la force de sa poĂ©sie. Pari rĂ©ussi, comme l’atteste son livre cd ” Musique secrète de Leonardo da Vinci “, dĂ©jĂ  paru.

Leonardo_selfExtrait de notre critique du livre cd Musique secrète de Leonardo da Vinci par Alban Deags : …” 15 TABLEAUX ET LEURS RESONANCES MUSICALES… Le fondateur deDoulce MĂ©moire a sĂ©lectionnĂ© une quinzaine de tableaux, dont beaucoup sont aujourd’hui au Louvre (la France regroupe ainsi la plus grande collection de tableaux du Peintre dont les Ĺ“uvres, en provenance des collections royales, celles de François Ier, sont le noyau du dĂ©partement de peintures du Louvre) : Le baptĂŞme du Christ, L’Annonciation, La vierge aux rochers, Portrait d’Isabelle d’Este, La belle ferronnière, Sainte Anne et la Vierge, Saint Jean-Baptiste… Denis Raisin-Dadre n’oublie pas La Joconde – qu’il a mis en correspondance avec des musiques de Jacob Obrecht (1457-1505), de Josquin Desprez (1450-1521), des laudes consacrĂ©es Ă  l’Annonciation, des Frotolle, des chants sur des textes de PĂ©trarque, accompagnĂ©s par la lira da braccio, instrument très apprĂ©ciĂ© de LĂ©onard…”. (…) Leonardo da Vinci  fut musicien et compositeur, rĂ©alisateur des fĂŞtes et divertissements pour la cour ducale des Sforza de Milan. Pour le duc Ludovico, Leonardo invente des machines de guerre, et aussi produit des spectacles « magiques » dont les prouesses techniques, illusionnistes ont laissĂ© de nombreux tĂ©moignages. Improvisateur remarquable, Leonardo jouait excellemment de la lira da braccio,  s’accompagnant tout en dĂ©clamant des vers… C’est un vĂ©ritable OrphĂ©e laĂŻque qui officie ainsi Ă  la Cour milanaise, se rendant bientĂ´t indispensable.”

 

 

 

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Doulce Mémoire
Musique secrète de Leonardo da Vinci
Le 21 septembre 2019 Ă  Valencay (36)
Château de Valençay, 21h

Léonard de Vinci, la musique secrète

Distribution :
Clara Coutouly, soprano
Matthieu Le Levreur, baryton
Pascale Boquet, luth
Baptiste Romain ou Nicolas Sansarlat, lira da braccio
Bérengère Sardin, harpe renaissance
Denis Raisin Dadre, flûtes et direction
Ikse Maitre, scénographie

Projet présenté dans le cadre de « Viva Leonardo da Vinci ! 500 ans de Renaissance(s) en Centre-Val de Loire »

+ d’infos sur le site de DOULCE MEMOIRE :
https://www.doulcememoire.com/programmes/leonard-de-vinci-la-musique-secrete/

 

 

 

agenda

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Le 21 septembre 2019 Ă  Valencay (36)
Château de Valençay, 21h
http://www.chateau-valencay.fr/#

Le 27 septembre 2019 Ă  Turnhout (Belgique)
Festival Musica Divina

Le 13 novembre 2019 à Orélans (45)
Le Bouillon – UniversitĂ© d’OrlĂ©ans
http://www.univ-orleans.fr/fr/culture

 

 

 

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Le 15 novembre 2019 Ă  Paris (75)
Auditorium du Louvre, 20h
https://www.louvre.fr/musiques?page=1

leonardo-da-vinci-musique-secrete-livre-cd-alpha-critique-annonce-cd-par-clasiquenews-compte-rendu-critique-cd-livre-classiquenews-musique-classiqueŒuvres de Josquin Desprez, Bartolomeo Tromboncino, Marchetto Cara, Johannes de la Fage, Firminus Caron… Musiques tirées des Laudes et des Frottole éditées par Petrucci. A l’occasion de l’exposition du Louvre célébrant les 500 ans de la naissance de Léonard de Vinci, l’ensemble Doulce Mémoire et son chef Denis Raisin Dadre convient à un voyage merveilleux sur les pas de celui qui fut l’un des plus grands virtuoses de son temps à la lira da braccio et qui nous a laissé de nombreuses énigmes musicales. Avec des mélodies populaires de l’époque et que l’on retrouve retranscrites par différents compositeurs tels que Josquin Desprez ou Heinrich Isaac, le concert évoque les musiques qu’il aurait été possible d’écouter dans un atelier de peinture ou dans un cercle aristocratique de la Renaissance. Et vous, quelles musiques pensez vous que Leonard aurait pu écouter en dessinant ou en peignant la Joconde ou la Vierge aux rochers ?

 

 

 

 

Approfondir

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LIRE notre critique du livre cd Musique secrète de Leonardo da Vinci / Les 500 ans de Leonardo de Vinci en 2019 :
http://www.classiquenews.com/5-mai-2019-500-ans-de-la-mort-de-leonardo-da-vinci/

 

 

doulce-memoire-concerts-critique-annonce-concerts-classiquenews

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TOURS, Opéra. Nouvelle production de COSI FAN TUTTE de MOZART

MOZART-wolfgang-portrait-concerto-symphonie-jupiter-don-giovanni-mozart-critique-opera-sur-classiquenewsTOURS, Opéra. MOZART : Cosi fan tutte. 4, 6, 8 octobre 2019. Nouvelle production événement à l’Opéra de Tours et pilier du répertoire : le dernier ouvrage du mythique duo Da Ponte / Mozart, Cosi fan tutte est le sujet de cette nouvelle lecture d’un chef d’oeuvre lyrique incontestable, créé à Vienne en janvier 1790. Le duo contemporain Benjamin Pionnier / Gilles Bouillon interroge l’étonnante modernité de la partition, l’une des plus sensuelles et nostalgiques jamais écrites par Wolfgang : Cosi fan tutte conclut le triptyque des opéras conçus par les deux génies des Lumières, après Les Noces de Figaro et Don Giovanni. Avant Marivaux et l’échiquier amer, mordant des faux semblants amoureux, Mozart et Da Ponte abordent les intermittences du cœur, la volatilité des serments partagés et l’étonnante inconstance des femmes (« toutes les mêmes ! », s’expriment en morale, le titre de l’ouvrage).

L’école de l’amour : cynique, cruelle, douloureuse…

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Plus cru voire cynique, l’opéra dépeint la cruauté de cœurs inconstants mais les jeunes hommes (Ferrando ténor et Guglielmo baryton) ont fait un pari risqué : parier sur la fidélité de leurs fiancées respectives (Fiordiligi et Dorabella), deux jeunes beautés napolitaines, écervelées et volages qui aux premiers inconnus rencontrés (certes de beaux étrangers orientaux qui sont en réalité leurs fiancés déguisés et interchangés), défaillent et s’alanguissent pour les nouveaux garçons, malgré les serments échangés. En pilotes amusés et parfaitement cyniques, deux endurcis, savourent la naïveté ici épinglée : la servante des deux fiancées, Despina ; Don Alfonso, vieux séducteur philosophe qui n’en est pas à son premier pari ni à sa première épreuve sentimentale ; il apprend à ses cadets, la douloureuse école de l’amour… d’ailleurs, l’opéra s’intitule aussi La Scuola degli amanti / L’école des amants… on ne saurait être plus clair.
Rival de Mozart à Vienne, le compositeur bientôt officiel, au service des Habsbourg, Antonio Salieri compose lui aussi une Ecole des amants : réintitulé précisément « la Scuola degli Gelosi » créé en 1778 / l’école des jaloux (ce qui revient au même) dont la verve et la virtuosité dans le genre buffa napolitain, n’égalent toute fois pas le génie ni la justesse de Mozart. La Scuola degli Gelosi affirme cependant l’intelligence rafraichissante d’un Salieri de 28 ans, doué d’une liberté d’invention proche de Mozart.

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Opéra de Toursboutonreservation
MOZART : Cosi fan tutte, 1790
Nouvelle production

Vendredi 4 octobre 2019 – 20h
Dimanche 6 octobre 2019 – 15h
Mardi 8 octobre 2019 – 20h

RÉSERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/cosi-fan-tutte

 

 

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Opéra buffa en deux actes
Livret de Lorenzo da Ponte
Créé le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne
Production de l’OpĂ©ra de Tours

Durée : environ 3h30 avec entracte

Direction musicale: Benjamin Pionnier
Mise en scène: Gilles Bouillon
Décors: Nathalie Holt
Costumes: Marc Anselmi
Lumières: Marc Delamézière

Fiordiligi : Angélique Boudeville
Dorabella : Alienor Feix
Despina : Dima Bawab
Ferrando : Sébastien Droy
Guglielmo : Marc Scoffoni
Don Alfonso : Leonardo Galeazzi

Choeur de l’OpĂ©ra de Tours
Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours

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Samedi 28 septembre – 14h30
Grand Théâtre – Salle Jean Vilar
ConfĂ©rence sur l’opĂ©ra Cosi fan tutti – EntrĂ©e gratuite

Grand Théâtre de Tours
34 rue de la Scellerie
37000 Tours

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Ouverture du mardi au samedi
10h30 Ă  13h00 / 14h00 Ă  17h45

 

 

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Salieri, gĂ©nie du buffaLIRE notre critique du cd SALIERI : La Scuola de’Gelosi, Venise /1778, version viennoise de 1783 (livret de Da Ponte Ă  partir de l’original de Mazzola). ComĂ©die en deux actes – / Werner Ehrhardt (3 cd DHM – 2015) – parution fĂ©vrier 2017
http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-salieri-la-scuola-degelosi-werner-ehrahardt-3-cd-dhm-2015/

 

 

 

 

Depuis Salzbourg 2019… VERDI : Requiem par Riccardo MUTI

Giuseppe VerdiFRANCE MUSIQUE, lun 26 août 2019, 20h. VERDI : Requiem. Messe funèbre dramatique, opéra sacré, cantate de célébration, de mémoire et de compassion…Le Requiem de Giuseppe Verdi est tout cela à la fois, donné ici lors du Festival de Salzbourg en août 2019. L’orchestre (somptueusement coloré, nuancé, fluide) du Philharmonique de Vienne, le chef nerveux, aux contours acérés et grand spécialiste des effectifs en nombre, devraient peser dans la réussite générale de ce concert. Que donneront en revanche les solistes, en général authentiques personnalités verdiennes, plus habitués des opéras du compositeur, que de son unique Requiem ? 3 sur 4 promettent de belles performances, à la fois puissantes et intérieures (Krassimira Stoyanova, soprano / Anita Rachvelishvili, mezzo-soprano / Francesco Meli, ténor). Le cas de la basse « verdienne » Ildar Abdrazakov nous laisse plus réservé. Son récent récital Verdi chez DG / Deutsche Grammophon (critiqué sur Classiquenews en août 2019) est loin de convaincre tant la voix certes noble et colorée, plafonne et se limite souvent à une palette expressive réduite… A suivre.

http://www.classiquenews.com/cd-critique-verdi-ildar-abdrazakov-orchestre-metropolitain-de-montreal-yannick-nezet-seguin-1-cd-dg-deutsche-grammophon/

 

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FRANCE MUSIQUE, lun 26 aoĂ»t 2019, 20h. VERDI : Requiem – Concert donnĂ© le 15 aoĂ»t 2019 en la Grosses Festspielhaus Ă  Salzbourg / dans le cadre du Festival de Salzbourg 2019

Giuseppe Verdi
Messa da Requiem

1. Requiem
2. Dies irae
3. Offertorio
4. Sanctus
5. Agnus Dei
6. Lux aeterna
7. Libera me

Krassimira Stoyanova, soprano
Anita Rachvelishvili, mezzo-soprano
Francesco Meli, ténor
Ildar Abdrazakov, basse

Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Orchestre Philharmonique de Vienne
Riccardo Muti, direction

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LIRE notre critique du cd CD. Compte rendu critique. Verdi : Requiem (Lorin Maazel,fĂ©vrier 2014, 1 cd Sony classical) – testament musical et spirituel de Lorin Maazel avant sa mort au printemps 2015
http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-verdi-requiem-lorin-maazelfevrier-2014-1-cd-sony-classical/

L’œuvre : REQUIEM OPERATIQUE ET HUMANISTE

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VERDI_402_Giuseppe-Verdi-9517249-1-402A l’origine, Verdi compose son Requiem pour la mort du poète italien Alessandro Manzoni (l’auteur adulé, admiré d’ i Promessi sposi) en 1873. La partition est plus qu’un opéra sacré : c’est l’acte d’humilité d’une humanité atteinte et saisie face à l’effrayante mort ; l’idée du salut n’y est pas tant centrale que le sentiment d’épreuve à la fois collective (avec le formidable chœur de fervents / croyants), et individuelle, comme l’énonce le quatuor des solistes (prière du Domine Jesu Christe). Le Sanctus semble affirmer à grand fracas la certitude face à la mort et à l’irrépressible anéantissement (fanfare et choeurs) : mais la proclamation n’écarte pas le sentiment d’angoisse face au gouffre immense.

D’abord entonné en duo (soprano et alto), l’Agnus dei témoigne du sacrifice de Jésus, prière à deux vois que reprend comme l’équivalent profane/collectif du choral luthérien, toute la foule rassemblée, saisie par le sentiment de compassion. Enfin en un drame opératique contrasté, Verdi enchaîne la lumière du Lux Aeterna, et la passion d’abord tonitruante du Libera me (vagues colossales des croyants rassemblés en armée), qui s’achève en un murmure pour soprano (solo jaillissant du choeur rasséréné : Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua lucaet eis / Donne-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière brille à jamais sur eux) : ainsi humble et implorant, l’homme se prépare à la mort, frère pour les autres, égaux et mortels, à la fois vaincus et victorieux de l’expérience de tous les mourants qui ont précédés en d’identiques souffrances.

Il faut absolument écouter la version de Karajan (Vienne, 1984) avec la soprano Anna Tomowa Sintow et le contralto d’Agnès Baltsa pour mesurer ce réalisme individuel, – emblème de l’expérience plutôt que du rituel, pour comprendre la puissance et la justesse de Verdi. Acte de contrition (Tremens factus sum ego -1-) chanté par la contralto d’une déchirante intensité, prière en humilité, le chant ainsi conçu frappe immédiatement l’esprit de tous ceux qui l’écoute ; au soprano revient le dernier chant, celui d’une exhortation qui n’écarte pas l’amertume ni la profonde peine ; entonnant avec le chœur rassemblé, concentré, ému, les dernières paroles du Libera me, la soprano exprime le témoignage de la souffrance qui nous rend égaux et frères ; en elle, retentit l’expérience ultime ; son air s’accompagne d’une espérance plus tendre, emblème de la compassion pour les défunts, tous les défunts.
Croyant ou non, l’auditeur ne peut être que frappé par la haute spiritualité de ce Requiem élaboré à l’échelle du colossal et de l’intime, où les gouffres et les blessures nés du deuil et de la perte expriment de furieuses plaintes contre l’injustice criante, puis s’apaise dans l’acceptation, conquise non sans un combat primitif et viscéral. Dans le format réussi de cette fresque qui unit le collectif et l’intime, Verdi nous parle d’humanisme ; l’homme qui doute et désespère parfois, n’oublie jamais la mort, notre destin à tous : cette conscience en humilité façonne les meilleurs d’entre nous.

CD événement, critique. MOZART : Die Zauberflöte / La Flûte Enchantée, Nézet Séguin, Vogt, Schweinester… (2 cd DG Deutsche Grammophon, été 2018, Baden Baden)

MOZART FLUTE zauberflote nezet seguin villazon muhlemann selig vogt critique cd critique opera review opera classiquenews concert maestro opera festival deutsche grammophon_02894836400-CvrCD événement, critique. MOZART : Die Zauberflöte / La Flûte Enchantée, Nézet Séguin, Vogt, Schweinester… (2 cd / DG Deutsche Grammophon, été 2018, Baden Baden). Le 6è opus de leur cycle des opéras de Mozart à Baden Baden impose désormais une complicité convaincante : Yannick Nézet-Séguin et Roland Villazon ont été bien inspirés de proposer ce projet lyrique aux décisionnaires du Festival estival de Baden Baden ; La Flûte Enchantée jouée et enregistrée live en juillet 2018 confirme d’abord l’intelligence dramatique du chef qui sait ici exploiter toutes les ressources de l’orchestre mis à sa disposition : sens de l’architecture, soin des détails instrumentaux et donc articulation et couleurs ; la caractérisation de chaque séquence, selon les protagonistes en piste s’avère passionnante à suivre, révélant dans leur richesse poétique, tous les plans de compréhension possible, d’une œuvre à la fois populaire et très complexe : narratifs, sociologiques, symboliques et donc philosophiques. La fable à la fois réaliste et spirituelle se déroule avec une expressivité jamais appuyée (sauf à l’endroit du Papageno de Villazon devenu baryton qui en fait souvent trop, tirant le drame vers la caricature…).

 

 

Baden Baden été 2018

Charisme du chef,
plateau vocal impliqué,
chant cohérent de l’orchestre :
La Flûte convaincante de Yannick Nézet-Séguin

 

 

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CLIC D'OR macaron 200Les autres solistes se montrent particulièrement « mozartiens », soignant leur ligne, la finesse expressive, la souplesse, l’articulation et une intonation riche en nuances : de ce point de vue, les plus méritants sont évidement les deux ténors requis, chacun dans leur registre si contrastés : l’altier et juvénile Klaus Florian Vogt, qui a troqué son endurance wagnérienne (Lohengrin, Parsifal) pour l’élégance et le galbe princier ; Paul Schweinester déjà apprécié dans Pedrillo de l’Enlèvement au sérail (du même cycle de Baden Baden), dont le format naturel, expressif est lui aussi épatant ; même engagement total pour le Sarastro de Franz Joseph Selig (précédemment Osmin dans le déjà cité Enlèvement au sérail ; vivante et même enivrée depuis sa délivrance par Tamino, la Pamina de Christiane Karg (précédente Susanna des Nozze di Figaro), comme la Papagena Regula Mühlemann, palpitante et très juste ; on reste moins convaincus par la Reine de la nuit d’Albina Shagimuratova, dotée certes de tout l’appareil technique et du format sonore, mais si peu subtile en vérité : démonstrative, voire routinière pour l’avoir ici et là tellement chanté / usé (elle réussit mieux son 2è air).
Chacun pourtant donne le meilleur de lui-même (charisme fédérateur du chef certainement), apportant souvent outre la présence vocale, l’approfondissement du caractère.
D’autant que contrairement au live originel de juillet 2018, les récits du narrateur ont été écartés de l’enregistrement Deutsche Grammophon : la succession musicale gagne en naturel et en relief. Ici la vie triomphe. La cohérence du plateau, l’éloquence de l’orchestre, la vivacité du chef font la différence. Certainement l’un des meilleurs coffrets du cycle Mozart DG en provenance de Baden Baden (initié par Don Giovanni joué à l’été 2011). CLIC de CLASSIQUENEWS de l’été 2019. A suivre. Illustration : © Andrea Kremper.

 

 

 

 

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CD Ă©vĂ©nement, critique. MOZART : Die Zauberflöte / La FlĂ»te EnchantĂ©e, NĂ©zet SĂ©guin, Vogt, Schweinester… (2 cd DG Deutsche Grammophon, Ă©tĂ© 2018, Baden Baden) – Parution : 2 aoĂ»t 2019.

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) : Die Zauberflöte (La Flûte enchantée),
opéra en deux actes- livret d’Emanuel Schikaneder.

Avec :
Klaus Florian Vogt, Tamino ;
Christiane Karg, Pamina ;
Franz-Josef Selig, Sarastro ;
Paul Schweinester, Monostatos ;
Regula MĂĽhlemann, Papagena ;
Albina Shagimuratova, la Reine de la Nuit ;
Rolando VillazĂłn, Papageno ;

Johanni van Oostrum, Première Dame ;
Corinna Scheurle, Deuxième Dame ;
Claudia Huckle, Troisième Dame ;
Tareq Nazmi, l’Orateur ;
Luca Kuhn, Premier Garçon ;
Giuseppe Mantello, Deuxième Garçon ;
Lukas Finkbeiner, Troisième Garçon ;
Levy Sekgapane, Premier Prêtre / Premier Homme armé ;
Douglas Williams, Deuxième Prêtre / Deuxième Homme armé ;
André Eisermann, Récitant.

