jeudi 28 mars 2024

Anniversaire Haendel 2009 Les 250 ans de la mort. Sélection cd & dvd

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Anniversaire Haendel 2009

Les
250 ans de la mort


Sélection dvd et cd

Les éditeurs ont raison de reconnaître la suprématie de Haendel, maître
du bel canto baroque, génie de la scène, à l’opéra, auteur non moins
fulgurant et dramatique dans l’oratorio. Il serait bon d’ailleurs de
réviser certains jugements réducteurs et rompre l’idée d’un compositeur
d’abord occupé d’opéras puis d’oratorios. En vérité, Haendel s’est
passionné pour l’oratorio en parallèle à l’opéra et ce dès son premier
séjour en italie, comme ses premiers chefs d’oeuvre romains (La Resurezzione, Il trionfo del tempo e del Disingano)
en témoignent: ainsi dans les deux genres, le jeune Saxon souhaitant
apprendre la langue de l’opéra in situ, s’extraire du carcan germanique
appris à Hambourg dans le sillon (l’ombre) de l’incontournable Keiser,
compose dans la même veine miraculeuse, Agrippina pour Venise.
Un génie du dramatisme émotionnel était né.
Pour le 250è anniversaire de sa mort, le 14 avril 2009, éditeurs de cd
et dvd participent à l’événement en rééditant des gravures depuis
indépassables ou publiant des nouveautés tout aussi stimulantes. Peu de
compositeurs ont toujours été joués, sans interruption… Ce qui n’est
pas le cas de Bach, qui fut redécouvert grâce à Mendelssohn au XIXème
siècle.
Voici notre sélection des cd et dvd indispensables, parmi les éditions récentes, pour mieux connaître Haendel.

Coffret Decca « The masterworks » (Chefs d’oeuvre) 30 cd

Nous
avons dès son annonce, louer les vertus de cette « box » haendélienne,
plus que recommandable, offrant un excellent aperçu de l’auteur surtout
sacré, dans les genres de l’oratorio et des hymnes liturgiques. Points
forts indiscutables: Judas Macchabée (Judas Maccabeus) par un
Mackerras certes « daté » (1965) mais disposant d’un plateau superlatif
dont Janet Baker, Felicity Palmer (les deux réunies en un duo irradié,
embrasé grâce à leur voix brûlées dès le début dans le duo de l’homme
et de la femme isréalites), mais aussi John Shirley-Quirck (Simon),
Roland Davies (exalté et élégant Judas)… que du bonheur.
Articulation, projection de l’anglais: superbes incarnations. Autres
grands britanniques, maîtres de l’éloquence haendélienne: Gardiner (Hercules,
1982: accents mordants d’une vitalité musclée des English Baroque
soloists, accompagnant là aussi un plateau dominé par la déchirante
Sarah Walker (Déjanire), l’Hercules de John Tomlinson, l’Hyllus de
Anthony Rolfe-Johnson…
Même sensation convaincue pour Salomon (McCreesh et son sens désormais légendaire de la fresque épique comme de la miniature psychologique)
… Le choix couvre d’autres aperçus de l’oeuvre dont la musique de chambre, orchestrale (Water Music, lecture de Neville Marriner) et l’opéra avec un seul ouvrage (Giulio Cesare, dans la version non moins exaltante dirigée par Minkowski). Lire notre présentation complète du coffret Decca Haendel, Handel « The Masterworks » (Decca 30 cd)

Récital Haendel: Rolando Villazon, ténor; McCreesh, 2008 (1 cd DG)

