samedi 20 avril 2024

CD. Hasse : Marc Antonio e Cleopatra (Genaux, Osele, 2011)

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CD. Hasse : Marc’Antonio e Cleopatra, serenata 1725 (Genaux, Osele, 2011). 2 cd DHM Deutsche Harmonia Mundi (Sony Music).  Oeuvre de jeunesse mais somptueuse expression des passions humaines.  Comme Haendel, Hasse traite ici des amours antiques : si le Saxon abordait Giulio, le jeune Hasse (26 ans  préfère Marc Antoine et Cleopâtre : la partition ici restituée en novembre et décembre 2011, il y a déjà 2 ans, réunit un excellent casting qui imprime au duo une saveur et un mordant irrésistible. Abattage incandescent, souci de la langue, précision des vocalises, surtout engagement dramatique d’une constante finesse, Vivica Genaux, mezzo si agile, la vraie rivale de Bartoli à l’heure actuelle, et Francesca L. Mazzulli, dans les rôles titres de Marc Antoine et de la Reine d’Egypte s’imposent par leur intelligence autant vocale que dramatique. Voici deux réelles actrices chanteuses dont le tempérament déborde naturellement du cadre d’un enregistrement sans appui visuel.

 

 

Débuts napolitains de Hasse

 

Hasse_cleopatra_genaux_DHMSur instruments anciens (diapason 415), les musiciens de Musiche Nove dirigé par Claudio Osele savent palpiter et murmurer, parfois aigres (diapason oblige) mais toujours ardents et tendus. Les récitatifs y gagnent un relief passionnant (Genaux est superbe : elle a du chien et le velours frémissant de son timbre va idéalement au rôle masculin, chanté à l’époque de Hasse par … Farinelli. La facilité avec laquelle Genaux s’empare du personnage en dit assez sur la virtuosité expressive et grave, véloce autant qu’intérieure de la diva de Fairbanks (Alaska)… Elle sait héroïser à souhaits puis se soumettre à l’empire de l’amour suscité par la beauté nilotique.
Cléopâtre a d’ailleurs l’air le plus développé, dans la seconde partie (Quel candido armellino…) : les vocalises sont impressionnantes (comme son premier air, conquérant, acrobatique qui ouvre la partie II : A Dio trono…), parfois tirées par la soprano mais la flamme et l’élocution défendues de part en part font  toute la valeur de sa composition émotionnelle autant que lascive … d’autant plus qu’ici, l’esprit de conquête cède aux langueurs amoureuses

Trois années après son arrivée à Naples (1722), Hasse livre cette sérénade à deux voix (et forts tempéraments) en 1725 pour une performance dans la villa du conseiller royal Carlo Carmignano. Le style est d’un baroque autant virtuose qu’aimable et gracieux ; grâce aux solistes, l’oeuvre exulte et rayonne en ses accents expressifs souvent irrésistibles, toujours contrastés dont l’effusion progressive culmine dans le duetto final, chant plus héroïque des deux coeurs accordés. L’aimable et le souriant de Hasse a fait évoluer l’exercice bipartite depuis le final du Couronnement de Poppée de Monteverdi (1643) : les vocalises démonstratives écartent toute ambivalence d’autant que le continuo du chef s’obstine alors dans le guerrier parfois carré. L’amour est certes une guerre amère et longue mais on aurait souhaité dans ce finale moins de démonstration.  Il n’empêche ce petit opéra de chambre, parfaitement abordé, ajoute à notre connaissance du jeune Hasse alors récemment napolitain.

Hasse : Marc’Antonio e Cleopatra (1725). V.Genaux. F. Lombardi Mazzulli.  Le Musiche Nove.  Claudio Osele. 2 cd DHM Deutsch Harmonia Mundi Réf. 88883721872.

 

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