RIAS Kammerchor (chef de chœur : Justin Doyle).
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin, direction musicale

 

 

 

 

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APPROFONDIR

 

 

LIRE nos critiques complètes des titres prĂ©cĂ©dents CYCLE MOZART NĂ©zet-SĂ©guin / Villazon – BADEN BADEN Festival Hall (depuis 2011) – DG Deutsche Grammophon :

 

 

Don-Giovanni.cd_.01CD, critique. Mozart: Don Giovanni, Nézet-Séguin (2011) 3 cd Deutsche Grammophon. Entrée réussie pour le chef canadien Yannick Nézet-Séguin qui emporte haut la main les suffrages pour son premier défi chez Deutsche Grammophon: enregistrer Don Giovanni de Mozart.Après les mythiques Boehm, Furtwängler, et tant de chefs qui en ont fait un accomplissement longuement médité, l’opéra Don Giovanni version Nézet-Séguin regarderait plutôt du coté de son maître, très scrupuleusement étudié, observé, suivi, le défunt Carlo Maria Giulini: souffle, sincérité cosmique, vérité surtout restituant au giocoso de Mozart, sa sincérité première, son urgence théâtrale, en une liberté de tempi régénérés, libres et souvent pertinents, qui accusent le souffle universel des situations et des tempéraments mis en mouvement.Immédiatement ce qui saisit l’audition c’est la vitalité très fluide, le raffinement naturel du chant orchestral; un sens des climats et de la continuité dramatique qui impose des l’ouverture une imagination fertile… Les chanteurs sont naturellement portés par la sureté de la baguette, l’écoute fraternelle du chef, toujours en symbiose avec les voix. EN LIRE +

 

 

Cosi_Mozart-Nezet_seguin_cd_DG_villazonCD. Mozart : Cosi fan tutte (Nézet-Séguin, 2012) 3 cd DG   ….   le jeune chef plein d’ardeur, Yannick Nézet-Séguin poursuit son intégrale Mozart captée à Baden Baden chaque été pour Deutsche Grammophon avec un Cosi fan tutte, palpitant et engagé. Voici un Cosi fan tutte (Vienne, 1790) de belle allure, surtout orchestrale, qui vaut aussi pour la performance des deux soeurs, victimes de la machination machiste ourdie par le misogyne Alfonso … D’abord il y a l’élégance mordante souvent très engageante de l’orchestre auquel Yannick Nézet-Séguin, coordonnateur de cette intégrale Mozart pour DG, insuffle le nerf, la palpitation de l’instant : une exaltation souvent irrésistible. le directeur musical du Philharmonique de Rotterdam n’a pas son pareil pour varier les milles intentions d’une partition qui frétille en tendresse et clins d’oeil pour ses personnages, surtout féminins. Comme Les Noces de Figaro, Mozart semble développer une sensibilité proche du coeur féminin : comme on le lira plus loin, ce ne sont pas Dorabella ni Fiodiligi, d’une présence absolue ici, qui démentiront notre analyse. En LIRE +

 

 

 

http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-mozart-lenlevement-au-serail-die-entfhurung-aus-dem-serail-schweinester-prohaska-damrau-villazon-nezet-seguin-2-cd-deutsche-grammophon/CD, compte rendu critique. Mozart : L’Enlèvement au sérail, Die Entfhürung aus dem serail. Schweinester, Prohaska, Damrau, Villazon, Nézet-Séguin (2 cd Deutsche Grammophon). Après Don Giovanni et Cosi fan tutte, que vaut la brillante turquerie composée par Mozart en 1782, au coeur des Lumières défendue à Baden Baden par Nézet-Séguin et son équipe ? Évidemment avec son léger accent mexicain le non germanophone Rolando Villazon peine à convaincre dans le rôle de Belmonte;  outre l’articulation contournée de l’allemand, c’est surtout un style qui reste pas assez sobre, trop maniéré à notre goût, autant de petites anomalies qui malgré l’intensité du chant placent le chanteur en dehors du rôle. EN LIRE +

 

 

Le nozze di figaro mozart les noces de figaro deutsche grammophon 3 cd nezet-seguin_hampson_fauchecourt critique cd review classiquenews presentation annonce depeche clic de classiquenews juin 2016CD, annonce. Mozart : Les Noces de Figaro par Yannick Nézet Séguin. Alors que Sony classical poursuit sa trilogie sous la conduite de l’espiègle et pétaradant Teodor Currentzis (1), Deutsche Grammophon achève la sienne sous le pilotage du Montréalais Yannick-Nézet Séguin récemment nommé directeur musical au Metropolitan Opera de New York. Après Don Giovanni, puis Cosi, les Nozze di Figaro sont annoncées ce 8 juillet 2016. A l’affiche de ce live en provenance comme pour chaque ouvrage enregistré de Baden Baden (festival estival 2015), des vedettes bien connues dont surtout le ténor franco mexicain Rolando Villazonavec lequel le chef a entrepris ce cycle mozartien qui devrait compter au total 7 opéras de la maturité. Villazon on l’a vu, se refait une santé vocale au cours de ce voyage mozartien, réapprenant non sans convaincre le délicat et subtil legato mozartien, la douceur et l’expressivité des inflexions, l’art des nuances et des phrasés souverains… une autre écoute aussi avec l’orchestre (les instrumentistes à Baden Baden sont placés derrière les chanteurs…) – EN LIRE +

 

 

La-Clemenza-Di-Tito neezt seguin donato rebeka villazon cd review critique cd opera par classiquenewsCD, critique. MOZART : La Clemenza di Tito. Nézet-Séguin, DiDonato, Rebeka… (2 cd DG Deutsche Grammophon). La formule est à présent célèbre : implanter comme à Salzbourg, un cycle récurrent Mozart, mais ici à Baden Baden, et chaque été, c’est à dire les grands opéras ; après Don Giovanni, Cosi, L’Enlèvement au sérail, Les Nozze, voici le déjà 5è ouvrage, enregistré sur le vif en version de concert, depuis le Fespielhaus de Baden Baden, en juillet 2017. Autour du ténor médiatique Rolando Villazon (pilier avec le chef québécois de ce projet discographique d’envergure), se pressent quelques beaux gosiers, dont surtout, vrais tempéraments capables de brosser et approfondir un personnage sur la scène, grâce à leur vocalità ardente, ciselée : le Sesto de Joyce Di Donato, mozartienne électrique jusqu’au bout des ongles ; dans le rôle de l’amant manipulé ; et, révélation de cette bande, la soprano lettone Marina Rebeka, ampleur dramatique de louve dévorée par la haine et la conscience du pouvoir, dans le rôle de l’ambitieuse prête à tout.  LIRE la critique du cd La Clemenza di Tito MOZART Nézet-Séguin Baden Baden, complète

 

 

 

 

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LIRE aussi notre annonce du cd MOZART : Die zauberflöte / La Flûte enchantée par Nézet-Séguin / Vogt / annonce du CLIC de CLASSIQUENEWS dès le 3 août 2019

 

OpĂ©ra de TOURS, saison lyrique 2019 – 2020 : 7 productions Ă©vĂ©nements

TOURS-opera-nouvelle-saison-2019-2020-annonce-presentation-critique-concerts-critique-opera-classiquenewsOPERA DE TOURS, saison 2019 2020. TOURS, scène lyrique majeure en France. Ouverte voire audacieuse, majoritairement romantique, la programmation 2019 – 2020 de l’OpĂ©ra de Tours n’oublie pas pour autant de dĂ©licieusement provoquer (Powder her Face du compositeur contemporain Thomas Adès : une Ĺ“uvre forte et chambriste qui dĂ©cortique l’âme humaine créée il y a dĂ©jĂ  plus de 24 ans). Le chef et directeur des lieux, Benjamin Pionnier, veille au choix des productions dĂ©jĂ  créées ou dans le cas de nouvelles rĂ©alisations, au profil des hommes de théâtre capable de respecter la partition et de rĂ©ussir la fusion du théâtre et de la musique. Un Ă©quilibre entre musique et dramaturgie qui se montre exemplaire quand ailleurs l’outrance des scĂ©nographie pseudo-conceptuelles n’hĂ©site pas Ă  dĂ©naturer les ouvrages originaux et réécrire mĂŞme l’action conçue par le compositeur et son librettiste…
En 2019 – 2020, Benjamin Pionnier a conçu l’une de ses programmations les mieux Ă©quilibrĂ©es, portant les dĂ©fis et les promesses de pas moins de 3 nouvelles productions : Don Quichotte, Powder her face et dernier volet de la saison, l’éblouissante Giovanna d’Arco de Verdi. Les 7 productions lyriques Ă  l’affiche de cette nouvelle saison 2017 – 2019 continuent d’explorer, de questionner, et aussi de divertir, en une totalitĂ© idĂ©ale. Ne manque que le baroque (peut-ĂŞtre la saison suivante ?). Soit une vraie scène lyrique, exigeante et gĂ©nĂ©reuse qui prend des risques et sait renouveler notre comprĂ©hension des ouvrages plus familiers. VoilĂ  la preuve qu’il n’y pas qu’à Paris intra muros que les productions et choix de rĂ©pertoires mĂ©ritent que l’on s’y attardent. Tours est plus que jamais une Ă©tape rĂ©gulière et importante de tout amateur d’opĂ©ra en France. Voici donc, d’octobre 2019 Ă  mai 2020, les 7 Ă©vĂ©nements lyriques Ă  ne pas manquer Ă  l’OpĂ©ra de Tours.

 
 

OCTOBRE 2019

Ainsi la première production célèbre le dernier opéra de la trilogie Da Ponte / Mozart, soit Cosi fan tutte, créé au Burgtheater de Vienne le 26 janvier 1790. Inspiré par le livret de Lorenzo Da Ponte, Mozart, après avoir composé Les noces de Figaro puis Don Giovanni surtout, aborde avec une subtilité inédite jusqu’alors, la duplicité des sentiments, les faux serments, la légèreté du cœur féminin (ainsi font elles toutes / toutes les mêmes…, comme nous le dit le titre même de l’opéra « Cosi fan tutte »). Quand Wolfgang aborde le genre buffa, la finesse et l’élégance de la nostalgie qu’il sait instiller à son écriture, renouvellent totalement le genre buffa napolitain… C’est un marivaudage avant l’heure : une carte du tendre semé de quiproquos douloureux, de tromperie et de cynisme amers, de faux serments et de vraies passions irraisonnées. La pulsion et l’éros choatique plutôt que la fidélité et la constance… (une approche réaliste déjà abordée dans les Noces et Don Giovanni, selon les thèmes chers au poète écrivain Lorenzo da Ponte). C’est l’école des amants, où les jeunes fiancés apprennent l’inconstance de leurs aimées respectives ; où les femmes aussi s’enivrent et se perdent dans le jeu de l’amour croisé… Les 4, 6 et 8 octobre 2019. Benjamin Pionnier, direction musicale / Gilles Bouillon, mise en scène.

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/cosi-fan-tutte

 
 

 
 

DECEMBRE 2019

Toujours sur le mode comique déjanté, et pour fêter la fin d’année 2019, voici une pièce maîtresse de Charles Lecocq : Le Docteur Miracle, opéra comique en un acte créé aux Bouffes-Parisiens en avril 1857, les jeudi 12 déc et vend 13 déc en séances scolaires, et pour le grand public, le sam 14 décembre 2019. Version intimiste pour chanteurs et piano (Pierre Lebon, mise en scène). La fille du podestat de Padoue, Laurette, pourra-t-elle épouser celui qu’elle aime, le capitaine Silvio ?

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http://www.operadetours.fr/le-docteur-miracle

 
 

Ne manquez pas non plus en ces temps de célébrations de Noël, l’opérette en 3 actes d’André Messager : Les P’tites Michu (créé aux Bouffes-Parisiens en nov 1897). Messager se joue des contrastes sociaux quand deux filles échangées à leur naissance, vivent dans un milieu qui ne leur était pas destiné au départ… haute naissance ou milieu modeste, Marie-Blanche et Blanche-Marie sont les héroïnes de ce vaudeville léger, élégant, français qui suscita un immense succès jusqu’à Londres et Broadway… 4 dates pour la semaine entre Noël et le jour de l’an, les 27, 28, 29 et 31 décembre 2019.

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http://www.operadetours.fr/les-p-tites-michu

 
 

 
 

 
 

JANVIER 2020

Rossini, après avoir traité le genre seria, s’affirme réellement dans la veine du melodramma buffo (et en deux actes) comme l’atteste la réussite triomphale de son Barbier de Séville, d’après Beaumarchais, créé au Teatro Argentina de Rome, en février 1816. Fin lui aussi, mordant et d’une facétie irrésistible par sa verve toute en subtilité, le compositeur se montre à la hauteur du drame de Beaumarchais : il réussit musicalement dans les ensembles (fin d’actes) et aussi dans le profil racé, plein de caractère de la jeune séquestrée, Rosine : piquante, déterminée, une beauté pleine de charme… Avec le Figaro de Guillaume Andrieu, la Rosina d’Anna Bonitatibus… Direction musicale : Benjamin Pionnier / Mise en scène : Laurent Pelly. Les 29, 31 janvier puis 2 février 2020.

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MARS 2020

En mars 2020, nouvelle production événement : Don Quichotte de Jules Massenet, comédie héroïque en 5 actes, créé à Monte Carlo le 24 février 1910. L’ouvrage appartient à la dernière période de Massenet, épurée, intense, franche. Le chevalier à la triste figure espère en vain plaire à Dulcinée, la séduire, mais la belle est une beauté arrogante et hautaine. Heureusement, son fidèle compagnon Sancho adoucit la morsure d’une vie solitaire éprouvée par les railleries et les humiliations. Dirigé par Gwennolé Rufet et mis en scène par Louis Désiré, l’opéra du dernier Massenet demeure méconnu, à torts. La distribution réunie à l’Opéra de Tours comprend Nicolas Cavallier (Don Quichotte), Julie Robard-Gendre (Dulcinée) et Pierre-Yves Pruvost (Sancho) ; leur trio devrait proposer une belle lecture, entre autres convaincante par la caractérisation des personnages défendue par les solistes… 3 représentations attendues, les 6, 8 et 10 mars 2020.

RÉSERVEZ :
http://www.operadetours.fr/don-quichotte

 
 

 
 

AVRIL 2020

Voici une partition abusivement cataloguĂ©e de scandaleuse, créée dĂ©jĂ  il y a plus de 20 ans, en juillet 1995 au Cheltenham Music Festival : Powder her face du compositeur contemporain Thomas Adès (nĂ© en 1971) est un opĂ©ra en deux actes ; en rĂ©alitĂ© direct, juste, saisissant, dĂ©voilant avec un rĂ©alisme taillĂ© au scalpel, les tares de la sociĂ©tĂ© humaine… dans un certain milieu, celui de la soit disant belle sociĂ©tĂ© anglaise des annĂ©es 90… Adès Ă©voquant avec une verve ironique, poĂ©tique, dĂ©lirante et dans une Ă©criture extrĂŞmement raffinĂ©e, les frasques de Margaret Campbell, duchesse d’Argyll (1912-1993). DĂ©cadence, vertiges des hauteurs, cynisme glaçant… luxure et irresponsabilitĂ© suspendent leur cours entre vacuitĂ© et barbarie contemporaine. La Duchesse, pervertie par un orgueil dĂ©mesurĂ©, abandonnĂ©e Ă  elle-mĂŞme par facilitĂ© et par paresse, collectionne les mâles gigolos (dont une fameuse scène avec le pompiste) avant d’affronter cette rĂ©alitĂ© qui la rattrape (oĂą il faut alors payer la facture…) incarnĂ©e par un directeur d’hĂ´tel comptable de ses actes, figure de cette Angleterre hypocrite et machiste qui finit par broyer la figure dĂ©risoire et pathĂ©tique de cette Duchesse prise au piège d’un faux pouvoir nĂ©gociĂ© par sa fortune vite dilapidĂ©e. Dans les faits, son mari le duc d’Argyll, se venge d’une Ă©pouse trop volage, inconsĂ©quente voire obscène ; il livre ses photos et son cahier intime Ă  la justice, en 1963, dĂ©nonçant une femme pervertie, particulièrement immorale.
Dans le sillon de l’opéra de chambre réinventé par Britten au XXè, Adès ici en un plateau réduit à quatre chanteurs et une quinzaine de musiciens-, prolonge la veine intimiste et satirique, réaliste et acide qui révèle comme un miroir, les travers les plus sombres et lâches de la psyché. A la fois, prêtresse libertaire et victime expiatoire, la Duchesse fait partie désormais des héroïnes sublimes et tragiques de l’opéra contemporain : ses monologues se hissent aux séquences les plus mémorables de la scène lyrique (La voix humaine de Poulenc), réinventant un parlé chanté qui exprime le désarroi, cri et souffrance incarnés, d’une âme excessive et naïve, trompée, humiliée. Détruite malgré une arrogance de façade, la duchesse affiche une fausse préséance. Et l’ouvrage s’achève dans un tango faussement enivré, parodie caustique d’une vie qui ne fut qu’illusion. L’Opéra de Tours en offre une nouvelle production, les 3, 5 et 7 avril 2020. Avec dans le rôle de la Duchesse « scandaleuse » : Isabelle Cals. Rory Macdonald, direction / Dieter Kaegi, mise en scène.

RÉSERVEZ :
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EXTRAIT VIDEO
https://www.dailymotion.com/video/x6j8mnb / avec l’excellente Allison Cook en Duchesse délirante, fantasque, suicidaire…

 
 

 
 

 
 

Mai 2020

La fin de la saison lyrique à Tours s’accomplit avec une autre nouvelle production, celle d’un ouvrage de Giuseppe Verdi, jamais représenté jusque là à Tours : Giovanna d’Arco (création à la Scala de Milan le 15 février 1845). Très inspiré par Schiller et son romantisme noir, souvent désespéré (mais ô combien exaltant), Verdi met en musique la légende spirituelle et miraculeuse de Jeanne la pucelle d’Orléans, ici amoureuse du Roi Charles VII, et dénoncée par son propre père pour sorcellerie… Verdi comme dans Luisa Miller (autre ouvrage d’après Schiller), écrit une partition éblouissante par ses airs passionnés, ses chœurs engagés, la force et la puissance du drame épique qui finit par broyer la figure de la jeune femme… 3 représentations pour clore cette saison particulièrement prometteuse : vend 15, dim 17 et mardi 19 mai 2020. Benjamin Pionnier, direction musicale / Yves Lenoir, mise en scène. Avec dans les rôles principaux : Astrik Khanamiryan, Giovanna, et Irakli Murjikneli, Carlo VII / production avec le Théâtre Orchestre Bienne Soleure.
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Opéras en direct sur France Musique

logo_francemusiqueFRANCE MUSIQUE. Opéra, directs, les 8, 9, 10 et 11 juillet 2019. OPÉRAS EN DIRECT. Quand Juillet paraît, les nuits lyriques (enchanteresses ?) s déploient, ainsi entre autres sur France Musique, les 8, 9, 10, 11 et 12 juillet 2019. En direct d’Aix 2019, voici 5 transmissions en direct sur les ondes de France Musique. Pour ne rien manquez de ce qui fait l’actualité de l’opéra cet été… Au frais, plateau repas à portée de mains, et dans votre salon, suivez chaque « temps forts » du Festival d’Aix 2019. Requiem de Mozart revisité ou dénaturé ? Tosca sublimé par la présence du ténor maltais Joseph Calleja ? Et que pensez du Mahagony de Kurt Weill comme de l’onirique et troublant Jakob Lenz de Wolfgang Rihm ? Aix 2019 : la magie sera-t-elle au rv ?

 

 

 

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ÉtĂ© 2019 – directs de juillet 2019
sur France Musique

 

 

LUNDI 8 JUILLET | 22h
Requiem - Mozart
Sombre voire grave, parfois onirique, en tout cas toujours très visuel, tout spectacle signé du metteur en scène Romeo Castellucci frappe les esprits. Pourtant son dernier spectacle à Garnier (l’oratorio Il Primo Omicidio de Scarlatti avait été peu convaincant)… A l’affiche du festival aixois 2019, le Requiem de Mozart est ici chorégraphié (dont des danses traditionnelles) avec la participation de la « Compagnie junior du Ballet de Marseille ». Qu’en sera-t-il cet été à Aix pour cette « nouvelle production » ? les effets de danses, le visuel, la surinterprétation théâtrale selon la mode actuelle… sans omettre ici et là, entre les sections originelles conçues par Wolfgang, plusieurs pièces musicales étrangères selon le goût du chef … ne dénatureront-ils pas l’élan spirituel de la partition mozartienne, laissée inachevée (à partir du Lacrymosa) ? La performance annoncée est conçue « non seulement comme un rituel pour le repos des morts, mais aussi comme une célébration des forces de vie ». Avec les instrumentistes de Pygmalion / R. Pichon.

 

 

MARDI 9 JUILLET | 21h30
Tosca - Puccini
Le joker de cette production demeure le ténor maltais Joseph Calleja dans le rôle du peintre libertaire bonapartiste Mario Cavaradosi, amant de la belle et sublime cantatrice Floria Tosca (Angel Blue) : le couple d’artistes nourrit (jusqu’à la haine sanguinaire), la jalousie du préfet de Rome, l’infect et sadique baron Scarpia (Alexey Markov). Pourtant s’il meurt effectivement dans la fameuse scène au Palais Farnèse de l’acte II, Floria et Mario ne sortent pas indemnes dans ce huit clos passionnel et glaçant… Orch de l’Opéra de Lyon / Daniele Rustioni, direction musicale / Christophe Honoré, mise en scène. Nouvelle production 2019.

 

 

MERCREDI 10 JUILLET | 20h
Les mille endormis - Maor

 

 

JEUDI 11 JUILLET | 20h
Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny - Weill
Chef d’œuvre mordant, déjanté de Weil âgé de 30 ans (Leipzig, 1930), Mahagony est une satire de la barbarie humaine, une parodie du cycle de la naissance et de la chute des hommes : un Las Vegas avant l’heure où règne le sexe, le jeu, la drogue, les plaisirs les plus fous et surtout dispendieux qui précipitent mieux le destin d’un peuple condamné : les hommes en société. Avec les Sept Péchés capitaux, Grandeur et Décadence de la ville de Mahagony illustrent la clairvoyance du compositeur génial Kurt Weill (associé au non moins excetionnel Brecht), avant son exil aux USA…

 

 

VENDREDI 12 JUILLET | 20h
Jakob Lenz - Rihm
A l’affiche de seulement 3 soirs Ă  Aix, Jakob Lenz de Rihm s’inspire de la nouvelle “LENZ” de Georg BĂĽchner (1839) et a Ă©tĂ© créée le 8 mars 1979 Ă  Hambourg. La production proposĂ©e ici est une reprise produite Ă  Stuttgart (Staatsoper en 2014), prĂ©sentĂ©e rĂ©cemment Ă  Bruxelles. Ensemble MODERN / Ing Metzmacher, direction musicale / Andrea Breth, mise en scène. Avec Gerog Nigl (Lenz), Wolfgang Bankl (Oberlin), John Daszak (Kaufmann)… Poète et dramaturge, Jakob Lenz est passionnĂ© et inspirĂ© par les passions humaines, le théâtre des sentiments extrĂŞmes, l’ivresse et la dĂ©mesure supĂ©rieures Ă  la raison et Ă  la sagesse. Ambassadeur du courant Sturm und Drang (tempĂŞte et passion) qui accompagne et nourrit l’avènement du Romantisme en Europe, Lenz erre ici dans les Vosges en 1776… En proie Ă  la folie, le crĂ©ateur possĂ©dĂ© (ami de Goethe) bascule dans la nuit des vertiges et inspire enfin au jeune Rihm, puis ici Ă  la metteuse en scène allemande Andrea Breth, un spectacle subtil qu’il faut absolument avoir vu et Ă©coutĂ©. Le rĂ´le-titre de Lenz, est incarnĂ© par le baryton Georg Nigl, Ă©purĂ©, juste, intense… dĂ©chirant, de bout en bout. C’est probablement la production, reprise, qui sauve l’édition Aix 2019.