Dans le premier sillon tracé par ses cd Monteverdi avec Emmanuelle Haïm chez Virgin classics, nous savons que le ténorissimo franco-mexicain Villazon
possède la passion baroque. Articulation de la langue, feu musclé,
ardeur intense: l’enregistrement réalisé en avril et mai 2008 soit il y
a un an, désigne un acteur sûr de ses moyens. Les personnages
haendéliens souffrent souvent par manque de tempéraments scéniques et
dramatiques, vocaux et lyriques de première puissance, mais aussi d’une
subtilité expressive qui doit respecter l’articulation naturelle de la
langue. Son Tamerlano (Bajazet) surprend par sa grandeur tragique et sa vérité humaine, son Grimoaldo (Rodelinda),
déchiré et nostagilque, sur la corde de l’angoisse et du terrassement
imposent évidemment l’immense acteur. Aigus et graves larges et
profonds sur toute la tessiture: Villazon ressuscite ce beau chant qui
est aussi vocifération de l’âme, créé par le premier baryténor de
l’histoire, Francesco Borosini pour lequel Haendel a dédié sa meilleure
inspiration vocale. Mais à l’heure où son maître et mentor, Domingo
soi-même donne en 2008 une leçon de chant préservé, mesuré, intense,
impérial dans Tamerlano justement (Tamerlano, Domingo, McCreesh, 2 dvd Opus Arte;
lire ci après), Villazon donne souvent l’impression de tout brûler tout
de suite, manquant ensuite de souffle, de finesse, de gradation (manque
de vision endurante, de mesure dramatique: tempérament mexicano
oblige?). Ensuite? Voici un Serse amoureux (de sa Romilda),
ardent, et prenant, s’appropriant le verbe dramatique avec une santé
dramatique; même mordant mais cette fois lunaire et crépusculaire pour Ariodante
(Scherza infida et Dopo notte, standards lyriques créés par
l’infatigable Carestini), où Villazon des grands soirs exprime les
vertiges contrastés de la passion amoureuse: la fureur du chevalier qui
se croit trahi; puis son apaisement retrouvé quand il comprend que
Ginevra lui ait restée fidèle. Ecarts de sentiments sur l’échelle des
humeurs, sidérants, parfaitement gérés par le ténor au déterminisme puccinien.
Justement tout est là. Le leçon de bel canto que nous apporte Villazon,
est-elle réellement « cadrée » dans le chant baroque? Haendel composait
surtout pour des chanteurs: le chant, l’incarnation, la fièvre d’un jeu
vocal qui est aussi geste dramatique, voilà ce qui importe. De ce point
de vue, la maîtrise de Villazon est totale. Ceux qui souligneront
quelques déformations, débordements verdiennes dans ce chant hyperactif
(surjoué?) passerons leur chemin (les deux airs de Saint-Jean Baptiste,
extraits de La Resurezzione semblent étrangement inhabités,
chantés sur le même registre, sans guère de renouvellement dans les
couleurs). La fureur mexicaine du ténor le plus médiatisé de l’heure,
n’est pas pour eux.
En complément, DG ajoute au cd audio, un dvd qui apporte les images
d’un récital Haendel filmé à Saint Paul de Londres (novembre 2008): Serse, Tamerlano, Ariodante,
deux entretiens avec le ténor vedette et Paul McCreesh dont on ne
saurait louer assez ce fini instrumental désormais délectable.


Alcina. Curtis, 2008 (3 cd Archiv)

Spécialiste de Haendel, Curtis s’affirme peu à peu, ou plutôt
de cd en cd, avec un sens évident des enchaînements. Son continuo de
mieux en mieux huilé, en cours d’action, porte avec cohérence (parfois
sans guère de profondeur) l’expressivité haendélienne, avec panache et
assiduité. Le mezzo agile et ductile, avec une vibration particulière
pour la passion ardente de Joyce DiDonato éclaire le rôle d’Alcina, ses
doutes et ses ombres, son impuissance amoureuse de plus en plus
angoissée et crépusculaire. La cantatrice américaine confirme ses
talents haendéliens au sommet de la lecture (Ombre pallide). Dans le
labyrinthe des passions illusoires inspirées (et certes passablement
adoucies, comme neutralisées par Haendel et son librettiste) du
captivant l’Arioste, les partenaires de la trop humaine magicienne,
enchaînée à ses espoirs trahis, relèvent chacun, le défi de rôles non
moins impressionnants. Maite Beaumont dessine un Rugguiero tendre;
Karina Gauvin, une Morgane nons moins caressante; et Sonia Prina, un
Bradamante de fière allure. La tenue stylistique et expressive persuade
par la couleur générale d’une constante étincelle. La furià délirante
où menace la folie propre à l’univers de l’Arioste qui transpire
pourtant ça et là dans la partition de Haendel, est-elle pour autant au
rendez-vous?
Sage, trop sage, Curtis? Parfois un peu trop.