VOIR le TEASER
https://www.youtube.com/watch?v=g3lqDEmTtU8

 

 

CD, coffret Ă©vĂ©nement. MOZART : les 3 dernières Symphonies (39, 40, 41 “Jupiter”) / Jordi SAVALL (3 cd Alia Vox)

MOZART-testament-symphonique-symphonies-39-40-41-jordi-savall-alia-vox-cd-critique-3-cd-alia-vox-les-nations-classiquenews-cd-critique-classiquenewsCD, coffret Ă©vĂ©nement. MOZART : les 3 dernières Symphonies (39, 40, 41 “Jupiter”) / Jordi SAVALL (3 cd Alia Vox). En 1788, Mozart âgĂ© de 32 ans est dĂ©jĂ  Ă  la fin de sa trop courte existence : il meurt 3 ans plus tard. Les 3 dernières Symphonies n°39, 40 et 41 « Jupiter » sont Ă©laborĂ©es en 6 semaines, de juin Ă  aoĂ»t 1788, 3 sommets absolus, en plĂ©nitude orchestrale, justes, profonds, d’une sincĂ©ritĂ© et d’un Ă©lan intĂ©rieur, irrĂ©sistibles. Mi bĂ©mol, sol mineur, do majeur… le parcours des tonalitĂ©s n’en finissent pas de fasciner car il y a bien unitĂ© et cohĂ©rence organique de l’une Ă  l’autre, ce que tend Ă  exprimer et argumenter Jordi Savall qui parle mĂŞme de « Testament symphonique ». La vision est d’autant plus lĂ©gitime que ce portique inouĂŻ, totalement visionnaire sur le plan de l’histoire musicale et du genre symphonique, n’obĂ©it pas Ă  une commande mais prolonge un besoin impĂ©rieux, viscĂ©ral de la part d’un crĂ©ateur mĂ©sestimĂ©, Ă©cartĂ© mĂŞme du milieu officiel et politique, qui de surcroĂ®t est aux abois : la ruine financière et les dettes de Wolfgang l’obligent Ă  quĂ©mander auprès de tous ses proches, dont ses « frères » franc-maçons, une pièce ou un billet (florins ou ducats) pour survivre (cf lettre Ă  Michael Puchberg, comme lui membre de la loge Zur Wahrheit / A la vĂ©ritĂ©). Franc maçon depuis 1784 (comme Haydn), Mozart plonge Ă  Vienne de la pauvretĂ© Ă  la misère fin 1787. La souffrance, la mort, la vanitĂ© de toute chose…. sont des sentiments dĂ©sormais explicites dans l’écriture. D’oĂą l’urgence qui s’en dĂ©gage ; le dĂ©sarroi et l’espĂ©rance aussi qui innervent tout le retable orchestral.
savall-jordi-nuit-des-rois-versaillesSavall rĂ©tablit la place des Ă©vĂ©nements, le contexte d’une existence humaine dĂ©primĂ©e et affligeante en vĂ©ritĂ©, alors que l’acuitĂ© artistique du compositeur, la vitalitĂ© et les trouvailles de son gĂ©nie musical, atteignent des sommets d’audaces comme d’accomplissements inĂ©dits. Très juste et pertinent, le chef catalan ajoute la fameuse marche funèbre – Maurerische Trauermusik K 477 de 1785, rĂ©alisĂ© pour les funĂ©railles de deux frères de la loge : le lugubre bouleversant qui s’en dĂ©gage exprime au plus près, la conscience d’un Mozart touchĂ© par le sentiment de sa propre fragilitĂ© comme de sa mort. Puis deux ans après au printemps 1787 surviendra sa sĂ©paration avec la soprano Nancy Storace (sa Suzanne des Nozze), rupture elle aussi très douloureuse. La mort inspire constamment son Ĺ“uvre (d’autant plus avec la mort du père, Leopold survenue en mai 1787), sublimĂ©e prĂ©sente dans son nouvel opĂ©ra Don Giovanni (créé en oct 1787).
Jordi Savall rappelle le masque et la présence de la mort comme équation permanente dans la résolution des 3 symphonies : endetté, Mozart implore la générosité de moins en moins franche de ses frères dont le même Pucheberg (qui réduit considérablement ses dons à son ami) ; seul Swieten se montrera plus constant et d’un soutien indéfectibe.
Malgré cette indigence injuste, le génie mozartien, foudroyé, produit ses plus grands chefs d’œuvres symphoniques. Et pour mieux souligner encore leur continuité naturelle, la Symphonie en sol mineur (n°40), centrale, est présente sur les 2 cd ; passage continue depuis la mi bémol n°39 sur le cd1 ; volet préalable nécessaire à la Do majeur n°41 « Jupiter », sur le cd2 ; de facto, l’écoute en continu laisse se manifester l’absolue relation et la complémentarité des 3 cimes symphoniques, faisant ainsi sens en leur flux ininterrompu.

Savall se joue des timbres d’époque dans chaque partition, soulignant souvent la résonance et la réverbération pour mieux accentuer l’effet de solennité grave, d’ampleur souterraine liée au sentiment tragique. D’autant que surgissant d’une nécessité et d’un ordre intérieur et personnel impérieux, les 3 Symphonies ne furent probablement jamais créées et jouées du vivant de Wolfgang. En tout cas, pas dans leur continuité organique ainsi rétablie.

 

 

Testament symphonique de Mozart
et déjà romantique…

 

 

MOZART wolfgang vienne 1780 1790 classiquenews 1138381-portrait-wolfgang-amadeus-mozartDès la couleur particulière de la 39 (la clarinette placée au centre de l’échiquier instrumental y joue des contrastes et aussi de la riche texture orchestrale), Savall souligne les accents d’une partition entre ombre et lumière, panique et sérénité. De la même façon, le chef saisit et amplifie les harmonies inquiètes qui occupent le cœur de l’Andante con moto. Et Haydn est bien présent dans le raffinement éblouissant du Finale. Achevée en juillet 1788, la 40 est tout aussi lumineuse et solaire mais aussi emprunte d’un sfumato émotionnel qui est lié à l’utilisation du sol mineur, le mode doloriste (celui de Pamina dans La Flûte). L’allegro initial est de loin la création la plus puissante et exaltante de Mozart, un mouvement dont Savall exprime l’agitation quasi syncopée, l’exaltation des sens et une ivresse éperdue, presque panique et pourtant déjà romantique, totalement magicienne… Même naturel évident dans la Sicilienne qui est le mouvement lent (Andante) ; avant le surgissement d’une angoisse indicible dans le Finale qui affirme la haute conscience de la mort. Mozart s’y livre avec une acuité irrésistible que Savall sculpte dans la masse, en une danse ivre, exaltée, éperdue, comme d’un dernier souffle chorégraphique, l’ultime désir intime contre la tempête adverse : il n’est pas un mouvement orchestral de tout le XVIIIè qui affirme clairement son esprit déjà romantique. Quel saisissant contraste avec la musique funèbre enchaînée où la réverbation noble du lieu d’enregistrement amplifie la grandeur lugubre, portée par les bois. Mozart va très loin dans cette exploration personnelle de la mort.

Mozart_1780Symphonie 41 « Jupiter » : à notre avis elle aurait mérité plutôt le surnom d’Apollon ; certes il y a du militaire dans la remise en ordre du premier mouvement, superbe proclamation des forces de l’esprit sur tout ferment instable ; l’impérieuse nécessité se fait volonté et autodétermination, d’autant plus impériale et « pacificatrice » après le tumulte intranquille de la 40è, océan de sensations jaillissantes, exaltées. Mozart affirme ici le calme tranquille et l’équilibre des forces maîtrisées en une écriture d’un lumineuse finesse. Ce début proclame une rage déterminée prébeethovénienne, dans son élan, et aussi son orchestration : le sommet de l’expérience orchestrale contenue dans le triptyque. Savall grâce à une attention aux détails fait briller les nuances de cet éclat spécifique, saisi dans sa puissance comme dans ses reflets les plus infimes. On reste saisi par la hauteur du regard de l’interprète, comme de la pensée mozartienne : qu’aurait écrit le compositeur s’il n’était pas mort en 1791, dépassant le siècle et s’affirmant même tel un Haydn, encore prodigieusement actif à l’aube romantique ? Tout Mozart, le plus volontaire, le plus humain, le plus déchirant se trouve ici condensé dans ce lever de rideau ouvertement positif.
La caresse du chef, pleine de renoncement et de nostalgie dans l’Andante, n’oublie pas les arêtes vives, la tranche des contrastes aux cordes nettes et nerveuses, presque acérée. La forte réverbération accuse encore l’ampleur lugubre du morceau dont la lumière chatoyante se rapproche des déplorations maçonniques…
MOZART-wolfgang-portrait-concerto-symphonie-jupiter-don-giovanni-mozart-critique-opera-sur-classiquenewsLe Menuetto est réglé comme une mécanique pleine de rebond élastique où rutilent les couleurs des bois. Savall y distille un élan rond et énergique, là encore déjà beethovénien.
Mais le morceau de bravoure se déploie à la fin. Rien ne peut résister à l’affirmation olympienne, triomphante et conquérante du Finale, de fait « Jupitérien », dont Savall sait distiller (cordes) une couleur très fine qui ajoute à la trépidation nerveuse de l’architecture. Flûtes, hautbois, bassons dansent tandis que les cordes assènent leur miraculeuse volonté éprise d’ordre et de grandeur, d’élévation et de jubilation. Aux bois aériens, abstraits, Savall fait répondre les cordes engagées, mordantes, presque rageuses, d’une superbe autorité ryhtmique, creusant le sillon d’une volonté désormais invincible. Aucun doute, dans cette proclamation jubilatoire s’inscrit là encore, le premier Beethoven. Transparence, clarté, nervosité, articulation et souffle préromantique : le voici ce Mozart visionnaire, poète et moderne. Magistral.

L’élĂ©vation de l’inspiration, la poĂ©sie qui s’en dĂ©gage et qui confine Ă  l’abstraction (mais il serait erronĂ© d’en Ă©carter tout  ancrage dans l’expĂ©rience humaine) impose aujourd’hui le triptyque comme un sommet de l’écriture symphonique dont l’ampleur de la vision, l’expĂ©rience intime qui y est concentrĂ©e, impressionnent. Mozart est dĂ©jĂ  un romantique car sa musique est fondĂ© sur la vĂ©ritĂ© du cĹ“ur. Et Berlioz se trompait en fustigeant ce dernier sommet mozartien par son « absence de but » liĂ© Ă  « trop de procĂ©dĂ©s techniques ». De toute Ă©vidence, le premier romantique français n’avait pas compris la modernitĂ© singulière de la symphonie mozartienne. Beethoven prendra la relève 11 annĂ©es plus tard en 1799 dans sa Symphonie n°1 (Ă  29 ans et encore très mozartien de facture).
CLIC D'OR macaron 200Aujourd’hui, grâce à Savall, c’est a contrario la vérité et l’étonnante sincérité de Mozart qui nous touche tant, car chez lui, le procédé n’est jamais développé pour lui-même, s’il ne sert pas d’abord une intention émotionnelle. Coffret de 3 cd événement, évidemment CLIC de CLASSIQUENEWS de l’été 2019. A consommer sur la plage et pendant vos vacances estivales, sans modération.

 

 

 

 

 

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CD critique, coffret événement. MOZART : les 3 dernières Symphonies / Jordi SAVALL (3 cd Alia Vox)

Approfondir

LIRE aussi notre dossier critique complet sur les 3 dernières symphonies de MOZART, “oratorio instrumental” par Nikolaus Harnoncourt (dĂ©cembre 2012, Concentus Musicus Wien) / CLIC de CLASSIQUENEWS

harnoncourt mozart symphonies last symphonies 39, 40, 41 instrumental oratorium concentus musicus wien cd sony classicalParues le 25 août 2014, les 3 dernières Symphonies de Mozart (n°39,40, 41) synthétisent ici, pour Nikolaus Harnoncourt et dans cet enregistrement réalisé avec ses chers instrumentistes du Concentus Musicus Wien, l’expérience de toute une vie (60 années) passée au service du grand Wolfgang : sa connaissance intime et profonde des opéras, les plus importants dirigés à Salzbourg entre autres (la trilogie Da Ponte, La Clémence de Titus, La Flûte enchantée…), suffit à enrichir et nourrir une vision personnelle et originale sur l’écriture mozartienne ; s’appuyant sur le mordant expressif si finement coloré et intensément caractérisé des instruments anciens, le chef autrichien réalise un accomplissement dont l’absolue réussite était déjà préfigurée dans son cd antérieur dédié au Mozart Symphoniste

LIRE aussi notre entretien avec MATHIEU HERZOG, directeur musical de l’Orchestre Appassionato, Ă  propos des 3 dernières Symphonies de MOZART:

http://www.classiquenews.com/entretien-avec-mathieu-herzog-fondateur-et-directeur-musical-de-lorchestre-appassionato-les-3-dernieres-symphonies-de-mozart/

TOURS : Concert événement des 30 ans de DOULCE MÉMOIRE

Doulce-Memoire-1-denis-raisin-dadre-30-ans-annonce-concert-opera-de-tours-critique-concert-critique-opera-classiquenewsTOURS, Opéra, le 19 juin 2019. DOULCE Mémoire, les 30 ans. Artiste en résidence, l’ensemble Doulce Mémoire fondé par Denis Raisin-Dadre fête mercredi 19 juin 2019 (20h), sur la scène de l’Opéra de Tours, ses 30 ans d’activité artistique et musicale. Plateau exceptionnel avec la participation de Jean-François Zygel. Le propre de l’ensemble fondé par Denis Raisin Dadre est d’approcher le très large répertoire de la Renaissance en impliquant toutes les disciplines, la musique évidemment et la pratique instrumentale propre aux XVè, XVIè siècles principalement ; mais aussi, la peinture et la littérature. Le geste défendu par Denis Raisin Dadre s’enrichit d’une culture élargie qui interroge à partie de la musique, tous les arts, si féconds à cette période.
Le dernier recueil discographique est un somptueux livre cd dédié à Leonardo da Vinci (célébration de son génie comme musicien et compositeur, opportun en 2019 qui marque le 500ème anniversaire de la mort du peintre et scientifique en 1519) pour lequel Denis Raisin Dadre a conçu un programme musical constitué de laudes et motets, recercare, mélodies signé Frater Petrus, Marchetto Cara, Josquin Desprez, Francesco Patavino, Jean L’Héritier, Jacob Obrecht, Hayne van Ghizeghem… dont les notes et les textes mis en musique savent dialoguer avec une collection de dessins et de tableaux conçus par Leonardo. Toujours la vision rétablit le sens des pièces ainsi exhumées dans le contexte qui les inspire et les porte. denis Raisin Dadre rétablit les correspondances, ressuscite le contexte, approfondit toujours le sens et les enjeux multiples des œuvres choisies.
Concernant Leonardo da Vinci (joueur virtuose de lira da bracio et grand concepteur des divertissements à la Cour des Sforza à Milan), Denis Raisin Dadre fait sonner « la musique secrète », celle qui ne se voit pas, mais se devine grâce à la seule éloquence silencieuse des rapports harmoniques, suscités par la composition picturale (c’est le cas précisément de La Vierge aux rochers dont les anges musiciens sont délicatement « relégués » sur le côté… une mise à l’écart qui cependant laisse toute sa place à la musique.

A l’Opéra de Tours, Denis Raisin Dadre réunit un plateau exceptionnel avec la coopération de Jean-François Zygel pour célébrer les 30 ans de son ensemble Doulce mémoire.

Programme surprise.

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Plus que jamais depuis ses débuts, Doulce mémoire a fait siennes les qualités de la Renaissance : universalité et générosité, découvertes, inventions, voyage, créativité… Ce goût de l’aventure se concrétise aussi dans l’art des rencontres que l’ensemble a su favoriser et cultiver, toujours dans le souci des équilibres et du raffinement sonore. La pratique instrumentale, le goût des timbres et des couleurs en partage demeure un champs d’expérimentation jamais négligé, stimulant…

 

 

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Les 30 ans de Doulce MémoireDOULCE MEMOIRE 30 ANS JUIN 2019 classiquenews concert evenement visuel-anniversaire-500x500
Opéra de Tours, mercredi 19 juin 2019, 20h
RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/doulce-memoire#la-renaissance-dans-tous-ses-etats

Pour ses 30 ans Doulce Mémoire vous convie à un évènement exceptionnel sous le signe de la Renaissance et de la fête. Avec de nombreux artistes et des invités surprenants (mais qui ont marqué les grandes réalisations de Doulce Mémoire), notamment Jean-François Zygel en invité spécial.

 

Tarifs de 7 à 35€

Réservation au guichet du Grand Théâtre de Tours du mardi au samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 17h45.

Ou par téléphone au 02 47 60 20 20

 

 

 

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Approfondir

 

 

 

VOIR : reportage exclusif les 25 ans de DOULCE MEMOIRE, salle Gaveau à Paris (février 2014)
https://www.classiquenews.com/grand-clip-video-les-25-ans-de-doulce-memoire-paris-salle-gaveau-fevrier-2014/

LIRE notre critique du livre cd musique secrète de Leonardo da Vinci
http://www.classiquenews.com/5-mai-2019-500-ans-de-la-mort-de-leonardo-da-vinci/

LIRE notre critique du livre cd Magnificences de François Ier
http://www.classiquenews.com/magnificences-de-francois-ier-par-doulce-memoire/

Illustrations : © Rodolphe Marics / Doulce Mémoire 2019

 

 

 

 

CD, critique. QUINTETTE AQUILON : Saisons (Piazzolla, Tomasi, Barber, McDowall… – 1 cd Klarthe records)

aquilon cd saisons critique classiquenews piazzolla mcdowel critique cd par classiquenews CLIC de CLASSIQUENEWS de mai et juin 2019 KLA070couv_lowCD, critique. QUINTETTE AQUILON : Saisons (Piazzolla, Tomasi, Barber, McDowall… – 1 cd Klarthe records). Mon premier cd Ă©colo est en carton, imprimĂ© sur un papier ensemencĂ© (de graines mellifères) et il peut mĂŞme fleurir. Mais avant vos germinations et fleurissements Ă©cologiques, il y a au cĹ“ur de cet engagement visionnaire, un programme dĂ©lectable qui confirme le brio du quintette de musiciennes Aquilon. Les 5 jeunes musiciennes rĂ©alisent ici un programme percutant qui met en avant la plasticitĂ© conjuguĂ©e de leurs instruments respectifs (flĂ»te, basson, clarinette, cor et hautbois) ; la conception du cd, – rĂ©duisant le plastic a minima, affirmant haut et fort la fragilitĂ© des espèces animales et du patrimoine vĂ©gĂ©tal, est en soi un acte mĂ©ritant dont toute l’industrie musicale devrait s’inspirer. Saluons le label Klarthe de s’associer Ă  cette vision des plus pertinentes.

 

 

LES SAISONS par AQUILON : mon premier cd écolo

 

Sur le thème des SAISONS, le cycle comprend l’inusable Piazzolla (qu’elles ont joué en concert), les plus rares « Printemps » de Tomasi (avec le saxo de Vincent David), Summer music de Barber (alliant sérénité et contemplation), et « cerise sur le gâteau », deux compositrices à (re)découvrir avec urgence : Autumn music de Jennifer Higdon et surtout Winter music de Cecilia McDowall (1951) dont l’écriture allie verve et humour.
Ottoño porteño et Invierno de Piazzolla sont intercalĂ©s Ă  Barber et Higdon, ajoutant Ă  l’unitĂ© et Ă  la cohĂ©rence du dĂ©roulement global. A la diversitĂ© des Ă©critures – fait marquant qui renouvelle l’approche sur le thème pourtant usĂ© et rebattu des « saisons », rĂ©pond une attention spĂ©cifique aux nuances et accents souvent privilĂ©giĂ©s par chaque compositeur. On se dĂ©lecte des chants d’oiseaux du Tomasi, vĂ©ritable volière sonore, riche en couleurs et en vivacitĂ© ; distinguons parmi les partitions contemporaines, celle de McDowall, palpitante, heureuse, plus printanière Ă  notre sens qu’hivernale. L’acuitĂ© expressive de chaque musicienne rĂ©tablit ce jeu sonore propre Ă  un collectif vĂ©ritablement complice et agile. Habile et astucieux dans chaque partitions (certaines transcriptions), Aquilon caractĂ©rise chaque sĂ©quence avec un style et un goĂ»t sĂ»rs. Certaines instrumentistes jouent en orchestre, maĂ®trisant la pratique des instruments historiques : tout cela s’entend dans la rĂ©alisation des accents et des phrases plus chantantes et ornementĂ©es. De sorte que nous tenons lĂ , un programme enthousiasmant, serti de trouvailles souvent irrĂ©sistibles dans l’art du jeu concertant et dialoguĂ©. Convaincant.

 

 

 

 

 

 

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CD, critique. QUINTETTE AQUILON : Saisons (Piazzolla, Tomasi, Barber, McDowall… – 1 cd Klarthe records)

Astor Piazzolla (1921- 1992) – Estaciones porteñas, arrangement Ulf Guido Schäfer
Henri Tomasi (1901 – 1971) – Printemps pour sextuor à vent (Saxophone, Vincent David)
Samuel Barber (1910-1981) – Summer music
Jennifer Higdon (1962*) – Autumn music
Cecilia McDowall (1951*) – Winter music

CLIC D'OR macaron 200Quintette Ă  vents Aquilon (Marion Ralincourt, flĂ»te – Claire Sirjacobs, hautbois – StĂ©phanie Corre, clarinette – Marianne Tilquin, cor – GaĂ«lle Habert, basson) – CLIC de CLASSIQUENEWS de mai et juin 2019.

 

 

 

 

 

 

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VIDEO, teaser du cd SAISONS par le Quintette Aquilon / 1 cd KLARTHE records
https://www.youtube.com/watch?v=-xFt37jq5WI

 

 

 

 

CD Ă©vĂ©nement, annonce. SI J’AI AIMÉ : Sandrine Piau (1 cd Alpha)

PIAU-classiquenews-cd-critique-piau-si-j-ai-aime-concert-loge-critique-concert-critique-cd-par-classiquenews-mai-2019-critique-opera-classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, annonce. SI J’AI AIMÉ : Sandrine Piau (1 cd Alpha). Poursuivant sa coopĂ©ration chez Alpha, la soprano, coloratoure et diseuse de première valeur, Sandrine Piau signe un rĂ©cital avec orchestre oĂą brille le diamant allusif et dramatique de la mĂ©lodie française, en particulier Ă  l’époque oĂą elle passe du salon privĂ© Ă  la salle de concert. Le programme Ă©voque l’attente, le dĂ©sir, le plaisir, le souvenir, autant de facettes souvent entremĂŞlĂ©es de l’amour romantique… Les textes des poètes Hugo, Gautier, Verlaine sont ainsi magnifiĂ©s par le timbre subtil et rayonnant, incandescent et instrumental de la soprano Sandrine Piau ; programme d’autant plus mĂ©ritant qu’il dĂ©voile plusieurs mĂ©connus : mĂ©lodies de Saint-SaĂ«ns (Extase, Papillons), Massenet (Le Poète et le FantĂ´me, Aimons-nous…), Vierne, les non moins rares Dubois (un rien acadĂ©mique et minaudant), surtout Bordes… le violoniste et chef Julien Chauvin et son ensemble sur instruments anciens combinent ajoutent des pièces d’orchestre (Symphonie gothique de Godard, Valse très lente de Massenet).
Pour l’année Berlioz 2019, le programme comprend aussi des extraits des Nuits d’Été pour se conclure avec le célèbre Plaisir d’amour de Martini. Prochaine critique sur classiquenews…

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CD Ă©vĂ©nement, annonce. SI J’AI AIMÉ : Sandrine Piau, soprano – Le concert de la Loge – Julien Chauvin, direction (1 cd Alpha).

CD, critique. Alain Lefèvre, piano. MY PARIS YEARS (1 cd Warner classics, nov 2016)

LEFEVRE-ALAIN-cesar-franck-Prelude-choral-fugue-critique-cd-review-cd-classiquenews-alain_lefevre_my_paris_years_cover~2205CD, critique. Alain Lefèvre, piano. MY PARIS YEARS (1 cd Warner classics, nov 2016). Né Français mais québécois de cœur, le pianiste Alain Lefèvre publie un album clé dans son journal intime et artistique, totalement dédié à PARIS et donc intitulé My Paris Years… Aux côtés de ses propres compositions (prochain album à venir sous la même étiquette Warner classics), l’interprète, défenseur depuis toujours d’André Mathieu (avec lequel jouait son propre père), choisit ici des écritures qui font sens, selon le thème parisien : Satie (Gymnopédies évidemment), Ravel, Debussy et l’immense César Franck dont on se réjouit de réécouter Prélude, Choral et fugue, morceau de choix et de fulgurance de plus de 20mn : sorte de plongée introspective postwagnérienne qui n’en finit pas d’interroger de souterraines perspectives. Fidèle à une manière qui lui est propre, Alain Lefèvre en déroule l’écriture contrapuntique avec un soin de clarté murmurée, une éloquence feutrée qui sait aussi en souligner les vertiges comme la puissante architecture, en superposition et rébus, peu à peu démêlés.

FRANCAIS ET QUEBECOIS… un album parisien en forme de rĂ©conciliation. Paris est un asile enracinĂ© dans son identitĂ© profonde, un temps malvĂ©cu en raison de l’arrogance française, surtout parisienne Ă  l’égard de sa seconde patrie, le QuĂ©bec. Mais comme toujours chez les Français qui suspectent et minimisent ce qu’ils ne voient pas immĂ©diatement, – l’éloignement les rend aveugles et crĂ©tins (il faut bien le dire), il suffit de retourner en terres quĂ©bĂ©coises pour comprendre l’amour de la nation francophone outre Atlantique pour la culture française et la langue de Baudelaire ou de Rimbaud. C’est donc dans une fluiditĂ© toute quĂ©bĂ©coise que le pianiste dĂ©ploie ses affinitĂ©s françaises. L’artiste dĂ©voile ce qui importe dans le fait d’être Français et QuĂ©bĂ©cois, un pur esprit de synthèse et de rĂ©conciliation, une fraternitĂ© musicale.
Les Satie prolongent ce goût du pianiste pour la lenteur et la suspension énigmatique. Les couleurs y sont là encore très nuancées et idéalement dessinées sans incision, dans l’épaisseur de la suggestion. Esquissées, en demi teintes (N°2, « lent et triste »). La Pavane de Ravel nous fait entendre les résonances de l’enfance réactivée par un Ravel émerveillé et comme langoureux. Tandis que ses Debussy coulent comme une onde emperlée, à l’articulation détaillée et chantante (« Arabesque »).

Voilà donc un recueil on le répète clé dans la carrière du pianiste et de l’homme : Paris, en forme de célébration, et aussi allusivement une manière d’hommage à la mémoire de son maître parisien, Pierre Sancan. Un témoignage pour la beauté fraternelle et la cristallisation d’un idéal français et québécois : belle pierre à l’édifice de la culture francophone québécoise, alors que se tourne avec débats et frictions, la question de la laïcité de l’Etat, de l’autre côté de l’Atlantique.

 

 

 

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CD, critique. Alain Lefèvre, piano. MY PARIS YEARS (1 cd Warner classics, nov 2016).

LIRE aussi notre critique du CD, événement, critique. Mathieu : Concerto n°4 ; Rachmaninov : Rhapsodie op.43 – Jean-Philippe Sylvestre, piano / Orchestre Métropolitain / Alain Trudel, direction – 1 cd ATMA classiques / ACD22768 – novembre, 2018

 

 

 

FORCE DU DESTIN. Kaufmann, Netrebko, Tézier : trio gagnant chez VERDI

Vague verdienne en juin 2014FRANCE MUSIQUE, dim 2 juin 2019, 20h. VERDI : La FORCE DU DESTIN. Le Royal Opera House, pour sa nouvelle production 2019 de La Forza del destino de Verdi (avril 2019) réunit un cast proche de la perfection. Car il faut de la puissance, de la finesse et une attention méticuleuse au profil de chaque protagoniste. Dans cet opéra où brûle l’amour le plus contrarié et donc d’essence tragique, la mise en scène de Christof Loy se montre à la hauteur de ce drame noir où comme toujours sur la scène lyrique romantique, la grandeur morale des individus éprouvés, se dévoile en fin d’action… au moment de leur mort.

Le chant vermine souffle son meilleur sur la scène londonienne, grâce aux personnalités aussi charismatiques que Jonas Kaufmann, Anna Netrebko et Ludovic Tézier : soit 3 immenses solistes, aujourd’hui recherchés par toutes les scènes internationales (Trio prometteur que Bastille avait accueilli pour Don Carlo du même Verdi). Leurs talents complémentaires éclairent en réalité une action qui est loin d’être aussi désastreuse et confuse que d’aucun le disent ; par manque de connaissance, et par snobisme (parisien… comme toujours). On dit d’ailleurs la même chose de nombreux opéras verdiens, dont Il Trovatore, Le Trouvère. Rien d’opaque ni de complexe ici, d’autant que la mise en scène de Loy, respecte, elle, la cohérence originelle du livret (a contrario d’un Tcherniakov qui aujourd’hui n’hésite plus à réécrire chaque livret des opéras qu’il dénature ainsi allègrement).

Jonas Kaufmann réussit à phraser comme jamais, offrant un chant ciselé, intelligible et profond…. comme au théâtre. Il éclaire chez Alvaro, la lente et progressive modification psychologique, de l’ardeur effrénée voire irréfléchie à la noblesse détachée, la plus sage… belle performance dans la subtilité. La Leonora (à ne pas confondre avec sa « sœur » tragique du même prénom dans Il Trovatore) d’Anna Netrebko confirme l’excellente verdienne, vibratile, irradiante, habitée par une urgence intérieure, un souci de la loyauté jusqu’à la mort et l’abnégation la plus totale (à la fois, amante coupable et mortifiée mystique en quête de salut).

En Carlo di Vargas, Ludovic Tézier convainc tout autant par la beauté du chant et sa solidité expressive. Affûté même dans son duo avec Alvaro / Kaufmann : « Voi che sì larghe cure » qui fusionnent les deux voix idéalement caractérisées.
Face au trio tragique et héroïque, deux personnages comiques, plus légers se distinguent aussi grâce à l’intelligence de leurs interprètes respectifs : Padre Guardiano et Melitone (qui rappelle la truculence bonhomme du sacristain au premier acte de Tosca de Puccini) : ainsi à Londres, Ferrucio Furlanetto et Alessandro Corbelli ajoutent chacun à la finesse théâtrale de la production.

A notre (humble) avis, la prestation tout aussi enlevée de Veronica Simeoni en Preciosilla manque elle de finesse, donc tombe plus bas, dans la gouaille caricaturale. Dommage pour la soprano qui aurait dû être inspirée par l’excellence de ses partenaires précités.

Faiblesse d’autant plus malheureuse qu’ici aucun comprimerai (seconds rôles) n’est laissé dans la confusion ou l’imprécision (comme souvent) ; ne citons que le Calatrava de Robert Lloyd, ou l’Alcade de Michael Mofidian…

Nous ne dirons rien des décors (inutile précision s’agissant d’une diffusion radiophonique)

Voilà une approche vocalement exceptionnelle qui souligne chez Verdi sa force émotionnelle : la vengeance dont il est question, la malédiction consentie et assumée des deux amants malheureux, leur course effrénée au salut (qui les mène au delà d’une expérience terrestre),… tout est exprimé avec une grande finesse. Superbe lecture.

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VOIR le TEASER du spectacle LA FORZA DEL DESTINO de VERDI Ă  COVENT GARDEN Royal Opera House (avril 2019)

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CHRIST EST RESSUSCITÉ ! (Pâques en musique)

bach_jean_sebastien_portrait-eisenach-haussmann-1730CHRIST est ressuscitĂ© ! Jean-SĂ©bastien Bach : Oratorio de Pâques BWV 249. Comme Ă  l’accoutumĂ©e, s’agissant de Jean-SĂ©bastien Bach, l’Oratorio de Pâques tel que nous le connaissons actuellement, et tel qu’il est jouĂ© par les ensembles les plus informĂ©s, regroupe plusieurs partitions sur le thème pascal qui remonte Ă  plusieurs Ă©poques, certains opus Ă©tant réécrits, modifiĂ©s selon l’idĂ©al esthĂ©tique du compositeur, selon aussi les effectifs Ă  sa disposition au moment de la commande. La première version remonte Ă  1725 pour les cĂ©lĂ©brations pascales, en particulier pour le Dimanche de Pâques. Bach recycle une cantate de voeux (donc originellement profane) de fĂ©vrier 1725 dĂ©diĂ© Ă  l’anniversaire de son patron, le Duc Christian de Saxe-Weissenfels (Entfliet verschwindet, entweichet ihr Sorgen, BWV 249a). Puis il en dĂ©duit une nouvelle cĂ©lĂ©bration, d’essence sacrĂ©e: Kommt, eilet und laufet, ihr flĂĽchtigen FĂĽsse … (BWV 249), cantate cĂ©lĂ©brant la dĂ©votion de la feria I de Pâques au 1er avril 1725.

 

 

Christ est ressuscitĂ© !Puis dans un nouveau texte de Picander, la mĂŞme cantate sert une nouvelle cĂ©lĂ©bration profane en aoĂ»t 1726 pour l’anniversaire de son autre mĂ©cène le Comte Joachim Freidrich von Flemming (BWV 249b). Pour livrer une nouvelle musique pascale, Bach recycle entre 1732 et 1735, les partitions dĂ©jĂ  Ă©crites et intitule le nouveau cycle “oratorium”. Comme pour la Messe en si mineur, il s’agit grâce au gĂ©nie synthĂ©tique dont il est capable, de combiner des Ă©lĂ©ments Ă©pars en une totalitĂ© dont la cohĂ©rence et l’architecture nous stupĂ©fient. Soucieux d’unitĂ©, le compositeur reprend encore son ouvrage après 1740, et fixe dĂ©sormais ce que nous connaissons sous le nom d’Oratorio de Pâques.

 

 

 

 

 

Christ est ressuscité !

 

 

 

 

 

 

Oratorio en 11 numéros

Plan en 10 numéros/épisodes

 

VĂ©ritable opĂ©ra sacrĂ©, l’Oratorio de Pâques de JS Bach saisit par la maĂ®trise des contrastes, l’absolu gĂ©nie des rĂ©emplois et aussi, le raffinement d’une grande culture musicale qui utilise selon un plan dramaturgique Ă©blouissant, les styles italiens et français.

N°1 Ă  3. Au dĂ©but, les 3 premiers numĂ©ros (Sinfonia avec flĂ»tes et hautbois d’amour, Adagio, Chorus) composent un triptyque d’ouverture selon le schĂ©ma d’un concerto italien (vif, lent, vif), avec une mĂŞme tonalitĂ© de rĂ© majeur) pour unifier le cycle pour les volets 1 et 3. Dans ce dernier Ă©pisode, le texte convoque les fidèles qui pressent le pas vers la sĂ©pulture de JĂ©sus.
Le n°4 fait paraĂ®tre les 4 solistes, sombres et graves, qui se retrouvent près du tombeau : Maria Jacobi (soprano), Maria Magdalena (alto), Petrus (tĂ©nor), Johannes (basse). Se dĂ©tache surtout l’aria adagio en si mineur (avec traverso) de Maria Magdalena dans laquelle la chanteuse invite Ă  renoncer aux parfums et onguents de l’embaumement pour choisir les lauriers, annonciateurs de la victoire du Christ ressuscitĂ© (n°5).
CHRIST-endormi-programmes-brava-hd-noel-2015-582-390N°6-7 : surviennent Petrus et Johannes qui dĂ©couvrent la tombe vide et la pierre dĂ©placĂ©e. Maria Magdalena prĂ©cise alors qu’un ange est venu annoncer la RĂ©surrection du Sauveur. Ainsi Petrus (tĂ©nor, en sol majeur) adopte le calme serein d’une bourrĂ©e pour exprimer avec les flĂ»tes Ă  bec, la profonde certitude de la paix intĂ©rieure, après la proclamation du Miracle christique. N°8 Ă  10 : les airs des deux Marie basculent dans l’arioso, portĂ©s par l’impatience de revoir JĂ©sus : tendre et compatissante, Maria Magadalena se demande oĂą le Christ lui apparaĂ®tra (air en la majeur, avec hautbois d’amour sur rythme de gavotte). Tandis que Johannes invite chacun Ă  se rĂ©jouir. Jean-SĂ©bastien Bach conclut par un chĹ“ur de rĂ©jouissance (n°11) oĂą l’Ă©clat des trompettes dit la rĂ©alisation de la transfiguration finale. Le dernier Ă©pisode suit un plan en deux parties : format et esprit français et d’une Ă©lĂ©gance haendĂ©lienne tout d’abord ; puis gigue fuguĂ©e d’une ivresse collective irrĂ©sistible.

 

 

 

Tizian, Verklaerung Christi - Titian / Transfig.of Christ / c.1560 - Titien / Transfiguration du Christ

Résurrection du CHRIST par Fra Angelico et Tiziano (DR)

CD, événement. Alexandre DENÉREAZ : TOUTANKHAMON… Volgograd Symph Orchestra / Siffert (1 cd GALLO, 2006).

denereaz alexandre tombe toutankhamon le tombeau de toutankhamon cd critique glallo critique review cd critique cd opera concert critique classiquenewsCD, Ă©vĂ©nement. Alexandre DENÉREAZ : TOUTANKHAMON… Volgograd Symph Orchestra / Siffert (1 cd GALLO, 2006). Compositeur contemporain de Ravel, le suisse nĂ© Ă  Lausanne Alexandre DenĂ©rĂ©az (1875 – 1947) « ose » mettre en musique le choc retentissant que fut la dĂ©couverte de la tombe du souverain d’Egypte Toutankhamon, le 4 novembre 1922. Il allait crĂ©er sa nouvelle partition 4 ans après la dĂ©couverte phĂ©nomĂ©nale… Curieusement trop peu de compositeurs ont relayĂ© l’actualitĂ© de l’égyptologie, contrairement aux arts dĂ©coratifs ou Ă  la peinture, miroirs de cette passion française et europĂ©enne pour l’Egypte ancienne. Certes Philip Glass a bien composĂ© sur l’hĂ©rĂ©siarque mystique Akhetaton… mais il reste un cas isolĂ©.
Le Suisse Alexandre Denéréaz vient opportunément enrichir le tableau. Pas facile de trouver les équivalences musicales (timbres et rythmes), au raffinement inouï des pièces d’or et de gemmes précieuses, retrouvées par Howard Carter dans la Vallée des Rois. Créé par Ernest Ansermet à Lausanne en 1926, l’ample poème symphonique de plus de 15 mn rend cependant hommage à l’événement archéologique le plus bouleversant de l’égyptologie (après la résolution des hiéroglyphes par Champollion en 1824) ; certes dans l’interprétation que nous en offre Emmanuel Siffert et l’orchestre de Volgograd (enregistrement de 2006), on regrette la dureté du geste et les contrastes dynamiques trop appuyés (cors faillibles en ouverture), creusant les écarts dynamiques… pourtant le compositeur ne manque pas de vertiges allusifs comme Le Rêve (la pièce qui suit Toutankhamon) le démontre aisément. Datée de 1908, l’intermède symphonique témoigne d’une sensibilité souple et rêveuse, au chant mesuré pourtant d’une couleur straussienne, manifeste.

La TOMBE de TOUTANKHAMON

Connaissez-vous le poème symphonique du compositeur suisse Alexandre Denéréaz (1926) ?

Ce qui semble avoir marqué  DenĂ©rĂ©az, c’est moins le contenu mĂŞme de la tombe, – les nuances infinies d’or, d’une statue Ă  l’autre, de bijoux en coffrets… que la nouvelle fracassante et son retentissement mondial, dès la proclamation en novembre 1922. Soit presque 3000 objets exhumĂ©s, classĂ©s, analysĂ©s, identifiĂ©s au terme de 10 annĂ©es de soin  et de mĂ©thode scientifique… Presque cent ans après l’évĂ©nement, la force de la pièce exprime et le mystère et la gloire de cette dĂ©couverte ahurissante en un orchestre rutilant parfois vĂ©hĂ©ment, au final percutant et vif. La majestĂ© et la violence aussi marquent l’évocation de la civilisation Ă©gyptienne par DenĂ©rĂ©az, visiblement touchĂ© par la signification de cette dĂ©couverte.
Soulignant la capacité narrative du compositeur, l’éditeur suisse Gallo complète astucieusement l’édition de Toutankhamon par la Suite « Scènes de la vie du cirque » de 1911, qu’il faut estimer comme une démonstration d’imagination néo wagnérienne, mais aussi telle une autre offrande à la quête d’exotisme : l’homme-serpent, les Africains et la danse africaine (d’une belle ivresse non dénuée d’humour) avant l’épilogue soulignant la recherche des couleurs extra-européennes que cultive le compositeur de Lausanne.
Au final, la verve imaginative de Denéréaz est évidente ; son langage symphonique étant prêt à relever tous les défis de l’évocation moins de l’illustration littérale. C’est un témoignage précieux de l’écho ressenti par un contemporain en 1922 : Toutankhamon n’a rien perdu de son aura, et en 2019, ce n’est pas l’exposition actuellement présentée à la Grande Halle de la Villette qui le démentira : le visiteur y éprouve chaque étape et suit le voyage de Pharaon divinisé, au royaume des morts, du parcours nocturne à sa résurrection finale au matin, en une scénographie plus que convaincante, s’il n’était le monde devant chaque vitrine…
Denéréaz dès 1926 semble avoir bien compris et mesuré les enjeux de cette découverte d’un apport encore pas totalement évalué presque 100 ans après sa réalisation… Le poème de Denéréaz ajoute à la réflexion sur le pourquoi de la tombe retrouvée intacte, son apport véritable sur le plan artistique comme spirituel…

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CLIC D'OR macaron 200CD, Ă©vĂ©nement. Alexandre DENÉRÉAZ : 1. Au tombeau du Tut-Ankh-Amon – At Tutankhamen’s tomb – Am Grad vont Tu-ench-Amun. 2. Le rĂŞve -– dream – Der Traum. 3. Scènes de la vie du cirque – Scenes from circus life – Szenen aus der Zirkuswelt. Orchestre symphonique de Volgograd, Emmanuel Siffert, Direction (enregistrement de 2006) — 1 cd GALLO. CLIC dĂ©couverte de CLASSIQUENEWS du mois d’avril 2019

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Faust Symphonie de Liszt (1854)

FRANCE, MUSIQUE, Dim 14 avril 2019, 16h. FAUST-SYMPHONIE, LISZT. La Tribune des critiques de disque questionne l’œuvre clé de Franz Liszt, composée en 1854 à 43 ans. Le virtuose au piano impose son génie de la couleur et de la construction orchestrale dans cet ample poème symphonique avec ténor, créé à Weimar en 1857, structuré en 3 portraits psychologiques qui campent désirs et agissements des 3 protagonistes du mythe créé par Goethe : Faust, Marguerite, Méphistophélès.

 
 
 

Les 3 visages d’un mythe / Faust en triptyque
Liszt : l’orchestre psychologique

 
 
 

LIVRES. Liszt, "premier de son siècle"

 
 
 

Un point de vue cinématographique d’une modernité absolue qui campe le regard de chacun sur les enjeux d’une même situation. Liszt s’inspire du Fauts de Berlioz car ce dernier lui a révélé la force du sujet. La vision psychologique de Liszt permet à l’orchestre d’exprimer ce en quoi chacun des personnages est lié aux autres , avec musicalement le principe des motifs répétés d’une partie à l’autre et qui se répondent en reliant les rôles (et assumant de fait la cohésion interne de la partition tripartite). Liszt ajoute chez Méphistophélès un chœur d’hommes et la voix du ténor solo qui célèbre (avant Wagner et son Tristan de 1865), l’éternel féminin, comme source de rédemption. Ainsi, ce labyrinthe des passions (et manipulations) terrestres s’accomplit par l’apothéose finale, un volet spirituel qui évidemment cite aussi l’architecture de la Damnation de Faust de Berlioz (laquelle s’achève par l’apothéose de Marguerite). Liszt dédie son Faust à ce dernier.
Le chant orchestral dessine ainsi le portrait de Faust (le plus long, le plus complexe, tiraillĂ© par ses dĂ©sirs et sa clairvoyance, espoir et renoncement, mais l’épreuve essentielle demeure l’amour dont la force donne finalement le sens de sa vie) ; ensuite Marguerite dont le thème innocent et angĂ©lique est Ă©noncĂ© au hautbois solo : andante soave, puis – quand Marguerite succombe Ă  Faust-, soave con amore. Enfin MĂ©phistophĂ©lès, qui niant tout, ne crĂ©ant rien, dĂ©forme et caricature tous les thèmes de sa victimes dont il se nourrit. Le volet est un vaste rire et ricanement, grimaçant et vide ; mais Ă  la fin par le choeur d’hommes et le tĂ©nor solo, c’est marguerite qui a triomphĂ© ; son amour pur a conquis l’âme de Faust, au dĂ©triment de toutes les intrigues du diable. 
 
 
 
 
 

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logo_france_musique_DETOUREFRANCE, MUSIQUE, Dim 14 avril 2019, 16h. FAUST-SYMPHONIE, LISZT. La Tribune des critiques de disque questionne l’œuvre clé de Franz Liszt, composée en 1854 à 43 ans: un sommet de l’inspiration symphonique et romantique qui tout en s’inspirant du Faust de Berlioz, renouvelle totalement la conception architecturale de l’édifice orchestral.

 
 
 
 
 
 

CD, critique. Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes (Vashegyi, 2018, 2cd Glossa)

rameau-indes-galantes-gyrorgy-vashegyi-cd-glossa-critique-cd-classiquenews-opera-baroqueCD, critique. Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes (Vashegyi, 2018, 2cd Glossa). Certes voici une version annoncĂ©e comme d’importance, – de 1761 ; affaire de spĂ©cialistes et de chercheurs (Prologue plus ramassĂ©, inversion dans l’ordre des entrĂ©es). VĂ©tilles de musicologues. Ce qui compte avant tout et qui fait la valeur de la prĂ©sente production (créé au MUPA de Budapest en fĂ©vrier 2018), c’est assurĂ©ment le geste sobre, souple, Ă©quilibrĂ© du chef requis pour piloter les solistes (plus ou moins convaincants), surtout le chĹ“ur et l’orchestre, – Purcell Choir et Orfeo Orchestra – deux phalanges créées in loco par le maestro György Vashegyi. Osons mĂŞme Ă©crire que ce dernier incarne pour nous, le nouvel Ă©talon idĂ©al dans la direction dĂ©diĂ©e aux Ĺ“uvres françaises du XVIIIè, celles fastueuses, souvent liĂ©es au contexte monarchique, mais sous sa main, jamais droite, tendue ni maniĂ©rĂ©e ou dĂ©monstrative. La sobriĂ©tĂ© et l’équilibre sont sa marque. Un maĂ®tre en la matière.