Rodrigo. Banzo, 2007 (3 cd Ambroisie)

Eduardo Lopez Banzo nous avait convaincu grâce à Amadigi di
Gaula (2 cd Ambroisie)
d’un incontestable fini, par la tenue superlative de la distribution,
un sens de l’articulation dramatique, sachant renouveler souvent chaque
climat, d’un air à l’autre, d’un récitatif à l’autre. Pareille tenue au
continuo se retrouve ici, sans gravité emplombée, sans légereté
artificielle. Voici du théâtre admirable de poésie, d’allant de
naturel. Ecartons l’Esilena de Maria Bayo: hélas malgré le diamant de
la voix, ce timbre cristallin qui hier fit l’excellence d’une Calisto
chez Cavalli, (sous la direction de René Jacobs) s’effondre souvent par un souffle peu constant, des aigus
tirés à la limite de la justesse. Pourtant l’intensité est là mais au
prix d’un maniérisme serré qui marque systématiquement tous ses airs.
En revanche superbe Rodrigo, palpitant et plein d’ivresse émotionnelle,
maîtrisée, d’une articulation constante (en cela proche du geste de
Banzo): Maria Riccarda Wesseling s’impose dans le rôlei-titre. Comparée
à la tenue vocale de Maria Bayo, ces deux âmes semblent ne serait-ce
que par la couleur et le style, vivre dans deux mondes différents…
Sont-elles réellement faites pour s’unir? Florinda (Sharon Rostorf-Zamir), Fernando (Max Emanuel Cencic) tout
autant enflammés et habités, confirment la justesse d’une lecture qui
captive de bout en bout. Continuo dansant, nerveux, plateau majoritairement
caractérisé et nuancé (hormis Esilena): Banzo nous époustoufle à
nouveau par son sens supérieur de la vitalité théâtrale.
Eblouissante réussite d’autant plus bienvenue pour l’année Haendel et s’agissant d’une partition plutôt rare.

coffret_haendel_handel_alan_curtis_virgin classics_15_cd The Curtis’ touch. Coffret de 6 opéras de Haendel par Alan Curtis, Il Complesso Barocco (1977-2005)

Pour l’année Haendel 2009 (250è anniversaire de la mort du compositeur
baroque), Virgin Classics publie l’essentiel des opéras de Haendel par
le chef du Complesso Barocco, Alan Curtis. Voici 6 opéras à
l’esthétique caractérisée, retraçant une manière spécifique depuis
1977…

Superbe réalisation qui rend grâce à l’apport du chef et claveciniste
Alan Curtis dans les champs haendéliens. Rappelons nous, c’était un
premier Admeto, totalement inédit et révolutionnaire qui en 1977,
bousculait tout ce qui avait été écouté chez Haendel depuis des
décennies de « soupes » non baroqueuses. En s’attachant aux menus
détails, à l’articulation et à l’éloquence dramatique, à la profondeur
psychologique, à l’équilibre des voix et des instruments, aux couleurs
et aux alliages de teintes orchestrales justement… tout ce qui fait
aujourd’hui l’éclat des lectures de René Jacobs, par exemple, déjà il y
a 12 années, l’ex disciple de Leonhardt, Curtis l’avait fixé en méthode
et en système avec son Complesso Barocco. Mais une mise en forme neuve
et palpitante, mouvante et dynamique qui se permettait l’expression du
vivant et du vécu, grâce à des plateaux sertis comme les joyaux de la
couronne: en plus d’une sensibilité instrumentale et rythmique, le chef
savait distribuer et composer des casts admirables: pour cet Admeto des
origines, Rachel Yakar et James Bowman… rien de moins. Stars
naissantes de la révolution -baroqeuse et haendélienne-, en marche. Coffret « Handel », Six Operas (15 cd Virgin classics)


dvd


Superbe spectacle madrilène d’avril 2008. Domingo superstar maîtrise
l’éloquence haendélienne avec force, profondeur, intensité, dont
l’éclat est rehaussé par le feu dramatique et tragique du chef britannique, Paul
McCreesh. La réalisation est mémorable, hissée au firmament par un dieu
chanteur, d’une étonnante audace défricheuse, d’une longévité impériale, à l’intelligence baroque,
indiscutable.


agenda


Calendrier « Haendel 2009 » à Londres

L’un des événements de l’année Haendel à Londres est l’oratorio
commandé par le Handel House Museum « 25 Brook Street », dont l’action
prend prétexte de la composition de l’oratorio Jephtha interrompue à
cause de la santé déclinante de Haendel. La partition en création est
écrite par 4 compositeurs contemporains, à la demande du Musée de la
maison haendel à Londres: Mark Bowden, Larry Goves, Chris Mayo et
Charlie Piper, sur un livret de Helen Cooper.
LOndres, Musée de la maison Haendel. Création de l’oratorio « 25 Brook
street ». Première mondiale, le 2 juillet 2009 à 19h. St. George’s
Chruch, Hanover Square, W1. Réservations et informations sur le site du
Musée de la Maison Haendel à Londres: Handel house musem.

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