 

 

le chef hongrois György VASHEGYI confirme qu’il est un grand ramiste
Intelligence orchestrale

 

 

 

D’abord, saluons l’intelligence de la direction qui souligne avec justesse et clarté combien l’opéra-ballet de Rameau est une formidable machinerie poétique et aussi dans son Prologue avec Hébé, une évocation tendre et presque languissante de l’amour pastoral ne serait ce que dans les couleurs de l’orchestre souverain, d’une formidable flexibilité organique grâce au geste du chef ; Vashegyi est grand ramélien jusqu’en Hongrie : il nous rappelle tout ce qu’un McGegan poursuit en vivacité et fraîcheur en Californie (Lire notre critique de son récent enregistrement du Temple de la Gloire de Rameau, version 1745, enregistré à Berkeley en avril 2017).
S’agissant de György Vashegyi, sa compréhension des ressorts de l’écriture symphonique, les coups de théâtre dont le génie de Rameau sait cultiver l’effet, entre élégance et superbe rondeur, fait merveille ici dès l’entrée en matière de ce Prologue donc, qui est un superbe lever de rideau ; on passe de l’amour enivré à l’appel des trompettes et du front de guerre… les deux chanteurs Hébé et Bellone, sont dans l’intonation, juste ; fidèles à la couleur de leur caractère, MAIS pour la première l’articulation est molle et l’on ne comprends pas 70% de son texte (Chantal Santon) ; quand pour le baryton Thomas Dollié, que l’on a connu plus articulé lui aussi, le timbre paraît abimé et usé ; comme étrangement ampoulé et forcé. Méforme passagère ? A suivre.
A l’inverse, le nerf et la vitalité dramatique de l’orchestre sont eux fabuleux. Il y a dans cette ouverture / Prologue, à la fois majestueuse et grandiose, versaillaise,  pompeuse et d’un raffinement inouï, cette ivresse et cette revendication furieuse que défend et cultive Rameau avec son sens du drame et de la noblesse la plus naturelle : György Vashegyi l’a tout à fait compris.

Chez Les Incas du Pérou (« Première entrée »), la tenue du choeur et de l’orchestre fait toute la valeur d’une partition où souffle l’esprit de la nature (airs centraux, pivots  «Brillant soleil » puis après « l’adoration du soleil », air de Huascar et du chœur justement : « Clair flambeau du monde » , la force des éléments (tremblement de terre qui suit)… indique le Rameau climatique doué d’une sensibilité à peindre l’univers et la nature de façon saisissante. Heureusement que le chœur reste articulé, proche du texte. ce qui n’est pas le cas du Huascar de Dollié, là encore peu convaincant. Et la phani « grand dessus » plutôt que soprano léger (version 1761 oblige) ne met guère à l’aise Véronique Gens.
Jean-François Bou, Osman d’un naturel puissant, associé à l’Emilie bien chantante de Katherine Watson, est le héros du Turc généreux (« Deuxième entrée ») ; son engagement dramatique, sans forcer, gagne une saine vivacité grâce à l’orchestre impétueux, électrisé dans chaque tableau allusif : tempête, marche pour les matelots de provence, et les esclaves africains, rigaudons et tambourins…
Enfin Les Sauvages, troisième et dernière entrée, doit à l’orchestre son unité, sa cohérence dramatique, une verve jamais mise à mal qui électrise là encore mais avec tact et élégance la danse du grand calumet de la paix, puis la danse des Sauvages, avant la sublime Chaconne, dans laquelle Rameau revisite le genre emblématique de la pompe versaillaise.
Par la cohésion sonore et expressive de l’orchestre ainsi piloté, se détache ce qui manquait à nombre de lectures précédentes, un lien organique entre les parties capables de révéler comme les volet d’un vaste triptyque (avec Prologue donc) sur le thème de l’amour galant, selon les latitudes terrestres. Au Pérou, en Turquie et aux Amériques, coule un même sentiment éperdu, alliant convoitise, désir, effusion finale.

 
 

 
 

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CLIC_macaron_2014La lecture confirme l’excellente comprĂ©hension du chef hongrois, son geste sĂ»r et souple, rythmiquement juste, choralement maĂ®trisĂ©, orchestralement articulĂ© et prĂ©cis. La tenue des voix – volontairement assumĂ©es « puissantes » posent problème pour certaines d’entre elles car outrĂ©es, affectĂ©es ou totalement inintelligibles. Depuis Christie, on avait compris que le baroque français tenait sa spĂ©cificitĂ© de l’articulation de la langue… Souvent le texte est absent ici. On frĂ´le le contresens, mais cela pointe un mal contemporain : l’absence actuelle d’école française de chant baroque. Ceci est un autre problème. Cette version des Indes Galantes 1761 mĂ©rite absolument d’être Ă©coutĂ©e, surtout pour le geste gĂ©nĂ©reux du chef. MalgrĂ© nos rĂ©serves sur le choix des voix et la conception esthĂ©tique dont elles relèvent, la vision globale elle mĂ©rite un CLIC de classiquenews.

 
 

  

 
 

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CD, critique. Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes, ballet hĂ©roĂŻque (1735) / Version de 1761 

 
Chantal Santon-Jeffery : Hébé, Zima
Katherine Watson : Emilie
Véronique Gens : Phani
Reinoud Van Mechelen : Dom Carlos, Valère, Damon
Jean-Sébastien Bou : Osman, Adario
Thomas Dolié, : Bellone, Huascar, Dom Alvar
Purcell Choir
Orfeo Orchestra
György Vashegyi, direction
Glossa / Référence GCD 924005 / durée 2h3mn / parution annoncée le 1err mars 2019

 

 

 

 

 

 

BD, événement, annonce. CONCERTO POUR MAIN GAUCHE de Yann Damezin (La Boîte à bulles)

concerto-pour-main-gauche-yann-damezin-boite-a-bulles-bd-livre-evenement-clic-de-classiquenewsBD, événement, annonce. CONCERTO POUR MAIN GAUCHE de Yann Damezin (La Boîte à bulles). Scénariste et dessinateur, Yann Damezin s’inspire de la vie du pianiste Paul Wittgenstein qui soldat pendant la grande guerre se vit amputé de son bras droit (ayant reçu une balle dans le coude) ; fils d’une riche famille, le pianiste commanda à Ravel son fameux (et magnifique) Concerto pour la main gauche. Voilà pour les faits historiques. La narration de Yann Damezin est tout autre et évoque à peine le travail du pianiste comme sa relation (ici difficile) avec les compositeurs qu’il fit travailler pour lui… Le dessinateur s’intéresse davantage à la pensée passablement entamée voire détruite d’un être blessé… qui se cherche, tente de surmonter ses traumas, et même s’il peut choquer pour ses lâchetés terrifiantes et ses idées politiques (ironie et cynisme du créateur), n’en sort pas moins grandi voire touchant ; la fin de sa vie (dans la BD) étant un retour sur le début, sur le mystère d’une existence, sur le sens profond des choses.
De ce tumulte intérieur, de ses vertiges et crises d’angoisse, dans ses trahisons et ses emportements compréhensibles, le dessinateur échafaude tout un monde graphique en noir et blanc dont l’accumulation de figures entremêlées, dit l’intensité du malêtre. Bestiaire digne des tympans médiévaux, mais aussi grotesques à la Jérôme Bosch, l’imagination du crayon exprime le désir et la volonté d’un pianiste qui s’obstine toujours, même s’il se trompe et tombe trop souvent dans les jeux de l’illusion.

CLIC D'OR macaron 200Dans ses doutes et ses questionnements, ses lâchetés et ses idées contradictoires, se dresse le destin d’un artiste qui repense sa relation à l’instrument ; un rapport conflictuel et souvent tiraillé là encore. Mais le pianiste n’a jamais perdu la foi artistique ni la volonté de vaincre le clavier… Le monde graphique de Yann Damezin immerge le lecteur dans la psyché d’un être aussi fragile que complexe. Original, fictionnel, troublant.

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BD, Ă©vĂ©nement, annonce. CONCERTO POUR MAIN GAUCHE de Yann Damezin (La BoĂ®te Ă  bulles) – Parution le 6 mars 2019. 112 pages – EAN 9782849533314 – 17 € – CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2019
https://www.la-boite-a-bulles.com/work/288

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MENUHIN GSTAAD Festival 2019 (Suisse) : La location est ouverte.

gstaad-menuhin-festival-2019-PARIS-annonce-présentation-classiquenews-582MENUHIN GSTAAD Festival 2019 (Suisse), LOCATION OUVERTE. Le premier festival musical estival en Suisse (à Saanen et à Gstaad là même où Yehudi Menuhin avait repéré des lieux propices à la musique et aux concerts) ouvre sa billetterie : il est enfin possible de réserver ses places, ce pour tous les concerts de l’édition 2019 : une foison de programmes servis par les meilleurs artistes et interprètes de la scène actuelle : chefs, pianistes, chanteurs, orchestres… Le 63è festival Menuhin allie comme à son habitude l’excellence et aussi l’audace, sans omettre aux côtés de l’équilibre de ses propositions, la sensibilisation du classique à tous les publics.

Le programme dĂ©taillĂ© de l’ensemble des concerts du 63e Gstaad Menuhin Festival est dĂ©sormais en ligne : assurez-vous les meilleurs places en rĂ©servant directement sur le site du Menuhin Gstaad Festival 2019, ou par tĂ©lĂ©phone au 033 748 81 82.
Du 18 juillet au 6 septembre 2019 : 60 CONCERTS à l’affiche pendant presque 2 mois. Les concerts ont lieu dans les églises du canton (écrins intimistes du Saanenland), ou sous la tente à Gstaad,  ample vaisseau réservé aux grandes célébrations symphoniques, opératiques, événementielles… Il y a pour tous les goûts à Gstaad chaque été.

 

 

 

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GSTAAD MENUHIN Festival 2018

 

 

 

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gstaad-menuhin-festival-2019-paris-gd-format-artistes-petibon-say-gabetta-annonce-location-par-classiquenewsMOISSON DE TEMPERAMENTS… Cette annĂ©e le Festival suisse fĂŞte PARIS, son thème fĂ©dĂ©rateur. De nombreux artistes français sont prĂ©sents mais pas seulement :
L’Ă©glise de Saanen accueille cette annĂ©e HervĂ© Niquet et son Concert Spirituel dans le «Te Deum» de Charpentier (20.7), Sol Gabetta dans le 2e Concerto de Saint-SaĂ«ns (21.7), Patricia Petibon dans des airs de Mozart et de Gluck (27.7), l’organiste de Notre-Dame de Paris Olivier Latry (28.7), le trompettiste Gábor Boldoczki (29.7), Andreas Ottensamer et Yuja Wang en duo (31.7), Fazil Say dans le «Clair de lune» de Debussy (2.8), Ute Lemper dans des chansons françaises et de cabaret (10.8), Bertrand Chamayou dans le 23e Concerto de Mozart (11.8), Cecilia Bartoli (23.8) ou encore Hilary Hahn dans les deux concertos pour violon de Bach avec la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen (29.8). On pourra entendre sinon David Guerrier Ă  Château-d’Ĺ’x (22.7), Nuria Rial (5.8), Isabelle Faust (9.8), L’Arpeggiata (15.8) et Maurice Steger (4.9) Ă  Zweisimmen, l’Ensemble Janoska et BirĂ©li Lagrène (8.8), Christophe Rousset (20.8) et Francesco Piemontesi (26.8) Ă  Rougemont, le Quatuor Chiaroscuro (23.7) et Christian Bezuidenhout (27.8) Ă  Lauenen. Quelques-uns parmi les plus de 60 concerts proposĂ©s en 2019…

 

 

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FOCUS GRANDES FORMATIONS :Vous prĂ©fĂ©rez les grands effectifs? RĂ©servez aussi vos soirĂ©es sous la Tente de Gstaad avec Seong-Jin Cho et Manfred Honeck dans «L’Empereur» de Beethoven et la «PathĂ©tique» de TchaĂŻkovski (17.8), «Carmen» en version de concert (24.8), Vilde Frang dans Bruch (25.8), Gautier Capuçon et Mikko Franck dans Haydn et la «Symphonie fantastique» de Berlioz (31.8), Klaus Florian Vogt dans Wagner (1.9), Yuja Wang et Myung-Whun Chung dans le 3e Concerto de Rachmaninov (6.9), qui sont en vente depuis le 20 dĂ©cembre dĂ©jĂ !

 

 

 

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Depuis 2 ans, le Menuhin GSTAAD Festival enrichit son offre numĂ©rique proposant Ă  la relecture et au visionnage permanent, de nombreux contenus vidĂ©os, au sein de son offre « GSTAAD DIGITAL FESTIVAL » – Actuellement, reportage sur l’un des laurĂ©ats de l’AcadĂ©mie de direction d’orchestre, organisĂ©e chaque Ă©tĂ© sous la tente / le jeune maestro Joseph Bastian, laurĂ©at du Neeme Järvi 2016 explique le fonctionnement de la «Gstaad Conducting Academy»

 

 

 

 

 

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directement sur le site du 63è MENUHIN GSTAAD FESTIVAL :

https://www.gstaadmenuhinfestival.ch/fr/programme-and-location/edition-2019

 

 

 

 

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CD, critique. VIENNE, Musikverein, le 1er janvier 2019. CONCERT DU NOUVEL AN, Wiener Philharmoniker / CHRISTIAN THIELEMANN 5 1 cd SONY classical)

nouvel-an-2019-concert-vienne-new-year-s-concert-2019-vienna-philharmonia-christian-thielemann-concert-cd-critique-par-classiquenews-582-the_vienna_philharmonic_and_chri_55-1CD, critique. VIENNE, Musikverein, le 1er janvier 2019. CONCERT DU NOUVEL AN, Wiener Philharmoniker / CHRISTIAN THIELEMANN 5 1 cd SONY classical). A 59 ans, le wagnĂ©rien et straussien (Richard), Christian Thielemann, plus habituĂ© de Dresde et de Bayreuth que de Vienne, affecte un geste un rien prussien, … possède-t-il rĂ©ellement le sens de l’élĂ©gance viennoise, celle des Johann Strauss fils et père, Josef et Edouard aussi ? Car les valses et Ă©pisodes symphoniques de Johann fils, vedette viennoise majeure pour cet esprit lĂ©ger, et davantage, appellent un caractère spĂ©cifique entre abandon et allusion, suggestion et subtilitĂ© qui doit Ă©blouir non pas dans cette « lĂ©gèreté » partout annoncĂ©e (qu’est ce que cette musique dite “lĂ©gère” en rĂ©alitĂ© ? Le vocable comprend une infinitĂ© d’acceptations…). Ici, dans l’écrin dĂ©signĂ© du rituel Straussien, le Musikverein, il ne doit ĂŞtre question que de finesse, subtilitĂ© mĂ©lodique, orchestration raffinĂ©e, ivresse Ă©vocatoire…

 

 

 

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Après les Welser-Möst, Dudamel, Jansons, … voici Thielemann : cravatte rayĂ©e, le directeur du festival de Pâques de Salzbourg (les directeurs du Festival estival autrichien Ă©taient prĂ©sents dans la salle), qui est aussi le directeur musical de la Staatskapelle de Dresde, retrouve le Wiener Philharmoniker pour ce programme festif. Les connaisseurs retrouvent dans la disposition typiquement viennoise de l’orchestre, les 6 contrebasses placĂ©es en fond, face au chef sous l’orgue du Musikverein de Vienne, vĂ©ritable colonne sonore assurant une structure et une carrure emblĂ©matiques. Le chef a dĂ©jĂ  dirigĂ© les Wiener Philharmoniker : on ne peut donc pas parler de baptĂŞme orchestral. Le programme d’emblĂ©e est très classique : rien que des valses et des polkas ; pas d’étrangers, ni de chanteurs invitĂ©s (comme l’a fait Karajan Ă  son Ă©poque, Ă  la fin des annĂ©es 1980). Mis Ă  l’honneur aux cĂ´tĂ©s des frères Strauss (Johann II, Josef et Edouard), une autre dynastie de compositeurs et musiciens viennois, les Hellmesberger, père et fils…

Thielemann : UN GESTE UN RIEN MARTIAL ? Le programme annoncĂ© rĂ©solument austro-hongrois, commence par la Schönfeld March op. 422 de Carl Michael Ziehrer: le ton est donnĂ©, martial et un rien sec et tendu dans la scansion rythmique. Ziehrer a composĂ© opĂ©rettes et ballets (comme Johann Strauss II) : l’écriture est assez quelconque, dĂ©ployant un caractère ronflant, fort en panache dĂ©monstratif, Ă  la façon d’une marche militaire, ou d’une parade appuyĂ©e, rythme et accents prussiens Ă  l’envi; baguette Ă©paisse et ronde, d’une martialitĂ© trop revendiquĂ©e, Thielemann n’est guère dans le style Ă©lĂ©gantissime qui a fait les meilleurs fait qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ© dans cet exercice. Pourtant le Musikverein est plus connu pour l’élĂ©gance de sa programmation et la finesse des auteurs programmĂ©s. On craint le pire pour la suite…

strauss josef portrait classiquenewsHeureusement, le chef respecte le code et l’esprit du rituel de l’an neuf Ă  Vienne avec la très belle valse qui suit, la première du programme : « Transactions Waltz » op. 184 de Josef StrauĂź: Josef est le premier cadet malheureux de Johann : mort en 1870 (Ă  43 ans) : l’ingĂ©nieur qui rejoint l’entreprise familiale et orchestral en 1850 (Ă  23 ans car son ainĂ© Johann est lui-mĂŞme Ă©puisĂ©) – mort Ă©reintĂ© en tournĂ©e en Pologne…  Or le gĂ©nie de Josef musicalement est aussi Ă©levĂ© que celui de Johann : on s’en aperçoit Ă  chaque session de ce concert du nouvel an. Josef serait mĂŞme souvent plus sombre et ambivalent, riche et profond que son ainé… De fait, Transactions Wazl s’affiche immĂ©diatement plus sombre, et grave au dĂ©but, pour mieux faire surgir le thème principal, dans le raffinement des timbres des bois, Ă©noncĂ© par les cordes et des flĂ»tes aĂ©riennes : la finesse s’invite enfin, enivrĂ©e dans cette sĂ©quence, qui s’avance Ă  pas feutrĂ©e en pleine magie… saluons l’intelligence des climats, le raffinement de l’orchestration, la caresse de la mĂ©lodie principale, dĂ©licate nostalgie grâce Ă  un Ă©quilibre très subtil entre cordes et les bois… avec la harpe, d’une ineffable nostalgie. Soulignons la profondeur et la sensibilitĂ© Ă©tonnante de Josef Strauss fauchĂ© trop tĂ´t, son aptitude spĂ©cifique pour le dĂ©veloppement symphonique, Ă  la fois dramatique et allusif, et aussi de façon gĂ©nĂ©ral, une rĂ©flexion sur le sens mĂŞme de la valse, entre dĂ©sir et mort. Josef nous paraĂ®t plus sombre encore que Johann II. Un maĂ®tre Ă  mieux connaĂ®tre et plus Ă©couter assurĂ©ment.

Thielemann nous rĂ©serve ensuite une surprise qui pourrait ĂŞtre rĂ©vĂ©lation : de Josef Hellmesberger (fils): Elfin Dance. ImmĂ©diatement saisissante, la finesse Ă©tincelante grâce aux nuances aiguĂ«s, vibrĂ©es, rondes du « xylophone »d’une partition inscrite dans les nuages. Hellmesberger fut professeur de violon au Conservatoire de Vienne et aussi fondateur avec son fils du Quatuor Hellmesberger (1849). Avouons que le compositeur ne manque pas d’inspiration ni de subtilitĂ©. ÉthĂ©rĂ© et aĂ©rien est cet elfe, un pur esprit – le style et l’écriture sont très sensuels (pizz des cordes, doublĂ©es par les flĂ»tes) – comme Mendelssohn dans Le Songe d’une nuit d’étĂ© (envol et boucle aĂ©rienne de Puck)? Thielemann est dans son Ă©lĂ©ment : ambassadeur d’une musique pleine d’élĂ©gance et de finesse, rĂ©solument et littĂ©ralement « lĂ©gère ».

Enfin voici le premier morceau du compositeur vedette : Johann STRAUSS II (fils): sur un rythme effrĂ©nĂ©, l’Express, polka schnell op. 311 est bien une Polka rapide – on regrette cependant la nervositĂ© un peu sèche ; un rien hystĂ©rique (lĂ  encore systĂ©matique et trop appuyĂ©e) de Thielemann qui dirige comme un prussien, vif, nerveux, droit. de toute Ă©vidence, et dans ce tableau prĂ©cis, il manque de souplesse comme de retenue.

Du même Strauss fils, « Pictures of the North Sea », waltz op. 390 / Images de la mer du nord développe écriture et texture orchestrales. L’épisode symphonique à l’essence poétique et chorégraphique débute dans le sombre … déroulant un premier tapis envoûté, quasi tragique, puis un souffle profond grave pour que surgisse enfin l’éblouissante mélodie (wagnérien dans sa houle et ses phrases continues : d’emblée Thielemann le wagnérien est à son affaire ici) : on admire le métier du chef, capable d’heureux équilibres sonores, la finesse des flûtes, le chant ciselé des clarinettes parfaitement détaillées, comme enivrées, caressantes…
Pourtant à l’inverse, et dans le même temps, regrettons quelques écarts de conduite dans la direction : des contrastes trop marqués, et appuyés : la frénésie du geste empoigne la valse avec une dureté prussienne propre au chef berlinois : il n’a pas la finesse de son aîné le regretté Nikolaus Harnoncourt (né en 1929 et décédé en 2016), spécialiste et passionné de valses viennoise qui dirigea le Wiener en de nombreuses occasions les Philharmoniker et le Concert du Nouvel An, à 2 reprises : 2001 et 2003. Ronflant, sec, Thielemann déçoit globalement, malgré les trouvailles sonores évoquées précédemment. Sa baguette manque de fluidité malgré le sujet aquatique de la valse choisie.

Autre frère, pas assez connu et mis dans l’ombre de Johann, leur ainé : Eduard Strauß: « Post-Haste », est une polka schnell op. 259, pour laquelle Thielemann cisèle la coupe et l’esprit de syncope (évocation de la course de la diligence) ; ici encore, on remarque les limites du chef car Thielemann détaille certes l’instrumentation mais manque de précision comme d’imagination: sa direction relève d’un système métrique, militaire dans cette cadence au galop, trépidant, trop mécanique…
STRAUSS eduard edouard classiquenews valses de viennes concert nouvel an vienne 2019 220px-EduardStrauss edouard syraussFotoUn petit mot sur Edouard, le dernier fils Strauss et l’héritier de la dynastie. Il est mort en 1916, en pleine guerre, trouve sa voie spécifique, comparée à celle de ses deux frères ainés, par une écriture plus frénétique, qui s’est spécialisé dans les polkas rapides / ainsi cette « Polka-schnell ». Rongé par le ressentiment contre ses frères, et pourtant héritier enviable de la dynastie familiale (et orchestrale), il dissout cependant en 1901, l’orchestre Strauss et, surtout, pendant trois journées (honteuses) d’octobre 1907, brûle nombre de papiers, manuscrits et forcément partitions de ses frères Strauss : destruction catastrophique d’un héritier insensé devenu fou. Nombre de documents et de partitions de Josef et de Johann seraient ainsi partis en fumée.  L’histoire de la famille Strauss relève d’un roman feuilleton, et l’on s’étonne malgré le succès populaire de leurs valses et mazurkas, qu’aucune série télévisée ne soit encore emparé de leur saga. A suivre…

Après la pause de la mi journée (le concert a commencé à 11h), reprise avec l’évocation du Johann compositeur d’opérettes : c’est Offenbach qui pourtant son rival en France, aurait exhorté le Viennois à composer des opérettes. Grand bien que cette proposition confraternelle et constructive. Ainsi l’ouverture du Baron Tzigane… la plus célèbre avec celle de La Chauve Souris, … ainsi le motif de la valse dépasse la seule occurrence épisodique, pour atteindre une évocation pleine de nostalgie … tzigane et purement symphonique (par le motif ourlé de la clarinette) ; dans cette pièce de caractère, à l’ambition dramatique manifeste, Thielemann soigne le panache sombre et grave, avec un très bel effet de texture caressant chaque motif, en particulier au hautbois, sinueux et pastoral. Là encore on peut regretter le geste un peu lourd du chef plus prussien que viennois.

Pourtant, se dĂ©tache ensuite finesse et lĂ©gèretĂ© dans « La Ballerine » opus 227 de Josef StrauĂź, polka française, et ses fin de phrases, suspendues en deux accents, dĂ©tachĂ©s, retenus… vĂ©ritable hymne Ă  la souplesse Ă©lastique. Avec La vie d’artiste opus 316, de Johann II, le ballet de l’OpĂ©ra de Vienne s’invite au concert : comme un rĂ©veil au matin, le premier couple du corps de ballet de l’OpĂ©ra (Wiener Staatsballet) s’ébranle sur la terrasse et dans les couloirs et circulations du bâtiment : l’élĂ©gance et la facĂ©tie (gestuelles des mains) des 5 couples en blanc et noir imposent une leçon de souplesse acrobatique, – un moment de raffinement collectif magnifiĂ© Ă©videmment pas la somptueuse musique, moins allusive que descriptive, dans la cadre des dĂ©cors et intĂ©rieurs de l’OpĂ©ra viennois. L’institution fĂŞte ses 150 ans en 2019, ayant Ă©tĂ© inaugurĂ© en 1869. Prestige revendiquĂ© et histoire cĂ©lĂ©brĂ©e au moment oĂą ce sont deux français qui dirigent la Maison, Dominique Meyer, intendant gĂ©nĂ©ral et l’ex danseur Ă©toile Ă  Paris, Manuel Legris, directeur de la danse. Johann Strauss redouble de tendresse feutrĂ©e dans cette page très raffinĂ©e qui est l’objet d’une rĂ©alisation tĂ©lĂ©visuelle audacieuse (plans inclinĂ©s de la camĂ©ra dont jouent les danseurs, très complices).

Puis, d’Eduard StrauĂź: « Opera SoirĂ©e » / Une soirĂ©e Ă  l’opĂ©ra est une polka française op. 162 (Ă  deux temps), polka assez lente, au rythme plus appuyĂ© que la polka mazurka qui est encore plus lente et ralentie avec des temps suspendus…  : Une soirĂ©e Ă  l’opĂ©ra semble mieux convenir Ă  la carrure prussienne de Thielemann – sans Ă©carter facĂ©tie ni dĂ©licatesse avec une palette de nuances (piccolo) très finement dĂ©taillĂ©es ; voici la sĂ©quence oĂą le chef dĂ©voile une direction plus nettement enjouĂ©e, pleine de sous entendue comme d’élĂ©gance.

De Johann STRAUSS II (fils): « Eva Waltz », la valse d’Eva extrait de l’opĂ©ra Le Chevalier Pazman se distingue en un dĂ©but magnifique (somptuositĂ© profonde et noble des cors, puis en dialogue avec les contrebasses – valse attĂ©nuĂ©e comme un rĂŞve, une rĂ©itĂ©ration onirique liĂ©e au personnage d’Eva dans l’opĂ©rette de Johann II. C’est Cendrillon rĂ©inventĂ©e, sa prĂ©sentation au bal… puis du mĂŞme opĂ©ra, Thielemann a sĂ©lectionnĂ© une nouvelle pièce de caractère, extrait du mĂŞme opĂ©ra : « Csárdás ». Comme celle de la sublime Chauve Souris, celle qui permet Ă  la comtesse hongroise de s’alanguir jusqu’à la pâmoison, et aussi Ă  la soprano requise, d’éblouir par sa virtuositĂ© profonde, voici une autre facette du gĂ©nie de Johann II, pleine de facĂ©tie heureuse, d’intelligence sauve et lumineuse, de grâce et de finesse. Le Concert tĂ©lĂ©visĂ© Ă©tant aussi une carte postale soulignant les trĂ©sors patrimoniaux autochtones, voici les danseurs du Ballet de l’OpĂ©ra de Vienne, soit dans un château de basse Autriche, un couple de touristes, parodique, dĂ©calĂ© qui s’ennuie puis s’éveille Ă  la pure danse, en rejoignant 3 autres couples de danseurs dans la galerie haute Renaissance. LĂ  encore reconnaissons que la rĂ©alisation comme l’alliance de Strauss et de la danse sont idĂ©alement complĂ©mentaire, dans un tableau qui s’achève en extĂ©rieur, sur une collection de rythmes et de folklores bien trempĂ©s, oĂą règne la noblesse du thème hongrois principal (la czardas est de style aristocratique), jouĂ© selon la tradition par les paysans pour les moissons ou les noces villageoises.

Johann fils règne en maĂ®tre absolu avec la Marche Ă©gyptienne op. 335 : festival de timbres et d’effets orientalisants et rutilants, parfaitement caractĂ©risĂ©s et utilisĂ©s Ă  bon escient : d’abord grosse caisse, clarinette mystĂ©rieuse, cordes voluptueuse : c’est une sĂ©quence entonnĂ©e comme une marche militaire, mais enchantĂ©e – panache onirique des trompettes et des cors, au souffle inouĂŻ, qui Ă©gale le meilleur Saint-SaĂ«ns, celui oriental de l’orgie / bacchanale dans Samson et Dalila. Thielemann est chez lui, dirigeant sans baguette avec une dĂ©contraction affichĂ©e, assumĂ©e ; lorsque les instrumentistes viennois entonnent en « la la la », le chĹ“ur du motif Ă©gyptien (qui rappelle aussi Verdi dans ses ballets d’Aida). Tout s’achève dans le lointain en second plan, superbe effet de spatialisation : festif et interactif, le tableau suscite l’enthousiasme de la salle, et la joie des musiciens, heureux d’avoir ainsi surpris l’audience internationale.

Enfin, après “la Valse entracte” de Joseph Hellmesberger fils: d’une dĂ©licatesse soyeuse et enivrante (les pizzicati dĂ©licats des violons), celle d’un rĂŞve Ă©veillĂ©, auquel Thielemann rĂ©serve son attention la plus nuancĂ©, ce sont deux pages parmi les plus raffinĂ©es des fils Strauss, Johann II, l’incontournable : « In Praise of Women », polka mazur op. 310 / Eloge des femmes : hymne fĂ©ministe qui tombe Ă  pic après nos hontes contemporaines (cf les mouvements #Metoo, et #balancetonporc) oĂą règnent flĂ»tes, piccolo, clarinettes et bassons : (finesse d’élocution, irrĂ©sistible Ă©lĂ©gance et souveraine retenue… en un Ă©quilibre impeccable cordes et cuivres)… et le rythme très lent, le plus lent, de la polka mazurka ; puis la musique des sphères opus 235 du cadet tout aussi gĂ©nial, Josef : grande valse, et la plus inspirĂ©e du compositeur, oĂą flĂ»tes / harpe se dĂ©tachent, signifiant lĂ  aussi une aube qui se lève… pourtant, le bas blesse : Ă  la dĂ©licatesse suggestive de la partition, nous regrettons l’enflure qui finit par ĂŞtre ennuyeuse, et mĂŞme agaçante du chef, … trop pompier, ignorant volontaire de toute lĂ©gèretĂ©. Quel dommage.
nouvel-an-2019-concert-vienne-new-year-s-concert-2019-vienna-philharmonia-christian-thielemann-concert-cd-critique-par-classiquenews-582-the_vienna_philharmonic_and_chri_55-1Enfin c’est le rituel de fin, pour tout concert du nouvel An qui se respecte. Après proclamer les vĹ“ux de l’Orchestre, chef et musiciens jouent d’un seul tenant et sans interruption – quand les prĂ©dĂ©cesseurs commençaient les premières mesures, puis prononçaient les vĹ“urs, enfin reprenaient Ă  son dĂ©but la partition : voici l’extase fluviale promise et tant attendue, emblème de l’art de vivre viennois : Le Beau Danube Bleu (Johann STRAUSS fils) : avouons que Thielemann sait Ă©carter toute Ă©paisseur et boursoufflure, instillant ce climat du rĂŞve qui fait briller les cors, recherche les effets de textures moins la transparence, d’oĂą ce sentiment d’opulence, de grain sensuel (les clarinettes) – sommet de naturel et de grâce – la partition d’abord chorale, finit ainsi sa course d’une Ă©loquence et sublime manière, comme chant lĂ©gitimement cĂ©lĂ©brĂ© de l’élĂ©gance viennoise Ă  l’international.

Oui certains nous rĂ©torquerons : pourquoi boudez ainsi son plaisir ? Le Beau Danube Bleu suffit Ă  rĂ©pondre et militer finalement en faveur de la baguette explicitement symphonique de Thielemann. Nous ne parlons pas sciemment de La marche de Radetsky de Johann Strauss le père : bonus pour amuser un public qui souhaite participer en claquant des mains, soulignant encore et encore la frĂ©nĂ©sie rythmique d’un tube plus que cĂ©lĂ©brĂ©. Daniel Barenboim avait bien raison de bouder cette sĂ©quence car la partition fut composĂ©e pour cĂ©lĂ©brer la victoire sur des manifestants et Ă©tudiants tuĂ©s outrageusement contre leur appel Ă  libertĂ©. Qu’on se le dise.

Carrure prussienne mais sensibilitĂ© instrumentale d’un gourmand gourmet, Christian Thielemann nous ravit quand mĂŞme, dans ce concert qui sans ĂŞtre mĂ©morable – ceux de Georges PrĂŞte, Nikolaus Harnoncourt, Gustavo Dudamel, Mariss Jansons (2016) l’ont Ă©tĂ© – , nous permet de marquer dans la lĂ©gèretĂ© moyenne, Ă  dĂ©faut d’exquise finesse, ce 1er jour de l’annĂ©e nouvelle 2019.

Retrouvez le cd et le dvd du CONCERT DU NOUVEL AN à VIENNE, 1er janvier 2019, sous la direction de Christian Thielemann, à paraître mi janvier chez Sony classical.

 

 

 

 

 

 

 

 

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COMPTE RENDU, concert. VIENNE, Musikverein. CONCERT DU NOUVEL AN, Wiener Philhamroniker / CHRISTIAN THIELEMANN (1er janvier 2019) : Valses, polkas, extraits d’opĂ©ras, ouverture de Johann STRAUSS II, Josef STRAUSS, Edouard STRAUSS, Josef Hellmesberger…

 

 

 

 

 

 

 

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 Nos autres comptes rendus et critiques des CONCERTS DU NOUVEL AN à VIENNE :

 

Concert, compte rendu critique. Vienne, Concert du Nouvel An 2016. En direct sur France 2. Vendredi 1er janvier 2016. Wiener Philharmoniker, Mariss Jansons, direction. Valses de Strauss johann I, II; Josef ; Eduard. Waldtaufel…

mariss-jansons_c_jpg_681x349_crop_upscale_q95Concert, compte rendu critique. Vienne, Concert du Nouvel An 2016. En direct sur France 2. Vendredi 1er janvier 2016. En direct de la Philharmonie viennoise, le Konzerthaus, le concert du nouvel An réalise un rêve cathodique et solidaire : succès planétaire depuis des décennies pour ce rendez vous diffusé en direct par toutes les chaînes nationales du monde et qui le temps des fêtes, rassemblent toutes les espérances du monde, en une très large diffusion pour le plus grand nombre (les places sont vendues à un prix exorbitant destiné aux fortunés de la planète) pour un temps meilleur riche en promesses de bonheur. Cette année c’est le chef Mariss Jansons, maestro letton (résident à Saint-Pétersbourg), autant lyrique que symphonique bien trempé qui dirige les divins instrumentistes viennois, ceux du plus subtil des orchestres mondiaux et qui pour l’événement célèbre l’insouciance par la finesse et l’élégance, celle des valses des Strauss, Johann père et fils bien sûr, ce dernier particulièrement à l’honneur, et aussi Joef et Eduard ses frères (tout aussi talentueux que leur ainé), Eduard dont 2016 marque le centenaire.

 

gustavo-dudamel-dirigiert vignette maestro classiquenews -erstmals-wiener-neujahrskonzertCompte-rendu critique, concert. VIENNE, Musikverein, dimanche 1er janvier 2017. Wiener Philharmoniker.  Gustavo Dudamel, direction. Depuis 1958, le concert du Nouvel An au Musikverein de Vienne est retransmis en direct par les télévisions du monde entier soit 50 millions de spectateurs ; voilà assurément à un moment important de célébration collective, le moment musical et symphonique le plus médiatisé au monde. En plus des talents déjà avérés des instrumentistes du Philharmonique de Vienne, c’est évidemment le nouvel invité, pilote de la séquence, Gustavo Dudamel, pas encore quadra, qui est sous le feu des projecteurs (et des critiques). A presque 36 ans, ce 1er janvier 2017, le jeune maestro vénézuélien a concocté un programme pour le moins original qui en plus de sa jeunesse – c’est le plus jeune chef invité à conduire l’orchestre dans son histoire médiatique, crée une rupture : moins de polkas et de valses tonitruantes, voire trépidantes, mais un choix qui place l’introspection et une certaine retenue intérieure au premier plan ; pas d’esbroufe, mais un contrôle optimal des nuances expressives, et aussi, regard au delà de l’orchestre, comme habité par une claire idée de la sonorité ciblée, une couleur très suggestive, mesurée, intérieure qui s’inscrit dans la réflexion et la nostalgie…? Voilà qui apporte une lecture personnelle et finalement passionnante de l’exercice 2017 : Gustavo Dudamel dont on met souvent en avant la fougue et le tempérament débridé, affirme ici, en complicité explicite avec les musiciens du Philharmonique de Vienne, une direction millimétrée, infiniment suggestive, d’une subtilité absolue, qui colore l’entrain et l’ivresse des valses, polkas et marches des Strauss et autres, par une nouvelle sensibilité introspective. De toute évidence, le maestro vénézuélien, enfant du Sistema, nous épate et convainc de bout en bout. Relevons quelques réussites emblématiques de sa maestrià viennoise. En lire PLUS

 

 

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Zubin Mehta / Concert du Nouvel An Ă  VIENNE 2015
L’hommage au génie de Josef Strauss
http://www.classiquenews.com/cd-concert-du-nouvel-an-a-vienne-2015-philharmonique-de-vienne-zubin-mehta-1-cd-sony-classical/

 

Daniel Barenboim / Concert du Nouvel An Ă  VIENNE 2014
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-vienne-konzerthaus-le-1er-janvier-2014-concert-du-nouvel-an-oeuvres-de-johann-strauss-i-et-ii-edouard-josef-et-richard-strauss-avec-les-danseurs-de-lopera-de-vienne-wiener-phil/

 

Franz Welser-Möst / Concert du Nouvel An à VIENNE 2013
http://www.classiquenews.com/neujahrskonzert-new-years-concert-concert-du-nouvel-an-vienne-2013franz-welser-mst-1-cd-sony-classical/

 

Mariss Jansons / Concert du Nouvel An Ă  VIENNE 2012
http://www.classiquenews.com/vienne-musikverein-le-1er-janvier-2012-concert-du-nouvel-an-wiener-philharmoniker-mariss-jansons-direction/

 

Georges PrĂŞtre / Concert du nouvel AN Ă  VIENNE 2010

 

PERLES SUR LA TOILE… Alexander MALOFEEV (FEYEV) dĂ©c 2018

malofeev malofeyev alexander piano jeune pianiste classique concerts annonce jeunes talentsSUR LA TOILE … Jeune pianiste Ă  suivre. Le russe Alexander Malofeev, que sa blondeur pourrait assimiler aux jeunes hĂ©ros de l’Europe du nord, saisit par sa gravitĂ© juste et pudique, malgrĂ© ses. 17 ans en dĂ©cembre 2018… Son jeu a la puissance et la carrure des grands russes, capables spĂ©cifiquement d’un dĂ©liĂ© serein et calme, pourtant intense et investi ; d’une clartĂ© naturelle et souple qui forcent l’admiration. La technique est somptueuse, lui permettant d’affirmer une belle gymnastique imaginative ; avec des phrasĂ©s intĂ©rieurs d’une sensibilitĂ© très juste, et une souplesse dans les passages les plus contrastĂ©s. Dans le Concerto n°3 de Rachmaninov, le jeune virtuose sait trouver l’équilibre entre vĂ©locitĂ©, intĂ©rioritĂ© et lyrisme Ă©chevelĂ© (Tchaikovsky concert hall du 30 dĂ©c 2018 – presque 70 000 vues en janvier 2019). Sans aucun doute, Alexander Malofeev est aujourd’hui “Le” jeune talent russe Ă  suivre, aux cĂ´tĂ©s de ses “aĂ®nĂ©s”, Daniil Trifonov (avec lequel il partage une mĂŞme passion pour les mondes fantastiques et enchantĂ©s de Rachmaninov…), Denis Matsuev… nos prĂ©fĂ©rĂ©s. Sans omettre le rĂ©cemment distinguĂ© Dmitri Masleev

Alexander MALOFEEV / FEYEV
le nouveau prodige russe du piano

Evidemment son jeune âge (17 ans), l’empêche encore de ciseler jusqu’aux moindres nuances de l’architecture d’une oeuvre à la fois colossale et intime dont les vertiges doivent éviter tout pathos et imprécisions. Il manque encore de profondeur et un rubato qui exprime le mystère, mais quelle sincérité, quelle candeur enchantée dans un jeu doué de qualités de sobriété, de finesse… A cet âge cela tient d’une intelligence rare. Sa personnalité retient l’attention. Invité comme le plus jeune pianiste à la Roque d’Anthéron en 2016 (14 ans), Alexander Malofeev (ou Malofeyev) a l’étoffe des plus grands car il sait cultiver une douceur ineffable, une pudeur que peut savent même aguerris, simplement énoncer. Pas de virtuosité déplacée mais l’expression d’une candeur marquée par une riche vie intérieure. C’est l’enseignement de ce concert Rachmaninov… La captation réalisée en Russie dévoile un authentique Jeune talent russe, à suivre désormais. Avec l’orchestre national des jeunes russe, dirigé par Dimitris Botinis.

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https://www.youtube.com/watch?v=SCHg9tup9NA

JEUNE TALENT Ă  suivre : Alexander Malofeyev

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S.Rachmaninoff. Piano Concerto No.3 in D minor, Op.30. – 42 mn
Soloist : Alexandеr Malofeev (17 y.o. /17 ans).
Russian National Youth Symphony Orchestra.
Conductor, direction : Dimitris Botinis.
Tchaikovsky Concert Hall.
30/12/2018

 

С.Đ’.Рахманинов. Концерт â„– 3 для фортепиано Ń ĐľŃ€ĐşĐµŃтром ре минор, Ńоч. 30.
СолиŃŃ‚ ĐлекŃандр Малофеев (17 лет).
Đ ĐľŃŃийŃкий национальный молодежный ŃимфоничеŃкий оркеŃтр.
Дирижер Đ”Đ¸ĐĽĐ¸Ń‚Ń€Đ¸Ń Đ‘ĐľŃ‚Đ¸Đ˝Đ¸Ń.
Концертный зал им.Đź.Đ.ЧайковŃкого.
30/12/2018

https://www.youtube.com/watch?v=SCHg9tup9NA

AUTRE VIDEO avec Alexander MALOFEEV : Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov (Myun-Whun Chung, RAI 2017)

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Le Viol de Lucrèce de BRITTEN

britten-titien-tiziano-lucrezia-concert-opera-critique-opera-annonce-opera-classiquenewsFrance 2, jeudi 17 janv 2019, 00h05. BRITTEN : LE VIOL DE LUCRECE. OpĂ©ra de chambre mais drame incandescent, Le Viol de Lucrèce, The Rape of Lucrecia, selon les tableaux saisissant du dernier Titien, est certes une partition chambriste mais dĂ©ploie une intensitĂ© dĂ©cuplĂ©e. L’ouvrage créé en 1946 rappelle combien Benjamin Britten a rĂ©ussi Ă  dĂ©velopper en Grande-Bretagne, un genre lyrique revitalisĂ© et efficace, alliant sobriĂ©tĂ© voire modestie du dispositif (1 chĹ“ur rĂ©duit Ă  deux voix : le choeur fĂ©minin et masculin, quelques solistes, un orchestre rĂ©duit) et passions humaines portĂ©es Ă  leur incandescence. D’après l’Histoire romaine, – en une vision morale (le chĹ“ur qui commente Ă  deux voix, dĂ©fend une conception chrĂ©tienne du mariage, soulignant l’obligation Ă  la fidelitĂ©), le fils du roi de Rome Tarquinius profite de l’absence de Collatin, gĂ©nĂ©ral vertueux, pour abuser de l’hospitalitĂ© de son Ă©pouse pour la violer : car Lucrèce Ă©tait la femme rĂ©putĂ©e la plus loyale. DĂ©truite, humiliĂ©e, Lucrèce ne sait pas si son mariage pourra durer après cette ignominie. Tarquinius Sextus le violeur retors provoqua ensuite la chute de la dynastie Ă©trusque Ă  cause de son esprit corrompu et dĂ©cadent. France 2 diffuse la production de l’opĂ©ra rĂ©alisĂ©e au Festival de Glyndebourne 2015.

Avant que ne soit proclamée la République de Rome, c’est la dynastie des Tarquins qui régnait. Le viol de Lucrèce par Tarquinius Sextus, fils du roi étrusque de Rome, qui la conduisit à se suicider provoqua un soulèvement qui contribua au renversement de la royauté.
Dans le livret, l’action est introduite et commentée par deux observateurs contemporains, un chœur féminin et un chœur masculin.

 

 

 

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BRITTEN : LE VIOL DE LUCRECElucrecia-lucrezia-titien-britten-opera-critique-concert-classiquenews
OpĂ©ra en deux actes
Livret de Ronald Duncan
D’après la pièce d’AndrĂ© Obey
CrĂ©ation : Glyndebourne, 12 juillet 1946

Direction musicale : Leo Hussain
London Philharmonic Orchestra
Mise en scène : Fiona Shaw
Décors : Michael Levine
Costumes : Nicky Gillibrand
Lumières : Paul Anderson
Distribution
Lucretia : Christine Rice
Male Chorus : Allan Clayton
Female Chorus : Kate Royal
Tarquinius : Duncan Rock
Collatinus : Matthew Rose
Bianca : Catherine Wyn-Rogers
Junius : Michael Sumuel
Lucia : Louise Alder
Enregistré en août 2015, au Festival de Glyndebourne.
DurĂ©e : 1h54mn – AnnĂ©e : 2015

Réalisation : François Roussillon

 

 

 

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Argument

Premier acte
Le Chœur masculin et le Chœur féminin nous racontent comment les anciens Étrusques se sont emparés de Rome et comment ils y règnent.
Dans un camp militaire à l’extérieur de la ville, les généraux Collatin, Junius et Tarquin relatent comment, la nuit précédente, ils sont retournés à Rome avec les autres généraux pour voir si leurs épouses étaient fidèles, et les ont toutes trouvées infidèles – à l’exception de Lucrèce, l’épouse de Collatin. Junius, cocu, est jaloux de la fidélité de Lucrèce ; il se moque de Tarquin, qui est célibataire, et se querelle avec lui. Junius insiste sur le fait que toutes les femmes sont des putains par nature, mais Tarquin, qui est ivre, affirme que ce n’est pas le cas de Lucrèce. « Je prouverai qu’elle est chaste », dit-il, et il part pour Rome.
Dans un interlude, le Chœur masculin décrit la chevauchée de Tarquin vers Rome.
Ce soir-là, dans la maison de Lucrèce à Rome, ses servantes Bianca et Lucia sont en train de filer. En travaillant, elles parlent des hommes et de l’amour.
On frappe violemment à la porte d’entrée. Tarquin entre et demande à Lucrèce de lui donner du vin et de l’héberger. Elle lui donne une chambre pour la nuit.

Deuxième acte
Le Chœur masculin et le Chœur féminin décrivent la domination de Rome par les Étrusques.
Tarquin se glisse dans la chambre de Lucrèce. Il l’embrasse et elle, rêvant de Collatin, l’attire plus près de lui. Mais elle s’éveille, se rend compte que l’homme à ses côtés est Tarquin, et ils luttent. Tarquin fait céder Lucrèce.
Dans un interlude, le Chœur masculin et le Chœur féminin interprètent les événements de la nuit de leur point de vue de chrétiens pieux.
Le lendemain matin, Lucia et Bianca arrangent des fleurs. Lucrèce entre et demande à Lucia d’aller chercher Collatin, mais Bianca tente d’arrêter le messager. Collatin arrive avec Junius. Lucrèce raconte à Collatin ce qui s’est passé. Il soutient que les événements ne changeront rien à leur mariage, mais Lucrèce sait que ce ne sera pas le cas.
Dans un épilogue, le Chœur féminin se demande s’il y a une signification à ces événements tragiques. Le Chœur masculin affirme que Jésus-Christ apporte la rédemption. Mais la question reste : « Est-ce tout ? »

 

 

 

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BERLIOZ 2019 : actualitĂ©s et infos des Ă©vĂ©nements BERLIOZ en 2019 (cd, spectacles…)

berlioz-ODYSSEY-box-set-10-CD-critique-cd-review-cd-CLIC-de-CLASSIQUENEWS-2019-dossier-BERLIOZ-150-ans-classiquenewsBERLIOZ 2019 : coffrets cd, spectacles…L’annĂ©e BERLIOZ 2019, – cĂ©lĂ©brant le 150è anniversaire de la mort du grand Hector (dĂ©cĂ©dĂ© en mars 1869 Ă  66 ans), le plus « classique » des Romantiques français, plusieurs Ă©diteurs annoncent leurs coffrets discographiques qui sont dĂ©jĂ  des Ă©vĂ©nements en soit, grâce entre autres Ă  la qualitĂ© de l’édition et au contenu, souvent des enregistrements de grande valeur. Le premier Ă©diteur sur les rangs est le LSO LONDON SYMPHONY ORCHESTRA, pilotĂ© par Sir Colin Davis, premier berliozien en Europe, et qui laisse plusieurs pages symphoniques inoubliables, comme des lectures de Faust, RomĂ©o et Juliette ou BĂ©atrice de première qualitĂ© (mĂŞme si les chanteurs ne sont pas français,… mais subtilement francophiles). Le coffret LSO est paru dès ce mois de novembre 2018 : LIRE ici notre critique et prĂ©sentation de cette somme incontournable (coffret LSO ” BERLIOZ Odyssey “).

CD coffret FANTASTIQUE BERLIOZ WARNER coffret Berlioz 2019 critique presentation cd par classiquenewsWarner classics annonce aussi un remarquable cycle, proposant l’intégrale des œuvres de Berlioz : là encore des versions de référence s’agissant des chefs, des orchestres, des chanteurs (entre autres, fleurons réédités du coffret : la Fantastique et Lélio par Jean Martinon (et Nicolai Gedda), Harold en Italie par Bernstein, Roméo et Juliette par Muti et Jessye Norman ; Les Nuits d’été par Janet Baker et Sir J Barbirolli ; La Damnation par Nagano (Moser, Graham, van Dam), Béatrice par John Nelson (Kunde, Ciofi, DiDonato…) ; le même chef pour Les Troyens (Spyre, DiDonato,…), sans omettre toutes les cantates pour le prix de Rome et les mélodies (dont la Mort d’Ophéie par Sabine Devielhe, comme des pièces pour orgue… inédites, et bien sûr La Messe solennelle découverte et enregistrée par Gardiner, et les fragments de La nonne sanglante (1841/1847), là encore un joyau inconnu enfin révélé… Parution en janvier 2019 (Coffret de 27 cd). Le must de l’année 2019 en France. A suivre : prochaine critique complète du coffret BERLIOZ 2019 ( « FANTASTIQUE BERLIOZ ! » ) chez Warner dans le mag cd dvd livres de classiquenews

AGENDA

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Côté productions berliozienne pour les 150 ans, ne tardez pas pour réservez les spectacles suivants :

Paris, Opéra Bastille
Les Troyens, 28 janv – 12 fev 2019. Nouvelle production

Heureusement à notre avis, l’Opéra Bastille choisit deux excellentes donc prometteuses interprètes : Stéphanie d’Oustrac en Cassandre ; Ekaterina Semenchuk en Didon. Chacune a son aimé, Chorèbe, mâle martial habité par la grâce et la tendresse (Stéphane Degout) ; Didon aime sans retour Enée (Bryan Hymel).
Cette nouvelle mise en scène attendue certes, devrait décevoir à cause du metteur en scène choisi Dmitri Tcherniakov dont l’imaginaire souvent torturé et très confus devrait obscurcir la lisibilité du drame, cherchant souvent une grille complexe, là où la psychologie et les situations sont assez claires. Son Don Giovanni dont il faisait un thriller familial assez déroutant ; sa Carmen plus récente, qui connaissait une fin réécrite… ont quand même déconcerté. De sorte que l’on voit davantage les ficelles (grosses) de la mise en scène, plutôt que l’on écoute la beauté de la musique. Le contresens est envisageable. A suivre…

http://www.classiquenews.com/paris-berlioz-2019-nouveaux-troyens-a-bastille/

APPROFONDIR

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LIRE aussi notre grand dossier BERLIOZ 2019 : ses voyages, ses épouses et muses, le romantisme de Berlioz, l’orchestre et les instruments de Berlioz…

Dossier spécial HECTOR BERLIOZ 2019

DVD, critique. BERLIOZ : BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dict. Pelly / Manacorda (Glyndebourne, 2016 – 1 dvd Opus Arte).

Berlioz-Beatrice-et-Benedict-Glyndebourne-DVD opus arte critique dvd dvd review doustrac sly manacorda-362x512DVD, critique. BERLIOZ : BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dict. D’Oustrac, Appleby… Pelly / Manacorda (Glyndebourne, 2016 – 1 dvd Opus Arte). EnregistrĂ© Ă  Glyndebourne Ă  l’étĂ© 2016, voici une nouvelle production de l’opĂ©ra le plus malaimĂ© de Berlioz, objet d’une incomprĂ©hension persistante, BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dict, rĂ©alisĂ© par une Ă©quipe britannique dont on sait les affinitĂ©s Ă©videntes avec le Romantique Français. Le spectacle de Glyndebourne est alors produit pour le tricentenaire de la mort de Shakespeare (Ă©videmen t l’opĂ©ra s’inspire de sa comĂ©die, heureux marivaudage, « Beaucoup de bruit pour rien »). La partition, contemporaine de son travail colossal sur Les troyens, concentre les dernières Ă©volutions du style ; de fait, BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dict est son ultime opĂ©ra.
Deux Français s’imposent ici : Stéphanie d’Oustrac en Béatrice et Laurent Pelly pour la mise en scène. On évite le côté comique déluré, pour s’attacher au caractère onirique et psychologique du drame berliozien ; pour se faire les dialogues ont été réécrits et modernisés : en somme, une lecture shakespearienne de l’opéra, qui ailleurs manque de finesse et de profondeur. Rien de tel ici, tant les anglais se montrent d’excellents connaisseurs de la lyre d’Hector, cultivant la cohérence de l’action dans l’enchainement des scènes et des situations. Ce premier DVD de Beatrice et Bénédicte labellisé Glyndebourne est indiscutablement une réussite. Pelly a troqué la soleil de Sicile (l’action se passe en Italie méridionale), contre un paysage plus brumeux et opaque, celle de la guerre des années 1940, une période que le metteur en scène semble décidément affectionner. Dans une société permissive, qui tend à étiqueter chaque individu et le mettre en boîte (au sens littéral du terme) pour mieux l’asservir, les deux amants qui s’ignorent, observent cette neutralité blafarde, collective jusqu’au moment où ils ne peuvent plus se cacher l’un à l’autre.

Un marivaudage shakespearien
servi par le très convaincant duo D’Oustrac / Appleby

Béatrice fière et sensible, vocalement impériale, Stéphanie d’Oustrac fait merveille, car elle est diseuse et excellente actrice : en elle prennent vie bien des facettes d’un amour qui s’égare, se ment à lui-même puis se libère enfin. Le Bénédict du ténor américain Paul Appleby assure sa partie avec tempérament lui aussi, jusqu’à son léger accent dans un français qui semble toujours émaillé de facétie. Mésentente, jalousie, soupçons, puis retrouvailles et pardon, réconciliation enfin après moult accrocs : les deux cœurs trouvent le chemin de la juste humanité.
Autour d’eux, les seconds rĂ´les, peu Ă  leur aise, ou n’ayant pas travaillĂ© leur rĂ´le… n’atteignent pas une telle Ă©vidence, parfois surjouent ou chantent droit ; le duo HĂ©ro / Ursule si fameux et Ă  juste titre, est terne, Ă  peine Ă©clairĂ© par une once maigre de sentiment… ; il est vrai que la direction d’Antonello Manacorda reste pauvre en nuances et en imagination. C’est que, comme chez Rossini, la comĂ©die de Berlioz, exige une finesse voire une subtilitĂ© constante. Les Choeurs sont excellents. Comme le Don Pedro de FrĂ©dĂ©ric Caton Ă  l’allure gaullienne. Encore une rĂ©fĂ©rence au paris de l’Occupation…Globalement une belle rĂ©ussite qui mĂ©rite d’être connue, d’autant plus recommandable pour les 150 ans de la mort de Berlioz en mars 2019, car l’ouvrage est très peu jouĂ© et encore moins enregistrĂ©.

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DVD, critique. BERLIOZ : BĂ©atrice et BĂ©nĂ©dict. Pelly / Manacorda (Glyndebourne, 2016 – 1 dvd Opus Arte).

Hector Berlioz (1803-1869) : Béatrice et Bénédict, opéra-comique en deux actes sur un livret du compositeur. Mise en scène et costumes : Laurent Pelly. Lumières : Duane Schuller. Avec : Stéphanie d’Oustrac, Béatrice ; Paul Appleby, Bénédict ; Sophie Karthäuser, Héro ; Philippe Sly, Claudio ; Katarina Bradić, Ursule ; Frédéric Caton, don Pedro ; Lionel Lhote, Somarone. Chœur de Glyndebourne, London Philharmonic Orchestra / Antonello Manacorda, direction. Enregistré à Glyndebourne en août 2016. Livret en anglais, français et allemand. Durée: 1h58 + bonus (11 min). 1 DVD Opus Arte.

CONCERT DU NOUVEL AN A VIENNE 2019

concert nouvel an vienne 1er janvier 2018 la critique du concert sur classiquenewsFRANCE 2, Mardi 1er janvier 2019, 11h. CONCERT DU NOUVEL AN. C’est désormais le rituel de chaque nouveau passage au nouvel an : les valses de Johann Strauss père et fils : une dose irrésistible de raffinement et d’élégance (viennoise) pour souligner (et fêter) le passage à la nouvelle année. Que nous réservera 2019 ? Augurons à tout le moins, de nouvelles offres accessibles pour la transition écologique, une justice fiscale enfin réalisée, moins d’arrogance de nos politiques et de nos élus sensés nous représenter, une façon nouvelle, collective et pacifiste de manifester… et un pouvoir plus humain, proche, réactif. Evidemment à l’époque des Strauss père et fils, dans ce tte Vienne fin de siècle, les événements historiques et les évolutions sociétales avaient peu de chose en commun avec notre actualité, celle des gilets jaunes et du Jupiter élyséen… Gageons que 2019 améliore la vie de chacun. Avec toujours, l’émotion musicale en partage et en intensité.
strauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888Cette année pour le 1er janvier 2019, le chef autrichien Christian Thielemann grand wagnérien et straussien de grande classe (autrichienne) assure le pilotage du concert philharmonique le plus médiatisé de l’année. LIRE aussi notre critique LIVRE la dynastie STRAUSS père & fils (Actes Sud)

 
 
 
 
 
 

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FRANCE 2, Mardi 1er janvier 2019, 11hfrance2-logo
Vienna Philharmonic / Christian Thielemann, direction
2019 New Year’s Concert
VISITER le site du Philharmonique de Vienne / Christian Thielemann
http://www.wienerphilharmoniker.at/concerts/concert-detail/event-id/%209913

Diffusion en direct sur France Musique 

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Programme annoncé :

 
 
 

Carl Michael Ziehrer: Schönfeld March op. 422*

Josef StrauĂź: Transactions Waltz op. 184

Josef Hellmesberger (ii): Elfin Dance

Johann StrauĂź the Younger: Express, polka schnell op. 311**

Pictures of the North Sea, waltz op. 390

Eduard StrauĂź: Post-Haste, polka schnell op. 259

 
 
 

pause

 
 
 

Johann StrauĂź the Younger: Overture to the operetta The Gypsy Baron

Josef StrauĂź: The Ballerina op. 227**

Johann Strauß the Younger: Artists’ Life, waltz op. 316

The Bayadère, polka schnell op. 351

Eduard Strauß: Opera Soirée, polka française op. 162**

Johann Strauß the Younger: Eva Waltz from the opera Knight Pázmán**

Csárdás from the opera Knight Pázmán

Egyptian March op. 335

Joseph Hellmesberger (ii): Entr’acte Waltz**

Johann StrauĂź the Younger: In Praise of Women, polka mazur op. 310

Josef StrauĂź: Music of the Spheres, waltz op. 235

 
 
 
 
 
 

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Not previously performed at a New Year’s Concert
jamais joué dans le cadre du Concert du Nouvel An

** Not previously performed by the Vienna Philharmonic
Jamais joué par le Philharmonique de Vienne

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Cd, critique. BOCCHERINI : 5 Sonate pour violoncelle / Bruno Cocset / Les Basses Réunies (1 cd Alpha, Vannes 2017)

boccherini-basses-renuies-vol-2-bruno-cocset-clic-de-classiquenews-cd-critique-review-cdCd, critique. BOCCHERINI : 5 Sonates pour violoncelle / Bruno Cocset / Les Basses RĂ©unies (1 cd Alpha, Vannes 2017). VIOLONCELLE INTIMISTE… Il est tout Ă  fait logique et naturel que le violoncelliste Bruno Cocset s’intĂ©resse Ă  un gĂ©nie de l’instrument, lui-mĂŞme violoncelliste virtuose et compositeur idĂ©al pour la musique de chambre et donc de son instrument : Luigi Boccherini. La volontĂ© d’expressivitĂ© comme d’intĂ©rioritĂ© et d’élĂ©gance, affirme une Ă©criture qui ne manquant jamais de caractère voire d’humour et mĂŞme d’autodĂ©rision parodique, se rapproche de l’excellence d’un Joseph Haydn, – l’aĂ®nĂ© de Boccherini de 11 ans. D’ailleurs les deux compositeurs qui firent tant pour la musique instrumentale (- sans cependant Ă©galer la tendresse Ă©blouissante d’un Mozart), Ă©changèrent une riche correspondance dans les annĂ©es 1780, Ă  redĂ©couvrir.
Le programme du cd regroupe une collection de 5 Sonates pour violoncelle, diversement accompagnées (en trio avec pianoforte / ou clavecin, et violoncelle II), ou en duo (avec un second violoncelle / ou un pianoforte)… tout cela relève d’une période riche et féconde, où derrière la virtuosité évidente, dans l’écriture du violoncelle solo, s’affirme aussi la claire volonté d’innover, de faire évoluer le genre chambriste, comme les ressources expressives de l’instrument vedette.
L’intĂ©rĂŞt du recueil vient de ce jeu dialoguĂ©, très fouillĂ© et ciselĂ©, maĂ®tre des nuances qui s’établit immĂ©diatement entre le violoncelle soliste et la partie du continuo, calibrĂ©e et articulĂ©e avec soin, en une conversation oĂą chaque partie dĂ©fend une Ă©galitĂ© d’intonation comme d’expressivitĂ©. L’expĂ©rience de Boccherini lui-mĂŞme dans le jeu collectif et filigranĂ©, quand il jouait Ă  Milan, avec les violonistes Manfredi et Nardini; l’altiste Cambini : une formation lĂ©gendaire qui en dit long sur le niveau des instrumentistes, justifie le partie du cd. De ce mĂ©tier d’oĂą dĂ©coule probablement une Ă©coute idĂ©ale, – encore renouvelĂ©e quand Boccherini joue avec le mĂŞme Manfredi Ă  Paris (1767-1768, au Concert Spirituel), se prĂ©cise une sensibilitĂ© unique pour l’association des parties, pour les timbres associĂ©s aussi dont tĂ©moigne le choix de Bruno Cocset : le violoncelliste Ă©tabli Ă  Vannes Ă  prĂ©sent, fondateur du VEMI / Vannes Early Music Institute, propose de savants et irrĂ©sistibles meslanges : appareillant son violoncelle enchanteur (restitution du « Bel canto » de Boccherini, par Charles RichĂ©, 2004), aux timbres spĂ©cifiques du pianoforte (avec marteaux en bois, percussifs, percutants / et en cuir doublé…), du clavecin ou d’un second violoncelle… Une quĂŞte esthĂ©tique et sonore qui fait vibrer diffĂ©remment le violoncelle selon son environnement instrumental. L’option est jubilatoire en ce qu’elle invite Ă  l’imagination et Ă  la redĂ©couverte mĂŞme d’un format sonore, d’une nouvelle proximitĂ© physique avec l’instrument – dispositif et rĂ©alisation encore « magnifiĂ©s » par le choix de la prise de son. On dĂ©guste donc la vitalitĂ© contrastĂ©e de ces 5 Sonates, prolongement d’un premier cd, dĂ©jĂ  dĂ©diĂ© au compositeur nĂ© Ă  Lucca (Italie, 1743) et mort en terres ibĂ©riques (Madrid, 1805).

 
 
 

Boccherini : maître du chant instrumental

 
 
 

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Prenons l’exemple des deux derniers ouvrages, les plus tardifs (Sonate G 12 et G 13) : la G13 Ă©blouit par un chambrisme tĂ©nu, allusif, comme une Ă©pure ciselĂ©e ; rien de tapageur dans l’écriture de Boccherini plutĂ´t la recherche d’un chant certes dĂ©liĂ©, articulĂ©, mais Ă©tonnamment pudique et porteur dune grande vie intĂ©rieure : en un duo dĂ©pouillĂ© et pourtant très dense sur le plan sonore, l’ Allegro met en lumière cette voix souple et prĂ©cise du violoncelle si proche de la parole, en une Ă©lĂ©gance encore plus introspective que celle de Haydn Ă  Vienne. Bruno Cocset exploite toutes les qualitĂ©s de son instrument royal, Ă  la sonoritĂ© particulièrement chaleureuse et aussi très fine, riche en vibrations harmoniques avec les instruments partenaires (douce langueur, divin abandon du Largo central).
Son agilité habitée pas seulement technicienne, capable de chants et contrechants, magnifiquement énoncés, sait associer éloquence et vivacité en un jeu toujours très volontaire et nuancé, entre volubilité  et virtuosité.

Puis la G12, apporte une couleur sonore plus riche encore ; Ă©videmment le trio composĂ© ici, du violoncelle 2 et du piano, partenaires du violoncelle soliste, sonne plus sĂ©ducteur que le duo G13. L’Allegro moderato est aimable et virtuose, il contraste avec la sombre et noble profondeur du Grave central, moment suspendu. Le Minuetto conclusif ne manque pas de caractères ni de nuances que les interprètes font surgir avec une belle subtilitĂ© expressive, sachant accorder Ă  chaque section, le sentiment  et l’intensitĂ© qui sont en jeu.

CLIC D'OR macaron 200De façon générale, on admire ici autant la prouesse technicienne du violoncelliste vedette, que l’originalité et la sensibilité de sa proposition interprétative, qui rétablit cette élégance défricheuse et expérimentale d’un Boccherini, égal en invention et nuances à Haydn et Mozart. On est déjà impatient d’écouter le prochain opus que Bruno Cocset, lui aussi, curieux autant qu’orfèvre, voudra bien consacrer à d’autres oeuvres du génial Boccherini. Ce cycle Boccherini est désormais le plus passionnant à suivre, parmi ceux récemment réalisés.

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BOCCHERINI. Sonate per il violoncello, Vol. 2 (G 1, 2, 5, 12 et 13) – Les Basses RĂ©unis, Bruno Cocset (1 cd Alpha / enregistrement rĂ©alisĂ© Ă  Vannes, 2017)

BRUNO COCSET, CELLO
EMMANUEL JACQUES, CELLO CONTINUO
MAUDE GRATTON, PIANOFORTE
BERTRAND CUILLER, CLAVECIN

 
 
 

 
 
 

DVD, critique. BERNSTEIN : Wonderful Town / opéra de Toulon, janv 2018 (1 dvd Bel Air classiques)

bernstein-wonderfull-town-opera-toulon-critiqueopera-critique-opera-classiquenews-dvd-opera-janvier-2018DVD, critique. BERNSTEIN : Wonderful Town / opĂ©ra de Toulon, janv 2018 (1 dvd Bel Air classiques)… Toulon nous la joue sur un air de Broadway, affichant avec rĂ©ussite des affinitĂ©s maĂ®trisĂ©es avec l’esprit lĂ©ger, sĂ©duisant, irrĂ©vĂ©rencieux et souvent critique de Bernstein, nouveau gĂ©nie du musical amĂ©ricain, en particlier new yorkais. Pour preuve, après Folies et Sweeney Todd de Stephen Sondheim, cette crĂ©ation française de Wonderful Town (1953), belle offrande hexagonale Ă  l’annĂ©e du centenaire Bernstein 2018. L’opĂ©ra devance de 4 ans le sommet West Side Story, et dĂ©jĂ  dĂ©livre une superbe dĂ©claration amoureuse pour New York. La critique sociale poind en maints endroits, laissant se dĂ©ployer le regard Ă  la fois tendre mais aussi mordant du compositeur face Ă  une ville qui gâche bon nombre de talents sans leur rĂ©server un emploi adaptĂ©.
La grande pomme / «  Big apple », paraît donc à la fois idéalisée et aussi très décapée, sujet d’une sérieuse parodie… dans ce style de fausse badinerie mais de vraie dénonciation dont Bernstein, engagé et poète, a toujours eu le secret.
Le parti visuel de cette production toulonnaise s’inscrit davantage dans les 70’s que l’esprit incisif et glamour des années 1950. Plus Village People que Mad Men.

 

 

 

Wonderfull Town réussit sa création française
Broadway Ă  Toulon

 

 

 

Duo épatant, à la fois naïf et plein d’espoir, les deux soeurs Sherwood, venues chercher fortune et carrière : Jasmine Roy (Ruth l’écrivaine, beauté brune plus introvertie mais moins superficielle) et Rafaëlle Cohen (Eileen la chanteuse blonde, sirène irrésistible), cette dernière fragile de silhouette; flûtée de voix, cédant aussi à la nostalgie de leur Ohio natal.

Séducteur, très présent et naturel, lui aussi, Maxime de Toledo (Robert Baker) a une stature dramatique indéniable qui rappelle combien ici le chant n’est rien sans les talents d’acteurs et de… danseurs. Il faut savoir bouger son corps dans toute comédie de Bernstein,… Broadway oblige. Ce que nous rappelle la majorité de la distribution réunie ici, en grande partie anglo saxonne. Et comme stimulée, excitée par la chorégraphie engageante et très bien réglée des 12 danseurs aux mouvements dessinés par le talentueux Johan Nus. Voilà qui rehausse le naturel des passages entres chaque séquence, intimiste, collective, du parlé au chanté, de la joie pure à l’esprit satirique (où Trump n’est pas épargné, sa casquette vissée sur le crâne…).

CLIC D'OR macaron 200L’Orchestre maison sait faire crépiter le swing dansant des instruments, en particulier les cuivres, très exposés et souvent entraînants. Enlevée, nerveuse, jamais épaisse ou ronflante, la direction de Larry Banks, familier de Broadway, conforte amplement l’enthousiasme suscité par le spectacle qui a donc relevé haut la main, le défi de la création française de cet opéra complet, onirique, déjanté, profond. Au final, 3 ans avant West Side Story, plus sombre et tragique, c’est tout Bernstein, protéiforme et poète qui se dévoile ici. Magistral.

 

 

 

 

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DVD, critique. BERNSTEIN : Wonderful Town / opéra de Toulon, janv 2018, 1 dvd Bel Air classiques). Leonard Bernstein (1918-1990) : Wonderful Town, comédie musicale en deux actes sur un livret de Joseph Fields et Jerome Chodorov ; lyrics de Betty Comden et Adolphe Green, d’après la pièce de Joseph Fields et Jerome Chodorov et des nouvelles de Ruth McKenney. Avec : Jasmine Roy, Ruth Sherwood ; Rafaëlle Cohen, Eileen Sherwood ; Dalia Constantin, Helen ; Lauren Van Kempen, Violet ; Alyssa Landry, Mrs Wade ; Maxime de Toledo, Robert Baker ; Franck Lopez, Lonigan ; Jacques Verzier, Appopolous/Premier éditeur ; Scott Emerson/Speedy Valenti / Guide / Deuxième éditeur / Shore Patrolman ; Sinan Bertrand, Franck Lippencott/Fletcher ; Julien Salvia, Chick Clark ; Jean-Yves Lange, un Client/un Policier ; Daniel Siccardi, Antoine Abello, Jean Delobel, Patrick Sabatier, quatre Policiers ; Grégory Garell, un Homme. Chœur et Orchestre de l’Opéra de Toulon, direction : Larry Blank / Mise en scène : Olivier Bénézech. Chorégraphie : Johan Nus.

VENISE, cité de la musique sur ARTE

arte_logo_2013ARTE. Mer 28 nov 2018, 22:30. Ce soir, pleins feux sur la Venise musicale, celle libérée, parfois lincencieuse du plein XVIIIè. En liaison avec le sujet de l’exposition au Grand Palais, « Venise l’insolente », c’est à dire la capitale des plaisirs encensée par Casanova et depuis quelques années, Philippe Sollers, le documentaire présenté par Arte se concentre sur les éléments et caractères qui ont forgé le mythe de Venise au XVIIIè. Carnaval, libertinage… la sereine République vit au XVIIIè son déclin économique (surtout commercial et méditerranéen, depuis le milieu du XVIIè), mais connaît un essor remarquable des arts. Le terreau est riche et familier car déjà au XVIIè, Venise a inventé les délices de la musique instrumentale, et surtout l’opéra public (dès 1637), offrant aux compositeurs les plus doués, un écrin désigné : Monteverdi puis Cavalli. Au XVIIIè, dans son premier tiers, officie et triomphe Vivaldi (presque 500 concertos et pas moins de 45 opéras), virtuose du violon (les Quatre Saisons), maître de choeur à l’Ospedale della Pietà, bientôt détrôné par les Napolitains, partout favoris dans les cours européennes. Porpora et Hasse y fixent cet engouement des styles venus de Naples : désormais l’opéra ne sera plus vénitien vivaldien mais napolitains.

 

 

VENISE EBLOUISSANTE : le XVIIIè retrouvé

 

 

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A l’époque des castrats, – fleurons des opĂ©ras du jeune Haendel, alors en formation en Italie, se dĂ©veloppe toujours l’activitĂ© des orphelines musiciennes des Ospedale de Venise, institutions charitables oĂą instrumentistes et chanteuses se produisent derrière des grilles de pudeur, suscitant chez les auditeurs, dont Jean-Jacques Rousseau, des vertiges et fantasmes dĂ©lirants, objets de spasmes extatiques demeurĂ©s cĂ©lèbres. La passion des voix divines se focalise surtout sur le cas de Carlo Broschi dit Farinelli, sopraniste lĂ©gendaire qui enchante ensuite Ă  Madrid les nuits d’insomnies du roi Philippe V ; et sur la diva Faustina Bordoni, soprano vedette qu’a peint la portraitiste pastelliste, Rosalba Carriera. Au XVIIIè, Venise incarne un âge d’or de la civilisation, oĂą ce sont les musiciens et compositeurs qui fascinent, moins les peintres (Ă  la diffĂ©rence du XVIIè). Pourtant l’intĂ©rĂŞt de l’exposition parisienne est de dĂ©voiler l’essor des peintres tels Piazzetta aux cĂ´tĂ©s des plus illustres vedutistes, Guardi et Canaletto… Documentaires Ă©vĂ©nement.

 

 

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ARTE, Venise, la cité de la musique (XVIIIè). Merc 28 nov 2018, 22h30. Autour de l’exposition présentée à Paris au Grand Palais : «  Venise l’insolente ». LIRE aussi notre présentation de l’exposition VENISE L’INSOLENTE

 

 

CD critique. ABBADO REDISCOVERED. SCHUBERT : Symphonies n°5 et n°8. Wiener Philharmoniker. Vienne, 1971 (1 cd DG Deutsche Grammophon).

ABBADO claudio rediscovered schubert 5 et 8 symphonies par classiquenews cd review critique cd classiquenewsCD critique. ABBADO REDISCOVERED. SCHUBERT : Symphonies n°5 et n°8. Wiener Philharmoniker. Vienne, 1971 (1 cd DG Deutsche Grammophon). Voici un live de 1971 enregistré sur le vif par Claudio Abbado, révélant le génie symphonique du jeune SCHUBERT, beethovénien et surtout mozartien dans l’âme… Ce sont moins les deux mouvements de la Symphonie n°8 inachevée, grandiose, sombre et parfois emplombée mais avec une séduction incroyable, que la sublime symphonie n°5 à laquelle Abbado en 1971 à Vienne, restitue son incroyable élégance mozartienne, ce dès le premier mouvement « Allegro », où rayonnent la tendresse, la grâce, une vitalité presque pastorale qui contraste évidemment avec la sidération lugubre de la 8è, en son diptyque en si mineur inabouti.
VoilĂ  qui Ă©claire la participation de Franz – ailleurs relĂ©guĂ© aux seuls lieder et Ă  la musique pour piano et pour quatuor, au genre ambitieux par excellence, l’orchestre. D’après les sources, Schubert composa ses opus symphoniques dès 15 ans, l’adolescent occupant la fonction de premier violon au sein de l’orchestre universitaire du Stadtkonvikt de Vienne, livrant ses propres opus pour enrichir le rĂ©pertoire du collectif. Cette 5è Ă©blouit par ses accents par le prolongement qu’il sait apporter Ă  Mozart (amour fraternel du 2è mouvement Andante con moto, dans l’esprit de la FlĂ»te enchantĂ©e) et Ă  Haydn, jalon dĂ©sormais majeur de cette Ă©lĂ©gance viennoise qui mène vers Schumann. C’est dire combien cette lecture abbadienne est avec le temps et le recul, vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation, par sa justesse artistique et le focus qui rĂ©vèle en pleine lumière, un opus symphonique essentiel pour le romantisme germanique.
CLIC_macaron_20dec13Le chef d’oeuvre de 1816, tient du génie mozartien (sans les clarinettes cependant), et dans un effectif caressant, à la sonorité fraternelle (sans timbales ni trompettes). La transparence sonore, et la grande élasticité de la palette instrumentale, parfaitement détaillée, comme le sens de l’architecture globale attestent de la maîtrise incroyable de Claudio Abbado, en pleine complicité avec les musiciens des Wiener Philharmoniker.
L’élégance expressive du Menuetto, à la fois vif et souple convainc tout autant. Sa parenté avec la Symphonie en sol de Mozart saisit là encore : Mozart / Schubert, qui aurait cru à leur filiation ? C’est pourtant ce que nous apprend un Abaddo inspiré, d’un humanisme direct, franc, d’une absolue douceur profonde. Ce Schubert sonne comme un Mozart romantisé. Et si la 5è de Schubert était tout bonnement la 42è symphonie de Wolfgang ?
Qui depuis le chef italien a compris et mesuré cette maîtrise et cette sincérité de la pâte symphonique d’un Schubert adolescent saisi, porté, transfiguré par la grâce ? CD superlatif, un modèle et l’un des meilleurs accomplissement d’Abbado avec l’Orchestre philharmonique de Vienne. CLIC de CLASSIQUENEWS

 
 
 

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CD critique. SCHUBERT : Symphonies n°5 et n°8. Wiener Philharmoniker. Vienne, 1971 (1 cd DG Deutsche Grammophon). Parution : le 16 novembre 2018 / RĂ©f. DG 1 cd 0289 483 5620 1 – CLIC de CLASSIQUENEWS

 
 
 

POITIERS, TAP. Concert WAGNER et BRUCKNER

Philippe Herreweghe et l'Orchestre des Champs Elysées à PoitiersPOITIERS, TAP. Mer 14 nov 2018. Wagner, Bruckner. Soirée symphonique, germanique et romantique au TAP de Poitiers, grâce à la force de persuasion de l’Orchestre des Champs Elysées, phalange en résidence au sein du théâtre poitevin, comprenant un auditorium aux qualités acoustiques exceptionnels, à notre avis pas assez reconnues. A 20h30, récital lyrique et symphonique. Cycle de lieder avec orchestre pour soprano tout d’abord où la cantatrice, experte en mélodies françaises, Véronique Gens, chante le cycle des Wesendonck-Lieder que Richard Wagner dédia à sa passion pour son hôtesse et protectrice en Suisse, Mathilde Wesendock (laquelle a écrit aussi les poèmes du cycle). Idylle consommée ou non, il nous reste plusieurs chants embrasés, où s’accomplissent l’enchantement et l’extase amoureuse, dont la mélodie de Tristan (celle de la nuit d’amour de l’acte II). D’une irrésistible langueur enivrée.

 

 

concert voix et orchestre au TAP de POITIERS

Romantisme lyrique et symphonique

bruckner1Puis l’Orchestre des Champs-Elysées interprète le massif brucknérien qui doit tant à … Wagner. Bruckner vouant une admiration sans borne pour le Maître de Bayreuth. Poitiers affiche la Symphonie n°4 de Bruckner, dite « Romantique » avec ses claires références au monde chevaleresque médiéval, …( tristanesque ?) … « Ville médiévale, chevaliers se lançant au-dehors sur de fiers chevaux, Amour repoussé, et même Danse pour le repas de chasse ».… Philippe Herreweghe aborde la symphonie avec une clarté détaillée et un sens de l’analyse qui restitue le relief de l’architecture et l’acuité des timbres instrumentaux, ce dans un format et des équilibres sonores affinés, comme le permet très justement la spécificité des instruments d’époque.

Dite “Romantique”, la Quatrième ouvre le cycle des Symphonies brucknériennes “en majeur”. Il existe trois versions connues, validées par l’auteur. Bruckner compose la partition originale de janvier à novembre 1874 et la dédie au Prince Constantin Hohenlohe, espérant une protection. La période est difficile pour le musicien qui n’a presque plus rien pour vivre. L’oeuvre ne sera révélée au concert que dans sa version originelle éditée par Nowak… en 1975! En 1878, Bruckner reprenait les deux premiers mouvements, puis en 1880, réécrivait le finale. C’est cette dernière version, la troisième, qui fut créée à Vienne, le 20 février 1881 sous la direction de Hans Richter. Le compositeur cite Parsifal de Wagner et l’instrumentation de son cher modèle…
…
Gestion des cuivres (souvent colossaux), rondeur chantante des bois, mer et houle des cordes… comment le chef saura-t-il piloter le langage brucknérien ? Il est aussi question de souffle majestueux et de grandeur, comme de mysticisme car Bruckner était habité par l’idéal chrétien, étant très croyant. Réponse ce 14 nov 2018 dans le superbe auditorium du TAP de Poitiers.

 

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Programme

> Richard Wagner : Wesendonck-Lieder
> Anton Bruckner : Symphonie n° 4 en mi bémol majeur « Romantique »

ORCHESTRE DES CHAMPS ELYSEES
Philippe Herreweghe, direction
Véronique Gens, soprano

 

 

 

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boutonreservationPOITIERS, TAP.
Mercredi 14 novembre 2018, 20h30
RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.tap-poitiers.com/spectacle/bruckner-wagner/

1h40, avec entracte

 

 

CD, critique. Wagner: Lohengrin (Nelsons, Vogt, Zeppenfeld. Bayreuth 2011, 2 cd Opus Arte)

wagner lohengrin bayreuth 2011 zeppenfeld vogt dasch rasilainen lang youn andris nelssons cd reviex critique cd par classiquenews cd opus arte 1533641746133687_resize_265_265CD, critique. Wagner: Lohengrin (Nelsons, Vogt, Zeppenfeld. Bayreuth 2011, 2 cd Opus Arte)… Retransmis sur Arte dès aoĂ»t 2011, la production mise en scène par Neuenfels ne brillait pas par son onirisme mais un schĂ©matisme radical Ă  grand renfort d’images objets gadgets, peu esthĂ©tiques mais très comprĂ©hensibles. Heureusement la rĂ©alisation musicale sous la baguette nerveuse d’Andris Nelsons, qui depuis a dĂ©montrĂ© sa valeur pour DG chez Bruckner et Mahler, sauve le spectacle d’un vrai naufrage visuel…
Voici la critique de notre confrère Lucas Irom, rédigé au moment de la transmission du direct de Bayreuth, le 14 août 2011, sur Arte :

D’abord, critique de la réalisation scénique … Plateau froid comme un glaçon (où plutôt comme un laboratoire aseptisé) où pullulent des rats numérotés, noirs ou blancs selon qu’ils se rangent du côté de l’un des partis opposés, … le constat est sans appel face une une mise en scène délirante et hors sujet, au déroulement incompréhensible : « Lohengrin dénaturé… Dans Lohengrin (créé à Dresde en 1848), Wagner traite de la rencontre improbable mais fantasmatique: celle de l’humain faillible et vulnérable, et du divin, exceptionnellement incarné. Or qu’avons nous sur la scène de Bayreuth? une foire aux gadgets, des mouvements de choeurs inexistants et sans précisions, un jeu d’acteurs convenu, d’une frontalité statique si ennuyeuse… Et ces rats qui envahissent la scène affichant enfin leurs visages humains en présence du héros providentiel
que doivent-ils réellement apporter à la révélation de l’oeuvre?, écrit notre confrère. LIRE ici la critique complète de Lohengrin à Bayreuth, avec témoignage de la mise en scène (direct Arte août 2011) :
http://www.classiquenews.com/bayreuth-direct-arte-le-14-aot-2011-wagner-lohengrin-klaus-florian-vogt-lohengrin-georg-zeppenfeld-choeurs-et-orchestre-du-festival-de-bayreuth-andris-nelsons-direction-nbs/

LIRE aussi la critique du dvd édité par Opus Arte dans la foulée de l’enregistrement à Bayreuth en août 2011
http://www.classiquenews.com/wagner-lohengrin-vogt-nelsons-bayreuth-20112-dvd-opus-arte/

ET SUR LE PLAN VOCAL ET ORCHESTRAL ? Si l’on se place sur le plan vocal et musical que vaut cette production si attendue et qui déçoit tant visuellement et scéniquement? Evidemment il fallait fixer le souvenir de la distribution… proche de l’idéal.
Le roi Henri (Georg Zeppenfeld) et son héraut (Samuel Youn) sont très engagés vocalement, voire impeccables; passons le Telramund souvent outré et sans guère de subtilité de Tómas Tómasson; la déception vient évidemment de l’Elsa d’Annette Dasch: petite voix serrée, justesse vacillante, aucune lumière ni magnétisme: on comprend hélas que cette âme omantique soit dépassée par l’ampleur du héros venu la sauver…
Car, pendant et strict opposé de Jonas Kaufmann qui pourtant a marqué le
rôle ici même, Klaus Florian Vogt irradie par la pureté angélique de son timbre: le ténor allemand est un Lohengrin fin et captivant, dans lequel le divin et l’humain fusionnent. Saluons la force démoniaque, vraie entité du mal et rivale manupulatrice d’Elsa qu’incarne avec style Petra Lang dans le rôle si captivant d’Ortrud (la sorcière qui est l’origine de tout le drame)… Les choeurs sont à la hauteur du festival comme l’orchestre d’ailleurs, grâce à la direction très enflammée d’Andris Nelssons.

 

 

 

 

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Wagner: Lohengrin. Avec : Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Georg Zeppenfeld (Henri l’Oiseleur), Annette Dasch (Elsa von Brabant), Tómas Tómasson (Friedrich von Telramund), Petra Lang (Ortrud), Samuel Youn (Le héraut d’armes du roi). Choeurs et orchestre du Festival de Bayreuth. Direction musicale : Andris Nelsons. Mise en scène : Hans Neuenfels. Bayreuth août 2011. 2 cd OPUS ARTE.

Le Barbier de SĂ©ville aux ChorĂ©gies d’Orange 2018

logo_france_3_114142_wideFRANCE 3, 1er août 2018, 22h20. ROSSINI : Le Barbier de Séville. Farce italienne. Grosse désillusion pour les spectateurs de France 3 et les festivaliers des Chorégies d’Orange 2018 : le ténor américain Michael Spyres, garant d’une grande finesse vocale démissionne finalement, renonçant à chanter à Orange cet été, le rôle du comte Almaviva … dans Le Barbier de Séville de Rossini. Ce dernier, séducteur de la jeune Rosine, pourtant promise à son tuteur le vieux Bartolo, réussit à enlever la belle grâce à la complicité du factotum, Figaro. Voilà qui fait encore davantage regretter la diffusion de cet opéra bouffe du compositeur italien, quand plus saisissant mais moins connu, le Mefistofele de Boito également programmé à Orange cet été 2018 est d’une toute autre qualité. LIRE notre compte rendu critique de Mefistofele de Boito aux Chorégies d’Orange 2018 avec Erwin Schrott dans le rôle de Mefistofele.
rossini_portraitUne laryngite aura eu raison du ténor américain, d’autant plus apprécié en France qu’il s’est depuis peu affirmé dans l’opéra romantique français (cf son Faust de Berlioz à Nantes sept 2017 Damnation de Faust  : LIRE notre compte rendu développé). Prévue les 31 juil puis 4 août, cette production verra donc les débuts du ténor roumain Ioan Hotea (salué par le Concours Operalia 2015). A ses côtés, le Figaro tonitruant et pas toujours subtil de Florian Sampey, dans la mise en scène très décriée de Adriano Sinivia qui place l’action sévillane originelle dans les décors et délires de Cinecittà. Composé en 1816, l’ouvrage est devenu à juste titre le joyau de l’opéra buffa italien, porté par le jeune génie de Rossini, âgé de 24 ans. Pas sûr qu’avec l’absence de Michael Spyres, cette production déjà vue, ne relève les défis de la partition avec l’intelligence et l’esprit requis, attendus, espérés.
Le jeu scénique multiplie (jusqu’à les user) les ficelles d’un concept qui a montrer ses limites : l’opéra dans l’opéra (Carsen), le théâtre dans le théâtre, ou le cirque voire comme ici le cinéma à l’opéra. Ainsi les décors et les techniciens de l’usine à rêve (dans les années 1940 / 1950) à Cinecittà sont bien présents, permettant aux chanteurs moult tours de pistes qui se veulent désopilants et facétieux. L’action d’un rapt, est abordé à la façon d’une BD et ses grosses ficelles. A Lausanne par exemple, c’était l’excellent ténor américain John Osborne qui incarnait avec beaucoup de finesse Almaviva… Qu’en sera-t-il à Orange avec une distribution moins convaincante ?
Les chanteurs ici réunis sont moins connus pour leur sens de la nuance que leur vocalità démonstrative à toute épreuve. Des hauts parleurs plutôt que des acteurs capables de profondeur et d’intériorité. Car réduire Rossini à la farce est un contre sens de plus en plus agaçant. Or on sait combien l’humour devient magique quand il se marie à la finesse. C’est cette équation qui est la clé de l’opéra rossinien et que beaucoup de metteurs en scène et de chanteurs oublient trop souvent.

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+ d’infos sur le site des Chorégies d’Orange 2018 :
https://www.choregies.fr/programme–2018-07-31–il-barbiere-di-siviglia-rossini–fr.html

A Orange les 31 juil puis 4 août 2018
Sur France 3, mercredi 1er août 2018 à 22h

Sur France 3 et culturebox, mercredi 1er août 2018, 22h20 (Culturebox)
https://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/opera/choregies-d-orange/le-barbier-de-seville-de-rossini-aux-choregies-d-orange-2018-276977

Diffusion France 3, mercredi 1er aoĂ»t 2018 Ă  22h20 / durĂ©e : 2h 25min – Livret de Cesare Sterbini d’après la comĂ©die Le Barbier de SĂ©ville ou La PrĂ©caution inutile de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Metteur en scène : Adriano Sinivia
Chef d’orchestre : Giampaolo Bisanti
Orchestre national de Lyon
Production déjà produite à Lausanne (2009), Monte Carlo et Avignon.
Distribution 
LE COMTE ALMAVIVA : Ioan Hotea
DON BARTOLO : Bruno De Simone
ROSINA : Olga Peretyatko
FIGARO : Florian Sempey
DON BASILIO : AlexeĂŻ Tikhomirov
BERTA : Annunziata Vestri
FIORELLO : Gabriele Ribis
AMBROGIO : Enzo Iorio